Chapitre 30 : Échec
Je m'entendais hurler, hurler à m'en faire mal à la gorge. J'avais chaud, trop chaud, et cette odeur dans l'air... Qu'est-ce que c'était ? J'ouvrais les yeux, tombant nez à nez avec deux femmes et un homme vêtus de blouses blanches. Je me redressais et reculais dans mon lit, ne comprenant pas où j'étais. Je cherchais partout autour de moi un objet pouvant me servir à me défendre mais ne trouvait rien. Les tables de nuit étaient vides.
-Où suis-je ? les questionnais-je, toujours sur la défensive.
-Au QG de l'État Mondial à Boston, me répondit l'une des femmes. Comment vous sentez-vous ?
Je ne calculais pas l'information, trop sonnée. Ce n'est qu'alors que je regardais mes bras, couverts de bandages. Je retirais les couvertures d'un geste, trouvant mes jambes dans le même état. Je basculais en dehors du lit, cherchant à me lever. Je m'effrondrais sur le sol, mes membres étant trop faibles pour soutenir mon poids. L'homme s'approcha de moi, me prenant par le bras pour m'aider à me relever et à marcher.
-Je suis de retour à Apocalypse... murmurais-je. Je dois voir Adrian, Lexie, Marceau et Phoebe. Je dois les voirs. Gabriel est venu me chercher, ils doivent être ici il faut que je les trouve.
Je regardais autour de moi sans vraiment voir, perdu dans mes pensées complètement brouillées.
-Non, vous êtes à l'État Mondial, me répéta l'infirmière.
-Non, c'est pas possible. Ils ne m'auraient jamais fait ça, ils ne m'auraient pas abandonnée. Je suis à Apocalypse. Je veux voir Adrian !
Ma voix se faisait plus forte, je cherchais des réponses, je voulais le voir. Je ne voulais pas croire ce que j'avais vu... la veille ? Quand étions-nous au juste ? Je me dirigeais vers la porte, souhaitant le retrouver par moi-même.
-Vous ne pouvez pas sortir Athéna, reprit l'autre infirmière. Il faut vous remettre de vos blessures.
-Laissez moi passer, je dois le voir ! m'écriais-je.
Les deux femmes me bloquèrent le passage alors que l'homme me retenait par le bras.
-Je vous ai dit de me lâcher ! Il faut que je vois Adrian et Gabriel ! C'est urgent !
La porte s'ouvrit au même moment, un homme fit son entrée avec deux autre personnes vêtues de noir, sans doutes des agents de protection.
-Que se passe-t-il ? demanda-t-il aux infimiers.
-Elle se croit à Apocalypse, elle demande Gabriel et un certain Adrian. Elle est encore sous l'effets des calmants, elle est complètement désorientée.
L'homme s'approcha, se mit à m'observer de la tête au pied avant de me prendre par les épaules.
-Athéna, je suis Nathan Arbona, co-directeur de cette base. Vous n'êtes plus à Apocalypse. Vous avez été retrouvée ensevelie dans l'un des bâtiments de l'État situé à Bélem. Gabriel et Adrian n'étaient pas là. Ils vous ont abandonnés. On vous a ramené à l'État Mondial, dans cette base à Boston, où vous allez vous remettre et être réabilité après votre rapport de mission. Vous êtes en sécurité, alors détendez-vous et regagnez votre lit.
Ses mots furent un choc. J'ouvrais la bouche pour répondre, complètement sonnée, mais rien n'en sorti. C'était donc vrai, ils nous avaient abandonnés. Nous...
-Je veux voir Liam, ordonnais-je avec assurance. Tout de suite.
Tous se regardèrent entre eux, avant que le directeur ne leur face un signe de tête.
-On va vous apporter vos vêtements et on vous emmènera le voir. Vous avez l'air d'aller mieux, on vous présentera vos nouveaux appartements en début de soirée. Sur ce, j'espère vous recroiser dans de meilleures conditions que celles-ci. Rétablissez-vous bien Athéna.
Je ne dis rien, il tourna les talons. Comme prévu, on m'apporta des vêtements pour que je puisse retirer ma blouse d'hôpital. On me mena dans un dédale de couloir jusqu'à la chambre de Liam, qui se trouvait dans les soins intensifs.
-Depuis quand sommes-nous arrivées ? demandais-je à l'infirmière qui m'avait accompagné.
