Chapitre 16 : Transfert
Il nous fallut deux heures tout au plus pour tenter de modifier notre apparence. J'avais changé radicalement de tenue, passant de mes combis short habituelles à une longue robe couleur crème très sexy, dos nu et mes cheveux coiffés par deux très autour de ma tête. Je semblais être une toute autre personne, mais j'avouais aimer ce style. La robe ne m'appartenait pas, elle provenait de la garde-robe de Lexie ce qui n'était pas très étonnant. J'enfilais des espadrilles à talons de couleur blanches et me munissais d'un sac plutôt mignon pour finir ma tenue. Une vraie touriste. Les filles, elles, n'avaient pas eu besoin de changer de tenues, elles n'étaient pas venues avec nous le matin même, un changement physique ne s'imposait donc pas à elles. Liam avait dû raser sa jeune barbe, enfilé un polo, un bermuda et des baskets classes. On se divisa en trois groupes, Liam me présentant son bras comme un gentlemen. Il revêtit ses lunettes de soleil alors que j'en faisais de même et on prit la direction de la boutique, nos amis nous suivant à une trentaine de mètres derrière. On se faufila au milieu des passants jusqu'à arriver à la boutique. On entra comme si nous y avions été conviés. Le vendeur derrière son comptoir releva les yeux quelques secondes, fronçant les sourcils, avant de nous reconnaitre. On fit mine d'observer les meubles de décoration, entendant nos deux autres duos d'amis entrer derrière nous quelques minutes plus tard. Le vendeur s'approcha de nous et nous invita à prendre un thé à l'arrière de la boutique pour discuter des modèles, ce qu'on accepta le plus naturellement du monde. On le suivit donc derrière le comptoir et il nous laissa monter à l'étage seul. Il ferma la porte derrière lui et envoya un autre garçon à l'avant, sans doutes un stagiaire. On se rendit donc à l'étage, et je frappais à la porte de l'appartement du Calipo. Il nous ouvrit et nous fit entrer sans un mot avant de refermer la porte derrière nous. Je retirais enfin mes lunettes de soleil, ne me sentant plus susceptible d'être observée.
-Je vous en prie, installez-vous, nous incita Calipo en ramenant un plateau de verre et de bouteilles qu'il posa sur la table. Il nous servit avant d'aller chercher son ordinateur et le reste de son matériel. Il nous prit en photo à tours de rôle sans rien dire avant de remplir quelques informations sur chacun de nos dossiers à partir des réponses qu'on lui donnait. Il lança l'impression une fois qu'il eut toutes les informations dont il avait besoin et nous tendit chacun nos dossiers. Il plastifia six cartes d'identité, semblables à des pass ou des passeports et nous les remis.
-Il ne me reste plus qu'à les contacter, d'ici deux jours sa sera bon, j'enverrai l'un de mes salariés vous prévenir de la date, le lieu et de l'heure du rendez-vous, prenez toutes vos affaires. Veillez à ranger vos armes et ne pas les avoir à porter de main, ils prendraient ça comme un signe d'hostilité.
Il me regarda principalement quand il annonça sa dernière phrase, sans doutes faisait-il référence à mon arme personnelle. On acquiesça donc tous. Il nous promulgua quelques conseils et nous donna quelques autres informations avant de refermer son ordinateur, nous signifiant qu'il en avait fini.
-Ne vous faites pas remarquer d'ici là, et je vous conseille de reprendre vos entraînements si vous étiez en pause, il faut que vous soyez au meilleur de votre forme pour les tests qu'ils feront sur vous. Ah et une dernière chose !
Il se leva et disparu dans sa chambre, il revint avec une espèce de casque métallique avec une trentaine de capteurs. Il le posa directement sur ma tête avant d'appuyer sur un bouton. Je fronçais les sourcils et me reculais avec méfiance.
-Ne vous inquiétez pas, je vais simplement vous implanter un faux souvenir, ça sera votre couverture. Ils vont fouiller dans votre mémoire pour être certains que vous n'êtes pas des espions. Alors on va leur faire croire que vous êtes venu chercher l'asile.
