Chapitre 26 : Seconde chance

C'est après une bonne douche que je m'habillais, pleine d'entrain et déterminée à agir aujourd'hui. J'avais reçu la validation pour la mission une heure plus tôt a peine, notre départ était donc imminent. Je voulais profiter, de Seb et de Mistuo, avant de leur dire adieu. Ils ne se doutaient pas que nous allions passer nos derniers jours ensemble, pour ne plus jamais se revoir. Je préférais mettre cette pensée de côté pour ne pas griser cette journée qui s'annonçait splendide. J'enfilais pas paire de basket après m'être séché les cheveux et prenais mon portable. Je transférais le message de validation pour la mission au reste du groupe avant de descendre au réfectoire. Gabriel était déjà levé et attablé à l'une des tables en compagnie de Lexie et Nolan. Je les saluais, prenant un bol de salade de fruits et un verre de jus d'abricot.

-Salut les petits gens ! Quoi de beau ce matin ? lançais-je avec enthousiasme.

-Bah écoute comme d'habitude ! Tu m'as l'air très en forme ! sourit mon frère en me tendant son bol de salade de fruits où il ne restait plus que les ananas, qu'il n'aimait pas.

-C'est le cas !

-Qu'as-tu prévu aujourd'hui ? me questionna Lexie, avec un regard insistant.

Sans doutes voulait-elle savoir ce que j'allais faire pour mes derniers jours à Apocalypse.

-Je vais aller voir mon p'tit Seb ! Puis je passerai l'après-midi avec Mits, ça fait longtemps ! Et puis il faut que je profite je ne vais pas les voir pendant quelques semaines pendant la mission !

Lexie acquiesça d'un regard entendu.

Je mangeais rapidement, embrassais la brune à côté de moi, qui sembla surprise de mon geste puisque je me montrais habituellement peu tactile. Je remontais me laver les dents rapidement avant de filer vers les hangars des agents pour retrouver Seb. Il n'était pas encore arrivé quand je poussais la porte de son atelier. J'en faisais donc un peu le tour comme à mon habitude. Sa moto se trouvait dans un coin, j'en profitais pour la contempler et prendre le temps d'observer chaque pièce de l'engin qui était visible. Je devais avouer que je la trouvais magnifique.

-Tu veux que je t'emmène faire un tour ?

Je le retournais, sursautant car je ne l'avais pas entendu arriver. Tout sourire bien qu'un peu surprit de me voir de si bon matin, Seb déposa sa veste sur la chaise de son établi et s'approcha.

-J'adorerais ! répondis-je enfin à sa question. Tu as du temps ce matin ? J'ai envie de profiter de toi je pars bientôt en mission ! On ne se verra plus pendant quelques temps...

-Eh bien écoute oui, je peux bien faire un trou dans mon emploi du temps.

Il y eut un silence. Son expression changea, se faisant embarrassée et inquiète.

-Ça va toi ? Enfin on vous a vu vous disputer hier, toi et Adrian. On n'a pas entendu car vous êtes parti un peu plus loin, mais tu semblais furax. Puis tu es partie et personne ne t'a revu de la soirée. Mitsuo s'est inquiété.

Je passais une main dans ma nuque, embarrassée mais je savais déjà comment j'allais régler ce problème, et une bonne fois pour toute. Je ne pouvais pas risquer de compromettre notre lien d'équipe pour une amourette de passage qui ne finira que mal. Je devais parler à Adrian.

-Ce n'est rien, je vais régler ce petit... contretemps.

-Un contretemps ? C'est ce que tu appelles un contretemps ? Comment ça ?

-C'est compliqué...

-Ça je n'en doute pas, d'ailleurs ça se voit que c'est la galère entre vous. Tu ne peux pas me mentir il s'est déjà passé un truc. Vous ne pourriez pas avoir ce lien si fort et aussi destructeur à la fois.

-Ça n'a pas marché voilà tout.

-Tu l'as repoussé je me trompe ?

Je me mordais l'intérieur de la joue. Que devrais-je lui répondre ? Après tout j'avais bien besoin de conseils, et Seb était certainement la personne la plus apte à m'en prodiguer.

-Oui, on s'est embrassé, ça aurait pu aller plus loin d'ailleurs, mais ça ne s'est pas fait.

