XXVIII. Tinneas : La danse empoisonnée.
Bhàs nettoie sa longue faux. Je l'observe du coin de l'oeil avant de jeter un regard à l'hécatombe de corps au sol. Il n'a pas fait les choses à moitié... cela fait énormement d'âmes. Énormément d'âmes à récolter et le cavalier de la mort n'en a sûrement ni l'envie ni la volonté. Cet endroit semblait grouiller de vie quelques instants plus tôt et à présent il semble plus vide qu'un cimetière. Je m'enquiert alors :
<<Ne devais tu pas en laisser un en vie afin qu'il sème un peu de terreur avec ses nouvelles ?
-C'est déjà fait. Ils ont dit ce qu'ils avaient à dire, leur rôle est finit.
Je soupire, dévisageant avec mépris les restes de ces fanatiques. Ils ont cru pouvoir être autre chose que de misérables humains. Et ça c'est soldé par un echec. Au bout de mes doigts s'aglutine déjà le poison. Je sais ce que Bhàs attend de moi : détruire le tout sans ne rien laisser, pas même l'âme. Mais au moment où j'allais apposé ma main sur le sol il me retient, ses doigts squelettiques se posant autour de mon poignet.
-Et si nous nous amusions ? Semer un peu la terreur, ça ne te tente pas ?
La mort et ses idées m'étonneront toujours. Cependant, elles m'inspirent. D'un claquement de doigts, je fais changé le poison de nature et au moment où mon venin entre en contact avec les corps, ces derniers se changent en zombies. Ces aberrations se relèvent, dévoilant leurs horribles faces recouvertes de sortes de plaques grisâtres et leurs regards perdus et affamés.
- Cela te convient-il ?
Il me sourit, d'un sourire à faire peur. Mais je réponds par un plus grand sourire encore, une réplique me venant à l'ésprit.
-Apocalypse t'a bien façonné je trouve. Ou alors c'est qu'elle t'a transmis quelques unes de ses noires essences en couchant avec toi ?
-Serais-tu jaloux ?
Je secoue la tête, me moquant interieurement de cette idée folle. La jalousie est l'un des rares péchés qui ne nous touchent pas. Et puis un détail important subsiste :
-Nous avons tous eut le droit à un moment avec elle.
-Parfois certains en ont eut le droits à plusieurs...
-C'est malsain Bhàs. Même venant de la mort.
Il hausse des épaules et je ne peux m'empêcher de penser à nos relations avec l'Apocalypse. Au delà de certaines choses, un lien nous rattache à elle d'une telle manière que nous ne pouvons y résister. Elle possède une réelle emprise qui ne se traduit pas que par sa capacité à nous torturer comme bon lui semble ou à nous faire céder à ses charmes. Nous ne pouvons pas lui tenir tête. Et les rares fois où nous le faisons ne se concluent jamais très bien. Soudain la mort me tire de ma rêverie en claquant des doigts.
-Alors Tin', que nous as-tu mijoté ?
-Un nouveau virus de ma création. Je me suis très légèrement inspiré de tous ce que ces humains appellent "zombie apocalypse". Ce virus se propagera dans la population humaine, les rendant fous et les transformant en d'adorables petits canibals. Ce n'est pas mal n'est ce pas ?
Son rire résonne.
-Leurs peurs deviennent réalités ! Tous les scénarios cauchemardesques qu'ils avaient imaginé se révèlent vrais...
-Leur imagination se retourne contre eux. >>
Pour le coup, j'ai eut une idée génialissime. Vraiment. Toutes mes idées le sont en realités, mais celle ci plus que tout. Après tout, nous devons marqué le coup.
