Chapitre 5 : Poignard
Et une fois de plus je le mettais à terre. Adrian toussa, sa respiration se coupant à cause de la force de sa chute. Je sourirais mais lui tendais la main pour l'aider à se relever.
-Encore et toujours pareil, grogna-t-il mécontent.
-Ne désespère pas, tu t'es déjà amélioré tu tiens plus longtemps !
-Ouais, dix secondes de plus !
Je me retenais de rire. Il était vrai que le combat de corps à corps n'était pas son point fort, mais Adrian avait du potentiel. C'est donc contre moi qu'il combattait la plupart du temps puisque les quatre autres étaient à peu près du même niveau, ils enseignaient avec Lionel.
-Tu n'as que cette matière dans laquelle il faut que tu te perfectionne, tu es bon partout sinon.
-J'aurais préféré être excellent partout.
Voilà une semaine que je travaillais avec eux, nous avions vu chaque matière, et j'avais moi-même évalué leur niveau. Nous étions donc passé à la seconde étape, le perfectionnement. La matière où ils éprouvaient le plus de difficultés restait sans doutes l'analyse, à part pour Adrian. Très observateur, à tout identifier et analyser, je comprenais que cette matière ne soit pas compliquée pour lui. Marceau me donnait du fil à retordre dans cette matière, et de nouveaux cours allaient encore s'ajouter pour remplacer ceux dans lesquels ils n'auraient plus rien à apprendre. Cours de langue, histoire d'avoir un peu de culture générale sur la création de notre langue, cours de manière, danse, premiers soins. Tout ce qu'Apocalypse enseigne, enfin à ma connaissance. Je m'asseyais par terre et lançais le chrono de la montre. Il m'imita et on acheva notre séance avec sept minutes d'abdos. Une fois qu'on eut terminé, on retourna à l'appartement.
-Aller ! On se bouge ! On est attendu à une soirée ! s'exclama Marceau.
-Chez qui ? demande Lexie en fronçant les sourcils.
-A l'appart de Phil' !
On se pressa donc de nous préparer. J'enfilais une combinaison noire à bretelles que je n'avais pas revêtue depuis bien longtemps mais qui par chance m'allait encore. Je mettais une paire de basket simple noire, l'une des rares que je possédais et séchais mes cheveux avec le sèche-cheveux pour réformer les boucles. J'appliquais une fine couche de mascara, juste histoire de faire apprêtée. Une fois prête, je rejoignais Adrian et Marceau dans le salon, me laissant tomber dans le canapé. Tous deux gardaient le silence mais Marceau ne pouvait s'empêcher de fixer sa montre toutes les minutes. Il sauta sur ses pieds quand nos trois autres camarades sortirent de leur chambre respective, fin prêt.
-C'est pas trop tôt ! Aller on y va !
On quitta l'appartement pour suivre le blond au travers d'un dédale de couloirs tous identiques les uns aux autres. Au fur et à mesure de notre progression, une musique aux fortes basses se faisait de plus en plus entendre. Nous en rapprochant, Marceau ne semblait se guider avec, il savait parfaitement où il allait, connaissant sans doutes le chemin par cœur. Enfin on s'arrêta devant une porte identique à celle de notre apparemment. Marceau appuya sur la poignée et elle s'ouvrît, sans doutes la sécurité avait-elle été enlevée. Trois vigiles nous contrôlèrent à l'entrée, heureusement ce soir-là j'avais laissé mon petit couteau sur la table de chevet. On nous laissa donc passer. Adrian se saisit de ma main alors qu'on commençait à progresser au milieu de la foule de jeunes agents, dansant, chantant et titubant sous l'alcool et autres produits illicites, qu'on ne filtrait pas à l'entrée de ce genre de soirées. Marceau en tête, il parvint à nous faire arriver jusqu'à un coin un peu moins rempli, la cuisine, ou se trouvait un petit groupe de jeunes. J'arrivais en dernière et restais donc derrière Liam et Phoebe par manque de place.
-Phil ! Je te présente mon équipe, Liam, Phoebe, Adrian, Lexie et...
Marceau se pencha en arrière et me prit par le bras pour m'exposer fièrement devant lui.
-Athéna !
J'étais maintenant face au dénommé Phil. Brun aux yeux noirs, son air moqueur, les faussets sur les joues et son sourire en coin. Je crus voir une lueur d'amusement passer dans ses iris ébène. Assis sur le bar, entourée d'armoires à glaces, je n'appréciais déjà pas le personnage qu'il reflétait.
