13. L'anniversaire de Vincent


– Attends, mais c'est une... ?

– Oui, c'est une pizza !

Maxence, à l'autre bout de la pièce, explosa de rire.

– Te moque pas toi, le petit là-bas !

– Petit ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité !

Martin explorait l'appartement, Rémi semblait vouloir avaler la pizza d'une bouchée, et Maxence embêtait Vincent.
C'était déjà le bazar alors que les trois garçons venaient à peine d'arriver.

– Pourquoi une pizza ?

– Parce que ma mère a oublié le gâteau, et que de toute façon les pizzas c'est beaucoup mieux !

– Je confirme !
fit Rémi.

– Toi, tu touches à la pizza avant les autres, t'es mort !

– Je me demande bien comment tu vas me tuer, petit minimoys !

Vincent, pour garder un minimum de dignité, attrapa le premier objet qui lui tombait sous la main pour menacer Rémi, en l'occurrence l'énorme couteau de cuisine, beaucoup trop grand et dangereux pour couper une simple part de pizza.

– Wow ! Repose ça Vinc' !

– De toute façon, c'est pas la petite bête qui va manger la grosse.
lança Martin, qui s'était pris d'affection pour le petit chat Lardon.

Vincent et Rémi se jetèrent un regard suspendu dans le vide, juste avant que le châtain ne saute sur le plus grand pour l'assaillir de guilis.

Rémi était recroquevillé en boule par terre, riant presque à en pleurer, quand Maxence décida de lui venir en aide en attaquant Vincent à son tour.

– TAÏAUT !

Ce cri de guerre, suivit des nombreux rires fit fuir Lardon hors de la pièce, et Martin vexé, rejoignit la bataille à son tour.

Il attaqua Maxence, qui au moindre contact, se recroquevilla au sol, ne contrôlant plus son fou rire.

Rémi était toujours allongé contre le parquet, reprenant son souffle et fixant le plafond, quand une tête aux cheveux châtains entra dans son champ de vision.

– Ça va ?

– Tu m'as tué.

– C'est de ta faute. Il ne fallait pas provoquer la colère du maître des guilis.

Rémi pouffa de rire devant le visage beaucoup trop sérieux de son ami.

– Tu sais comment j'ai envie de t'appeler ?

– Non ?

Le bouclé sourit sournoisement,

– Petite châtaigne.

– Quoi ?!

Rémi se tordit de rire alors que Vincent, se rapprochait de lui, visiblement offensé.

– Parce que t'es châtain. Châtain, châtaigne...

– Oui, c'est bon Rém', j'ai compris !

– Je trouve que ça te va bien.

Les sourcils de Vincent se froncèrent, humilié et dépité, au dessus du bouclé qui se retenait encore de rire.

– Rémi... T'es un homme mort !
s'exclama le plus petit en reprenant soudainement ses guilis, sous les suppliques  inutiles de son ami.

☁️

Pour n'importe quel autre adolescent de son âge, cet anniversaire aurait été vraiment banal, et limite ennuyant. Mais pour Vincent, c'était le meilleur anniversaire qu'il avait fêté de toute sa vie.

Les quatre garçons avaient passés l'après-midi à jouer aux jeux-vidéos, et une bonne ambiance avait régné toute la journée.

« Joyeux anniversaire ! »
chantonnèrent-ils en chuchotant.

Martin apportait le plat sur lequel trônait la pizza, couronnée d'une grande bougie qui éclatait en petits pétards.

« Joyeux anniversaire !
Joyeux anniversaire Vincent !
Joyeux anniversaire ! »

Le châtain, ému contre toute attente, jeta un regard à la scène devant lui.
Ses trois amis, faiblement éclairés par la bougie et leurs téléphones en mode lampe torche, lui souriaient tendrement.

– Fais un vœu.
lui intima Rémi.