-Hier, vous vous rétablissez vite, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Votre ami est plongé dans le coma.
On entra dans la pièce, je m'approchais du lit, constatant l'état désastreux dans lequel Liam se trouvait.
-Il a de multiple fractures au tibia gauche, bras droit, deux côte fêlées et un traumatisme crânien dû à son choc à l'arrière de la tête. Il lui faudra du temps pour s'en remettre, m'informa la femme.
-D'accord, merci.
Elle s'éclipsa, me laissant seule avec lui. Je tirais une chaise pour m'asseoir à son chevet. Je prenais l'une de ses mains dans la mienne, m'accoudant au matelas et restais là, à l'observer. Enfin, les larmes se mirent à couler, dévaler mes joues sans s'arrêter. J'étais désespérée et ne savais plus quoi faire. Durant cette mission je m'étais attendue à tout, sauf à ça. Nous avions bien failli mourir avec Liam, et ce n'était que grâce à la chance que nous étions au QG de Boston. Gabriel avait voulu me tuer, et c'est sans doutes ce qu'avaient cru Phoebe et Marceau, qui étaient restés piégés là-bas. Mais en ce qui concernait Lexie et Adrian... Ils étaient partis, de leur propre gré, ils nous avaient tourné le dos comme si nous n'étions rien. Ils nous avaient trahit nous, et l'État Mondial. Mon cœur était rempli de colère et d'amertume en pensant à celui que j'aimais. Je ne comprenais pas son action. Gabriel était bien plus cruel que moi finalement. J'avais voulu l'arracher à sa nouvelle vie, mais lui, avait voulu me tuer. Je ne comptais donc que si peu à ses yeux ? Ou Apocalypse l'avait-il tellement manipulé et changé qu'il en avait bafoué ses propres valeurs et la personne qu'il était autrefois. Cette mission s'était révélée être un désastre monumental. Nous avions tout foiré, de A à Z. Et en plus de ne pas avoir réussi à ramener Gabriel, nous étions deux à avoir été rapatriés blessés, deux membres du groupe étaient retenus par Apocalypse, et deux autres avaient rejoint leur camp. Les conséquences de cet échec ne tarderaient pas à me tomber dessus, et je m'en doutais. Mes supérieurs ne laisseraient sans doutes pas passer ça. Mais pourquoi m'envoyer à la base de Boston plutôt que de me rapatrier à Londres avec Liam ? Que nous attendait-il ici ? J'avais peur pour mon ami. Il était en très mauvais état, et il lui faudrait sans doutes plusieurs semaines avant de s'en remettre. Mais je m'inquiétais surtout pour la punition qu'il allait devoir subir pour essuyer cet échec. Il fallait que je prenne à sa place. Il n'y était pour rien, c'est moi qui avais échoué. C'était mon équipe, mon rôle de les former et de m'assurer de mener à bien la mission, pas le sien. Ce n'était donc pas de sa faute si on en était là. Il faudrait que je fasse tout pour défendre sa place et lui éviter les ennuis. Cela relevait de ma responsabilité.
Les minutes passèrent, voire même peut-être des heures avant que l'on vienne me chercher. Trois agents me prièrent de les suivre sans opposition jusqu'à mes quartiers temporaires. Je fus emmenée dans une zone de la base reculée et peu fréquentée. On m'avait attribué une chambre dans un quartier de détention, où plutôt de transition, où j'allais devoir vivre en attendant le verdict de mon procès. Je ne possédais qu'un lit et un petit bureau. Des barreaux se trouvaient à ma fenêtre et je possédais quelques livres pour m'occuper. On me donna des draps pour dormir, et un kit de toilette contenant le minimum dont j'avais besoin. Puis on m'avait laissé seule, dans cet endroit, pendant plusieurs jours, peut être une ou deux semaines, je ne savais pas trop. J'en perdais la notion du temps. Je ne sortais qu'à l'heure de la douche, avec les autres détennues, et à l'heure du repas. Nous avions des douches communes et mangions autour d'une immense table située dans la pièce centrale menant à toutes nos cellules. Nous étions une quinzaine, et certaines semblaient bien se connaitre, à croire qu'elles se trouvaient ici depuis plusieurs mois. Je ne parlais pas, jamais. J'écoutais les ordres des gardes, les exécutais sans broncher. Je n'avais pas entendu le son de ma voix depuis des jours. Je passais mon temps