LI. Apo' : Sept soeurs, quatre frères... Bienvenue en maternelle !

Je me racle la gorge. Mes plus belles créations se tiennent face à moi et j'en ressens une immense fierté, presque jouissive. Les sept pêché et les quatre cavaliers, réunis en ce jour sinistre par mon bon vouloir. Un instant mémorable dans toute l'histoire du chaos. Il n'y a pas à dire. Je suis aussi bonne en ce qui concerne la création qu'en ce qui concerne la destruction. Je suis définitivement la meilleur, qu'importe le domaine. Tout le contraire de ma chère sœur.

Quand elle me verra arriver, plus chaotiquement puissante que jamais, je veux qu'elle s'en morde les doigts, qu'elle se torture l'esprit. Avènement me payera toutes ces années d'enfermement. Et cela, mes chères créations le sentent.

J'observe un instant toute cette joyeuse ribambelle de créatures aussi maléfiques que parfaites. Luxure, si belle et si tentatrice qu'elle en ferait céder plus d'un céleste, discute avec Dainn', échangeant quelques piques avec lui. Je m'attends à tout moment de les voir se sauter dessus pour s'embrasser comme si leur vie en dépendait. Envie, elle, se contente de les admirer, une lueur de jalousie terrible brûlant dans ses yeux, triturant les pans de sa tunique verte qui contraste avec ses cheveux d'un noir profond.

Colère, toujours autant enflammée qu'à sa création et Cogadh se regardent en chien de faïence, comme si ils allaient bondir l'un sur l'autre. Et pourtant la tension et le désir se sentent tant entre eux qu'une étincelle pourrait tout faire exploser. D'autant plus que le cavalier de la Guerre est aussi tendu qu'une corde d'arc. Si Colère le titillait rien qu'un peu, il exploserait. Badaboum !

Orgueil, quand à elle, se mire dans un miroir, sous tous ses aspects hautains et Paresse, qui s'est laissée tomber par terre, la regarde faire, sa jupe bleu pale en corolle autour d'elle. Quand à Avarice et Gourmandise, elles se disputent, car l'une ne veut en aucun cas donner à l'autre les dragées qu'elle grignote. Bhàs et Tinneas, pris au piège entre ces quatres demoiselles me regardent presque suppliant, que je mette fin à ce carnage.

D'accord, ils se pourraient qu'en réalité, ils soient tous de vrais enfants. Mais c'est un comportement normal pour les pires travers du monde. Il n'y a qu'à leur remettre les idées en place. Je me racle la gorge pour attirer leur attention mais rien n'y fait. Une bande de gamins allumés, voilà ce qu'ils sont réalités. Ma fierté retombe d'un coup tandis que je lève les yeux au ciel. Pour attirer leur attention, je frappe dans mes mains. Le claquement retentit, sonore, et aussitôt tous se taisent.

<< Dois-je vous rappeler pour quelle raison je vous ai fais réunir ?

- Non vénérable Apocalypse. répond aussitôt Envie.

Son regard se pose sur moi. Voilà qu'elle détourne son péché d'envie sur moi... Ce n'est pas gagné. Les autres se contentent de répondre d'un signe négatif de la tête. Seule Paresse ne répond pas.

- Bien. Je veux un rapport général de tout ce vous avez pu faire ces derniers temps. Et pitié, ne vous dispersez pas encore une fois. Les filles ? À vous.

Elles m'obéissent aussitôt. Chacune me compte en détail leurs agissements en mon nom depuis leur libération qui remonte à bien longtemps à présent. À ma grande stupéfaction, Colère et Cogadh ont finalement pu travailler ensemble sans s'étriper ou se sauter dessus, et ont alimenté tant de révoltes que je ne peux que me montrer satisfaite. Voilà un bon travail qui fut fait.

Quand aux autres, elles se sont attaquées à détruire les sociétés et autres groupes de survivants en faisant un merveilleux travail d'équipe. Même si Orgueil, dédaigneuse, s'en attribue une grande partie du mérite. Lançant un regard sombre à sa jeune sœur, elle ricane :

- Ça n'est certainement pas Paresse qui a fait le gros du travail. En quoi son pêché aurait pu pousser les humains à s'entre-tuer ? Je comprends encore pour Envie, Avarice et même Gourmandise mais Paresse...

- Tu n'es pas gentille Orgueil ! proteste mollement la principale intéressée, prenant pour la première fois la parole.

- Chaque pêché a son importance, vous n'allez pas recommencer ? je soupire en me pinçant l'arrête du nez.

J'avais oublié à quel point les sept soeurs pouvaient se montrer insupportables lorsqu'elles n'étaient plus dans le contexte de leur mission. Encore plus compétitives que les quatre cavaliers, chose qui pourrait pourtant paraître impossible.

Luxure s'extasie soudain :

- L'important, c'est que nous ayons entièrement réussit, ma reine. Nous avons poussé les humains vers l'annihilation totale.

Son intervention m'arrache un sourire malgré moi. Aussi mielleuse que sincère, je susurre :

- Beau travail mes chéries.

Dainn' se penche par dessus l'épaule de son péché préféré et lui murmure à l'oreille, sachant pertinemment que nous l'entendrions tous :

- Pas aussi beau que toi, ma petite colombe.

- Appelle moi petite colombe encore une fois et je te jure de t'étrangler de mes propres mains avant que tu n'aies eu le temps de comprendre ce qu'il t'arrive. réplique-t-elle, sans se démonter.

- Seulement m'étrangler ? Je suis sûre que tu es capable de punitions bien pires, petite colombe.

