XLIV. Apo' : On ne s'ennuie jamais avec l'Apocalypse.

« Tu as appris des choses intéressantes ?

Mon cavalier de la guerre m'attend, tranquillement, appuyé contre la falaise. Il lime sa lame nonchalamment. Je hausses des épaules et passe une main dans ma chevelure avant de la tresser de manière habile. Nullement déstabilisé par mon absence de réponse, Cogadh continue :

- Destinée est-elle toujours en vie ?

- Oui. Elle est encore utile.

- Je peux savoir en quoi ?

Je fais volte face et fusille du regard mon compagnon. Son air ennuyé m'agace.

- Non, tu ne peux pas.

Il pousse un profond soupire et lève les yeux au ciel. Je me mords la lèvre inférieur et m'approche de lui. Il est si grand... Je pense même qu'il s'agit du plus grand de mes cavaliers. Mais en soit, il est normal que le cavalier de la guerre soit si menaçant physiquement parlant. Je fronce des sourcils et me racle la gorge. Comprenant ce que j'attends, Cogadh s'agenouille pour être à ma hauteur. Même ainsi, nous faisons presque la même taille. Je tends mes doigts vers sa chevelure argenté qui ne recouvre qu'une partie de son crane couvert de cicatrice. Ses yeux sombres ne quittent pas mon visage. Il attend de voir ce que je compte faire ou dire. Je me contente de garder le silence, un sourire mesquin aux lèvres. J'imagine que pour quiconque apercevrai cette scène, elle aurait quelque chose d'étrange : ce géant vêtu en guerrier, agenouillé devant une adolescente à la tenue provocante... Je pourrais en rire moi même.

Alors, je me penche vers son oreille et sussure :

- Si tu t'ennuies tant que ça avec moi, tu n'as qu'à aller voir ailleurs si je suis.

Il secoue la tête et d'un ton impassible, rétorque :

- Tu ne m'ennuies jamais Apo'.

- Tant mieux.

Il esquisse un rictus désabusé. Il sait très bien qu'il n'aurait jamais pu prétendre le contraire. Encore moins alors que je me tiens debout devant lui. Je prend son épée qui pendait à sa ceinture et l'observe à la lumière du soleil. Un soleil que je m'empresserai à dissimuler derrière les ténèbres une fois au pouvoir.

La voix grave de mon cavalier de la Guerre s'élève à nouveau dans l'air silencieux :

- Tu ne m'ennuies jamais. Seulement ça me démange. Furieusement. Je dois détruire.

- Tu n'es pas très patient.

- Je ne l'ai jamais été.

- C'est vrai.

Nous restons sans parler quelques secondes encore avant que je ne laisse mon visage s'illuminer et je finis par frapper dans mes mains en m'exclamant :

- Bon, très bien. Va me chercher Dainn'. Nous devons nous réunir à présent. Le moment fatidique approche.

- Et les autres ?

- Je m'en chargerai. Occupe toi de notre cher Misère.

Il hoche de la tête et se relève. Je lui rend son épée qu'il saisit. Cependant, je lâche avec dédain :

- Tu n'as pas besoins de cette vulgaire arme. Tu possèdes en toi la force de dix milles hommes, l'énergie nécessaire pour faire trembler la Terre... Cet accessoire ne t'est d'aucune utilité.

- Tu as le pouvoir de détruire le monde d'un claquement de doigts. Nous, cavaliers, ne te sommes d'aucune utilité. Mais tu te sens seule Apocalypse. Si seule que tu t'es décidée à créer des « accessoires » pour te tenir compagnie. rétorque-t-il, une ombre voilant son regard.

Je souris, pas le moins du monde vexée par sa remarque et persifle :

- Alors si tu conserves cette épée, c'est parce que tu te sens seul ? Elle est ton petit toutou de compagnie ?

Il plisse des yeux, conscient qu'il ne pourra pas avoir le dernier mot et se retourne, prêt à partir. J'attrape son poignet et d'un poigne incroyable, le force à faire volte face. Je crois même avoir entendu ses os craquer entre mes doigts. D'un ton impétueux, j'interroge :

- Pourquoi refuses-tu de revoir Colère ?

- Tu aimerais revoir un de tes ex ?

- Disons qu'à part Arcadias, je n'ai pas vraiment eut de relation. Alors on ne peut pas considérer mes anciennes aventures comme des ex.

Mon cavalier de la Guerre fronce des sourcils avant de concéder :

- Tu n'as pas tort.

- Je me demande si tes frères auraient eut autant de scrupules...

Au vu du regard que me lance Cogadh, je sais que la réponse n'est pas si simple. Tinneas n'a jamais eut de relations, Bhàs est coincé avec sa ridicule malédiction et Bochdainn a eut tant de conquêtes qu'il ne doit même pas s'en rappeler. Misère est un grand ami de Luxure... Il considère l'amour comme une richesse dont il peut s'en emparer. Je lève les mains en signe de reddition et finit par lui intimer de s'en aller.

- Fais vite. Vous saurez où nous rejoindre. Et profites-en pour causer quelques émeutes. Ça ne nous sera que plus utile.

- C'est noté. Autre chose ?

Je plonge mon regard dans le sien, habité par la colère et l'envie de détruire, et mon sourire s'agrandit encore plus. D'une voix rauque, je lui glisse :

- Soit le plus vilain possible ! »

Il m'adresse un clin d'œil et la foudre frappe à son endroit. Cogadh disparaît, me laissant seule.

Je rajuste ma robe avant de me rendre compte qu'elle est tachée de sang. Ça n'est vraiment pas possible de rester bien habillé ne serait-ce que quelques instants dans cette apocalypse... Il faut forcément que quelqu'un vienne trouer mes vêtements à coup de stalagmites géants ou bien qu'un mort se décide à y rendre l'âme. Peu importe en vérité. Ce n'est pas un peu de sang qui va me déranger.

Je me tourne d'un geste vers la falaise. Une idée des plus mauvaises me vient en tête. Je m'approche de l'immense paroi rocheuse et de la petite entrée qui n'est plus dissimulée par le sortilège. Je plisse les yeux tandis qu'un frisson d'excitation me parcourt. Et je frappe d'un petit coup sec des mains. La falaise s'ébranle alors furieusement. Les roches jaunes se mettent à tomber, se décrochant des sommets, pour s'écraser autour de moi, projetant de la terre dans les airs. Les pierres s'amassent devant l'entrée, la bouchant petit à petit. J'entends des hurlements en provenance du haut. J'imagine que les rares randonneurs qui persistent encore ont du être surpris... Mes yeux se posent sur mon œuvre et je sens la satisfaction m'emplir.

Sibylle est à présent enfermée dans cette grotte qu'elle chérit tant. Et c'est ici qu'elle finira son immortalité. Jusqu'à que mon apocalypse y mette un terme.

Sourire mesquin aux lèvres, je m'éloigne de la falaise. Il est temps pour moi de mettre en pratique mes plans grâce aux infos données par cette chère Destinée...

Nous revoilà pour une nouvelle partie du côté d'Apocalypse et de Cogadh. Après une petite discussion, notre cavalier de la guerre s'en va exécuter sa nouvelle mission.

J'espère que cela vous a plu ^^

Merci pour votre lecture,

Dredre

26 octobre 2018

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