Chapitre 28 : Repérage

Je me faufilais au milieu de la foule de gens circulant entre les étalages du marché. Il était prêt de dix heures, et il grouillait de femmes, d'hommes et d'enfants venus faire leurs emplettes pour la semaine, ou simplement la sortie de la journée. Je portais un pantalon en toile beige, un débardeur à bretelles blanc et une paire de basket blanches. Nous avions compté trois tenues tout au plus, pour trois jours de repérage, et une tenue de combat pour le dernier. C'est ainsi que devait se dérouler la mission. Après nous devions nous enfuir par la forêt, en petits groupes pour qu'on nous repère moins facilement. Mais si tout se passait bien, nous n'aurions pas à aller jusqu'à la fuite. Lunettes de soleil remontées sur le nez, je progressais au milieu de la foule, regardant les stands comme une touriste lambda. Liam et Adrian me suivaient de près. J'étais à la tête d'un groupe de huit personnes, dont deux lieutenants, Adrian, Liam et trois autres agents. Je sentais soudain une main frôler la mienne. Je faisais volte-face, prête à toute éventualité, mais je tombais simplement sur une petite fille qui me regardait avec un grand sourire. Elle avait la peau métissée, de petits yeux noisettes et des joues rebondies, adorable. Je lui souriais avant de la voir s'éloigner vers sa maman qui l'appelait plus loin. Je me détournais, reprenant ma promenade. Quelque chose frôla à nouveau ma main, je me retournais donc, m'attendant à revoir la petite fille mais c'est Adrian qui se tenait à côté de moi. Il tenta de glisser sa main dans la mienne comme si de rien était mais je le repoussais discrètement d'une tape sur le poignet.

-Tu fais quoi ? m'exclamais-je à voix basse.

-Prends ma main, on passera pour un couple de touristes cliché qui fait ses courses au marché pour leur premier jour de voyage.

-Tu te fous de moi ?

-Oh t'es pas drôle !

-T'abuse, ce n'est pas le moment.

-Je te croyais plus amusante, avant tu aurais joué le jeu !

-Non, je n'aurais jamais fait ça. Reste concentré bon sang !

Il rigolait face à ma réaction, ce qui me força un sourire en coin face à la réaction sans doutes disproportionnée que je venais d'avoir.

-Sois patient, c'est tout ce que je te demande, soufflais-je alors qu'il marchait à côté de moi.

-Et si je n'avais pas envie de l'être ?

Je ne sus quoi répondre, me mordant l'intérieur de la joue. Il n'allait visiblement pas me laisser en paix.

-Je te ferai craquer ! Tu ne pourras pas résister j'en suis sûr.

-Tu as une trop grande estime de toi visiblement. Ce n'est pas bon d'être mégalomane à ce point.

-Et pourquoi ? Après tout je suis incroyable, et j'ai réussi à faire flancher le petit cœur de glace de la grande Athéna !

Je levais les yeux au ciel, préférant ne pas répondre à son jeu, de peur qu'il n'en finisse plus. On continua d'avancer, discutant sur les différents produits des étalages comme si de rien n'était. On approchait de plus en plus de la base de l'État Mondial, qui se trouvait dans une large rue menant à la place du marché. Je m'arrêtais et m'installais sur un banc, regardant l'architecture des bâtiments, sortant mon téléphone pour prendre quelques photos. Je me levais pour changer d'angle, prenant la rue en large et en travers, le marché, un parterre de fleurs, un selfie de moi devant une porte d'entrée bleue aux moulures sophistiquées. Adrian qui était non loin de moi me regardait faire. Je m'élançais vers lui toute joyeuse, lui montrant mes photos avec fierté. J'espérais mon jeu d'acteur suffisant. Mes photos étaient cadrées de sorte que bout à bout, elles nous donnaient une vues large et complète des entrées arrière du bâtiment. Nous avions une première face, il fallait donc les autres. Je m'engageais dans une rue, tirais Adrian par la main, comme un jeune couple pressé de découvrir chaque recoin de la ville qu'ils visitaient.

-Je croyais que tu ne voulais pas qu'on se tienne la main, ricana Adrian, s'amusant à me provoquer.

-Tais-toi et suis-moi.

