- De la piscine !! En plein mois de janvier !! Ils sont complètement malade ?!

- C'est nous qui allons être complètement malade.

- Putain de merde...

Martin et Vincent marchaient vers la piscine dans laquelle ils auraient cours de sport tous les lundis matin à partir d'aujourd'hui...
Arrivant devant le bâtiment, ils entrèrent et rejoignirent leur classe à l'intérieur.

Le prof de sport draguait la caissière à l'accueil, ce qui leur permit de se fondre discrètement dans la masse, malgré leur retard.

En plus de faire de la piscine en plein mois de janvier, alors que la neige menaçait de tomber chaque nuit, ils allaient nager avec une autre classe de première.
Et pas n'importe laquelle...

« Martin ! »

Martin se retourna, et une petite bouille joyeuse, entassée sous une grosse doudoune, et des pulls-overs colorés lui fonça dessus.

- Max !

Qui dit Maxence dit... Rémi, à quelques mètres de lui, qui le regardait d'un air vide. Entouré de ses deux nouveaux amis.

Vincent hésita à s'approcher pour lui dire quelque chose, n'importe quoi, même juste un petit « Bonjour. », quand le prof, qui devait avoir eu le numéro de la caissière, les appela.

« Ok les gosses ! Les vestiaires sont au fond du couloir, celui des filles à gauche, et celui des garçons à droite ! Une fois changés vous allez bien sagement vous doucher, et on se retrouve au bord des bassins ! »

Et alors que leur prof avait à peine fini de parler, un troupeau de gnous digne du Roi Lion, se précipita en direction des vestiaires.
Et manifestement Martin et Maxence étaient Simba.

Ni une ni deux, tel Mufasa, Vincent leur attrapa les mains pour les lever du sol, les tirant hors du passage.

« Qu'est-ce que vous faisiez par terre ?! »

- Il me montrait ses chaussettes !

☁️

Ce n'était définitivement pas normal.
Il enleva son pantalon, sentant comme des milliers de regards sur lui, et pourtant, personne ne le regardait.

« Elle, je l'ai vu manger, je te parie qu'elle suce hyper bien ! »

Des discussions vraiment matures et respectueuses dans ces vestiaires dit donc...

Maxence se retourna, rouge, vers les deux garçons qui avaient dit ça.

- Ça va ?
lui demanda Vincent.

- Ils me font honte... C'est à cause de gars comme ça qu'on passe tous pour des cons...

Ils les regardèrent rigoler.

- Pareil.

Vincent enleva son t-shirt, et s'apprêtait à le ranger dans son sac, quand cette fois-ci, il sentait définitivement un regard lui brûler le torse.

Il se retourna et croisa juste un instant, les yeux de Rémi, fixés sur le collier qu'il portait autour de la nuque.

Le regard brin du bouclé remonta jusqu'à ses yeux, lentement, comme s'il avait arrêté le temps.

« Hé ! Vinc' ! »

Il se tourna vers Martin, et explosa de rire.
Qu'est-ce qu'on pouvait avoir l'air con avec ces bonnets de piscine !

Vincent retira doucement le collier, et le cacha le plus discrètement possible dans sa trousse.

Et à l'autre bout du vestiaire...

« T'as une tête de bite Sylvain ! »

- Ta gueule Anli !

🌨

Ils étaient répartis dans différents couloirs de nage selon leur niveau.
Et encore, sûrement, complètement par pur hasard, Vincent était dans le même couloir que Rémi, et qu'un de ses amis, qui s'appelait Sylvain.

La première longueur se faisait sur le dos, en tenant une planche contre leur torse. Assez simple à vrai dire.
Ce qui angoissait Rémi, c'était de ne pas pouvoir voir ce qu'il y avait derrière lui.

Et alors qu'il devait être à la moitié de sa longueur, un bonnet se colla à ses pieds. Il se redressa et aperçu Sylvain qui l'avait rattrapé.

- Mec !

- Repars, je vais m'arrêter un peu, je suis déjà fatigué.

Rémi rigola légèrement.

- Déjà ?

