16. Abandonne-moi
Un bonnet enfoncé sur le crâne, Vincent marchait d'un bon pas vers le lycée.
Il était d'une humeur rayonnante, et toute ses pensées le ramenaient vers son bouclé.
Il n'avait pas cesser de penser à lui depuis qu'ils s'étaient embrassés, et il avait hâte de le revoir.
« T'es sûr que ça va ? »
Assis en cours d'anglais depuis une bonne demi-heure, il ne faisait que de sourire.
Il se tourna vers Martin et lui répondit.
– Ouais !
Le brun fronça les sourcils.
– C'est louche quelqu'un d'aussi joyeux pour un lundi matin.
Vinent ricana doucement.
– C'est toi qui est chelou à m'observer !
– Non sérieux, qu'est-ce qui t'es arrivé ?
Vincent avait bien des talents, mais mentir n'en faisait clairement pas partie !
– Rien.
Martin suspicieux, continua à l'observer, se faisant la réflexion qu'il faudrait poser la question à Maxence, lui qui savait toujours tout.
À l'autre bout du lycée, dans un gymnase, une classe de première s'affrontait au handball.
« Fais chier ! »
Jetant violemment sa bouteille d'eau par terre sous les regards inquiets de ses camarades de classe, Rémi partit se réfugier dans les vestiaires.
Le prof leva les yeux au ciel, et demanda à la classe.
« Quelqu'un le connaît ? »
Personne ne répondit.
« Non, sérieux ? Il n'y a pas quelqu'un qui le connaît au moins un tout petit peu ? »
Les lycéens restèrent silencieux. Non, définitivement personne ne connaissait de près ou de loin Rémi.
Le prof de sport soupira, et demanda au jeune garçon assis sur le banc des dispensés, d'aller voir dans quel état était le bouclé.
Anli traversa le terrain, évitant les balles, et se retrouva devant le vestiaire.
Il ouvrit doucement la porte, et des sanglots se firent entendre aux toilettes.
Il referma la porte des vestiaires, et toqua contre celle des WC.
Les pleurs s'arrêtèrent aussitôt.
« Rémi, c'est ça ? »
Aucune réponse.
« Est-ce que ça va ? »
Plus aucun bruit.
Anli s'apprêtant à redemander quelque chose, quand enfin il eut une réponse.
– Oui.
– Tu es sûr ?
– Tu peux retourner jouer.
– Je suis dispensé.
– Ah.
Le bouclé renifla.
– C'est qu'un jeu, faut pas trop prendre ça au sérieux.
Les poings de Rémi se serrèrent, s'apprêtant à lancer une remarque acerbe en guise de réponse, quand soudain.
« Anli ? »
Une autre voix.
– Vous avez fini le match ?
– Non, je venais juste voir comment ça se passait.
Des pas s'approchèrent des toilettes.
– Rémi ? Je ne sais pas si tu te rappelles de mon nom...Moi c'est Sylvain.
– Mmh...
grogna le bouclé.
– Usam, gardien, champion en moins de dix-huit.
– Ah oui. Sylvain...
– Tu sais qu'on est au lycée, les matchs sont moins bien, les joueurs moins motivés. Tu ne peux pas prendre ça au sérieux.
Rémi continua à grogner.
Mais ce foutu Sylvain avait raison.
– Tu peux ouvrir la porte ?
Rémi déverrouilla la serrure, et se remit assis au sol, les genoux repliés contre son torse en bouclier.
La poignée s'abaissa, et les visages inquiets de Sylvain, et de celui qui devait se prénommé Anli, apparurent par l'embrasure.
Anli disparu une seconde, et revint, tenant un paquet de mouchoirs.
– Tiens.
Rémi refusa de faire un geste.
Sylvain prit les mouchoirs de la main de son ami et les lança sur la tête du bouclé.
– Tiens, on t'a dit !
☁️
– Juste parce qu'elle ne t'as pas répondu ?
Rémi secoua la tête.
– Et tu ne trouves pas que tu t'emportes un peu vite ?
– Non.
– Bon...
Le terrain vide, ils étaient tous les trois autour des buts.
Anli s'amusait à les escalader, Sylvain était appuyé sur un poteau, jouant avec un ballon abandonné, et Rémi, à moitié allongé au sol, jouait avec les mailles du filet.