-Et après tu as prit tes distances et tu lui as dit que tu préférais faire comme si il ne s'était rien passé pour ne pas entacher votre lien. Je le trompe ?

Je hochais la tête pour dire non, il me connaissait visiblement bien mieux que ce que j'avais imaginé.

-Et aux dernières nouvelles, c'est toi qui est revenue vers lui mais tu as découvert qu'il te cachait sa relation avec une autre fille. Alors tu as préféré l'oublier et ne rien lui dire, ce qui l'a laissé dans une totale incompréhension. Puis quand il a appris que tu l'aimais, il a quitté sa meuf pour être avec toi, enfin en espérant que tu l'accepterais. Mais tu as Mitsuo maintenant, et tu es bien avec lui donc tu ne sais pas quoi faire c'est bien ça ?

-Ça devient limite flippant que tu devines aussi facilement la vie toi !

-Enna...

Je me tournais enfin vers lui, affrontant son regard bien que mon coeur se serrait face a tant de vérité.

-Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Plus ça avance plus j'ai l'impression qu'on se détruit.

-Avez-vous déjà au moins essayé ? Jamais. Tu ne sais pas comment votre relation pourrait-être.

-Et tu penses que je devrais lui laisser une chance ?

-Ce que je pense c'est que tu dois suivre ton coeur. Tu leur dois une réponse, aux deux.

-Hein ?

-À Mits aussi. Il n'est pas idiot, il a très bien compris qu'il était arrivé après un coeur brisé. Il sait que ton coeur balance. Tu tiens à lui on le sait tous, vous êtes un couple magnifique. Alors est-ce que tu es prête à perdre cette relation pour te lancer dans l'inconnu avec Adrian ?

Je mettais une main dans mes cheveux riant nerveusement.

-Attend toujours es de quel côté la ? Je suis perdue, soupirais-je.

-Tu sais très bien que je ne porte pas Adrian dans mon coeur et que j'adore Mits, mais je veux surtout le meilleur pour toi. Je veux ce qu'il y a de mieux pour la meilleure amie.

Je reçu comme un choc dans la poitrine. Je n'avais pas imaginé compter à ce point pour lui. Et dire que j'allais l'abandonner...

-Choisi avec ton coeur, écoute-toi. Mais fixe les choses, pour toi comme pour eux.

J'acquiesçais, me sentant tout de même bien plus perdue qu'avant mon arrivée dans l'atelier de mon super psychologue. Seb me tendit un casque et un blouson.

-Aller ! Je vais t'emmener en balade, histoire de te changer un peu les idées et de te faire découvrir les plaisirs du deux roues !

Je souriais face à sa remarque. Il enjamba sa moto, retira sa béquille et démarra. Le moteur de l'engin vrombit dans tout l'atelier. Un ronronnement doux à mon oreille. Il se plaça correctement pour avoir l'équilibre et me fit signe de monter derrière lui. Je m'équipais et prenais place sur la petite selle du passager. J'enroulais mes bras autour de son buste et il démarra. On sorti de l'atelier pour s'engager sur la piste de décollage et atterrissage des avions et hélicoptères.

-T'es prête ? me questionna Seb.

-Oui ! m'exclamais-je, resserrant mon étreinte alors qu'il commençait à accélérer.

