XLVI. Apo' : Le grand méchant loup...

Je ne sais ce qui m'a poussée à me rendre au Brésil. Sûrement l'idée que j'y trouverai quelque chose d'intéressant à y faire... Et puis mon petit doigt m'a dit qu'on y retrouverai peut être quelques humains à terroriser, le temps que mes cavaliers se rassemblent.

Et mon petit doigt n'a pas eut tort. Alors même que je me baladais de-ci de-là, je me retrouve face à un jeune homme, maigre et sale. Lorsqu'il m'aperçoit, un éclat de terreur illumine son regard, j'en conclue donc qu'on s'est déjà rencontré...
J'attrape soudain l'humain par la gorge et plonge mon regard dans le sien. Il écarquille des yeux et tente de se débattre.
Puis tout s'éclaire dans mon esprit.

<< Ah mais je te connais toi !

C'est l'humain que j'ai aperçu dans les bois alors même que je me promenais avec Deamlasair, un dénommé Jo'. Il devait fuir pour échapper aux piques de minerais noires que j'avais fais apparaître.
À priori il a réussit à s'en sortir vivant. Et il semble se souvenir de moi.

Je lui adresse mon plus beau sourire et resserre l'emprise de mes doigts autour de son cou. Je sens chaque battement de son cœur affolé au contact de sa peau.

- Apparemment une fois ne t'aura pas suffit. Mieux aurait-il valut pour toi de ne pas rencontrer ma route à nouveau...

Je laisse tomber l'humain au sol. Il essaye de se relever mais un coup de pieds au visage le renvoie au tapis. Ça doit être douloureux...
C'est alors qu'une voix grave s'élève derrière moi :

- Apocalypse.

Je me fige avant de laisser un terrible sourire innocent étirer mes traits magnifiques et je fais volte face, ouvrant de grands yeux de biches. Comme je ne dis pas un mot, le seigneur des ténèbres fronce des sourcils et interroge :

- Que fais-tu ?

- J'étais sensée retrouver mes cavaliers mais je crois que je me suis perdue dans les bois... Vous n'allez pas me dévorer comme le grand méchant loup dévore le chaperon rouge ?

Arcadias émet un ricanement.

- Apo de nous deux, c'est toi le grand méchant loup. D'ailleurs, n'étais tu pas prête à dévorer ta proie ?

- Ma proie ? Quelle proie ?

Je me rends alors compte que l'humain est toujours à terre. Un de mes pieds écrase sa poitrine, l'empêchant de se relever.

- Ah oui, effectivement...

- Alors ?

- Je ne vais pas le manger ! Il n'a pas l'air très appétissant. Et puis sincèrement, je n'ai jamais fais dans l'anthropophagie.

Mon seigneur des ténèbres s'approchent de moi et s'accroupit face à l'humain qui se débat. Lorsqu'il aperçoit l'écarlate des yeux de mon amant, il se fige quelque seconde avant de se mettre à hurler de plus belle.

- Bruyant. Comment comptes-tu le tuer ?

- J'y réfléchis encore. Pas quelque chose de salissant, j'en ai assez de devoir me changer toutes les dix minutes.

- Je peux m'en charger, si tu veux.

- Te charger de le tuer ou de me changer mes vêtements ? je glisse en ricanant sans me soucier le moins du monde que le jeune homme que j'ecrase ne saisisse le sous-entendu.

Arcadias lève les yeux au ciel, une moue taquine sur le visage. Alors je reprends avec entrain :

- Quel genre d'apocalypse je serais si je te laissais tuer ce petit gars à ma place ?

- Tu refiles toujours le boulot aux autres Apo'. Ça ne changerai rien de d'habitude.

Pas faux. J'avise le sabre qui pend à sa ceinture et je tends vers lui une main exigeante. Comprenant ce que je désire, il sort la lame de son fourreau et me la donne. Du bout des doigts je caresse le métal. J'ai forgé moi même ce sabre avant de le lui confier il y a des milliers et des milliers de lunes. C'était une sorte de cadeau de bienvenue dans l'équipe. Un peu comme pour la faux de Bhàs, l'épée de Cogadh, les armes de Dainn' et l'arc de Tinneas. Malheureusement, ce dernier a perdu son arme lors de la dernière bataille. Il semait la maladie et le malheur en décochant des flèches empoisonnées. Le voir manier cette arme avait quelque chose de... Fascinant.
J'aime faire des cadeaux à mes créations. Pas par pure bonté d'âme, mais plutôt parce que chaque cadeau est un nouveau moyen de semer peine et chaos.

J'observe quelques instant encore la lame puis je baisse mon regard sur l'humain au sol. Je penche alors la tête et m'exclame joyeusement :

- Adieu petit homme ! Que ton âme pourrisse à jamais !