La sublime femme fait volte face, prête à exécuter ses menaces mais le cavalier de la misère, anticipant son attaque, l'esquive facilement. Tinneas lève les yeux au ciel et se met à rouspéter :

- Bon sang, nous sommes en pleine réunion ! Vous ne voulez pas attendre d'être seulement vous deux pour vos petits jeux tordus ?

Au lieu de s'en offusquer, Luxure se glisse près de lui, sans pourtant le toucher et souffle à son oreille :

- Tu veux te joindre à nous peut-être ?

Il écarquille des yeux tandis qu'elle s'éloigne en riant. Soudain, Paresse semble avoir un éclair de génie car elle se redresse brutalement, elle qui est toujours nonchalante :

- Dis Avarice chérie, tu as toujours la clé que tu as trouvé ?

- Une clé ? Quelle clé ? interroge automatiquement Envie alors que Gourmandise ronchonne :

- Une clé, ça ne se mange pas.

- Taisez vous, toutes les trois ! Je n'ai trouvé aucune clé.

Cette fois, mon cavalier de la Mort lâche un ricanement. Il ne connait que trop bien la jeune femme et ses penchants un poil radin. Il se permet de lui glisser :

- Voyons ma chère, on sait tous les deux que lorsque tu trouves quelque chose, tu ne le rends pas et prétends ne pas l'avoir. C'est ton défaut.

- Pourquoi est-ce qu'il n'y a qu'elle qui trouve des choses intéressantes ?

Je décide alors de m'interposer avant que tout ne dégénère à nouveau et surtout parce que cette nouvelle m'intéresse grandement.

- Ça suffit Envie ! Avarice, je t'écoute. De quelle clé parle Paresse ?

L'accusée soupire et consent à expliquer face à mon air sévère et légèrement agacé. Il ne faut pas m'en vouloir, mais il est question ici de ma victoire et de la fin du monde. Les caprices de ces demoiselles m'intéressent peu voir pas du tout. Par tous les mondes, heureusement que Tinneas, Bhàs, Cogadah et Bochdainn ne sont pas comme ça, où j'aurai finis par les détruire moi même.

- Un groupe de survivants s'était réfugié dans un ancien musée. Lorsqu'ils ont finit par s'entretuer par notre faute, nous avions fait un petit tour, histoire de voir ce que nous pouvions trouver d'intéresser. Envie avait... et bien elle avait envie de tout. Quand à Gourmandise, elle s'était mise en tête de trouver à manger. Luxure, Colère et Orgueil se sont eclipsées et je suis restée avec Paresse. Là, j'ai trouvé une ancienne clé. Très jolie, sertie d'un magnifique rubis. Il était sublime.

Je me suis figée en entendant le mot rubis. Je sais exactement de quelle clé elle parle. Un flot de bonheur me parcourt. Se pourrait-il que mes charmants petits pêchés aient retrouvé... Il me faut vérifier cela !

- Montre-moi cette clé.

- C'est que... Je ne l'ai pas sur moi.

- Menteuse, tu la caches au creux de ta poitrine ! ricane Luxure. 

Tandis qu'Avarice proteste, Dainn lance à la petite rapporteuse d'information :

- Vilaine fille !

Elle lui adresse un clin d'oeil. Cependant, je ne lui laisse pas le temps de répliquer quoique ce soit, bien décidée à récupérer ce qui m'appartient. L'atmosphère se refroidit brusquement tandis que je gronde :

- Avarice, je ne vais pas me répéter : donne moi cette clé.

- Très bien, très bien.

Tout en montrant son mécontentement, elle tire le si précieux objet de sa cachette. J'écarquille des yeux en le reconnaissant et avant qu'elle ne puisse comprendre ce qui lui arrive, je me retrouve face à elle et le lui arrache des mains tandis qu'elle proteste mollement. Un frisson de satisfaction intense me parcourt. Enfin !

Je serre la clé contre moi et laisse un sourire étirer mes lèvres. Levant mon regard sur le pêché qui me fait face, je lui lance :

- Je te remercie de m'avoir rendue ce qui m'appartient.

- Pas de quoi. grommelle-t-elle en s'éloignant sans remarquer le moins du monde la vague d'euphorie qui s'empare de moi.

Contrairement à mes cavaliers. Je sens la présence de Bhàs dans mon dos et il me murmure, son souffle glacé me chatouillant la nuque :

- Qu'est ce que c'est que cette clé ?

Je me retourne pour faire face à la Mort et je penche la tête sur le côté.

- Vous le saurez plus tard.

Reprenant mes distances, j'ordonne aux pêchés d'un ton qui n'appelle à aucune contestation :

- Retournez à vos occupations. Je compte sur vous pour que tout soit prêt. Si il se passe quoique ce soit d'étrange ou d'anormal, venez me voir. Je ne veux pas de mauvaises surprises. Vous m'avez comprises ?

Elles acquiescent toutes en s'inclinant face à moi. Luxure souffle un baiser à Dainn, Colère salue Cogadh d'un signe de la tête et les autres se contentent d'attendre mon signal pour s'en aller. D'un geste de la main je les congédie. La tempête se lève à nouveau, courant d'air violent, les emportant.

Les sept soeurs sont parties, ne restent plus que les quatre frères. Ils se tournent vers moi, attendant la suite.

- Et maintenant ?

Je me mets à sourire, survolant mes compagnons de toujours du regard :

- Ça vous dit d'aller semer un peu la pagaille dans les rangs adverses ?>>

---

Hey !

Un chapitre très différents de ce que j'avais prévu de base avec un grand manque de sérieux. J'espère qu'il vous aura tout de même plu !

Merci de votre lecture !

À bientôt,

Dredre.

18 mai 2019.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top