à lire, puis relire les mêmes livres. Je m'amusais à dessiner à la craie sur les murs de ma chambre, bien que je ne possède aucun talent dans ce domaine. Je n'avais pas le droit de sortir, même pour aller voir Liam. Je ne savais pas comment il allait, comment ses blessures et ses soins évoluaient. J'étais dans le flou total et ne comprenait pas ce qu'on attendait de moi. Quand allaient-ils rendre leur verdict ? Les autres filles me regardaient de plus en plus avec curiosité, et ça se comprenait. Apparemment depuis mon arrivée, on n'avait recensé plus aucune sortie de détenue, à croire que mon procès prenait le pas sur celui des autres et monopolisait l'attention de nos supérieurs. Je les voyais me regarder du coin de l'œil durant les repas, faire des messes basses comme si je ne les voyais pas. Mais auncune n'avait encore eut le courage de me poser la question de ma raison pour être parmi elles. Un soir un courier arriva. Les gardes à la porte échangèrent entre elles avant d'appeler mon nom. Nous nous trouvions toutes à table à ce moment là, et quand je fus appelée, un silence des plus total tomba sur la pièce. Je relevais les yeux de mon assiette, les posant sur les gardes avant de me lever. On m'apporta la lettre alors que toutes me fixaient. Je l'ouvrais, les mains presque tremblantes de savoir quelle peine on m'avait attribué. Mais sur l'unique feuille contenue dans l'enveloppe, se trouvait une date et une heure de rendez-vous pour l'annonce du verdict. Je craignais le pire, visiblement la peine ne pouvait être écrite et devait être annoncée de vive voix.
-Alors ? Qu'est-ce que ça dit ?! m'interrogea une fille en bout de table.
J'ouvrais la bouche pour répondre, puis la refermais, me raclant la gorge.
-Je suis convoquée demain à dix heures.
Des soupires et des contestations se firent entendre. Visiblement elles aussi auraient aimé connaitre le verdict tout de suite. Je ne me rasseyais pas, la nouvelle m'ayant coupé l'apétit. Je regagnais donc ma chambre. Je me préparais à me coucher et me glissais sous les draps. C'est au bout de plusieurs heures à ruminer que je parvins enfin à m'endormir, la boule au ventre.
~~~
J'attendais depuis déjà près d'une heure quand on vint me chercher. Je m'étais levée tôt pour prendre le temps de me préparer. J'avais revêtit une combinaison bleue marine et des rangers noires. J'avais prit soin de bien laver mes cheveux et de les sécher pour qu'ils fassent de belles boucles. J'avais rangé un peu ma chambre, bien qu'elle ne soit pas si en désordre que ça, puis avais attendu. On était venu me chercher à neuf heure trentre. J'avais traversé plusieurs secteurs de bâtiment et était passée par ce que je pensais être le hall d'entrée principal avant qu'on me dise d'attendre dans une petite salle d'attente située juste à côté d'une sorte d'amphithéâtre. On vint me chercher quelques minutes plus tard, pour m'escorter jusqu'à la salle d'audience. On me fit entrer et asseoir sur une petite estrade entourée d'une rembarde en bois où se trouvait une chaise. Les juges se trouvaient devant moi, et contrairement à ce que j'avais imaginé, la salle était plutôt vide. L'annonce du verdict avait sans doutes été rendu privée, ce qui ne fit qu'amplifier la pression pesant sur mes épaules.
-Mademoiselle Athéna, vous êtes jugée aujourd'hui suite à l'échec de votre dernière mission. Vous et votre équipe avez été envoyés pour exfiltrer un de nos anciens agents, Gabriel, qui faisait, tout comme vous, parti du projet Parisse et des quatre agents surdoués qui en font le succès. Face aux résultats plus que décevant qui nous ont été communiqué, votre cas a dû être étudié pour déterminer si oui ou non vous êtes toujours apte à exercer la fonction d'agent de niveau C qui vous a été attribué il y a peu. Dans le cas échéant d'une inaptitude à exercer ce poste, vous serez rétrogradée.
Le silence de mort qui pesait sur la salle d'audience ma glaçais le sang. Les juges tournèrent et consultèrent plusieurs documents, échangeant brièvement entre eux pendant plusieurs secondes qui me parurent interminables. Enfin, ils se tournèrent à nouveau vers moi.
