PA - 12/02, après le sinistre

Il y a une boite. Quoiqu'elle est beaucoup trop grande et forgée pour être une simple boite, c'est donc un coffre. Un grand coffre ancien, comme les coffres aux trésors des histoires d'enfance. Ce coffre trépigne et souffle de manière irrégulière, tentant, tant bien que mal de garder son précieux contenu, de ne pas laisser s'ouvrir la boite de Pandore. C'est un vieux coffre, caché dans le coeur depuis plus de 10 ans maintenant.

Il n'y a pas toujours eu de coffre. Au début, il n'y avait rien. Puis, S s'est rendu compte qu'il fallait faire quelque chose si on voulait préserver la paix intérieur de C. S est déterminé à protéger C, qu'elle le sache ou non. C a une vie difficile, confronté à une mère toxique, des amis qui n'en sont pas et des camarades de classe à l'affut de la moindre occasion de la rabaisser. C est convaincue qu'elle doit toujours rester forte, elle le sait, elle n'a pas vraiment le choix. Elle se doit de protéger son frère, elle se doit d'être là et de soutenir sa meilleure amie, si faible elle. C ne laisse pas de place à sa propre faiblesse, qu'elle le veuille ou non. D'ailleurs C ne pleure plus, C n'aime plus, C n'espère plus. Quelque part, C est brisée mais elle ne le sait pas. S est là pour ça. C'est S qui a eu l'idée du coffre, au début, C ne l'avait même pas remarqué. Dans le coffre, S cachait tout ce qui pouvait faire du mal à C, tous les souvenirs blessant ou traumatisant, mais aussi tous les objets de sa colère ou de sa peine. S surveille C sans même qu'elle ne le sache. Depuis l'enfance de C, S est toujours là, derrière elle. Parfois, S envoie des messages à C, des messages pleins d'images et de couleur pour aider C à comprendre ce qui lui arrive, ce qu'elle ressent ou tout simplement pour l'obliger à se confronter au contenu du coffre. Parfois, ces messages sont claires et bon enfant, d'autres fois, il la font rêver d'aventure et d'escapade. Pourtant, il arrive aussi que ces messages soient des alertes lancer par S afin de prévenir C.

Avant, C ne savait pas pour le coffre, elle ne savait pas que si elle ne souffrait pas c'était parce qu'on lui dérobait sa peine. Elle s'inquiétait de ne rien ressentir, elle a même inventé une expression : le « cailloustisme ». Alors S, petit à petit, a commencé à laisser le coffre s'ouvrir. Il rangeait moins bien les souvenirs. C se retrouva avec pleins d'émotions qu'elle ne savait gérer, pour la première fois depuis longtemps, C pleura. Elle pleura et elle eu peur. Elle n'avait jamais pleuré, habituée à ce que la peine et la douleur disparaissent toutes seules. Elle s'était même interdit de pleurer, c'est les faibles qui pleurent. Aujourd'hui, S semble avoir disparu. C se plaignait de ne rien ressentir, elle regrette maintenant. Il s'est passé quelque chose. Beaucoup de choses en même temps. S ne répond plus à l'appel, le coffre est entre-ouvert et C ne sait plus quoi faire. Trop d'émotion en même temps, les vieilles habitudes ayant disparues elle ne sait plus quoi faire, comme agir, que ressentir. C a pleuré aujourd'hui, encore une fois. Elle a pleuré, alors qu'elle s'était promis de ne jamais pleurer. Qu'est-ce qui se passe ? Elle reçoit toujours les messages de S, mais ils sont de plus en plus violent et cru. Elle ne peut se cacher, ne sait quoi faire.

C'est un appel à l'aide de la Conscience qui ne sait plus quoi faire maintenant qu'elle n'a plus le Subconscient pour la protéger d'elle-même et de ses émotions.