Je jetais un rapide regard en arrière, voyant que le reste du groupe suivait. Liam était avec deux autres personnes. Un agent plus âgé, qui aurait pu être son père, et une fille d'une vingtaine d'année, qui aurait pu être sa sœur. Ils semblaient avoir imité notre méthode d'espionnage, se faisant passer pour une famille monoparentale. Les trois autres agents se trouvaient plus loin, toujours sur la place, je ne pouvais pas voir s'ils avaient suivi le mouvement. Je tournais à droite après avoir progressé un peu, m'engageant dans une petite rue qui donnait sur une place faisant face à l'avant du bâtiment. Je ressortais mon téléphone et continuais de prendre des photos, de la place, de la fontaine, des gens. Je tirais Adrian par le bras et faisais un selfie de nous deux, affichant l'entrée arrière du bâtiment de l'État Mondial, sécurisée par deux gardes. On continua notre petite promenade vers d'autres rues de la ville jusqu'à atteindre la côte. Une plage s'étendait sur bien deux kilomètre, accueillant déjà des centaines, voire des milliers de baigneurs bronzant sur leur serviette sur le sable ou se rafraichissant dans l'eau claire de l'Atlantique. Un peu plus loin sur notre gauche, se trouvait un port où étaient entreposés des centaines de bateaux. Mais ce qui retint davantage mon attention, c'était la navette, un gros bateau sur trois étages proposant terrasses et bars, ainsi que des salles vitrées pour se reposer et déjeuner. Une foule de touristes faisait déjà la queue sur le quai pour monter à bord.

-Viens par la, lançais-je à l'attention d'Adrian.

On s'approcha du quai et notamment d'un panneau non loin de nous. Je regardais un peu partout autour de moi, vérifiant que les autres membres de notre groupe ne nous observaient pas pour m'approcher du tableau. Je m'empressais de mémoriser les destinations et les durées de trajet avant de m'éloigner à nouveau, en direction cette fois-ci de la plage. Je répétais les mots que je venais de lire en boucle dans ma tête, pour mieux les retenir.

-Tu as eu le temps de lire ? me questionna Adrian.

Je répondais par un simple hochement de tête. Au bout de quelques minutes, je sortais de ma bulle et me tournais vers lui.

-Ok je crois que c'est bon ! On va devoir rentrer, il nous reste une trentaine de minutes pour rejoindre le camp avant qu'on ne mange.

-Dac, bah on va se dépêcher alors.

On reprit notre chemin dans le sens inverse, le reste de l'équipe nous suivant de près.

-Et du coup cet après-midi ça va se passer comment ? Quoi de prévu ? me questionna Adrian après une bonne vingtaine de minutes de marche sans rien dire.

-On va faire un bilan, exposer les différentes photos prises ou les informations pertinentes pour commencer à établir un plan. Puis après ce sera entrainement, et tu vas y passer !

-Sérieux ? Pas cool.

-Te plains pas, au moins t'as du bol que j'ai réussi à négocier que tu viennes avec nous ce matin, sinon t'aurais dû rester au camp à faire je ne sais quoi et cuisiner.

-J'avoue. Comment tu t'y es pris d'ailleurs ?

-Je leur ai dit que ça faisait quelque temps que tu ne t'étais pas entrainé en tant qu'agent et que tu aimerais participer aux entrainements et repérages pour ne pas perdre ton niveau. Après c'était seulement pour aujourd'hui. Demain c'est au tour du troisième et quatrième groupe d'aller en repérage. Nous on va rester au camp pour garder nos affaires. Ça va nous laisser un peu de temps pour s'occuper.

Il acquiesça, comprenant ce que je voulais entendre par « occuper », soit, organiser notre exfiltration. Je ne pouvais le dire à voix haute, le reste de l'équipe se trouvait trop proche de nous et nous suivait à la trace, à peine quelques mètre derrière.

-Je pense que ce sera rapide. La ville ne comporte pas trop de petites rues, il y a surtout de grands axes, qui nous mènent directement à la base de l'État Mondial. Pour organiser l'attaque ça sera plus simple, je ne pense pas que trois jours de repérage soient nécessaire, mais un jour de marge pour l'organisation du plan et des équipes devrait être nécessaire.

-Je vois, t'as assez de photos ? J'ai retenus quelques trucs aussi.

-On va faire un bilan, tu pourras dire tout ce que tu as retenu, il y aura des scripts pour tout noter et faire un compte rendu. Je vais faire imprimer mes photos, heureusement qu'on a emmené une imprimante portable. Et pour le reste de la présentation, on le fera avec l'hologramme.

-Du coup demain, c'est Marceau, Phoebe et Lexie qui iront en repérage avec Gabriel ?

-Oui, dommage qu'on ne puisse pas y aller ensemble, comme au bon vieux temps.

-Oui, et relou pour la visite du coin, j'aurais aimé en voir un peu plus de cette ville, elle est sympa. Le bateau ça avait l'air cool aussi ! Tu penses que c'est possible de prendre des vacances ? Parce que je t'avoue que je ne serais pas contre !