Il s'éloignera et lança un programme sur son ordinateur, appuyant sur une dernière touche. Un flot d'images s'afficha devant mes yeux. Il représentait avec exactitude la base de Londres, et on m'y voyait découvrir les dossiers sur mon frère à un ordinateur dans l'un des bureaux des dirigeants. Pleurer et puis être en colère. Quitter la pièce et me rendre à notre appartement. Je me mettais à faire mes affaires sous les regards interrogateurs et inquiets de mes amis. Me posant la question je me voyais leur répondre avoir découvert que mon frère n'était donc pas décédé comme on me l'avait dit des années auparavant. Sous le choc je leur annonçais mon départ immédiat pour le retrouver et ce que je savais sur un certain passeur pouvant nous faire entrer à Apocalypse dans le pays où se trouvait mon frère. Sans réfléchir ils acceptent de me suivre. La scène défile donc, et nous voilà à la zone de décollage. Il n'y a pas grand monde puisqu'il est tard, et c'est d'ailleurs surprenant que personnes ne nous aient croisé jusque-là. Un malheureux pilote croise alors mon chemin, je brandis mon arme jusque-là dissimulée à ma ceinture sous mon sweat, et la braque directement vers son cœur. Le menaçant sans détour, je l'invite à nous conduire jusqu'à son hélico-planeur le plus proche. Le plus naturellement possible, et bien qu'avec mon arme collée dans le dos, il progressa au milieu des véhicules. Il déverrouilla un petit planeur avant que nous montions à bord. Je le suivais jusqu'au cockpit et on s'installa dans les deux sièges des pilotes. On activa les moteurs, les hélices se mettant à tourner. On s'éleva dans les airs rapidement avant de partir le plus rapidement possible. Quand on eut franchi le secteur du QG de Londres, une alarme stridente se mit à retentir. Sous les indications du pilote, qui espérait sans doutes rester en vie, on poussa le planeur à pleine vitesse. La nuit était déjà tombée, mais nous devions prendre de l'avance pour ne pas être rattrapés. Je coupais tous les voyants lumineux pour être le moins visible possible et passais une tête à l'arrière pour savoir si mes amis allaient bien. Marceau était tombé quand on avait accéléré, et une bosse marquée d'une petite coupure sur le front le prouvait. Ils avaient tous pris place sur les sièges collés aux parois et avaient verrouillé leur harnais de sécurité. La radio se mis à grésiller, sans même réfléchir, j'ouvrais les tableaux des commandes et sectionnais les films alimentant notre radar et GPS, ainsi que notre transmetteur pour la communication. Ils ne parviendraient donc pas à suivre notre trace. Le souvenir s'accéléra d'un coup, pour passer les longs moments de trajet jusqu'au Brésil avant de retrouver un défilement normal. On se posait au beau milieu d'un parking de supérette. Je remerciais tout de même le pilote pour les risques qu'il avait encouru et on se pressa de descendre. On appela les premiers taxis qui passèrent devant nous, direction l'aéroport. Si l'État Mondial avait réussi à nous suivre il ne fallait pas qu'on traîne. Et s'il y avait bien un avantage à avoir été muté au rang de tueuse à gage, c'est que le pass qu'on m'avait prodigué me permettait un accès VIP à n'importe quel transport en situation d'urgence. Je n'eus donc qu'à le montrer aux chauffeurs pour descendre des taxis. On se hâta dans le hall de l'aéroport, nous dirigeant directement vers l'accueil. Je me voyais demander à une hôtesse le premier avion pour Buenos Aires. Montrant à nouveau la carte, l'hôtesse appela sa supérieure qui nous guida avec hâte à la zone et la porte d'embarquement concernées. On monta directement et elle nous installa aux sièges libres en première classe. Les sourires se dessinant sur les lèvres de mes amis me firent rire mentalement, mais je n'en laissais rien paraître. La femme alla expliquer la situation à ses collègues qui acquiescèrent sans rien avoir à y redire, puis elle descendit de l'avion. On décolla quelques minutes plus tard. Le souvenir s'accéléra à nouveau, jusqu'à notre débarquement et notre arrivée à la maison d'hôte où nous nous trouvions actuellement. Ma vision redevint normale, et je revoyais mes amis. Calipo me retira le casque et le posa sur la tête de Liam.
