LV. Michaël : La mission de l'Avènement
Avènement ouvre d'un coup la grande porte et pénètre d'un pas furibond dans l'immense salle de son trône, suivie de Prometeos, en lâchant une bordée de jurons dans tant de langues que j'en perds vite me fil. Ciel, je n'aurai jamais imaginé l'incarnation de l'ordre lâcher tant d'insanités !
Mais très vite je remarque qu'elle n'est pas entourée de son aura lumineuse. Comme si elle s'était retrouvée interrompue et qu'elle n'avait pas pensé à la remettre. Et dans sa furie, sa beauté éclatante en est exacerbée. Avènement dévoile enfin sa dangerosité si bien dissimulée...
Ses talons claquent au sol tandis qu'elle exécute les cent pas, tournant en rond. Prometeos s'arrête à l'entrée. Nous échangeons un regard. Sait-il ce qui a plongé notre reine dans un tel état ? Intrigué, je me frotte la nuque. Nul doute que cela a un lien avec sa satanée sœur. L'entité du chaos a du encore progresser dans la mission qu'elle s'est attribuée. Autrement dit, elle est bien plus proche de la victoire que nous l'escomptions. Et ce n'est pas bon. Pas bon du tout. D'autant plus après le carnage qu'elle vient de faire...
Voyant que l'entité de l'ordre ne semblait pas prête à me fournir des réponses, j'ose interroger, mettant fin à ses gestes soucieux.
« Qu'y a-t-il ?
Elle se tourne vers moi d'un geste sec et je recule vivement, impressionné par la rage sur son visage. Ses mots tranchent l'air de la salle :
- Il y a que ma sœur vient de récupérer une chose qui la rend bien plus puissante qu'elle ne l'était déjà.
- Est-ce possible ?
C'est le seigneur de la lumière qui répond à mon souffle surpris. Il grince entre ses dents et je décèle enfin sa fébrilité.
- Malheureusement oui. Les choses vont s'accélérer. Apocalypse compte détruire le monde et, elle compte le faire ce soir.
Alors c'est pour ce soir ? Merde ! Pourrons-nous arrêter cette folle furieuse avant qu'il ne soit trop tard ? Mon regard se pose sur le soleil, qui commence déjà sa longue chute vers les ténèbres. Instantanément, un compte à rebours se déclenche dans ma tête. Tic, tac...
Avènement se place devant moi, son regard d'or d'ordinaire doux, brillant d'inquiétude et elle murmure à mi-voix, d'un air presque peiné mais reconnaissant :
- Michaël. Je suis désolée que ce moment soit arrivé. Mais il ne me reste plus que toi si je veux trouver comment parvenir à me débarrasser de ma sœur... C'est à toi de jouer. Trouve les. Accomplie ta mission.
Un instant je me rappelle les cavaliers s'attaquant à mes frères. Pourtant, ce n'est pas eux les véritables fautifs. Non, c'est Apocalypse et sa maudite bestiole... Je ne m'en rappelle que trop bien.
Le feu m'entourait. Le feu dévorait mes frères. Le feu détruisait. Et un instant, j'ai été totalement dévasté par la rage. La vision des cavaliers face à moi et l'ombre de cette maudite créature du chaos m'a fait totalement perdre la notion du devoir. Un fugace moment, j'ai réellement pensé à me jeter sur eux et à tout faire pour les détruire. Quitte à mourir. Puis la raison m'est revenue.
Heureusement car sinon, je n'aurai pas pu accomplir ma mission.
Et puis mon frère n'a toujours pas été vengé. Si Apocalypse l'emportait je ne me le pardonnerai jamais. Alors je n'ai pas d'autre choix que de m'incliner. Je le ferai.
- Oui ma reine.
Cependant le seigneur de la lumière s'interpose et glisse :
- Est ce judicieux de l'envoyer lui ? Ce n'est pas contre toi Michaël et tu le sais. Mais les cavaliers sont puissants. Que se passerait-il si les choses venaient à mal tourner ?
Posant sur lui son regard bienveillant quoiqu'un peu ennuyé, Avènement soupire :
- Je l'ai créé pour cela. Tous les pouvoirs qui lui ont été confiés l'ont été à ce but. C'est maintenant qu'il doit agir.
- Et je le ferai. C'est une promesse.
Prometeos esquisse une moue avant de souffler :
- Bien. Sois prudent Michaël. Reviens-nous.
Je m'incline. Juste avant que je disparaisse, Avènement m'attrape soudain les épaules et dépose un doux baiser sur mon front.
- Sois béni Michaël. Adieu. »
Je ne sais que trop bien ce que signifie son dernier mot, prononcé avec une certaine mélancolie. Mais je ne me laisse pas abattre. C'est à moi de jouer.
Je me teleporte, me laissant guider par mon instinct. Je sais où l'entité du néant et ses toutous se cachent. Il me suffit de me laisser porter.
J'atterris devant une immense arche. Dans une toute petite serrure est glissée une clé ornée d'un rubis. Mais je ne peux pas m'attarder dessus car cinq ombres sortent de l'ombre. Je ne peux m'empêcher de trouver l'Apocalypse changée... Oui, son aura semble avoir doublé de volume, empiétant sur celles de ses compagnons, s'étendant dans l'air comme si elle cherchait à s'approprier bien plus de territoires. Que s'est-il passé derrière cette étrange arche ?
Mon regard se retrouve happé par celui du cavalier de la guerre. Il semble sur des chardons ardents. Je ne sais pourquoi, mais depuis le début nous nous sommes opposés en ennemis. Cependant, nul doute que faire disparaître de son visage cette expression satisfaite et avide de destruction sera l'une des choses les plus agréables de ma vie. Enfin... Peut être pas agréable. Mais cela serait une véritable réussite.