Le vent vint me fouetter le visage car je n'avais pas fermé ma visière. Je savourais cette sensation incroyable. J'étais sure que ça allait me plaire. Peu à peu je me détendais, desserrant mes bras qui enserraient son buste. Je fermais les yeux, en pleine confiance. On du traverser une bonne dizaine ou quinzaine de fois la piste d'atterrissage avant de regagner l'atelier. Je décidais de passer le reste de la mâtiné à aider mon ami dans ses tâches quotidiennes.

~~~

Je frappais à la porte de la chambre de Mitsuo. On était en début d'après-midi, et je savais qu'il n'avait rien du prévu pour une fois. La réponse ne se fit pas attendre. Il ouvrit la porte, m'accueillant avec un petit sourire avant de se décaler pour me laisser passer.

-Qu'est-ce qui t'amène ? m'interrogea-t-il, s'épaulant contre le mur, face à moi qui me trouvait au milieu de sa chambre.

-J'avais envie de te voir, de profiter un peu de toi avant mon départ en mission prochainement.

Il s'approcha de moi, m'enlaçant avec tendresse. Il déposa un baisé sur mon front mais je ne l'entendais pas de la même façon et l'embrassais avec passion.

-Je veux vraiment profiter de toi, lui dis-je, mon regard planté dans le sien.

Je n'eus pas besoin de le lui dire deux fois. Il m'attira à lui, m'embrassant avec plus d'envie et de passion. Il me retira mon haut, m'embrassant le cou, la clavicule, puis revenant constamment à mes lèvres qui semblaient lui manquer. Je sentais la surface confortable et douce de ses draps dans mon dos, ne m'étant pas rendu compte que nous avions déjà rejoint son lit. Ses caresses étaient douces, presque lentes. Il voulait profiter, prendre son temps et faire les choses bien. Je répondais à ses étreintes, parcourant son corps avec mes lèvres pour y déposer par-ci, par-là, des baisés effleurés, le faisant frissonner. On retira nos jeans dans un même élan de précipitation, nous dépêchant pour que nos lèvres ne restent pas éloignées trop longtemps. Je me laissais transporter dans un nuage de bonheur, en oubliant tout le reste. Je voulais pleinement me consacrer à lui, profiter de mes derniers moments avec Mitsuo avant de devoir lui dire adieu. Je m'étais peut-être un peu attachée finalement. Mits avait été ma première relation. Je n'avais jamais vraiment été en couple auparavant. Je n'étais pas vierge, et il était loin d'avoir été mon premier baisé. Mais c'était sans doutes la première fois que je m'abandonnais à quelqu'un avec si peu de craintes, en pleine confiance et sérénité. Je me perdais dans ses bras, comme je ne l'avais sans doutes encore jamais fait, bien que nous ne soyons pas à notre première fois. Je me laissais envahir par une vague de plaisir, lui rendant chaque attention comme une preuve de mon attachement. Mitsuo fut le premier, le premier à me faire découvrir la réalité et le quotidien du couple, je m'y sentais en sécurité et moi-même. J'avais l'impression de tout pouvoir lui dire, sans jugement, sans arrière-pensées. Ce sentiment est galvaniseur, me rendais plus puissante. Je ne comprenais plus vraiment pourquoi on m'avait toujours interdit d'avoir des relations. Si elles apportent tellement, pourquoi m'en priver ? La peur de perdre l'être cher ? Sans doutes, mais ça en valait largement le coup.

~~~

Du bout des doigts il caressait mon bras avec tendresse. Je souriais alors qu'il resserrait son étreinte pour se coller à moi. Je m'extirpais doucement des bras de Morphée. Nous nous étions visiblement endormis, tous deux allongés sous ses draps alors que nous étions au beau milieu de l'après-midi. J'ouvrais es yeux, prenant le temps d'observer chaque recoin de sa chambre. Elle était peu décorée, mais chaque petite information que je pouvais trouver sur lui me rendais d'autant plus curieuse. Une grande pochette verte en carton se trouvait coincée entre le mur et les pieds de son bureau.

-C'est quoi ? demandais-je en tendant le bras dans la direction de ma trouvaille.

-Ma pochette de dessins.

-Tu dessines ?

Il laissa échapper un petit rire gêné, comme si c'était la chose la plus honteuse du monde.

-Il se pourrait bien oui.

Je me levais, enfilant ma culotte et son teeshirt avant de m'approcher de la pochette verte. Je tirais la pochette avant de la poser à même le sol. Je jetais un rapide coup d'œil à Mits pour savoir s'il voulait bien me montrer ses créations. Après un simple hochement de tête, je retirais les élastiques et ouvrais la pochette. De nombreux croquis se présentaient à moi. Au fusain, crayon de bois, feutre, aquarelle, craies grasses... aussi bien très colorés qu'en noir et blanc. Il y avait beaucoup de portrait, aussi bien de face, profil ou même partiellement de dos. Des modèles posant nue, ou des gens qui semblaient avoir été dessinés sans même être au courant. Ici, une fille assise sur un banc lisant un livre, là, un garçon cuisinant, de la farine dans les cheveux et sur son tablier noir. Je tournais les pages, admirant ces dessins tous plus beaux les uns que les autres. Très réalistes et aux trais fins, Mitsuo avait un vrai talent. J'étais contente d'avoir pu découvrir cette partie de lui. Mon regard s'arrêta sur un dessin en particulier. C'était moi, endormie. Les cheveux étalés sur l'oreiller en boucles régulières, le visage détendu et presque serein. Mes trais me semblaient bien plus agréable à regarder sur son dessin qu'en réalité. Était-ce comme ça qu'il me voyait ? Sans filtres, sans artifices, perdue dans le monde des rêves, sans peur et sans maîtrise de mes émotions. À nue.