-Comment avez-vous récupéré ces souvenir ? demandais-je, suspicieuse.
-En direct, j'avais préparé tout le scénario, d'après les infos que j'ai reçu sur vous par le biais de votre supérieur dans la matinée, le reste, images et visages, je les ai piochés directement dans votre mémoire à l'instant.
Je restais très surprise face à ce qu'il venait de me dire, les technologies actuelles étaient très surprenantes.
-Comme j'ai déjà créé le premier prototype, ça devrait aller plus vite pour les autres.
Il inséra donc ce même souvenir, changeant simplement les points de vues dans l'esprit de mes amis.
-Ce devrait être suffisant, si ça n'est pas le cas vous êtes mal, mais mes faux souvenirs ont toujours marché alors ne vous stressez pas avec ça !
On ne répondit rien face à sa remarque. L'échéance se rapprochait, une boule d'appréhension se formant déjà au creux de mon ventre. Je soupirais doucement, tentant de garder les idées claires bien que ce soit compliqué. Une main se posa sur mon épaule et me la pressa, appartenant à Liam à côté de moi qui semblait vouloir me rassurer. On n'échangea pourtant pas un regard, mais il semblait vouloir me faire comprendre que je pouvais désormais compter sur lui. Son soutient me faisait du bien, même s'il ne le montrait ouvertement que depuis le début de la journée. Je me demandais d'ailleurs pour quelle raison il s'était senti dans cette sorte « d'obligation » de me le montrer, mais le connaissant, il ne tarderait pas à me le dire.
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Deux longs jour d'attente qui avaient semblé être une éternité à mes yeux, mais nous voilà enfin au matin du départ. L'assistant de Calipo était venu nous informer du lieu et de l'heure du rendez-vous, nous devions y être pour neuf heures, là où il viendrait nous chercher pour nous mener jusqu'aux agents d'Apocalypse. Nous étions déjà en marche aux milieu des rues, suivant les indications à la carte. On tourna à un coin de rue avant d'apercevoir deux voitures garées au bord du trottoir. En nous apercevant, Calipo vint nous saluer et on nous prie nos sacs pour les entreprises dans les coffres. Je montais en voiture avec Marceau et Phoebe, Liam, Adrian et Lexie prenant place dans l'autre véhicule. On prit la route, quittant la ville pour nous engager dans des rues plus larges et où le trafic se faisait moins dense. On s'arrêta finalement sur le parking d'une supérette vide car fermée ce jour-là. Il y avait déjà deux véhicules de garés dans un coin. On s'arrêta à une dizaine de mètres des voitures avant de descendre. Deux femmes et deux hommes descendirent des véhicules pour nous faire face. Calipo se plaçant à côté de moi, il m'incita à tendre nos pass pour qu'ils puissent vérifier nos identités. L'une des femmes s'avança en silence et récupéra mon dossier. Elle l'analysa de long en large avant de faire de même avec celui de mes camarades. Elle finit par hocher la tête, tendre un paquet de documents à Calipo et ce dernier fit signe à ses collègues de sortir nos affaires du coffre. La femme nous fit signe de monter dans les véhicules, ce qu'on fit sans protester bien que je ne me sente pas très à l'aise dans cette situation. Les muscles bandés, ma méfiance devant être visible mais qui ne réagirait pas comme moi ? Mes amis ne semblaient pas plus sereins. On divisa à nouveau le groupe en deux et je me retrouvais assise entre Phoebe et Lexie. Deux des agents d'Apocalypse, dont la femme qui avaient analysé nos dossiers, s'assirent à l'avant et nous tendirent une sorte de masques.
-Inhalez l'air de ces masques je vous prie. Par mesure de sécurité vous ne pouvez assistez au trajet que nous allons effectuer.