-Suite à plusieurs jours de délibérations entre les juges et les jurés, le verdict est le suivant : vous, Mademoiselle Athéna, êtes condamnée à prouver votre allégeance à l'État Mondial en portant l'arme qui exécutera les traitres et les espions condamnés. Ainsi vous conservez votre échelon C et suivrez une formation stricte au sein de l'équipe Gamma qui vous a été attribuée. Vous devrez effectuer pour le compte de l'État Mondial tout au plus cinquante missions qui vous serons imposées avant de vous voir réattribuer le droit de sélectionner celles auxquelles vous souhaitez participer et le droit de reconstituer votre propre équipe parmi la proposition d'agents qui vous sera faite. Vous écopez de plus, de vingt-heures de travaux d'intérêt généraux qui débuteront dès demain.
Alors que le verdict avait été prononcé, une seule question me brulait les lèvres. Avant que les juges ne clôturent l'audience, je me levais, ce qui surpris les présents dans la salle.
-Et qu'en est-il de Liam ? L'agent qui a été rapatrié ici blessé avec moi ? Quelle est sa peine ?
Il y eut un long silence avant que l'on me réponde enfin.
-Son cas n'a pas encore été traité.
-Et que dois-je faire pour qu'il ne soit pas traité ? insistais-je.
Les juges se regardèrent entre eux. Ils ne paressaient pas curieux face à ma demande, comme s'ils avaient déjà prévu une réponse.
-Vous écoperez de dix heures de travaux d'intérêts généraux en plus, et le nombre de cinquante mission sera élevé à soixante.
Les rats ! pensais-je face à leur réponse. Toujours plus ! Je ne pris pourtant pas longtemps à répondre à l'affirmative d'un simple hochement de tête.
-Bien, la peine sera donc élevée. La séance est terminée. Vous allez être accompagnée jusqu'à vos appartements pour rencontrer votre nouvelle équipe. Bonne continuation.
Les trois juges se levèrent et quittèrent la salle. Je restais sans bouger, me laissant simplement tomber sur ma chaise. Ils allaient me forcer à tuer pour me punir. J'allais devoir tuer des hommes et des femmes pour les condamner, ce qui revenait à me priver de mon humanité. Ils cherchaient à me tester, à me pousser dans mes limites, voir même me détruire pour me faire payer mon échec. Je ne connaissais pas l'équipe Gamma, mais elle devait sans aucun doute être composée d'agents sans aucune pitié et sans aucun sentiment, des tueurs à gage comme ce que je devais devenir, mais aussi comme ce que je redoutais. Deux agents attendaient à l'entrée de la salle que je sorte pour m'escorter. Au bout de quelques minutes de réflexion, je me décidais à me lever et les rejoindre. Je regardais le sol durant notre trajet, perdue dans mes pensées. Qu'allais-je devenir ? Qu'est-ce qu'il se passerait pour moi et Liam par la suite ? Et pour Marceau et Phoebe ?
On ne pouvait pas les laisser là bas, il faudrait qu'on aille les chercher un jour. Je me refusais à penser au sort d'Adrian et Lexie, leur action était pour moi une trahison, ils ne méritaient même pas que je songe encore à eux. Et enfin Gabriel... dont je ne savais absolument pas quoi penser. Je voulais qu'il paye, et en même temps, je me sentais si faible et vulnérable à l'évocation ou la pensée de son prénom. Jamais ne j'avais été aussi dupe. On arriva dans une secteur bâtiment composé d'un hall large, avec trois portes se trouvant devant nous. Les agents me désignèrent celle de droite sur laquelle Gamma était inscrit. J'inspirais à fond plusieurs fois, cherchant un peu de courage pour ouvrir la porte qui menait à mon futur enfer, enfer qui allait être mon quotidien. D'une main tremblante j'appuyais sur la poignée et poussais, entrant dans une vaste pièce. C'était un salon, plus que luxueux. La pièce était en forme de T. Sur la gauche, une grande salle à manger avec une table en bois massif, et un lustre moderne pendant au-dessus. Sur la droite, une cuisine tout aussi moderne, les meubles noirs et un îlot central en marbre blanc. Et enfin devant moi, un salon magnifique au milieu duquel trônait un canapé en demi-cercle blanc. Un tapis noir, une table basse du même bois massif que la table de la salle à manger, un écran plat devant, et une immense baie vitrée allant du sol au plafond qui inondait la pièce du soleil matinal de Boston. Un autre immense lustre trônait au-dessus de cette partie de la pièce, ce qui ne faisait qu'amplifier la splendeur du lieu. Quatre personnes étaient assises dans la canapé, dos à moi, ce qui me rappela vaguement ma première rencontre avec Liam et les autres, qui remontait maintenant à plusieurs moi alors que j'avais l'impression que c'était hier. Deux personnes se levèrent en particulier, deux garçon à ce que j'en croyais par leur carrure imposante et leurs cheveux assez courts. Je m'avançais un peu, pour me présenter mais me stoppais net quand les deux hommes se retournèrent.