-C'est magnifique... soufflais-je, contemplant cette œuvre.

Ce dessin laissait entièrement transparaitre sa façon de me voir, qui il voyait en moi. Je me surpris à être émue. Il se leva, enfila des vêtements avant de s'asseoir en face de moi. Il prit le premier dessin se trouvant devant lui en me raconta les circonstances de sa création. Il en fit de même avec tous les autres. Je pus également découvrir ses aquarelles représentant des paysages, des animaux, ou simplement des lieux de la base qui m'étaient désormais familiers. Il me conta l'histoire de chaque dessin, les circonstances dans lesquelles il se trouvait quand il les avait dessiné. Je l'écoutais avec attention, passionnée par son monologue laissant transparaître un réel goût pour les arts plastiques. Il m'avoua avoir fait parti d'un groupe d'art auparavant, mais d'avoir été contraint d'arrêter pour se concentrer sur sa formation d'agent. Il avait alors arrêter de produire. Puis il m'avait rencontré et avait en quelque sorte récupéré le crayon. Il me montra quelques dessins, de Gabriel, Seb, et d'autres de ses amis qu'il avait fait récemment.

-Le tien date d'il y a quelques jours. Ne m'en veux pas, les lumières, les ombres et toi étiez parfaites !

-Ah parce que je ne le suis plus maintenant ?

-Si si bien sûr !

Je rigolais le voyant confus alors qu'il comprenait que je le taquinais. Je reportais mon attention sur mon dessin.

-Tu peux le garder si tu veux. Tu as l'air de l'aimer.

-Il est magnifique. Merci.

Son sourire me fit comprendre qu'il semblait heureux qu'il me plaise. Je contournais les dessins pour m'asseoir à côté de lui et lui faire un câlin.

-Je vais devoir te laisser... soupirais-je, ma tête sur son épaule.

-Déjà ?

Je ramassais mon téléphone par terre près du lit et lisais l'heure. Il était presque 18h et ma journée n'était pas encore finie. Je me levais à regret et commençais à me rhabiller, une fois prête je lui prenais les mains pour l'aider à se relever et l'embrassais avec tendresse.

-On se voit demain de toutes façons, lui dis-je.

-Oui, même si j'aurais bien aimé que tu restes dormir !

-Je sais, demain c'est promis.

-D'accord.

Je l'embrassais une dernière fois. Il me tendit mon dessin que je récupérais un sourire aux lèvres.

-Tu voudras bien me faire un auto portrait de toi ? Comme ça j'aurai ta bouille accrochée dans ma chambre à côté de mon dessin.

-Si tu veux ! me répondit-il avec un ricanement.

J'ouvrais la porte, lui j'étais un dernier regard avant de la refermer. J'inspirais profondément avant de me diriger vers le bout du couloir où se trouvaient les escaliers menant au rez-de-chaussée. Une fois dehors je reprenais la direction de ma résidence, le sourire aux lèvres et satisfaite de cette belle après-midi passée en compagnie de Mitsuo. Une fois dans ma chambre, je rangeais le dessin dans l'un de mes tiroirs. Je prenais une rapide douche et me rhabillais. Je m'asseyais sur mon lit, prenant mon téléphone et le déverrouillant. J'ouvrais mon application messages et ma discussion avec Adrian, qui se voulait presque désertique.

-Rejoins-moi ce soir, 19h30 sur le toit de la résidence. Il faut qu'on discute.