Je regardais le masque posé sur mes genoux. Sans réfléchir plus longtemps, je passais l'élastique derrière ma tête et positionnais le masque sur mon nez et ma bouche. Me voyant faire, mes deux amies m'imitèrent. Peu à peu le décor se fit flou autour de moi, la voiture démarra et ma vision s'obscurcit peu à peu.
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J'immergeais soudainement de ce sommeil lourd, sursautant comme si je venais de me voir chuter au milieu de mon rêve. J'ouvrais les yeux et me redressais rapidement pour observer le lieu où je me trouvais. C'était une sorte de chambre sobre, aux murs blancs et la décoration épurée mais moderne avec des nuances de gris, jaune et noir. J'étais allongée dans un lit une deux place, bien que trop petit pour deux personnes à mon goût, dont les draps étaient gris clairs et unis. Je soulevais la couette et posais mes pieds sur le parquet en bois clair. En face du lit se trouvait un petit bureau en composite blanc, avec une chaise en tissu jaune. Quelques tableaux décoraient les murs, et un grand miroir prêt de l'entrée. Je déduisais rapidement que cette petite chambre devait faire neuf mètre carré tout au plus. Je me levais et allais ouvrir la porte se situant prêt de celle de l'entrée. C'était une petite salle de bain comprenant une douche, des WC, un lavabo et des rangements. Je refermais derrière moi. Sur le mur d'en face se trouvaient d'autres placards. Sur l'une des étagères se trouvait mon sac encore fermé. Je portais toujours mes vêtements du matin même et à en croire par la lueur du jour à l'extérieur, nous étions toujours en plein journée. Je ramassais donc mes chaussures, prêt de la porte d'entrée, les enfilais et m'apprêtais à ouvrir la porte quand je me stoppais soudain. J'ouvrais mon sac et le fouillais entièrement. Pas de trace de mes couteaux, ni de mon arme de fonction. Je me mordais l'intérieur de la joue furieusement. Ça ne me rassurais absolument pas, mais c'était compréhensible, il ne me restait plus qu'à savoir si le plan d'infiltration avait fonctionné et où se trouvaient mes amis. Je refermais donc mon sac et ouvrais la porte d'entrée. Un agent se trouvait à la porte.
-Vous êtes réveillée ! Deux autres de vos amis ont repris connaissance il y a quelques minutes, je vais vous emmener au salon où ils se trouvent.
Trop perturbée par sa réaction et sa gentillesse évidente aux vues du sourire rassurant qu'il me fit, je le suivais sans protester. On s'arrêta donc juste au bout du couloir, il ouvrit une porte et m'invita à entrer dans un salon ou plutôt une sorte de pièce à vivre. Adrian et Lexie étaient assis dans les canapés. Ils me sourirent en me voyant. Quand l'agent eut refermé la porte derrière nous, je me hâtais de leur poser la question.
-Comment vous-vous sentez ?
-Plutôt bien, on est juste totalement paumé, mais va voir dehors ! Regarde à quoi ça ressemble !