Je ne répondais pas, visiblement on se comprenait parfaitement. Aux yeux des autres, ce qu'il venait de dire ne signifiait pas grande chose de plus que le sens initial. Mais le message réel qu'il avait voulu me faire passer était totalement différent. Il avait conclu notre discussion en me disant regretter qu'on ne puisse pas faire plus de repérage pour organiser notre propre plan, ce qui nous forcerait en partie à devoir improviser. Il avait également trouvé mon idée du bateau plutôt bonne. Il n'avait pas tort, tout l'intérêt de prendre la navette, était de descendre plus loin, ou durant la traversée pour fuir en brouillant déjà les pistes. On arrivait enfin à l'entrée du camping. On rejoignit notre campement, accueillit par le reste des agents. On s'installa au milieu des tentes, debout ou assis devant le feu. Deux personnes avaient été choisies pour noter l'ensemble des informations que notre groupe et le second, également en repérage, allaient donner. Je branchais mon téléphone sur l'hologramme pour diffuser mes photos sur l'écran bleu qui apparut une fois allumé. Je commençais à expliquer chaque point de vue, donner le nombre de gardes, d'entrée de fenêtres ou même de bouche d'aérations que j'avais aperçu. Les sept autres membres de mon groupe complétèrent. On écouta ensuite les informations que le second groupe en repérage nous donnèrent, ce qui vint compléter les nôtres.

-Bien, pour résumer, on a pas mal d'informations déjà. On a trois entrées possibles. La A, qui est celle sur la place, l'entrée principale. La B et la C, qui sont les deux portes arrières. Et enfin les D et E, qui sont les balcons du côté Est et Ouest, résuma notre Commandant. On sait déjà qu'on peut confectionner quatre équipes. Je laisse Gabriel et Athéna se charger de ça. Les repérages de demain seront plus ciblés. Vous serez chargés de déterminer la fréquence des roulements des gardes, les entrées et sorties, voir même avoir un aperçu de l'activité à l'intérieur. Bien, maintenant qu'on en a fini avec ça, je vous invite à aller déjeuner. Cette après-midi c'est entraînement, soyez tous présent.

On s'éclipsa, les uns après les autres, pour aller chercher un plat à la tente de cuisine. Je préférais attendre que tout le monde y soit passé pour y aller afin d'éviter la foule.

-Tu m'as l'air bien pensive dis-moi.

Je me tournais vers Gabriel qui se tenait debout derrière moi.

-Non, je réfléchis juste à la mission.

-Déjà des idées ?

-Oui, pour les groupes et pour le plan d'ailleurs, je t'avoue que j'attendais cette mission depuis quelques semaines, je suis pressée de l'accomplir.

-Ce n'est pas un peu bizarre ?

-Bizarre en quoi ?

-Bah d'attaquer une base de l'État Mondial. La première fois ça l'a été pour moi.

-En soi, j'ai déjà fait des missions contre eux, sur les derniers mois, mais je t'avoue que c'est passer au stade supérieur que de m'en prendre directement à l'un de leur édifice.

-Tu m'étonnes.

-Mais je ne suis pas stressée, après ce qu'ils nous ont fait, je n'ai aucun regret, j'irai jusqu'au bout.

-C'est ça qu'on veut entendre !!

Je riais face à son enthousiasme, mon mensonge semblait passer.

-Au fait... quand tu étais encore là-bas, tu avais des nouvelles de Noah et Aaron ?

Sa question me surpris, nous n'avions pas parlé de nos deux autres frères jusqu'à présent, j'étais étonnée qu'il ne le fasse que maintenant.

-Heu... non, à vrai dire je ne me suis pas vraiment renseignée. Je crois savoir qu'ils sont ensemble, dans l'une des plus grosses bases de l'Etat, mais vas savoir laquelle.

-Ok.

Il y eut un silence, je m'interrogeais, pourquoi maintenant ?

-Pourquoi tu ne m'en avais jamais parlé jusque là ? le questionnais-je.

-À vrai dire ça me trotte dans la tête depuis quelques temps, mais je ne sais pas pourquoi je ne t'en parle que maintenant. Nous n'étions pas spécialement proches d'eux étant plus jeunes, mais ils restent nos frères. L'État Mondial n'a pas non plus dû être tendre avec eux, s'ils ont employé le même modèle d'éducation qu'avec toi. Des fois je m'imagine tous réunis ici, enfin à la base d'Apocalypse, comme une vraie famille.

