Voici, comme promis puisque d'aucuns me l'ont réclamée à cor et à cri, la suite de mon premier billet « Les détails qui tuent  #1# ».

La liste de ces erreurs répandues que nous commettons tous, peu ou prou, n'est bien évidemment pas exhaustive, loin de là hélas...

- « Et bien ! » : n'est pas correct. Il faut utiliser l'interjection « Eh ». Ecrivez donc « Eh bien ! ».

- « Intriguant » : est le participe présent du verber « intriguer ». On écrira donc « en intriguant ». Exemple : « On les a vues toutes les deux intriguant au ministère ».

- « Intrigant » : est un adjectif ou un nom, qu'il ne faut pas confondre avec le participe présent susmentionné du verbe intriguer. On écrira, dans un exemple avec l'adjectif, « un caractère intrigant » ou, dans un exemple avec le nom, « il y avait beaucoup d'intrigants à la Cour ».

- Le verbe « créer » (au présent : « Je crée, tu crées, il crée, etc ») a pour participe passé « créé ». Exemple : « J'ai créé ma société ». Bien sûr, le participe passé féminin singulier prend donc trois « e » : « la maquette a été créée » ou « la maquette est créée ». Il est très courant de voir la faute suivante : « la maquette est crée »...

- Le mot « cliché » est un nom masculin employé pour désigner soit une image photographique en négatif, soit une plaque métallique servant en typographie, soit une idée trop souvent répétée, une banalité. Ce mot, employé sous ces significations, n'a donc pas de féminin. Or il est trop fréquent de lire « elle est clichée » ou encore « elle fait clichée » ou « une situation clichée », etc, formules qui sont toutes fautives. Ecrivez plutôt « cette situation fait très cliché » ou « le coiffeur gay et le bohémien voleur ne sont que des clichés ».

- « Mettre le ola » est incorrect, ola étant un mot espagnol qui n'a rien à voir avec la tournure correcte « mettre le holà », qui signifie mettre un frein, faire cesser.

- Si l'on peut bien sûr écrire « les choses que je vois », il est incorrect d'écrire « il faut que je vois », formule au subjonctif. La tournure correcte est « il faut que je voie ». Idem à la 2e et à la 3e personne du singulier : ce n'est pas « il faut que tu vois » mais « il faut que tu voies », et ce n'est pas non plus « il faut qu'il voit » mais « il faut qu'il voie ». Ces confusions sont trop souvent rencontrées.

- Il est correct d'écrire « elle s'est vue morte » (car qui a-t-elle vu morte ? elle) mais incorrect d'écrire « elle s'est vue refuser cet emploi » (ce n'est pas elle qui est refusée, mais à elle qu'on a refusé) : la tournure correcte, même si elle peut choquer à la première lecture, est bien « elle s'est vu refuser cet emploi ».

- La « balade » est une promenade. La « ballade » est une chanson ou une poésie. Ne confondez pas.

- « Résonner » signifie renvoyer un son. « Raisonner » signifie faire usage de sa capacité de réflexion. Là encore, ne confondez pas.

- Dans les expressions « faire partie », « prendre à partie », le mot partie prend un e (NB : on retrouve cependant l'expression "prendre à parti" chez certains rares auteurs  mais le Grevisse la désapprouve). Il ne faut en revanche pas de e dans l'expression « prendre parti » .

- On écrit « avoir tort » et non « avoir tord ».

- Même si je n'aime guère cette expression, orthographions là au moins correctement : dites « c'est abuser » et non pas « c'est abusé », comme on le voit trop fréquemment.

- L'adjectif "pécuniaire" (qui signifie "ayant trait à l'argent") s'écrit dans cette même forme au masculin ou au féminin. On peut donc dire "avoir des ennuis pécuniaires" ou "toucher des aides pécuniaires". En revanche, bien qu'on puisse les trouver dans certains articles, notamment dans le peu fiable wiktionnaire, les mots "pécunier" et son soi-disant féminin "pécunière" n'existent pas. Ce sont ce que les grammairiens appellent des barbarismes, à ne pas employer. Exit donc les "problèmes pécuniers" et les "situations pécunières", tournures totalement fautives.

Allez, ça en fait quatorze à bien assimiler !

Suite au prochain numéro, si vous voulez, bien sûr...