2. Rêve de calme
Le bus ! Quelle formidable invention le bus ! Un véhicule de transport routier de voyageurs en milieux urbain ou périurbain et surburbain depuis 1826, selon Wikipedia.
C'est vraiment une invention géniale le bus !
Hé bien non !
C'est vraiment de la bonne grosse merde !
Tout le monde est collé serré, ça pue, les gens te regardent mal.
Ah vraiment ! Prendre le bus le lundi matin dès 8 heure ne fait vraiment pas partie de la liste des péchés mignons de Vincent !
...
Les roues ralentirent de plus en plus, jusqu'à finir totalement à l'arrêt.
...
Le conducteur se retourna vers eux, leur indiquant ce qu'ils voyaient déjà tous par les vitres : ils étaient coincés en plein milieu d'une grande avenue, dans un embouteillage, impossible de sortir.
Prendre le bus un lundi matin dès 8 heure ne faisait certainement pas partie de la liste des péchés mignons de Vincent... Et encore moins si le dit bus était bloqué !
Il jeta un coup d'œil à l'heure affichée sur son téléphone, confirmant son inquiétude d'arriver en retard dès la première semaine.
De plus ce lundi, il commençait la journée avec son tout premier cours d'anglais, et connaissant son niveau, il aurait largement préféré ne pas être dans le viseur du professeur qu'il ne connaissait même pas encore !
Une bonne dizaine de minutes plus tard, alors que tous les passagers s'impatientaient, tapant frénétiquement sur les claviers de leurs téléphones, prévenant de leurs retard, le bus eut un petit soubresaut qui les fit se bousculer, puis redémarra lentement, alors que les voitures devant eux démarraient.
Après les trois arrêts qui lui restaient, Vincent sortit en quatrième vitesse du bus, marmonnant un rapide « merci », et fit le sprint de sa vie jusqu'au portail du lycée, miraculeusement resté ouvert, un oubli des surveillants qui l'arrangeait vraiment bien.
Il essaya de se rappeler la rapide visite que Maxence lui avait faite de l'établissement, et fonça vers ce qui semblait être sa classe, dont il avait eu le temps de mémoriser le numéro pendant l'embouteillage.
Il arriva devant la porte en bois, colla son oreille un instant, saisissant les éclats de voix d'une femme. Mais se rappelant qu'il n'avait jamais encore entendu la voix de sa prof, il n'avait qu'une seule option pour vérifier si c'était bien sa classe.
Il toqua trois petits coups distincts contre le bois devant lui.
« Oui ? »
Le petit châtain ouvrit doucement la porte, scrutant la classe assise et étrangement silencieuse, et eut un immense soupir de soulagement intérieur quand il reconnut Maxence au premier rang, qui lui souriait de toutes ses dents.
« Je vous prie de m'excuser de... »
- In English ?
le coupa sa prof.
- I'm sorry, I'm late because the... hum... autobus ? Yes, the autobus had a big problem !
balbutia t-il, incertain devant l'air sévère de la femme.
Ses lèvres étaient pincées, alors qu'elle réajustait ses lunettes posées sur son crâne, et qu'elle hochait positivement la tête à mesure que Vincent baragouinait sa pauvre phrase d'excuse qu'il n'avait, bien évidemment, pas préparé.
« I... I will not be late again ! I promise ! »
jura t-il, même s'il était compliqué de prédire un embouteillage pareil !
Mais contre toute attente de renvoie ou d'humiliation, le visage de sa professeure s'éclaira devant le petit sourire gêné de Vincent.
« Okay ! Go sit over there ! »
lui ordonna t-elle, désignant une table, à l'exact opposée de son ami, tout au fond de la classe, à côté d'un garçon brun.
Il partit s'asseoir, échangeant un regard larmoyant avec Maxence.
La professeure fit l'appel, signe qu'il n'était pas arrivé trop en retard. Ou alors que cette femme était vraiment lente...
Et vu la vitesse avec laquelle elle se connectait à son ordinateur, la deuxième option semblait bien plus probable.
... Après une vingtaine de minutes de cours, Vincent pouvait l'affirmer, cette prof était une limace.
Une gentille limace hein !
Mais la lenteur qui caractérisait chacune de ses actions l'ennuyait à mourir !
Faisant rouler son stylo entre ses doigts, manquant cruellement de dextérité, ou plutôt d'entraînement pour que ce soit fluide, comme il préférait se le dire, il jeta un coup d'œil à son voisin.
Ce dernier avait occupé son ennui de multiples croquis sur la première page de son cahier.
En observant de plus près, toujours en restant assez peu discret, Vincent se fit la réflexion que tous ses petits dessins avaient un rapport avec l'Angleterre. Logique en cours d'Anglais !
D'ailleurs, son voisin s'attaquait maintenant à une caricature de la reine d'Angleterre. Une petite bulle de dialogue ajoutait au ridicule.
" Personne ne me délogera du trône... des toilettes ! "
Vincent jeta un furtif coup d'œil à son voisin qui souriait seul à sa blague, d'un air simplet.
... Sûrement un génie incompris.
Le cours se poursuivit avec la même lenteur qui avait caractérisé les premières minutes, ça promettait pour le reste de l'année !