-La fameuse Athéna, la bienvenue ma chère. Phil !
Il me tendit la main en se présentant, je la lui serrais par pure politesse, mais ne m'attardais pas.
-Profitez bien de la soirée, si vous vous amusez, je m'amuse !
On acquiesça sans rien ajouter et je suivais donc Liam, Adrian, Lexie et Phoebe à travers la foule. Marceau décida de rester avec le petit groupe. On dû traverser toute la pièce, ce qui nous prit bien cinq minutes. On trouva un coin non occupé avec des chaises et on s'y installa.
-Vous voulez boire quelque chose ? nous proposa Liam.
On acquiesça tous. J'allais ajouter une précision mais il me devança.
-Oui je sais, pas d'alcool pour toi Enna, j'ai retenu !
Il le fit un clin d'œil alors que je souriais. Il disparut au milieu de la foule, accompagné d'Adrian. Ils revinrent tous les deux une dizaine de minutes plus tard, cinq gobelets dans les mains, leur contenu répandu en partie sur leurs mains. Sans doutes s'étaient-il fait bousculés par des danseurs ivres.
-Qui est ce Phil au juste ? finis-je par demander.
-Un mec à qui il vaut mieux ne pas se fâcher, me répondit Liam.
-Je ne sais pas si c'était une bonne idée de venir ici... soupira Lexie.
-Pourquoi ? l'interrogeais-je bien que je pensais connaître la réponse.
-Tout le monde connaît Phil ici, beaucoup lui doivent des choses, genre des services. Il est soit respecté, soit craint. Il sait comment bien s'entourer et sait aussi très bien se venger. Je ne comprends pas comment Marceau peut être ami avec un gars comme lui.
-Il t'a dans le viseur, poursuivit Phoebe. Soit il va chercher à t'avoir, soit il va chercher à te soumettre. Mieux vaut que tu sois sur tes gardes.
-Pourquoi les supérieurs ne font rien ?
-Parce que c'est l'agent qui a le meilleur taux de réussite à ses missions dans notre catégorie d'âge, il est très bon, et ils ne peuvent pas se permettre de le virer.
J'acquiesçais et la discussion s'arrêta là. Les filles me proposèrent d'aller danser une fois qu'on eut finit nos verres, mais je refusais, ça ne m'intéressait pas. Les soirées en général ne m'intéressaient pas. On resta donc assis, Adrian, Liam et moi, sur nos trois chaises à observer la foule d'un regard vide.
-Rappelez-moi pourquoi on est venu déjà ? soupira Adrian.
-Aucun idée.
Nouveau silence, s'en devenait pathétique. Je me levais donc et prenais leurs verres vides des mains.
-Je vais nous rechercher à boire.
Je n'attendais pas leur réponse et me dirigeais vers le bar en fendant la foule à coup de coudes. Je parvenais enfin au dit bar, et recommençait deux verres de champagne pour les garçons et un verre de jus de raisin pour moi. La jeune serveuse finit la bouteille d'alcool et le demanda d'attendre le temps d'aller en chercher plusieurs autres. Je me retrouvais donc seule au bar, bien qu'entourée de personnes et petits groupes pressés les uns contre les autres. Je patientais en tapant du pied sur le sol en rythme avec la musique. La foule se mouvant autour de moi, je n'eus le temps de réagir quand une lame vint s'enfoncer dans mon ventre. Je hoquetais de surprise et de douleur. Je baissais les yeux, posant mes mains autour de la plaie. Je me retrouvais vers le bar et prenais plusieurs serviettes, les enroulant autour du manche en faisant bien attention de ne pas le toucher pour ne pas y déposer mes empreintes. Je retirais la petite lame d'un coup sec et appuyais d'autres serviettes sur la plaie en grimaçant. Le couteau était petit et fin, et mon agresseur m'avait touché sur le côté gauche de mon ventre, il n'avait donc touché aucun organe, en principe. Je glissais l'arme dans ma poche, reprenais des serviettes et retournais auprès des garçons. Une fois à leur hauteur, je me laissais tomber sur ma chaise en grimaçant.
-Qu'est-ce qu'il t'arrive ? s'exclama Liam, tu es blessée ?!
-Un abruti m'a poignardé juste devant le bar ! répondis-je avec colère.
Je tendais à Adrian le coureur enroulé dans le papier, il l'observa avant de le glisser dans sa propre poche et de s'accroupir près de moi. Il souleva délicatement les serviettes pour observer la plaie.
-Ça cicatrise ? m'interrogea-t-il.
-Oui, j'ai des fourmis tout autour de la plaie.