-Salut sœurette, ça fait un bail !
Mon estomac se noua et je me mordais la langue. Les deux bruns m'étaient plus que familiers.
-Aaron, Noah... soufflais-je, dans une incompréhension totale.
-Depuis quand tu es timide ? Viens me faire un câlin ! s'exclama le premier en ouvrant grand les bras.
Je ne me faisais pas prier et enjambais le canapé dans la précipitation avant de me jeter dans ses bras. Il me relâcha au bout de quelques instants. Noah s'approcha de moi et m'enlaça à mon tour. Tout comme Gabriel, ils avaient beaucoup changé. Noah avait conservé sa tignasse brune un peu bouclée dans laquelle j'adorais passer ma main pour l'embêter quand j'étais petite. Son teint halé et ses yeux noirs lui donnaient un air mystérieux et sexy. En ce qui concernait Aaron, ses cheveux bruns étaient coupés courts, ses yeux bleus pétillaient toujours de cette ardeur et de cette passion qu'il possédait déjà plus jeune. Son sourire avec ses fossettes lui donnait un air rieur et très séduisant, je ne doutais pas qu'il devait faire fureur auprès des femmes. Je me tournais ensuite vers les deux autres personnes présentes. L'unique femme était à peu près de mon âge, aux cheveux courts violets. Ses traits fins et ses yeux bleus la rendait magnifique. Elle se leva pour me serrer la main. Sa silhouette était élancée et fine, une bombe. Enfin, le dernier garçon avait les cheveux châtain clair, des yeux verts et avait la peau claire. Il était taillé comme une armoire à glace, comme mes deux frères, et me fit un grand sourire quand il me tendit sa main pour me saluer. Il avait l'air très amical et accueillant.
-Bon t'as fait une sacrée connerie pour te retrouver ici ! ricana Aaron. J'espère que tu t'es préparée psychologiquement parce que ça ne va pas être des vacances. Notre lieu de vie est cool, mais nos emplois du temps le sont beaucoup moins ! Pile ce qu'il te faut pour te remettre en forme après ces quelques mois de vacance au sein d'Apocalypse !
Je ne répondais pas à sa remarque, je me doutais que tout ceci n'était d'un décor, que la réalité était plus sombre. Si j'étais ici, c'est que comme moi mes deux frères étaient également des tueurs, ça ne serait surement pas de tout repos. Noah me fit signe de le suivre, ce que je fis. Il m'emmena dans le couloir sur la gauche débouchant sur le salon. Il y avait quatre portes. Il en ouvrit une et me présenta rapidement ma chambre. Un immense lit aux draps d'un noir ébène trônait au milieu de la pièce, encadré par une tête de lit et deux tables de chevet en bois brut. Un grand dressing aux portes elles aussi noires se trouvait en face, avec une télévision encastrée au milieu de celui-ci.
-J'espère que tu as bien profité de Gabriel, parce qu'Aaron est loin d'être aussi cool. Même s'il le parait, ce n'est pas pour rien qu'une partie de ta peine est d'être formé au sein de notre équipe.
Je me tournais vers Noah, perplexe.
-Mais alors toi et les deux autres ? Vous aussi vous avez été condamnés ?
-Non, on a juste été formé tous ensemble. Par contre Aaron a été formé par une autre équipe, qui était bien moins drôle, alors quand on parle mission et exécution des ordres, t'auras pas intérêt à protester. Bref. Tu trouveras tes affaires dans le dressing avec un sac contenant téléphone, emploi du temps et tout le reste. Tu as quartier libre pour visiter la base, demain ta formation commence à cinq heures, sois en forme.
Il referma la porte derrière lui et me laissa seule. Je me tournais vers mon dressing. J'inspirais pour me donner de la motivation et ouvrais les portes pour en sortir le fameux sac et ne pas perdre de temps pour le reste de la journée.