Je ne sus quoi dire, je n'étais pas vraiment favorable à cette idée, je n'en oubliais pas mon réel objectif qui était l'État Mondial. Mais j'espérais qu'à notre retour, une telle demande puisse être exaucées. La simple idée de tous se revoir me suffisait, même si ce n'était que pour un bref instant et que nous serions à nouveau séparés par la suite.

-Ça me manque aussi par moments. Mais je crois ne pas en avoir gardé beaucoup de souvenirs. Je me souviens simplement de nos combats, répétitifs et toujours prévisibles où la victoire revenait toujours à Aaron face à moi, et à Noah face à toi. À croire que la vitesse et la force sont toujours gagnantes !

Il sourit en se remémorant les mêmes situations que nous avions vécu des centaines de fois.

-On les reverra un jour, j'en suis sûre, assurais-je. Nous sommes une famille comme tu l'as justement dit, ils feront tout pour nous retrouver eux aussi.

Il acquiesça, semblant convaincu.

-En espérant qu'ils rejoignent le camp des gentils un jour !

Je le regardais se lever avec entrain. Non, en espérant que tu retournes dans le bon camp, pensais-je, me mordant la lèvre de le lui dire.

-Bon aller je te laisse, je vais rejoindre les autres. N'oublies pas de manger, il est important de garder la forme !

-Oui t'inquiète.