Il hocha la tête, toujours son air indescriptible et sérieux peint sur le visage.
-Ce n'est pas profond, combien de temps te faut-il pour cicatriser d'après toi ?
-Une dizaine de minutes, si rien d'important n'a été touché.
Au même moment une voix se mit à toussoter dans un micro et la musique se stoppa. Je relevais les yeux et remarquais Phil, au milieu de la pièce, perché sur une table.
-Votre attention s'il vous plaît !
Le silence se dit peu à peu dans la salle puis il reprit.
-Nous avons un défi !
Les exclamations de joie fusèrent, je me tournais vers les garçons pour plus de réponses.
-C'est des combats de corps à corps pour se tester entre nous, m'expliquât Adrian en fixant Phil d'un regard noir.
-Nathan ici ce soir défi... Athéna !
Je me mordais la langue, il n'avait pas osé ?! Au regard qu'il posa sur moi je compris que si. Mon agresseur avait été envoyé par lui, son sourire en coin provocateur ne trompait pas. Il voulait que je me fasse battre devant tout le monde, montrer qu'il m'était supérieur, mais ça n'était pas équitable. J'étais blessée et mes mouvements seraient bien moins performants à moins que je me blesse davantage. Les jeunes autour de nous commençaient à murmurer de plus en plus fort, sans doutes étonnés de ma venue qui n'avait pas été communiquée mis à part à mon équipe. Je me levais et retirais les serviettes de ma plaie, par chance ma combinaison était noire et on ne voyait pas les taches de sang. Je défiais Phil, la foule commençait à se tourner vers moi ayant suivi son regard.
-Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée que tu y ailles, me murmura Adrian.
-Je suis obligée, sinon il pensera qu'il peut m'écraser, et il est hors de question que je lui donne ce plaisir !
Je rejoignais rapidement le centre de la salle, où un petit cercle vide s'était formé. Le contour de la plaie fourmillait encore, je n'avais pas fini de cicatriser. Il faudrait que je gagne du temps, sinon le combat pourrait aggraver ma blessure. En face de moi se trouvait le dénommé Nathan, mon adversaire.
-Fin du combat par KO ou abandon ! s'exclama à nouveau Phil. En position !
Je montais ma garde et fixais mon adversaire. Ma stratégie, l'évitement jusqu'à ce que je cicatrise ou qu'il parvienne à le toucher, dans ce cas-là je riposte. Il devait être doué, sinon Phil de l'aurait pas envoyé contre moi.
-Go !
Nathan s'élança vers moi, et sans grand étonnement, j'avais cerné quel type d'agent il était. Brute, pas de réflexion avant d'attaquer. Il était musclé, mais lent, j'esquivais donc avec facilité les premiers coups qu'il tentait de m'assener. J'arrivais toujours à prendre de la distance pour l'éloigner de lui.
-Tu comptes l'esquiver toute la soirée ?! On n'a pas que ça à faire ! s'exclama Phil.
Je fus déconcentrée un quart de seconde de trop, le point de Nathan m'arriva pile entre les côtes. Je reculais sous le choc, toussant un peu, mais par chance il n'avait pas touché ma blessure. Mais maintenant qu'il m'avait touché, je n'allais pas l'épargner ! J'esquivais avec rapidité des coups, sentant le sang couler de la plaie mais n'en tenant pas compte. Je me retrouvais derrière lui et le frappais du pied en plein milieu du dos, le déséquilibrant fortement, j'en profitais pour lui asséner un second coup derrière le genou ce qui le fit tomber à terre. Un autre coup dans la nuque je le mettais au sol.
-Tu abandonnes ? demandais-je tout de même, bien que j'espérais qu'il dise non, ce qu'il fit à ma plus grande joie. Je t'en remercie !
Un coup de pied dans les côtes, il se tordit de douleur et j'en profitais pour me jeter sur lui, lui assénant une série de droites au visage. Le nez en sang et à demi conscient je m'arrête.
-Tu abandonnes ? demandais-je tout près de son oreille.
Je me relevais et lui laissais de l'espace s'il cherchait à se relever.
Il roula sur le côté et se mit à genoux, tentant de se remettre sur pieds.
-Non...
Ça n'était qu'un simple murmure, mais c'était une réponse et je l'avais très bien entendu.
-Tu l'auras voulu.