La bougie fanait à une vitesse folle. Vincent eut quelques secondes de réflexion, avant de souffler sur la flamme... sans grand résultat.
Il retentit l'expérience, sans plus de réussite, sous les rires légèrement moqueurs de Martin et Rémi.

– Tu veux de l'aide ?

Vincent soufflait de toutes ses forces, sans réussir à l'éteindre, et c'est seulement quand l'étincelle s'estompa d'elle même, qu'il s'arrêta.

– Mon vœu ne sera pas exaucé.

– Tu veux qu'on trouve une autre bougie ?
demanda Maxence.

– Non c'est bon, j'ai pas quatre ans !

S'il faisait aussi sombre, et si depuis tout à l'heure, les quatre garçons chuchotaient, c'était à cause de l'heure, et des parents de Vincent qui dormaient dans la chambre voisine.

La petite bande, trop absorbée dans les jeux-vidéos, n'avait pas vu les heures défiler, et se retrouvait à 3 heures 44 du matin, à vraiment fêter l'anniversaire de Vincent.

– Tiens !
lui sourit Maxence en lui tendant un paquet joliment entouré d'un papier cadeau bleu décoré d'étoiles blanches.

– Max, apprend moi à faire des papiers cadeaux comme les tiens !
s'exclama Martin, en se prosternant devant le plus jeune.

– Moi aussi Max !
fit Rémi en l'imitant.

– Une fois qu'on a la technique c'est super simple, les gars !

Vincent déchira sans vergogne le papier, sous les regards affligés de Rémi et Martin, vraiment trop impressionnés par un simple emballage.

À l'intérieur se trouvait deux paires de chaussettes, l'une avec des t-rex, et l'autre avec plusieurs Saturne.

Il leva les yeux vers Maxence qui commençait à s'inquiéter de ne pas le voir réagir.

– Dobby est libre ! Le maître a donné des chaussettes à Dobby !

Les quatre garçons explosèrent de rire, et Vincent vint faire une accolade à Maxence.

– Je les adore, merci beaucoup Max !

Ce fut au tour du cadeau de Martin, et quelle ne fut pas la surprise de Vincent quand...

– Une enceinte ?! Mais t'es dingue ! Merci beaucoup !

– Bon, très honnêtement, elle était à moi. Mais je dois bien avoir une dizaine d'enceinte comme celle-là chez moi. Comme pour toute ma famille je suis, "le musicien" ils m'offrent une nouvelle enceinte à tous les Noëls.

– Ah d'accord donc je suis ta poubelle en fait ?
rigola Vincent.

– Non regarde, je t'ai offert la rouge. Tu m'as dit que t'aimais bien le rouge.

Vincent lui fit une accolade à lui aussi, alors qu'ils riaient tous les deux.

Ce fut au tour de Rémi, qui lui passa un petit paquet jaune qui avait étrangement la forme et la taille d'un livre.

– C'est quoi ?
demanda Vincent en secouant légèrement la boite.

– Ouvre le.
lui répondit le bouclé avec un léger sourire.

Vincent fit durer quelque instant le suspens en déchirant tout doucement le papier.

À l'intérieur se trouvait un DVD.

– Singin' in the rain.
lut Vincent avec un sourire.

Il regarda Rémi qui attendait impatiemment une réaction de sa part, sûrement inquiet que ça ne lui plaise pas.

Pour toute réponse, Vincent s'approcha de lui et fondit dans ses bras.

– Merci.

– J'étais pas sûr parce que, aujourd'hui il n'y a pas grand monde qui regarde des DVDs, mais tu vois, je trouvais ça symbolique que tu ai l'objet. Après si t'en veux pas je comprends, enfin... Tu peux toujours l'échanger tu sais, j'ai gardé le ticket de caisse, mais... je...
J'aimerais vraiment que tu le gardes.

Vincent cala son visage contre la nuque du plus grand.

– Bien sûr que je vais le garder. Merci. C'est le meilleur cadeau que tu pouvais me faire.