– Elle a peut-être aussi besoin de temps... Comment t'as dit qu'il s'appelait ?
– Victoire. Et je ne vois pas en quoi du temps pourrait lui servir...
– À réfléchir.
– À réfléchir à quoi ? Si je suis assez bien pour elle ? J'ai vraiment pas envie qu'elle réfléchisse à ça.
Il n'avait pas osé dire que cette Victoire était en fait un Vincent, il ne connaissait réellement ni Anli, ni Sylvain. Une peur de se faire juger avait repris le contrôle de son ventre.
– Pas forcément, mais... C'est sûrement juste pour remettre ses sentiments au clair.
– Mais c'est simple pourtant ! Je l'aime, et si elle m'a embrassé, c'est qu'elle est censée m'aimer aussi !
– Tout le monde ne prend pas les choses de la même manière. Peut-être qu'elle est stressée elle aussi.
– Alors elle va me quitter.
Sylvain soupira devant l'obstination maladive du bouclé.
– N'importe quoi.. Premièrement vous êtes même pas ensemble, et ensuite, tu sais quoi ? La meilleure chose à faire c'est que tu ailles, calmement lui demander toi même.
Ce fut au tour de Rémi de lâcher un long soupir.
– Je ferais ça.
☁️
« Quoi ?! »
Alors qu'ils attendaient Rémi pour partir manger, le bouclé arriva, se planta devant Vincent, et lui demanda sans même le saluer.
« Tu vas me quitter ? »
– Quoi ?!
Martin et Maxence étaient éberlués, et Vincent n'en croyait pas ses oreilles.
– Tu va me quitter ?
– Mais qu'est-ce que tu racontes ?
– Mon dernier appel. J'ai essayé de t'appeler et tu n'as pas répondu. Tu vas me quitter.
Aucun mot ne sortait de la bouche de Vincent, tellement il trouvait la situation incongrue.
Maxence s'interposa alors, pour calmer Rémi, mais n'eut pas le temps de prononcer un mot, que le petit châtain s'écria.
– Donc tu penses que parce que je n'ai pas répondu à ton appel, je vais te quitter ?! Et comment ça "te quitter" ? Ne plus être proche de toi ?? Mais tu délires complètement !!
– Non je ne délire pas ! Si tu voulais me quitter tu ne répondrai pas à mes appels. Alors c'est de la simple déduction !
– Mais t'es con ou quoi ?
– J'ai pleuré toute la nuit.
Se fut au tour du cœur de Vincent de se fendre en deux. Malgré la situation qui le dépassait totalement et qu'il trouvait totalement incongrue, l'idée d'avoir pu blesser le bouclé lui faisait mal.
– Mais pourquoi t'es comme ça ?.. Il y a deux jours tout allait très bien, et là tu crois que je vais te quitter parce que je n'ai pas répondu à un unique putain d'appel ? T'es bipolaire ou quoi ?!
C'était définitivement la phrase de trop.
Et Vincent s'en rendit compte devant le visage livide de Maxence, et celui complètement décomposé de Rémi.
– Rémi ?
Il tenta un pas vers lui, mais le bouclé s'enfuit aussitôt dans la rue.
Maxence lui lança un regard noir. Un regard qu'on n'aurait jamais cru voir un jour sur le visage de Max.
– Faut pas déconner avec ces choses là. Crétin.
Et le plus jeune prit la même route que Rémi, trottinant pour le rattraper.
Ne restait plus dans la rue, redevenue silencieuse, que Martin et Vincent.
– Qu'est-ce qui vient de se passer ?
Vincent était trop sous le choc pour pleurer.
– Je ne sais pas.
☁️
"Il m'abandonne, comme tous les autres. J'aurais dû m'en douter. J'aurais dû me méfier. Je ne le veux plus.
Enfin si.
Putain."
"J'ai toujours un vide à combler, et la pluie continue d'tomber"
🌧
"Et là...
Je savais que j'avais merdé. Mais je ne savais pas pourquoi.
En tout cas, pas encore.
Pourquoi personne ne me l'avait dit ?"
"J'ai toujours un manque à combler, et la cendre continue d'tomber"
🌧
– Ça va fiston ?
– Ça va.
À suivre...
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