Sylvain leva les yeux au ciel, et Rémi se remit sur le dos, continuant à battre des pieds pour finir sa longueur.

Il fixait le plafond, et honnêtement, il n'avait strictement aucune idée de s'il allait bientôt atteindre le bord.
Il était perdu dans ses pensées.

Et justement à ce moment-là, une main se posa sur son front pour l'arrêter. La main de Vincent.

- Tu allais te cogner la tête contre le rebord.

Il le regarda une seconde, le châtain était blasé.

- Ah... Merci.

Alors qu'ils attendaient leur tour pour nager leur longueur de retour, Rémi ne pouvait empêcher ses yeux de divaguer vers lui.
Un air triste, et de longues cernes couleur ciel barraient ses yeux endormis.
Il avait l'air mal en point.

Une odeur en particulier attira le bouclé, une trop forte odeur de cigarette.
Le genre d'odeur qui se repère vite dans une piscine.

La voix de Vincent le surprit :

- Tes vacances se sont bien passées ?

Rémi cacha instinctivement ses poignets, chose compliqué quand on est en maillot de bain.

- Oui. Et toi ?

- Pas vraiment.

- Ah...

Le bouclé n'eut le temps de lui demander ce qu'il lui était arrivé, que Vincent était déjà reparti sur une longueur.

Quand enfin le cour se termina, les élèves en file indienne pour aller jusqu'aux douches. Plusieurs malins, à peine sortis de l'eau s'y étaient précipités, et Vincent aurait adoré faire de même mais il avait beau tirer le bras de Martin, celui-ci était absorbé dans une grande conversation avec Maxence.

Alors que Sylvain et Anli s'étaient déjà douché, Rémi avait fait la promesse d'attendre Maxence, même si ce dernier ne semblait pas être très pressé.

Au final, les quatre garçons se retrouvèrent les derniers pour passer à la douche.

- Tu peux me passer le savon ?

Vincent se tourna vers Rémi, lui passant la bouteille de Maxence qu'ils se partageaient tous.
Les cheveux châtains de plus petits étaient collés contre son crâne. Son visage, sa nuque, son torse, étaient arrosés de gouttes fines qui dégoulinaient délicatement le long de son corps, et la buée de la pièce lui faisait plisser les yeux, aux longs cils humides.
Rémi déglutit.
Il n'était pas vraiment gracieux, ou délicat, mais sans aucun doute, il était la plus belle chose que Rémi avait vu de sa vie.

Il aurait put rester à le regarder longtemps comme ça, mais il fut interrompu par le regard menaçant du châtain.

- Quoi ?

- Rien !
répondit-il sur le même ton assassin.

Revenus dans les vestiaires, maintenant vides de leurs camarades, Vincent se cachait comme il le pouvait derrière sa serviette.
Martin, qui était apparemment le genre de personne à aller sur les plages nudistes, le remarqua.

- Pourquoi tu te caches ? On est entre nous ! Et puis un cul, c'est un cul...

- J'ai besoin d'intimité.

- Vincent qui a besoin d'intimité ? On aura tout vu.

Le châtain plaça une pichenette sur la cuisse de son ami, en rigolant.

- Aïe !

☁️

Sa main frôlait parfois la sienne, parce qu'il remuait beaucoup les bras quand il marchait.
Martin rigolait devant toute les choses farfelues que pouvait lui sortir Maxence.

Sur les petits trottoirs pour rentrer au lycée, Vincent et Rémi avaient été contraints de marcher à côté l'un de l'autre.

Les mèches du petit châtain étaient protégées par son bonnet noir, alors que les boucles humides de Rémi, face au vent froid de janvier, lui filaient des frissons.

Ils n'avaient échangé aucun mot, mais Vincent en avait tellement envie.

« Et sinon.. t'es resté à Nîmes pendant les vacances ? »

- J'ai pas envie de te parler, lâche moi.
grogna Rémi.

Vincent baissa la tête. Il ne savait plus.

Devant lui retentit un éclat de rire de Martin. Au moins ces deux-là s'entendaient.

À suivre...