J'espérais que mon message était assez clair. Ses états d'âme et son comportement n'était plus tolérables, surtout à la vue de la fin de la mission tant attendue qui se rapprochait. Il fallait que l'on mette les choses au clair. Je me levais donc pour me sécher les cheveux, bien décidée à régler toute cette histoire, une bonne fois pour toutes. Une fois prête je prenais la direction du lieu de rendez-vous. J'avais une bonne dizaine de minutes d'avance, mais peu m'importait. J'espérais juste qu'il viendrait, avec la même volonté que moi de mettre les choses à plat. J'avais une boule au ventre, à l'idée de me retrouver à nouveau face à lui. Je savais ce que j'avais à lui dire, mais ça n'empêchait tout de même pas mon stresse de monter. Je m'approchais du bord du bâtiment, pour observer le square en contrebas. Il y avait encore quelques personnes dehors, certaines préférant manger un peu plus tard et profiter des derniers rayons de soleil avant que celui-ci ne disparaisse à l'horizon. Je m'asseyais sur le rebord, les jambes dans le vide. J'avouais avoir un peu le vertige, mais j'avais appris à surmonter mes peurs et ce n'est pas maintenant que ça allait changer. J'entendais la porte du toit s'ouvrir dans un grincement. Je me retournais, apercevant Adrian un peu plus loin. Je descendais du rebord et m'y appuyais, lui faisant un signe de tête pour qu'il vienne à côté de moi. Je me tournais vers la vue devant moi, une brise fraîche me caressant le visage.

-De quoi tu voulais me parler ? me questionna-t-il en s'installant à côté de moi, le regard perdu au loin.

Je ne répondais pas tout de suite, cherchant mes mots.

-Je veux qu'on mette les choses au clair, qu'on en finisse avec ces disputes incessantes et insupportables. On va arriver sur la fin de la mission et on doit être plus soudés que jamais pour la mener à bien, alors je voulais qu'on discute.

-Que veux-tu que je te dise ? soupira-t-il se passant une main dans les cheveux.

-Je veux savoir ce que tu veux. Notre relation est incompréhensible et on est visiblement incapable de se mettre d'accord. Je n'en peux plus me fâcher contre toi, et je n'ai pas envie que ce qu'il s'est passé la dernière fois recommence.

-Tu veux dire quand tu m'as clairement défoncé la gueule ?

Je me mordais la lèvre, lui jetant un regard en coin, remarquant le coquart qu'il avait à l'œil droit et la coupure sur la pommette en dessous.

-Désolée, j'étais furieuse.

- Je l'avais remarqué, je t'ai poussé à bout j'ai cherché.

Il y eut un silence, glaçant et inconfortable, qu'il se précipita de briser.

-Je l'ai très mal pris, ta réaction le soir où on s'est embrassé. On se lâchait enfin vraiment pour la première fois, du moins pour ta part, depuis le début de la mission, voir même depuis le début de notre formation. Et puis tu as reçu cette promotion, et tu m'as rejeté comme si tu étais devenu un danger pour moi. Comment voulais-tu que je me sente ? J'étais perdu.

Je me sentais honteuse, je savais pertinemment que je n'avais pas été correcte avec lui ce soir-là et les jours qui ont suivi même.

-Je sais, désolée, soufflais-je sans pour autant avoir le courage de le regarder.

-Arrête de t'excuser, m'ordonna-t-il presque. On a tous les deux nos tords dans cette histoire.

-Il y a quand même un truc que j'aimerais comprendre... On s'est rapproché, enfin je ne sais pas, ça n'était peut-être que mon impression, mais je croyais que tu voulais toujours de moi, durant nos premiers mois ici. À moins que je ne me sois fait des idées. Et j'ai perdu pied quand j'ai vu que tu étais avec une autre. Je voulais te le faire payer, ce qui explique en quelques sorte ce qu'il s'est passé avec Liam.

-Je ne sais pas. J'ai rencontré cette fille à mon groupe de cuisine, elle était gentille et je semblais lui plaire alors je me suis ne dis pourquoi pas. Tu m'avais déjà rejeté une fois, pourquoi pas deux. Alors je me suis lancé et je ne t'ai rien dit de peur d'entacher notre relation d'amitié qui était à son apogée à ce moment-là. Sauf que j'ai été stupide car ça n'a fait qu'envenimer les choses. Ça a d'abord détruit notre relation d'amitié, puis ça nous a presque monté l'un contre l'autre, au point que je souhaitais malheur à ton couple et que tu as embrassé mon meilleur pote pour me faire péter les plombs, ce qui a très bien marché au passage.