~~~
Ma visite des lieux s'était faite sans encombre. Je n'avais pas perdu de temps et avais même mémorisé les plans de la base entière pour ne pas perdre de temps les jours suivants. Personne n'était rentré à l'appartement dans la soirée, je m'étais donc endormie seule, en pensant à Liam. Il faudrait que je trouve du temps pour aller le voir, malgré mon planning plus que surchargé que l'on m'avait donné. Je supposais que c'était en grande partie pour mon échec qu'ils souhaitaient autant me mettre la pression, mais les autres avaient l'air presque aussi sur chargés, mon nouveau rang devait donc y être pour quelque chose. Levée aux aurores, je prenais une douche rapide et m'habillais. Je me pressais pour être à l'heure au rendez-vous que l'on m'avait donné à cinq heure dans l'aile Est du bâtiment. Malheureusement pour moi, je me trouvais à l'exact opposé, à l'Ouest. Je courrais donc histoire de m'échauffer un peu si je devais reprendre mes entrainements. On ne m'avait donné aucune information quant à la raison de ma convocation, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre. Mais je prenais au pied de la lettre la mise en garde que Noah m'avait fait la veille. Les prochains mois n'allaient pas être une partie de plaisir, loin de là. J'entrais dans l'aile Est, encore plongée dans le noir aux vues de l'heure matinale. La fille de la veille, aux cheveux violets, m'attendait un peu plus loin. Elle me fit signe de la suivre. Tout comme moi, elle avait revêtu sa tenue d'agent composée d'une tenue intégralement noire et de rangers. La seule différence avec mes anciennes tenues était que le logo sur mon pantalon et sur mon teeshirt n'était plus le même. J'arborais désormais le même symbole que celui tatoué sur mon poignet, un triangle à l'envers dont l'un des côtés n'était pas entièrement tracé. On passa plusieurs portes avant de se retrouver dans une pièce plongée entièrement dans le noir. La fille referma la porte derrière moi dans un bruit sourd, au même moment la lumière s'alluma et m'aveugla quelque peu. Je pris quelques instants à comprendre la situation. Un homme bâillonné et aux yeux bandés se trouvait à genou au milieu de la pièce. Aaron se tenait à côté de lui, une arme à la main. Le reste de l'équipe était posté autour d'eux et se tenait au garde à vous, affichant une mine indéchiffrable.
-Approche, m'ordonna Aaron.
Je m'exécutais et il me tendit l'arme. Un pistolet automatique avec un silencieux. Je le prenais bien qu'avec hésitation. Il s'écarta pour me laisser le champ libre et se posta derrière moi.
-Tire.
Je regardais l'homme, effrayée. Non, pas maintenant, c'était trop tôt, je n'avais même pas pu me faire à l'idée que j'allais devoir ôter la vie. Trop tôt, beaucoup trop tôt ! pensais-je affolée.
-Athéna, tu vise, et tu tire, m'ordonna à nouveau Aaron.
Mon pistolet visait toujours le sol. C'est d'une main tremblante que je le levais doucement vers le condamné. J'avais le regard vide, prise de panique et complètement terrifiée. Il y avait une grande différence entre tirer avec des balles provoquant des décharges électriques et de vraies balles. Je n'avais jamais ôté la vie, même lors d'un combat. Je ne m'en sentais pas capable, je n'étais pas prête.
-Athéna ! s'exclama Aaron.
La pression était trop forte. Je ne pouvais pas faire ça comme ça, je ne pouvais pas ôter la vie aussi facilement. Mais que se passerait-il si je refusais de le faire ? Ils s'en prendraient à Liam ? Je serais emprisonnée ou même tuée ? Je devais, j'étais obligée de le faire. J'inspirais profondément pour calmer les tremblements de mon bras et ajuster ma visée. Je fixais l'homme, tout paraissait flou autour de moi, j'étais focus sur ma cible. Fais comme aux entrainements, pensais-je. Vise et tire. Vise et tire. Vise et tire. Je regardais une dernière fois l'homme, fermais les yeux et pressais la détente. Le bruit presque inaudible du coup de feu qui parti et le recul de l'arme dans ma main me firent réaliser que j'avais bien tiré. Que je venais de tirer sur cet homme et de lui ôter la vie. Le corps sans vie s'effondra sur le sol dans un bruit sourd. Le bruit de la mort, le bruit de l'enfer. Mon enfer personnel débutait.
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