Et j'enfonce la lame du sabre dans sa poitrine. Un spasme le secoue et ses yeux effrayés plongent dans les miens. Je reste comme figée, soudainement fascinée par la vie qui quitte ce jeune homme. Quelque chose dans son regard me captive. Il a survécu le plus possible, il s'est battu et ça n'a pas suffit. Rien ne suffit jamais avec moi. Il n'y a qu'à se rappeler tout ce que j'ai fais depuis ma libération. J'avoue m'être largement amusée. Surtout lorsque nous avons fais un tour au Canada avec Bhàs et ce cher Daggan.

Une main se pose brusquement sur mon épaule m'arrachant un sursaut.

- Tu semblais perdue dans tes pensés. se justifie Arcadias.

Je hausse des épaules et confie :

- Je repensais simplement à la petite virée que j'ai fais avec la Mort et un de tes mignons petits ténébreux.

Mon seigneur des ténèbres se fige brusquement et s'étrangle :

- Attend quoi ?

Je m'arrête et me tourne vers lui en croisant les bras. Ses beaux yeux rouges ruby me fixent comme si je venais de débiter la pire bêtise au monde.

- J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Tu as fricotté avec un de mes ténébreux ?

Je hausse un sourcils et un sourire mielleux se peint sur mes lèvres.

- Ça pose un problème ?

- Oui !

- Serais-tu... En train de faire une crise de jalousie ?

L'expression de son visage est hilarante. Ses yeux ronds comme des soucoupes, il s'exclame, ahuri :

- Une quoi ?

- Pourquoi l'idée que j'aie pu passer un peu de temps avec lui t'énerve à ce point ?

- Il s'agit d'un de mes ténébreux.

- Théoriquement, ils sont tous mes ténébreux. Tu es ma création et ils sont la tienne, donc indirectement, ils sont à moi.

Je penche la tête sur le côté, dans l'attente de sa réponse. Je savais qu'Arcadias risquait de réagir de cette manière. En fait, c'est si drôle de le titiller, de le pousser hors de ses retranchements que je ne reculerai devant rien.

Je m'approche de lui et passe mes bras autour de son cou. Plongeant mon regard dans le sien, je sussurre :

- Tu m'as presque manqué !

Son rire résonne à mon oreille. Chaque fois que je me retrouve en sa compagnie un feu s'embrase en moi. C'est peu dire. J'ai eut de nombreux amants mais seul Arcadias compte. C'est étrange parfois de se dire que je me suis attachée à ce roi ténébreux au tempérament de feu.

Un de ses bras entoure ma taille et il dépose ses lèvres sur les miennes. Aussitôt, je réponds à son baiser et notre étreinte devient vite passionnée, comme à chaque fois qu'il s'agit de nous deux. Pourtant, il s'arrête un instant et murmure :

- Alors belle Apo', quel était le nom de ce ténébreux ?

Je grogne, mécontente qu'il interrompe ce baiser pour poser cette question. En réprimande, j'enfonce mes griffes dans son épaule et me racle la gorge.

- La jalousie ne te sied pas au teint Arcadias.

- Tout comme la frustration ne te va pas.

- La frustration, vraiment ?

Nous verrons bien qui de nous deux sera le plus frustré. Je lui donne un baiser chaste qui m'arrache presque toute ma volonté. La chasteté et moi, ça ne colle pas du tout ensemble. Alors qu'Arcadias s'attend à en recevoir plus, je me détaché de ses bras et arrange les plis de ma robe. Ses yeux ruby me fixent avec une étrange lueur.
Je fronce des sourcils.

- Alors, qu'est ce que tu attends ? Rameute tes armées, il est bientôt temps de libérer le chaos. Va vaquer à tes occupations.

- Sérieusement ?

- Et oui, mon petit. Il ne fallait pas jouer au plus malin avec moi.

Il rit. Diable, que son rire est attirant ! Il passe une main dans ses boucles sombres avant de reculer de quelques pas.
Juste avant qu'il ne disparaisse, je l'interpelle et glisse :

- C'est Daggan.

Son expression se fait interrogative alors je lève les yeux au ciel et précise :

- Le ténébreux qui a attisé ta jalousie de manière plutôt amusante se nomme Daggan. >>

Je livre ce pauvre petit corbeau sur un plateau à mon amant. Mais à choisir, je préfère la satisfaction qui brûle dans les yeux d'Arcadias. Mon cher seigneur des ténèbres me gratifie d'un signe de la tête avant de se volatiliser.
Je ne donne pas cher de la vie de ce ténébreux.

Mais qu'importe, puisque je suis le grand méchant loup.

Bonsoir ^^

Pour commencer, et avec un peu de retard : Bonne année !! Tous mes vœux de bonheur pour cette nouvelle année qui débute.

Petite apparition de Jo' qu'on avait vu dans le chapitre "XXXVII. Sirène de malheur". Mais l'humain n'a pas fais long feu...

J'espère que ce chapitre vous a plus ^^
Merci pour votre lecture,
Dredre.

5 janvier 2019.

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