Je le regardais s'éloigner vers la queue pour aller chercher le repas, me décidant à le rejoindre quelques minutes plus tard, mon estomac me faisant clairement comprendre qu'il était temps.

~~~

La nuit était tombée depuis déjà quelques heures. J'avais effectué mon tour de garde, qui était le premier de la nuit. Il était dans les environs de deux heures du matin, et la seconde équipe de nuit qui devait nous relayer vint nous remplacer. Mes amis n'avaient pas été réquisitionnés pour cette nuit-là. Gabriel reprenait derrière moi en revanche, ce qui ne m'arrangeait pas des masses pour la suite de mon plan pour la nuit. J'avais prévu de m'éclipser en silence, pour rejoindre le port et tenter de monter à bord de la navette pour trouver un moyen d'évasion viable pour que nous puissions partir sans laisser de traces. Je rentrais dans la tente et me préparais en silence. Tous dormaient, à l'exception de Liam, qui comme toujours avait compris mes intentions et était donc au courant de ma virée nocturne. Je me changeais rapidement pour me revêtir de noir de la tête aux pieds. J'enfilais une cagoule pour ne pas être reconnue et m'approchais de l'entrée de la tente. Liam ouvrit la fermeture en silence et sorti en premier. Je l'entendais discuter avec les jeunes de l'équipes qui patrouillaient pour faire diversion et me laisser le temps de m'éclipser. Quand les voix se firent moins fortes, je passais par l'ouverture et sortais. Mes pieds foulèrent la pelouse, les lampes n'étaient pas dirigées dans ma direction, et par chance nous nous étions installés sous un arbre, ce qui me cachait donc de la lumière de la lune. En silence et faisant preuve d'une discrétion professionnelle, je me faufilais à l'extérieur du campement. Une fois à distance, je me mettais à marcher plus vite, voir courir, tentant d'avoir le pas léger pour n'alerter personne. Je gagnais l'entrée du camping en quelques minutes. Je m'engouffrais dans les rues de Bélem, progressant rapidement à pas feutrés. À quelques intersections je me cachais, le temps de laisser passer ou de contourner des policiers en patrouilles, qui semblaient bien plus nombreux qu'il n'y en avait l'utilité à une heure si tardive. Je gagnais enfin le port. Les lampadaires étaient allumés au bord du quai. Je décidais donc de passer par la plage, qui n'étais pas éclairée. Courir sur le sable était moins rapide que passer par le quai, mais je me voulais davantage discrète. Je distinguais la navette, stationnée à quai. Je m'arrêtais quelques instant pour observer, et comptais pas moins de trois agents aux différents étages à surveiller que personne ne squattait le bateau. Pour monter à bord je ne pouvais passer par la mer, il fallait penser que je revenais au campement après, et ce serait suspect. Je me devais donc de passer par le pont principal, ou de sauter depuis un pont adjacent. Les deux possibilités m'assuraient d'être repérée par les agents, je devais donc les neutraliser et vite. J'optais donc pour sauter. L'effet de suprise serait conservé, ils ne me verraient pas venir dans l'immédiat, ce qui me laisserait le temps de monter à bord et de me cacher avant de les attaquer les uns après les autres. Cette navette avait dû coûter une fortune à la ville pour qu'elle soit si protégée. Je ne prenais pas plus le temps de réfléchir et remontais sur le quai pour atteindre l'un des pontons situés non loin du flan droit de la navette. J'inspirais profondément, reculais de quelques pas, prenais de l'élan en courant et sautant de toutes mes forces, m'élançant au dessus de l'eau. Mes mains saisirent les rambardes en métal blanches du rebord, mon corps heurta la coque dans un bruit sourd. Je grimaçais de douleur au choc de mes côtes contre la surface dure. Mais rien de grave, de toutes façons ce serait guéris d'ici mon retour au campement. Je me hissais à bord avant de me précipiter dans un coin sombre, entendant les agents se sécurités se parler entre eux, leurs pas raisonner et le faisceau de leurs lampes torches se balader sur les murs. Je me faisais toute petite, ne faisant aucun bruit. Le premier homme s'approchait. Quand il arriva à ma hauteur, j'armais mon point et le lançais en direction de sa tempe. Il s'effondra avec la puissance de ma frappe, qui provoqua une douleur puissante à mes phalanges. Je me mordais la lèvre et secouais ma main, tentant de l'ignorer. Je ramassais sa lampe torche, pour ne pas me fracturer la seconde main au passage quand je m'en prendrai au second vigile. Il ne tarda d'ailleurs à faire acte de présence. Je m'élançais vers lui. Il me vit arriver et eut à peine le temps de s'exclamer « Halte là ! » et de dégainer son taseur qu'il se retrouvait au sol à son tour. Plus qu'un. Il se trouvait au pont supérieur. Je montais donc et tombais nez à nez avec lui alors qu'il descendait les marches de l'escalier arrière de la navette. Il lança son pied dans ma direction pour me faire chuter en arrière, mais je l'esquivais de peu et lui lançais la lampe torches dans les parties intimes. Il lâcha un cri de douleur, ce qui ne révélait pas de la discrétion dont je souhaitais faire preuve avant de monter. Je m'emparais donc de son taseur et lui infligeais une décharge puissante, assez longue pour lui faire perdre conscience à son tour. Je soupirais, la première partie de mon plan étant terminée. Je devais maintenant descendre sous le pont pour accéder à la cale du bateau et trouver du matériel pouvant nous être utile pour l'évasion. Je m'emparais des clés à la ceinture du garde et dévalais les marches. J'enjambais la barrière de sécurité empêchant l'accès aux escaliers menant au niveau inférieur. J'ouvrais la porte à la va vite et allumais la lampe torche que j'avais récupéré après mon lancé. Je progressais rapidement dans le bateau, fouillant chaque pièce qui semblaient toutes déverrouillées. Je trouvais enfin ce que je cherchais au bout de quelques minutes. Dans une armoire se trouvait des bouteilles d'oxygène et des masques de plongé. Il y en avait une dizaine tout au plus, parfait. En seconde option, se trouvait un canaux de sauvetage gonflable. Il nous prendrait plus de temps à le gonfler, mais il serait plus simple de surveiller Gabriel lord de l'évasion, quitte à le menacer avec une arme. Mais cette solution était bien plus visible. Il faudrait que j'en parle avec les autres. Je faisais marche arrière et retournais dans les cuisines du bateau. Je prenais soin de brouiller les pistes, dévalisant les placards, mettant le plus possible de provision dans un sac pour faire croire à un simple cambriolage pour des vivres et retournais sur le pont. Je jetais l'ensemble du sac dans une poubelle sur mon chemin et regagnais avec hâte le campement. Le retour s'effectua sans encombre. Je me faufilais à nouveau derrière les tentes, cachée dans la pénombre pour ne pas me faire remarquer par Gabriel ou un autre jeune en patrouille. Je retirais ma cagoule et mon haut que je glissais sous la bâche servant de sol à notre tente, puis contournais celle-ci. J'étais en jean noir, rangers et t-shirt blanc. Je ne faisais plus mine de me cacher et montrais pleinement acte de présence.

-Capitaine, que faites-vous debout à une heure si tardive ? Vous devriez vous reposer, me lança un garçon faisant parti de l'équipe de nuit se trouvant non loin de ma tente.

-Je n'arrive pas à trouver le sommeil je suis donc sortie prendre un peu l'air. Bon travail, et bon courage pour le reste de la nuit. À demain.

Il hocha simplement la tête et je rentrais dans latente, ni vue ni connue. Liam avait trouvé le sommeil entre temps, je décidais de ne pas le réveiller et de lui faire part de mes trouvailles le lendemain. Je m'installais sur ma couchette et ne tardais pas à m'endormir à mon tour.

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