23. Photo d'un chaton tagueur
J'arrive à un hélicoptère de l'OCM, bien décidé à poursuivre le scénario, cette fois-ci (je parle de moi, bien sûr, pas de l'hélicoptère, occupé à nous attendre). Suivi par le yaourt, Otton, ainsi que Gruk, je m'installe alors dans le cockpit.
« Nous voici parés à décoller. Maintenant... »
Je lève un sourcil. À l'extérieur, lenoup se rapproche de nous ; j'active plusieurs boutons.
« Hum, on décolle. »
Le yaourt attache sa ceinture, mais Otton prend l'initiative saugrenue d'ouvrir la porte pour discuter avec le loup.
« Messire loup, je vous croyais parti. Que nous vaut l'honneur de votre retour ? Et qui donc se trouve être votre charmant compagnon ? »
Je jette un regard discret.
« Je m'appelle Grymm_.
— Enchanté, messire lapin. »
Je continue d'essayer de faire décoller l'appareil tandis que Grymm_ reprend le maladroit paladin afin de lui expliquer son authentique, et irréfutable, nature de chaton. Afin d'éviter tout malentendu et quiproquo ultérieurs, je ne manquerai d'ailleurs moi-même pas d'ajouter une photo dudit chaton en média de ce segment.
« Mais montez donc. » propose Otton.
Je soupire. À force d'appuyer au hasard sur les divers boutons du tableau de bord, je viens à peine de réussir à mettre en route les moteurs (ainsi, par hasard, que la climatisation et l'autoradio)
« Euh, ça ne vous dérange pas, j'espère ? me demande enfin le paladin. Ces pauvres hères ont fait un long voyage pour arriver jusqu'à vous et ce moyen de transport apparait quand même bien plus pratique pour rentrer. Qui plus est, il semblerait qu'ils aient aussi des informations à vous transmettre... »
Je crains le pire. Sans doute ferais-je mieux de les faire sortir, juste avant de décoller en vitesse.
Ah non, l'appareil vient de décoller, c'est donc un peu trop tard.
Écoutons-donc ce qu'ils ont à dire pour leur défense...
« J'ai eu une idée fantastique ! s'enthousiasme lenoup. Un tag ! »
Je me demande si le fait de le jeter par-dessus bord pourrait être source d'éventuelles critiques parfaitement injustifiées. En plus, nous survolons un océan gelé, avec un peu de malchance, il pourrait même survivre.
L'appareil fait une embardée, nous nous retrouvons sur le dos, puis, après quelques acrobaties erratiques, revenons à une position plus commune.
« Euuh, s'inquiète Grymm_, tu sais piloter au moins ?
— Pas le moins du monde.
— Au secours, je veux sortir d'ici ! » panique lenoup.
Même si, dans mon immense mansuétude, je voudrais bien accéder à sa requête, je ne me souviens plus comment ouvrir les portes de l'appareil. Paniqué, le loup se tourne vers les autres occupants.
« Mais comment faites-vous pour rester aussi calmes ?
— Je prie le Monstre Spaghetti Volant, répond Otton. Puisse-t-il prendre nos âmes en pitié, dans son infinie miséricorde, et vous faire accéder à Son Paradis Céleste. Qui plus est, avec la fibre gratuite, de préférence. Râmen.
— Gruk.
— Je suis un yaourt. » répond le yaourt.
Je note, donc : être un yaourt permet de...
« Arrête de noter et dirige plutôt cet appareil ! » me réprimande le loup.
Je rattrape le manche, l'hélicoptère fait un tonneau, fonce vers un iceberg, se redresse.
« Aaah, on va tous mourir !
— C'est une inaltérable vérité, reprend Otton, avec, pour seule inconnue, la date. Ou, plutôt, l'heure, actuellement.
— Je suis un yaourt.
— Pourquoi suis-je revenu dans cette histoire, déjà ? » se lamente le loup.
Grymm_ toussote.
« Nous ne sommes pas ici par hasard. Médusa nous a envoyé rechercher JBSchrottenloher, je rappelle.
— Médusa ? C'est qui, déjà ? »
Son passage prolongé dans la glace n'a sans doute pas été du meilleur effet pour sa mémoire.
« La numéro 2 de l'OCM, après JBSchrottenloher. La gorgone magicienne, tu te souviens ?
— Ah oui, la mission ! reprend-t-il. Nous étions censés venir te chercher.
— Hum, ça expliquerait au moins comment vous avez fait pour me retrouver. Mais quel rapport avec ce yaourt ?