Heureusement, Vincent avait continué sa nuit, affalé sur sa table, encouragé par le lourd accent de la voix traînante de sa prof, et des bruissements de stylo contre le papier de son voisin.
☁️
« Je t'ai montré où était la salle de musique hier, tu te souviens ? Tu ne vas pas te perdre ? »
- Max... Tu m'abandonnes vraiment ?
- C'est un rendez-vous chez le médecin ! J'ai pas le choix !
- Je ne vais pas survivre sans toi !
- Ferme la, et vas en cours !
rigola son ami qui partait déjà en direction du portail.
- Tu me brises le cœur Maxence ! Je parie que je vais me perdre en plus sans toi !
- Tchao !
Devant le sourire du plus jeune, Vincent lui rendit son « au revoir » de la main, et ouvrit la porte du bâtiment qui était sensé accueillir la salle de musique.
Il parcouru le long couloir, comme Maxence lui avait montré, tourna une fois à gauche, puis peu après à droite, et elle devait normalement se trouver au bout de ce couloir.
Sortant son portable de sa poche pour vérifier l'heure, il se rendit compte que son empressement à travers les couloirs l'avait fait arriver un peu trop en avance, alors que tous les autres élèves étaient encore sûrement dans la cour du lycée.
Tous les autres élèves ? Non à vrai dire, car au bout du couloir, il reconnut aisément la tête aux boucles brunes seule, penchée sur son téléphone.
« Rémi ! »
Le plus grand releva la tête, l'accueillant d'un grand sourire et d'une paume tendu que Vincent s'empressa de clapper.
- Tu fais option musique toi aussi ?
- Ouais bien sûr ! Il est pas avec toi Max ?
- Non, il a un rendez-vous chez le médecin.
- Ah je comprends.
Cet étroit couloir était sûrement le plus beau de l'établissement.
Placé au rez de chaussée, d'un côté, des grandes vitres du sol au plafond, laissaient une vue agréable sur le jardin du lycée rempli de plantes vertes trouvant leurs prospérités au soleil. Face aux portes blanches des salles de classe.
Cette ambiance bien loin d'un couloir banal de lycée, créait une sorte de cocon naturel et apaisant.
Ils s'étaient assis contre le mur de la salle de musique, face aux plantes, dos à la porte blanche, ils pouvaient légèrement distinguer leurs deux reflets se regardant dans la vitre.
- J'adore cet endroit. Personne n'y vient jamais... Je comprend pas trop pourquoi, mais c'est tant mieux.
- Tu viens seul ?
- Je me suis pas fait d'ami dans ma classe.
- Pour l'instant.
- Ouais... Espérons. Et Maxence a toujours préférer rester dehors, à l'air libre.
- Ça j'avais remarqué. Il rate quelque chose.
Rémi se tourna vers lui.
- T'aimes ce couloir toi aussi ?
Vincent, fut légèrement surpris de cette question. Comment ne pouvait-on pas aimer ce couloir ?
Les gens qui ne venaient pas ici n'avaient vraiment aucun goût ! Ce qui englobait quand même tous les gens de ce lycée, même Maxence.
- Bien sûr ! Je l'adore, on se sent super bien ici. Il fait bon en hiver ?
- Tu montes le chauffage là bas, et c'est parfait.
- Je pourrais dormir ici.
- Tu peux, je reste avec toi.
☁️
Le cours de musique ne s'était pas du tout déroulé comme se l'était imaginé Vincent.
Quand leur professeur était arrivé, ils étaient rentrés dans une salle de classe à l'apparence totalement banale, avec des tables, et des chaises.
Rémi et Vincent s'étaient bien sûr assis à côté, et devant les sourcils froncés de son ami, le bouclé s'était penché vers lui pour lui murmurer :
- Tu croyais vraiment que ces cons avaient le budget pour une vraie salle de musique ?
- J'avais un petit espoir...
Rémi haussa les épaules en esquissant un petit rire néanmoins bien sonore, qui fut réprimandé des regards assassins d'autres autres élèves, que le professeur s'empressa de corriger :
« Le rire fait partie de la musique. Si vous viens l'envie de rire dans ma classe, ne vous retenez pas. »
Les quelques nouveaux élèves l'inspectèrent un instant du regard, cherchant à savoir s'il leur faisait une blague ou non.
Rémi se tourna vers Vincent, bombant exagérément le torse d'un air fier, faisant rire à son tour le plus petit.
- Ce prof à l'air cool.
- C'est le meilleur !
répondit le bouclé avec un clin d'œil.
Bien droits sur leurs chaises, tous les élèves durent faire quelques exercices d'échauffement de la voix, puis le professeur leur ordonna de se lever et de pousser toutes les chaises et les tables contre les murs.
Il se dirigea au fond de la salle, dévoilant une petite porte qu'il déverrouilla, laissant découvrir une autre pièce, pleine à craquer d'instruments en tout genre, du sol au plafond.
- Je croyais que ce lycée n'avait pas d'argent ?
- Tout l'argent pour de la bonne bouffe à la cantine est parti pour ces instruments.
Les deux garçons rirent ensemble avant de prendre chacun une guitare, sous le regard agréablement surpris du professeur qui n'avait jamais vu Rémi parler avec quelqu'un d'autre que Maxence.
À suivre...
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