Mes adversaires semblent l'avoir compris. Car alors même que je me dresse seul contre tous, Apocalypse se tourne vers le cavalier de la guerre, Cogadh, et lui ordonne, d'une voix tranchante :
« Tues le.
Il se met à sourire et sans détacher ses yeux fous de moi, il gronde :
- Avec plaisir.
Il tire sa longue épée de son fourreau et avance d'un pas. L'adrénaline se déverse dans mes veines et je sens l'immense pouvoir qui m'a été confié affluer dans mon être entier. Je suis puissant et ce cavalier le découvrira bien assez vite.
Je dégaine à mon tour deux fines lames qui s'enflamment aussitôt. Et le combat débute.
Les bruits du tintement du métal emplissent bientôt l'air, démontrant la violence de notre combat. Mon adversaire est fort et me l'a déjà démontré. Cependant, en cet instant, je mène aisément la bataille. Ce qui semble l'enrager. Lui, le cavalier de la guerre, se faire mener par un petit céleste ? J'imagine sans peine sa déception et sa surprise. D'autant plus quand, d'une parade bien plus vicieuse qu'il n'en paraît, je le désarme. Sa lourde épée tombe au sol dans un fracas immense. Les yeux de l'être démoniaque se teintent de rouge et je sens brusquement mes épées s'arracher à ma poigne. Il ricane :
- Voyons voir ce que tu vaut sans tes armes. »
Sa première attaque me projette en arrière mais je me réceptionne agilement. Il fond à nouveau sur moi et je peine à esquiver tous ces coups. J'ai l'impression que mes gestes sont bien plus désordonnés qu'ils ne devraient l'être. Pourtant, le combat reste assez égale jusque là maintenant que nous sommes à mains nues bien que je paraisse en difficulté. Mais alors que j'évite les poings massifs qui fonçaient sur moi, la Guerre ruse et disparaît. Je reste sans voix. Mon cœur bat fort dans ma poitrine. L'appréhension me serre les viscères. Soudain mon instinct me hurle de faire volte face. J'obtempère tout juste pile à temps pour voir mon adversaire derrière moi, prêt à m'asséner un violent coup.
Je bloque son poing en plein vol. Le cavalier écarquille des yeux et tente de se détacher. Ma prise se raffermi tandis qu'il commence à s'agiter. C'est alors que je lui décoche un tel coup qu'il se retrouve projeter au sol, ébahit par la force dont je viens de faire preuve. Une force similaire à la sienne. La satisfaction qui s'éveille en moi est presque électrisante. D'un pas décidé, je m'approche de lui et alors qu'il essaye à nouveau de se relever, je pose un pieds en travers de sa poitrine, et la soudain force qui s'exerce sur sa poitrine l'empêche de se défaire de moi. Il gronde et tente de me dégager. La terre tremble sous nos pieds, en conséquence de la rage que ressent mon adversaire, à n'en pas douter. D'un simple geste j'appelle à moi ma lame qui vient se loger dans ma main par télékinésie. Les flammes lèchent l'or, parée à incendier l'être démoniaque que je maintiens sous ma coupe. Pourtant, un détail me revient à l'esprit et je lève un instant la tête.
Apocalypse ne réagit pas, son regard argenté ne se détachant pas de moi. L'amusement a quitté ses traits, pourtant elle lève une main en l'air, stoppant un des cavaliers, la Misère à en juger par son accoutrement, qui s'apprêtait à intervenir. L'entité du chaos ne s'implique pas. C'est à nous de régler cela. Je sais très bien ce qu'il se passera si je tue son cavalier de la guerre, cependant, je dois le faire. Mon regard se pose sur l'homme étalé au sol sous moi, à ma merci. Il tente de récupérer son arme mais d'un coup de pieds j'envoie la lame épaisse bien lui et lui écrase le poignet. La Guerre rugit et se débat sans succès.
Mais alors que j'allais enfoncer mon épée dans son cœur, ce qui l'aurait anéanti pour de bon, il parvient à coincer la lame in-extremis entre ses paumes. Le contact avec mon arme commence à calciner sa peau et à détruire ses mains cependant, il ne lâche pas prise et avec un grognement de douleur, commence à se redresser.
J'écarquille des yeux quand brusquement, il me fauche les jambes. Le choc au sol me coupe le souffle. Des tâches noires apparaissent devant mes yeux, obscurcissant ma vue. Je tente de me relever mais une masse plus lourde qu'une maison me tombe dessus et se met à me rouer de coups. Je tente de le repousser mais peine perdue. Le cavalier de la Guerre se relève enfin, me permettant à nouveau de respirer. Mais quand je le vois récupérer son épée, un sourire étire mes lèvres. Malgré tout, j'ai tout de même accomplie ma mission. Car en réalité, elle ne consistait pas au fait de tuer le cavalier. Même si cela aurait été un véritable plus. Et j'avais été si près de la réussite... Non, j'étais simplement chargé de ralentir ces êtres maléfiques le temps qu'Avènement découvre où Apocalypse et ses sous-fifres comptaient agir définitivement.
Et c'est fait. Qu'importe à présent si je meurs. Je rejoindrai mon frère. Cogadh, car c'est là le nom de cette créature démoniaque, lève son épée. L'espace d'un instant nos regards se croisent. Fureur, démence, folie. Et il abat sa lame.
Hey !
La fin approche, tic tac !
Merci de votre lecture !
À bientôt,
Dredre
4 août 2019
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