— Je suis un yaourt.
— Euh, je ne sais pas, reprend Grymm_. Mais nous avons croisé beaucoup de yaourts, en venant par ici. À force d'errer dans ces contrées glacées, l'un d'eux a sans doute fini par te trouver. À moins qu'il ne nous ait suivis ?
— Je suis un yaourt.
— Bon, peu importe. Il faut donc que tu ailles dans la résidence de Médusa, au Liechtenstein.
— C'est quoi, le Liechtenstein ? Ça se mange ? » demande Otton.
Je préfère lui répondre, de même qu'à un éventuel lecteur un peu perdu.
« C'est un pays d'Europe, situé entre la Suisse et l'Autriche. C'est vraiment urgent, sinon ? Ou on peut y aller après le rendez-vous des yaourts ?
— Je suis un yaourt.
— Déjà, que me veut Médusa ? Elle ne peut pas s'adresser à moi, je veux dire, l'autre moi ?
— Ahem, la situation est un peu compliquée. Elle te l'expliquera sans doute mieux en personne.
— Il me m'est rien arrivé, au moins, j'espère ?
— Je n'en sais pas beaucoup plus. Cette mission était plutôt secrète et officieuse, je crois que, même toi, tu n'étais pas au courant. »
Je soupire.
« Bon, on va peut-être déjà s'occuper du yaourt, par ordre d'arrivée. Après, on rejoindra Médusa et je verrai ce qu'elle veut.
— Et pour faire passer le temps du trajet, nous pouvons te taguer ! » s'enthousiasme lenoup.
Il n'y a pas de siège éjectable, sur cet appareil ?
« Comme c'est la fin de l'année, autant faire un bilan, poursuit le loup. Donc, tout d'abord, quelques mots pour la qualifier ?
— Pas encore terminée.
— Heu.
— Bah oui, c'est un peu étrange de faire le bilan de quelque chose qui n'est même pas terminé, non ? Je ne vais pas répondre que c'était une année excellente, par exemple, alors que, si ça se trouve, demain, la Terre pourrait être détruite par une invasion de spatiomoules.
— Heu, question suivante, alors, jusqu'ici, quel a été ton plus beau moment de l'année ?
— Lorsque j'ai découvert que j'étais en réalité le chef de l'OCM et que je pouvais faire apparaître des cookies à volonté.
— Et ton moins bon moment ?
— Lorsque vous êtes venu me taguer, alors que je m'étais réfugié au plus profond des glaces canadiennes.
— Euh, vraiment ?
— Bon, j'exagère un peu, il y a eu pire : la grande guerre des tags, en partie responsable de mon exil à l'extrême nord du Québec.
— Quelle idée de venir ici, quand même, bougonne Grymm_.
— Tu peux nous raconter ? demande lenoup.
— Au prochain segment, peut-être, finissons-en d'abord avec ce tag.
— Euh, d'accord, alors, quelle a été ta plus grande fierté ?
— Le résultat des Wattys. En même temps, vous auriez pu le deviner.
— Le meilleur livre que tu as lu ?
— J'ai le droit de citer les miens ?
— Et le moins bon ?
— Pas un des miens, alors.
— Hum, quel a été le meilleur film que tu as vu ?
— La bande annonce de Nolim, par ChristopheNolim. »
Tous deux me dévisagent avec incrédulité.
« Ce n'est pas exactement ce que je voulais dire, remarque lenoup.
— Regardez donc plutôt ce trailer : comment rester insensible face au génie d'une telle œuvre ? (D'autant que je ne suis même pas payé pour en faire la pub, c'est dire)
https://youtu.be/2z4M1hDdZ4I
« Et, en guise de bonus, la version (encore plus) humoristique :
https://youtu.be/ea6JlAHuTfY
« Ça compte quand même, donc ; question suivante.
— Heu, quelles sont tes résolutions pour 2018 ?
— Heu, terminer enfin cet arc narratif avec Rodolphe-Albert et ses légumes, peut-être ? Il traîne depuis le premier segment de cette Antibiographie, a été vaincu par Gudule et ChristopheNolim durant mes six mois d'absence, et j'ai cru comprendre qu'il essayait encore de s'emparer du monde ?
« Pareil pour le nom de Z..., en fait, il faudrait peut-être finir ça un jour. Et trouver un Snark, aussi, éventuellement...
— Euh, soit, et qu'attends-tu ou espères-tu de l'année à venir ? »
Je reste pensif quelques secondes avant de répondre.
« Des cookies. »
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