Je m'approchais donc de la fenêtre et contemplais ce qui devait donc être Apocalypse. On devait se trouver au troisième ou quatrième étage d'une petite résidence. Il y en avait plusieurs autres, disposées en cercle comme un quartier d'habitations. Les bâtiments étaient modernes, mais à en voir le lierre à certains endroits, ils n'étaient pas récents de cette dernière décennie. Un petit square se trouvait au milieu, avec des bancs, des pelouses vertes et quelques arbres pour s'abriter du soleil. Plusieurs allées menaient à d'autres bâtiments visibles au-delà du quartier, dont un grand hangar que je soupçonnais entreposer les véhicules d'Apocalypse. À en voir par mes propres yeux, Apocalypse ressemblait à une ville tout ce qu'il y a de plus normale. Je ne savais pas trop quoi en penser, à vrai dire je ne savais pas non plus à quoi m'attendre, mais ça ne ressemblait absolument pas à l'Apocalypse que j'avais forgé dans mon esprit, y compris ce qu'on m'en avait dit. Ça n'était pas du tout une base militaire, et rien n'était semblable à l'État Mondial. Je me tournais vers mes deux amis, hochant la tête comme si eux même ne s'en remettaient toujours pas. Liam arriva quelques minutes après moi, bientôt suivit de Phoebe et enfin Marceau. Ce dernier était encore un peu perdu et avait du mal à se repérer, ne réveil était un peu compliqué. L'agent qui nous avait escorte revint nous chercher une dizaine de minutes plus tard, toujours munis de son sourire accueillant et chaleureux. Il nous pria de le suivre, ce qu'on fit en silence comme des enfants sages. On quitta l'étage pour descendre par la cage d'escaliers jusqu'au rez-de-chaussée. L'agent ouvrit des portes et fit longer un couloir bordé de baies vitrées, plusieurs portes se trouvant à notre droite menant à différentes salles. C'est à peu près au milieu du couloir qu'on passa les porte ouvertes d'une sorte de foyer pour jeunes où quelques personnes s'y trouvaient Ils ne firent pas le moindre du monde attention à nous et on continua notre chemin jusqu'à une seconde double porté menant à deux bureaux. Il se stoppa devant l'une des portes et se tourna vers nous.
-Mademoiselle Enna, je vais vous demander de patienter dans ce bureau, vos amis seront dans la pièce d'à côté.
Je hochais timidement la tête, mon appréhension se faisant grandissante. J'appuyais sur la poignée et entrais. Heureusement, ou malheureusement, je ne savais pas trop, le bureau était vide. Je refermais la porte derrière moi et observais la disposition de la pièce. Un bureau en chêne se trouvait sur ma gauche, face au reste de la pièce avec un grand tableau moderne sur le mur derrière. Il y avait deux autres place assises face au bureau, l'autre partie de la pièce étant occupée par un petit salon, une bibliothèque et un second petit bureau dans un coin. Je m'approchais de l'une des grandes fenêtres et observais les jeunes passer non loin du bâtiment. Certains portaient un sac sur leur dos, comme s'ils sortaient de cours, un garçon avait même sa guitare pendue à son épaule et traversais l'allée du square central. Ce lieu semblait paisible et respirait la sérénité. Qui aurait pu croire que tout paraitrait si... normal ? Alors que le conflit d'Apocalypse et de l'État Mondial faisait rage dans bien d'autres régions. Je me détournais de la fenêtre et me mettais à tourner en rond, les mains moites et l'estomac noué. Je n'avais pas vraiment prévu l'étape de l'arrivée à Apocalypse, que devions-nous faire ? Nous intégrer et faire comme si tout était normal, puis le moment venu repartir avec Gabriel ? Si Apocalypse semblait si parfait et paisible, et que mon frère s'était fait passer pour mort afin de rester ici, c'était donc bien loin d'être une mission facile. Il fallait également que je trouve un moyen d'envoyer des rapports à mes supérieurs, au moins les tenir au courant chaque fin de semaine, ou mois, tout dépendait du temps que nous allions passer ici. Je réfléchissais à toute vitesse, totalement perdue et désorientée, ça ne ressemblait à aucune de mes missions, et bien qu'on dise que j'en ai l'expérience et les capacités, je me sentais dépassée. Je m'arrêtais à nouveau devant la fenêtre, tentant de me calmer et de faire redescendre mon rythme cardiaque. Mais quand j'aperçus une chevelure blonde se rapprocher du bâtiment dans lequel je me trouvais, je