Soudain, alors que nous ne nous y attendions pas, un énorme fracas se fait entendre. Le sol tremble sous nos pieds alors que le Vatican s'effondre autour de nous. La voûte cède et des blocs nous tombent dessus sans pourtant nous causer le moindre dommage. Un bruit familier se fait subitement entendre. Nous nous précipitons à l'extérieur et écarquillons des yeux : Deamlasair se tient fier au milieu des ruines. Il se redresse sur ses pattes arrières, agite ses ailes et pousse un rugissement puissant dont le souffle vait voler tout ce qui nous entoure. La cape de la mort s'agite alors même que mes vêtements semblent vouloir s'envoler.
Par reflexe nous nous agenouillons. Sur l'échine du dragon, assise dignement, Apocalypse nous observe de haut, un sourire sur les lèvres. La queue du démon de feu fouette l'air. Ainsi perchée sur sa créature, l'entitée respire la majestuosité et le pouvoir. Elle le sait et sa vanité enfle tant son aura qu'il nous écrase.
<<Tout se passe bien ?
Nous nous relevons. Bhàs prend la parole avant que je n'ai le temps de faire :
-Des zombies te conviennent-ils ? Il nous a semblé judicieux d'économiser quelque peu... explique t-il.
Lorsqu'il parle d'économie il fait allusion aux "vies", ou plutôt aux âmes qu'il n'aura pas à récupérer. On aura tout vu ! La mort qui économise des vies... Le regard de l'entité du chaos se pose sur moi. Elle a lu dans mon esprit. Elle rit alors, d'un de ses beaux rires, de ceux qui vous donnent immédiatement envie de vous damner pour elle. Son rire est tel le chant d'une sirène et elle en fait souvent usage, surtout lorsqu'elle s'amuse avec les humains ou les surnaturels. Heureusement pour moi je suis un cavalier de l'Apocalypse, celui du poison. Et entre tous je suis le moins touché par ses charmes même si ils ne m'épargnent pas. Enfin... le moins touché avec Cogadh qui malgré sa froideur peut vite se retrouver embarqué par l'entité. Elle nous lance :
- Je vois mal comment les deux autres pourront faire mieux.
Une réplique me vient alors à l'esprit et j'ironise :
- Si Guerre entendait ça, il ne serait pas content.
Bhàs retient son sourire cependant il ne peut qu'être d'accord avec moi. Du haut de sa monture, Apo' s'exclame :
- Et bien je vous laisse avec vos nouveaux jouets, en espérant que je ne les ai pas trop détruit en jaillissent ainsi du sol. Ce serait tellement dommage...
Ses mots transpirent l'hypocrisie. Elle rit à nouveau juste avant d'ajouter sournoisement :
- J'ai deux trois choses à régler. Soyez vilains en mon absence les enfants !>>
Son humour détraqué a toujours su nous toucher. Et malgré mon solitarisme je peux affirmer qu'on ne s'en lasse jamais. Brusquement Deamlasair écarte à nouveau les ailes puis décolle, produisant de puissantes bourrasques. Nous regardons la créature s'envoler, emmenant l'Apocalypse dans les airs avant de disparaître derrière les sombres nuages qui s'accumulent au nord. Mon frère de mort se tourne vers moi :
<<Il est temps de nous séparer à notre tour Tin'. J'ai également à faire. Profite du repos, tant que tu en as. C'est chose rare en temps d'Apocalypse. >>
Je lui accorde un rictus amusé juste avant qu'il ne disparaisse. Me reposer ce n'est pas mon truc... Que vais-je bien pouvoir trouver d'intéressant à faire ?
Bonjour, bonjour !
L'histoire progresse et nous arrivons bientôt à la fin de la 3 ème phase.
Mais en attendant, Tinneas et Bhàs semblent bien s'amuser entre les décombres du Vatican. Quand à Apocalypse, nous la retrouverons prochainement pour clore cette troisieme phase.
Pour le prochain chapitre le voile sera enfin levé sur un des personnages.
Mais lequel... ?
Le rythme de publication va être ralentit, le temps que j'écrive les prochains chapitres ^^
J'espere que ce chapitre vous a plu et merci pour votre lecture !
Dredre
15 Juillet 2018
P.s. Aller les bleus ! X)
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