-On s'est un peu laissé emporter il est vrai.

-Un peu serait un euphémisme. J'ai voulu casser la gueule à ton mec et tu m'as cassé la gueule au final. Je pense qu'on peut difficilement faire pire.

Je riais face à sa remarque. Nous avions en quelques sortes touché le fond, nous ne pouvions que remonter à ce stade non ?

-Tu pensais ce que tu as dit l'autre soir ? le questionnais-je en me tournant vers lui, attendant une réponse sincère.

Il se mordit la lèvre, comme redoutant ce passage de notre discussion.

-Je pensais tout ce que j'ai dit. Mis à part la partie sur Mitsuo, oui j'ai retenu son nom. Ce n'est pas un abruti, c'est un mec bien et il te correspond, mais j'étais tellement rongé par la jalousie que je n'ai pas pu m'en empêcher.

-J'ai bien vu, l'enchaînement que tu as déblatéré d'un coup m'a rendu folle de rage, je n'ai pas réussi à me retenir, et en voilà le résultat, soupirais-je en désignant son visage.

Il sourit face à mon geste, signe qu'il ne semblait pas trop m'en vouloir.

-Je pensais aussi ce que je disais sur le fait que je t'aimais. Qu'il n'y avait que toi. Je l'ai vraiment quitté dans l'espoir que tu ferais de même avec Mitsuo. Mais je n'avais pas calculé à quel point tu tenais à lui.

Il marqua une pause, comme pour me laisser le temps de digérer.

-Mais j'ai compris, et je vais accepter que tu es avec lui. Je vais arrêter mes crises de jalousie stupides, ça ne me ressemble pas. Ce qu'on a fait de notre relation ne nous ressemble pas. Depuis quand on se préoccupe de ce genre de drama ? J'ai l'impression que ce qu'il s'est passé entre nous est digne d'un article people dans un des magazines de Lexie.

On sourit en même temps face à sa remarque. Il n'avait pas totalement tort. Cette situation était totalement disproportionnée et il fallait qu'on y mette fin.

-On peut repartir à zéro. On oublie tout ce qu'il s'est passé et... on se laisse une chance, lui proposais-je, d'un air assuré.

-Qu'on se laisse une chance ? Qu'entendus-tu par la ?

-On a eu beau essayer, une voire peut être deux ou trois fois, on a tout fait foirer. Et si on se laissait le temps ? Je veux dire, pas de pression, pas de mission, pas de promotion au rang de tueuse en série et tout le tralala. Pouvoir essayer une fois que tout sera fini et quand on n'aura plus rien d'autre en tête. Je n'ai pas envie que tout tombe à l'eau encore une fois.

Il hocha la tête, sans doutes du même avis que moi.

-Tu ne m'as donc pas vraiment oublié en l'espace de quelques semaines ? me questionna-t-il.

-Pas vraiment...

Un sourire vainqueur se dessina sur ses lèvres ce qui me fit lever les yeux au ciel, mais également esquisser un sourire. Un silence s'en suivi, on ne savait sans doutes pas quoi ajouter. Mon regard plongea dans le sien. Ses yeux semblaient sonder mon âme et j'eus une sensation de mise à nue. Il me voyait au-delà de ce que les autres voyaient. Il me connaissait bien plus que je ne l'avais imaginé. Notre relation s'avouait destructrice, nos caractères explosifs, mais les sentiments que nous éprouvions l'un pour l'autre paraissaient bien plus important. Je me mordais l'intérieur de la joue, nerveuse.

-Tu m'aimes ?

Sa question, si soudaine bien qu'un peu prévisible, fit rater un battement à mon coeur. Que devrais-je lui répondre ? Je ne pensais pas être prête à le lui révéler maintenant, mais il semblait attendre cette réponse en signe de preuve pour ce que je venais de lui dire.

-Dis le moi...

Il s'approcha, je me mettais à rire, reculant et passant une main nerveuse dans mes cheveux. Je n'osais pas croiser son regard.

-S'il te plaît, insista-t-il.

-Pourquoi veux-tu savoir ça ?

-Je veux savoir ce que je représente pour toi.