Sans pitié, je le frappais à nouveau avec toute la force dont je pouvais faire preuve, dans la tempe, lui faisant immédiatement perdre conscience. Il s'écroula au sol, alors que je me redressais, surplombant son corps inerte, les mains tachées de son sang. Un silence de mort pesant sur la salle, des exclamations commencèrent à s'élever, bientôt l'appartement était en pleine hystérie. Je relevais les yeux vers Phil, cette fois-ci c'est moi qui avait un sourire en coin. Il dû reprendre le micro pour annoncer la victoire.
-Victoire d'Athéna !
Les cris se firent plus forts, je lui tournais le dos et disparaissais dans la foule, rejoignant Adrian et Liam toujours au même endroit.
-C'était violent... murmura Liam un peu choqué.
-Je lui ai demandé plusieurs fois s'il abandonnait, il n'a pas voulu, alors je suis allée jusqu'au bout. Phil sait à quoi s'attendre avec moi désormais.
Je récupérais les serviettes et les appuyais sur ma blessure qui semblait s'être empirée. Je grimaçais, l'adrénaline m'avait fait oublier la douleur.
-Rentrons.
Adrian me prit par le bras et on se dirigea vers la sortie. On retrouva justement Lexie et Phoebe non loin de la porte et elles quittèrent la soirée avec nous. On regagna notre appartement rapidement, je me mordais l'intérieur de la joue, les picotements continuaient, mais la cicatrisation prendrait maintenant bien plus de temps. Une fois arrivée à l'appartement, je me dirigeais vers la salle de bain, fouillant dans les tiroirs du meuble du lavabo jusqu'à trouver une boîte de secours. Je la prenais avec moi et allais dans la chambre.
-Tu veux de l'aide ? me demanda Adrian en bloquant la porte avant que je ne la ferme.
-Non c'est bon ne t'inquiète pas. Je me débrouille.
Il acquiesça et je fermais. Je me laissais tomber par terre, juste à côté de mon lit, les jambes étendues et le dos appuyé contre le matelas. J'ouvrais la boîte et retirais le haut de ma combinaison. Je nettoyais rapidement la plaie avec des mouchoirs, le sang continuant d'en couler. Je prenais donc des compresses stériles et les imbibait d'alcool. Je prenais l'un de mes cousins et le mettais dans la bouche avant de commencer à frotter ma peau à vif avec l'alcool. Je lâchais un râle de douleur, mais c'était passé. Je prenais d'autres compresses et les posais sur la plaie, commençant à me faire un bandage tout autour du ventre pour tenter de stopper le saignement. Je laissais tomber mes bras, me mordant l'intérieur de la joue à cause de la douleur. Je me relevais enfin, et je changeais. J'enfilais une brassière de sport pour ne pas couvrir le bandage et un jogging. Je sortais de la chambre et traversais le salon sous le regard de mes quatre colocataires. J'allais me laver les mains pour enlever nettoyer le sang. Je rejoignais ensuite les autres dans le salon.
-Qu'est-ce que tu as ? m'interrogea Lexie.
-Un des sbires de Phil m'a poignardé avant le combat.
-Quoi ?! Et t'as combattue blessée ?!
-Oui, il était hors de question que je laisse ce connard gagner.
Marceau entra dans l'appartement, claquant la porte derrière lui. Il s'approcha de moi rapidement.
-Qu'est-ce qui t'as pris de l'assommer comme ça ?! s'écria-t-il. Tu l'as mis dans un état misérable !
-Je lui ai demandé deux fois s'il voulait abandonner. Il a répondu non. Le combat devait s'arrêter par KO. Alors je l'ai mis KO.
-T'as vu l'état de son visage ?! Tu l'as défiguré !
-Alors déjà calme toi. Ensuite t'écoute ce qu'on te dit. T'es potes ont poignardés Enna avant de la convoquer à un duel, c'était équitable selon toi ? Visiblement ça n'a pas suffi puisqu'il s'est fait écraser, mais elle a juste rendu les coups qu'on lui a donné !
Adrian s'était levé d'un coup, il semblait remonté, mais avait parlé calmement. Marceau sembla se tasser sur lui-même, sans doutes car il devait être rare de voir le brun en colère.
-Ils t'ont poignardé où ?
-Au ventre.
Il s'approcha et je lui montrais mon bandage.
-Ça fait mal ?
-Un peu mais ça va.
Il y eut un silence durant lequel il ne sut quoi dire.
-Désolé je ne savais pas.
-Ce n'est pas grave. Allons-nous coucher on a eu une longue journée. Je vous dispense des cours de demain matin, je crois qu'on a tous besoin d'une pause.
Ils acquiescèrent tous à ma déclaration et je melevais pour rejoindre la chambre sans un mot de plus.
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