Ils s'étreignirent encore un petit instant, avant de s'éloigner des bras de l'autre.

– Non, ça je ne suis pas sûr. Si je t'avais offert des vacances à Ibiza, ou une fusée pour aller dans l'espace, ça aurait été carrément mieux comme cadeau !

Vincent soupira, étouffant un petit rire.

– Mais toi alors...

– Quoi ?

– Viens là.

Le châtain replongea contre le torse et dans les bras de Rémi.
Décidément, ce dernier était vraiment trop mignon pour son bien.

– Pourquoi tu me reprends dans tes bras Vincent ?

– Tu doutes trop de toi, bien sûr que je l'aime ton cadeau.

– Il est banal.

– Mais c'est toi qui me l'offre, tu comprends ça. C'est toi qui le rend génial. C'est parce que c'est toi.

Rémi le serra plus fort.

– Je vais rougir.

Vincent ricana.

– Moi aussi.

Il se séparèrent, pour de bon cette fois, et se rendirent soudainement compte que Martin et Maxence avaient délaissés la pièce.

– Viens on va les chercher.

La lumière de la cuisine était allumée.
Et ils y retrouvèrent leurs deux acolytes en pleine dégustation de la pizza d'anniversaire.

– Enculés ! Vous ne nous avez même pas attendu !

La bouche pleine, Maxence leur répondit.

– Vous n'en finissiez plus de votre câlin, et on avait oublié le couteau ici, alors on est revenu.

Les deux nouveaux arrivants prirent chacun une part, qu'ils engloutirent.

– Par contre, une seule pizza pour quatre c'est pas assez, on va avoir hyper faim.

Vincent se dirigea vers le frigo dans lequel il fourra le nez.

– Il n'y a rien du tout... Ça vous dis qu'on se fasse des pâtes plutôt ?

Ses trois invités levèrent le pouce en l'air, et Vincent commença à faire bouillir de l'eau.

☁️

Depuis deux bonnes heures, les pieds nus du châtain avaient quittés le carrelage froid de sa cuisine, et s'étaient réfugiés au chaud sous les couvertures de son lit.

Leurs assiettes de pâtes en mains, la petite bande était gentiment repartie dans la chambre de Vincent, et ils avaient décidé de lancer un film qui les avait au final, tous désintéressé.

Maxence s'était endormi, et serrait contre son ventre un bout de la couverture. Sa tête reposait sur l'épaule de Martin, qui jouait à un jeu sur son téléphone, tout en écoutant d'une oreille distraite les conversations de Vincent et Rémi.

La nuit les langues se délits, et les trois garçons encore réveillés parlèrent longuement.

– Non, mais tu vois... Je comprends pas pourquoi les poules...

– Et les coqs !

– Et les coqs ! Merci Rémi. Je ne vois pas pourquoi les poules et les coqs ne sont pas considérés comme des vrais animaux de compagnie !

– Bah... Si. Tu peux en avoir.
répondit Martin.

– Ouais, non, mais, animaux de compagnie à part entière, je veux dire, genre, comme un chat ou un chien...

– Comme Lardon !

– Voilà ! Merci Rémi.

Martin soupira.

– Parce que les coqs et les poules c'est moche, les gars. Puis c'est pas doux, c'est pas vraiment affectueux, j'en sais rien moi.

– Ouais mais tu vois, les perroquets c'est pas doux, les rats, c'est moche. Et pourtant ils sont aux dessus des poules et des coqs.

– On va faire une manif.
bailla Rémi.

Sous la couverture, sa jambe se frottait légèrement contre celle de Vincent dans de douces intervalles.
Il aimait fort ce petit contact, mais soupçonnait son châtain de ne même pas l'avoir remarqué.

Alors que ses deux amis continuaient leurs débats sur les animaux, Rémi ferma les yeux, une seconde...
Ou peut-être un peu plus...

Non, il ne s'endormirait pas.

Il était totalement réveillé.

Il...

Il...

...

À suivre...

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