n'arrivais plus à réfléchir. Mon esprit était ailleurs, je ne tenais plus en place. Je me précipitais à la porte, l'ouvrant à la volée et me mettais à courir comme une folle à travers le réfectoire. Je slalomais entre les tables et passais les portes, poussant celle de l'entrée du bâtiment avec force pour les ouvrir. Il se trouvait à une dizaine de mètres devant moi, je ne pouvais contenir ma joie, mon soulagement et mon bonheur. Son regard, jusqu'alors concentrée sur des documents que lui montrait un garçon à côté de lui, bien qu'il ne semblait pas vraiment y faire attention, se posa sur moi. Il s'arrêta net, trop choqué pour faire quoi que ce soit, tout comme moi. Gabriel. Il était exactement comme sur la photo que l'on m'avait donnée de lui. Carrure de sportif, grand, toujours aussi blond avec de magnifiques yeux noisette aux reflets oranges dans lesquels je m'étais perdue tant de fois. Bien qu'il soit loin, je discernais ses quelques taches de rousseur, notre seul point commun physiquement que l'on s'amusait à présenter fièrement à quiconque affirmait que nous n'étions pas jumeaux étant enfants. Il portait une chemise au blanc immaculé, un bermuda beige et des baskets bleues marines. Je l'observais de la tête aux pieds, me demandant ce qu'il pouvait bien penser de moi. J'étais vêtue d'un short en jean noir et d'un top rouge aux bretelles fines. Comme à mon habitude, je ne m'étais pas séparée de mes éternelles rangers noires, mais avais agrémenté ma tenue d'un bracelet et d'un simple collier en argent au souhait de Lexie et Phoebe. Ne semblais-je pas ridicule à côté de lui ? Son assistant nous fixait comme si nous étions deux parfaits abrutis. Il finit par lui donner une tape sur l'épaule et Gabriel se mit à courir vers moi. Ne pouvant plus attendre je faisais de même, ouvrant les bras, il m'y accueillit avec force, me faisant tourner autour de lui pour ralentir notre élan. Il me reposa finalement à terre mais ne me lâcha pas pour autant. Je ne tenais plus, mes genoux fléchir un instant, lui faisant comprendre mon état de soulagement extrême, et je fondais en larme. Je crus halluciner quand je l'entendis sangloter à son tour. Je m'écartais quelques secondes de lui, prenant le temps d'observer plus attentivement son visage, passant une main sans ses cheveux et rigolant de ses yeux rougis, sans doutes semblables au miens.
-Mon Dieu que tu as changé ! s'exclama-t-il en prenant une main et me faisant tourner pour mieux me regarder.
Sa voix était grave et chaleureuse, exactement comme je l'avais imaginé, il y avait donc au moins une chose sur laquelle je ne m'étais pas trompée, mon frère.
-Et t'es devenu un dieu grec ! ricanais-je, le faisant rire à son tour.
Il me fixa encore un instant et m'attira à nouveau contre lui, me serrant avec force. Je lui rendais son étreinte, fermant les yeux et respirant son parfum à plein poumons. Il sentait en plus de ça divinement bon, ce qui me fit soupirer face à tant de perfection, comme toujours. Je le repoussais gentiment et l'observais de la tête aux pieds avec un sourire.
-Tu es devenu incroyable ! lui avouais-je gonflée de fierté.
-Et toi t'es carrément canon !
Je riais face à sa remarque.
-Je veux tout savoir, tous les détails de chaque année de ta vie durant lesquels nous n'avons pas vécu ensemble ! exigea-t-il en me prenant la main.
-Oui, toi aussi tu vas avoir pas mal de choses à me raconter, mais d'abord j'ai quelques personnes à te présenter, je ne suis pas venue seule !
Je le tirais à ma suite et l'entrainais à l'intérieur du bâtiment, je me dirigeais vers le bureau où on avait dit à mes amis d'attendre et ouvrais la porte à la volée, que trop pressée de leur présenter mon jumeau de cœur. À notre entrée, ils se levèrent tous des canapés où ils s'étaient installés. Mon regard passant d'eux à mon frère, un sourire radieux sur les lèvres, je me hâtais de faire les présentations.
-Gabriel, je te présente Phoebe, Adrian, Liam, Lexie et Marceau. Les amis, je vous présente Gabriel, mon frère.
Je me résignais à lâcher Gabriel et il alla serrer la main de mes amis pour les saluer puis revint se poster à mes côtés.
-Bon, je suppose qu'on ne vous a rien expliqué !Je vais donc m'en charger, ça risque d'être un peu long mais ça n'est pas bien compliqué vous verrez !
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