Je ne pouvais pas nier, ça paraissait évident non ? Après tout ce qu'il s'était passé entre nous, même un aveugle s'en serait aperçu. Je l'aimais, même si j'avais essayé de l'oublier, il revenait inlassablement. Je ne pouvais pas me passer de lui, et malgré le temps passé sans lui, je n'avais pas cessé de ruminer notre dispute, à chercher à tous prix une réponse pour expliquer nos multiples conflits.

-Depuis que je t'ai rencontré, je n'ai découvert qu'une multitude de sentiments. Tu m'as fait passer par toutes les cases ! Tu m'as rendu furieuse, triste, perdue mais aussi joyeuse et heureuse. Tu m'as fait découvrir tant de choses ! J'ai appris ce que c'était d'être normal, d'avoir une vie de jeunes de mon âge. J'ai découvert la fête, les rires, ce que c'était d'avoir des amis, mais aussi une famille. Je ne vivais que pour l'État Mondial, mais tu m'as fait découvrir d'autres raisons de me lever chaque matin, tu es devenue l'une de ces raisons.

Je levais les bras et les laissais retomber contre mes hanches, ne sachant pas quoi ajouter de plus. Il me fixait toujours, sans bouger et avec une expression indescriptible sur le visage.

-Tu es l'une des personnes les plus importantes de ma vie, je tiens tellement à toi que me disputer avec toi me rendait malade et que j'ai cru que mon cœur se brisait quand je t'ai vu en embrasser une autre. Que veux-tu que je te dise de plus ?

-Rien, j'ai compris.

Je soupirais de soulagement, heureuse qu'il prenne en compte le fait que je ne sois pas forcément prête à lui dire que je l'aimais. J'étais toujours avec Mitsuo, bien que ce soit déjà très irrespectueux de ma part de prévoir de passer à autre chose dès que j'aurai quitté Apocalypse. De plus, il était encore trop tôt, nous venions tout juste de nous remettre de nos nombreuses disputes. Il m'ouvrit tout de même ses bras pour m'inviter à lui faire un câlin. J'acceptais, bien qu'un peu mal à l'aise. Cette étreinte voulait tout et rien dire à la fois. Je m'écartais de lui après quelques secondes, lui lançant un dernier sourire.

-Bon, on se voit demain alors, lui dis-je avec un air peu sur de moi, ne sachant pas comment clôturer cette discussion.

-À demain, me répondit-il avec un sourire.

Je lui jetais un dernier regard avant de me diriger vers la cage d'escaliers, son regard brûlant posé sur mon dos. J'ouvrais la porte et descendais les marches, soufflant enfin après m'être échappée de cette situation qui devenait étouffante. J'entendais la porte grincer derrière mois, et des pas dévaler les marches à vive allure. Puis Adrian apparu à la lumière verte du bloque secourt.

-On en avait pas fini je crois.

Avant que je n'ai le temps de répondre quoi que ce soit, il dévala le reste des marches nous séparant, me saisit par la taille et posa ses lèvres sur les miennes. Je ne sus comment réagir, trop surprise par ce geste inattendu, mais il me fallut peu de temps pour répondre à son baisé. Ses lèvres étaient douces, bien que son étreinte se voulait passionnée et ardente. Je me rappelais enfin de la première fois où nous nous étions embrassés. Cet instant était presque aussi intense et puissant que ce que nous avions vécu par le passé. Je passais mes mains dans ses cheveux, les laissant glisser dans son cou alors que les siennes se baladaient au creux de mon dos et sur mes hanches. Il ne franchissait pas la limite, se doutant très certainement que j'allais le repousser. Cette instant était tout simplement irréel, ce baisé hors du temps. Quand ses lèvres s'éloignèrent des miennes, je quémandais intérieurement pour en avoir plus. Mais il remit une barrière entre nous, signifiant la fin de notre étreinte et notre retour à une amitié, pour quelques semaines encore. Il déposa un baisé sur ma joue avant de descendre le reste des marches et de franchir la porte cassée du dernier étage de notre résidence. Il me rendait folle, je ne savais plus comment agir face à lui et perdais tous mes moyens. Je détestais cette sensation, mais cette attraction entre nous était belle et bien réelle. Je regagnais à mon tour le dernier étage, rejoignant ma chambre, perdue dans mes pensées. Une chose était sure, il avait conquis mon cœur et ne se débarrasserait pas de moi de sitôt.

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