IV. Apo' : Être une beauté fatale...
Et bien, je le savais ! Je ne suis pas seule dans cette rue. En revanche je ne sais pas si l'individu qui se tient face à moi se doutait qu'il y avait quelqu'un d'autre. J'ai bien du mal à distinguer son visage sous la tonne de crasse qui le recouvre. Sûrement un sans abrit. Je vois que Bochdainn a fait son boulot en tant que cavalier de la misère.
<< Qui t'es toi ?
Lance l'inconnu en degainant un petit couteau qu'il pointe vers moi. Je souris et ramène mes cheveux sur le côté en battant des cils. Amusons nous un peu.
- Je ne sais pas, je cherche juste un coin pour m'abriter ? Il va bientôt pleuvoir...
Comme pour accentuer mes paroles, des trombes d'eau se mettent à nous tomber dessus.
- Ouais, bas va chercher ton abrit ailleurs ! C'est mon territoire.
Il fait mine de me donner un coup de couteau. Je pense que si il était moins... focalisé sur la préservation de son territoire il aurait remarqué ce qui clochait : j'étais sèche et dans mon plus simple habit. Je prends un air innocent :
- Et si je ne veux pas bouger ?
Il ne répond rien et me plante sous couteau dans le ventre très rapidement. Je ne plie même pas, me contentant de froncer des sourcils. Puis je saisis le manche et retire le couteau. Ma peau reste intacte comme si la blessure s'était refermée. Mais pour ça il aurait fallut que je soit blessée. Je fixe l'arme, un léger sourire sur les lèvres avant de demander en prenant une voix légerement aigue ;
- Qu'est ce que c'était sensé faire ? Je n'ai pas tout compris.
- Mais...
- Oh, tu voulais me blesser. Excuse moi. Tu veux qu'on refasse la scène, que je joue la comédie ? Non, tu sais quoi ? Je vais faire mieux.
Je m'approche, féline. Le sans abris recule, appeuré, secouant face à lui un autre couteau. Je jette un derniere regard au couteau qu'il m'avait planté avant de le lancer en arrière. Pas besoins de me retourner pour savoir qu'il est partit se planter sur un poteau. Mon agresseur regarde le couteau puis me regarde moi. Il est acculé au fond de la ruelle.
- Quelle mort préfererai tu ? Consumé de l'interieur ou privée de ton âme ? Je pourrais aussi t'insulfler du poison...
Je crois qu'il tremble. Mince c'est dommage. La pluie redouble autour de nous. C'est bien mignon toute cette eau mais je vais finir par avoir froid. Je me plante face au sans-abris et le plaque contre le mur en le maintenant sous la gorge. J'approche mon visage du sien et plonge mon regard envoutant dans ses yeux perdus et hagards. Je souris encore plus :
- Me trouves-tu jolie ?
- Oui...
Il chevrotte d'une voix implorante.
- Aimerai-tu m'embrasser ?
Il ouvre grand ses yeux ahuri. Il ne s'attendait pas à ça... Je vois le peu de volonté quitter son regard. Il est entièrement à moi.
- Alors ?
- Oui.>>
Je ricane et presse mes lèvres contre les siennes. Il est immobile comme figé. Je me recule soudainement et le regarde amusée. Ses yeux s'exorbitent, il presse ses mains contre son coeur avant de s'éffondrer. J'attrappe son grand pardessus noire et l'enfile avant d'appeler Bhàs. Mon cavalier de la mort apparait et lorgne sur le corps.
<< Déjà ? Tu n'as pas perdue de temps Apo'.
- Oui, m'enfin tu sais très bien que lorsque je viens sur terre ce n'est pas pour laisser des vivants.
- Et comme d'ab' c'est moi qui me coltine tout le boulot.
Je ris avant de fermer les yeux un instant. Je plaque deux doigts sur chaque tempes et soudain la pluie cesse de tomber.
- Ce n'est pas très fair-play ça, macabre reine.
- Oh cesse donc d'employer tout ces titres sinistre et remplanplan. Je ne suis pas reine.
- Non, tout juste l'imperatrice du chaos.
- En revanche, ce nom là me plait. Mais prends garde à ne pas l'utiliser devant de simple mortel. Ou devant Arcadias. Il pourrait s'en servir dans d'autre situation qui pourrait rendre la chose cocasse.
Bhàs part dans un rire tonitruant. Et oui mes amis, le cavalier de la mort est mon meilleur ami parmi les quatre. C'est également le premier que j'ai fais apparaitre.
- Avenement n'est réellement pas aussi imbue de sa personne que toi. Pourtant à chaque fois qu'est venue le moment elle a réussi à remettre l'ordre et le monde à sa place. Et toi tu as échoué à faire tes apocalypses.
- J'étais là avant elle ! C'est injuste que je sois enfermé quand c'est à son tour de régner. Oh et prends garde à ne pas me vexer. Ce n'est pas parce que tu es la mort que je ne pourrai pas te faire subire les pires tortures qui puissent exister.
Il blêmis et en retour je lui adresse mon plus beau sourire. Ce qu'il ne sait pas c'est que je ne gacherais pas mes pouvoirs pour un être d'une telle puissance. Cela m'affaiblirai trop alors que j'ai besoins de toutes mes forces.
- Lors de mon précédent règne qui a duré plusieur millénaires, Avenement s'est retrouvée privée de tout pouvoir mais libre. Lors de ses règnes, ses deux véritables règnes, je me suis retrouvée prisonnière. Prisonnière mais toujours aussi puissante. Laquelle de nous deux a le plus de chance dis le moi ?
- Cela dépend de tout. Préfèrerai tu être puissante mais enfermée ou libre mais impuissante.
- A ton avis ?
Je souris amusée. Il ne réfléchis que quelques secondes.
- Tu voudrais être puissante. Mais libre. Tu voudrais régner.
- Exactement.
- Et bien, bonne chance Apocalypse.
J'incline la tête sur le côté surprise et fronce des sourcils.
- Comment ça ?
- D'après Cogadh les armées celestes s'attroupent. Il se pourrait qu'Avènement ait prévue que tu sois prête à tout cette fois ci.
- Elle va faire intervenir son seigneur de la lumière ?
Il hoche de la tête. Je m'approche de lui et me plante sous son nez. Je redresse la tête. Sa pomme d'Adam roule dans sa gorge. Je n'ai jamais eut autant d'emprise sur mes cavaliers depuis que nous ayons cette apparence humaine. Le fait d'être une chose concrète me donne plus de pouvoir.
- Tu vas convoquer Arcadias. Qu'il attrouppe les armées ténébreuses, qu'il les lâche sur Terre, qu'elles causent des émeutes, des crimes... Je veux un chaos sans nom ! Avenement n'est pas la seule à pouvoir jouer.
- Apo'...
- Quelque chose à dire ?
Son souffle s'échoue sur mon front. Ses lèvres s'étirent dans un sourire vengeur. Puis sa voix caverneuse retentit dans la ruelle :
- L'apocalypse est de retour.
Je pars dans un éclat de rire.
- Vas donc, récupère cette pauvre âme et retourne en enfer chercher Arcadias. Ne prends pas trop ton temps. >>
Bhàs s'incline tandis que je me tourne et me dirige vers la rue principale en resserant contre moi les pans du long pardessus, cachant ma nuditée.
Oh que oui, je suis de retour.
Terrible cette Apocalypse n'est ce pas ?
En vous remerciant d'avoir lu,
Dredre.
1 Mai 2018
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