4. la frontière
Combien d'heures avaient-ils marché ce jour-là ? Puis combien de jours, jusqu'à apercevoir tel un mirage les barbelés s'élevant par delà les arbres puis les herbes sauvages ? Le temps leur paraissait lui aussi être un mirage, un concept qui n'avait plus vraiment sa place ici. A moins qu'en réalité il ne devenait le seul concept ayant une réelle importance ? Ils n'en savaient rien. Qui était encore sûr de quoi que ce soit, après tout ?
Ils s'abritèrent sous les ombres de la forêt, fixant le barbelé et le défilé régulier des soldats dans un silence religieux jusqu'à ce que la voix de Jimin ne murmure presque aussi imperceptible que le bruit du doux souffle du vent.
"Ok... Maintenant qu'on y est, vous comptez faire comment pour passer en diplomatie ? Vous vous avancez les bras bien en l'air en gueulant " Nous avons un médecin!" ?
— C'est à peu près le plan.", confirma Jin.
"Attends qu- Ils ont pas un portail où on peut se présenter ou un truc comme ça ?!", s'inquiéta Namjoon.
"Probablement... Mais vous tenez à longer la frontière durant des jours jusqu'à trouver ce foutu passage ?"
Jimin soupira alors que Namjoon hocha la tête de gauche à droite. Un sourire triste se dessina alors sur les lèvres du plus vieux qui posa sur l'épaule de Jimin une main rassurante.
"Alors prenons la nuit pour observer leur comportement, au cas où le plan devrait changer. Et demain, on y va."
Le bruit des animaux autour d'eux les stressaient. Le bruit des semelles de ces hommes marchant du côté Nord de l'imposant barbelé leurs rappelaient celui des zombies. Il était juste plus marqué, plus franc. Eux osaient à peine bouger, comme si même respirer les mettait en danger. Leurs voix ne faisaient que susurrer, et leurs yeux ne quittaient pas une seconde les défilés chronométrés derrière la frontière.
"Il y a plus de surveillance qu'en temps normal..", leur confia Jin du bout des lèvres alors que de larges spots lumineux balayaient la zone d'est en ouest à la recherche d'intrus.
Le temps leur paraissait s'écouler paisiblement, jusqu'à discerner des silhouettes qui s'avançaient du sud, lentement.
Ils crurent d'abord à des zombies, jusqu'au moment où ils discernèrent des chuchotements dans ce petit groupe qui s'approchait, encore et encore, jusqu'à passer à leur niveau sans les apercevoir, puis jusqu'aux lumières mobiles à la recherche de leur proie. Namjoon retenait son souffle. Le groupe leva les mains et s'arrêta face au grillage.
"Bonsoir!", tenta d'interpeller une femme dans le groupe. "Nous demandons refuge !"
Un instant en suspens. L'espoir que son message soit entendu. Puis comme des étincelles qui aveuglèrent leurs yeux maintenant trop habitués à l'obscurité, et le groupe s'écroula, ne laissant debout qu'un enfant, caché dans le dos d'un homme maintenant à terre.
Était-ce la culpabilité d'avoir laissé une vie si jeune s'éteindre devant lui quelques jours plus tôt qui continuait à ronger son esprit et qui activa maintenant l'adrénaline dans les jambes de Jimin? Il n'en savait rien. Pourtant il bondit, franchissant la vingtaine de mètres qui les séparaient de lui.
Il était presque à son niveau lorsque les étincelles fusèrent à nouveau. Il se stoppa net, à la limite de la lumière projetée, et regarda un corps de plus s'affaisser et rejoindre ses compagnons à terre. Une force le jeta en arrière. Des bras puissants l'enlacèrent : des bras qu'il aurait pu reconnaître parmi mille. Mais il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qu'il ne pouvait sauver personne en ce monde. Lui qui avait voulu s'en convaincre depuis le début, cette fois l'enchaînement de ces deux événements dramatiques lui montrait les choses d'une manière bien plus cruelle qu'il ne l'aurait voulu. Si cruelle et dure que ses yeux commencèrent à pétiller sous l'émotion et sa gorge se serrer. Un premier tressautement et sanglot retenu dans son corps, et la main de Jin se plaqua contre sa bouche.
Il sentait le mouvement du corps de Jin dans son dos, comme un doux balancier, comme un bercement. Ces mouvements, puis sa voix qui murmura à son oreille.
"Il n'y avait rien à faire, Jimin... Rien... Ne t'en veux pas... C'est ce monde qui est comme ça."
Il ferma les yeux et acquiesça en silence, incapable de parler.
C'était ce monde qui était comme ça, oui. Il le savait.
Lorsque Jimin se réveilla, il se rendit compte que le reste de la nuit avait été un trou noir dans sa mémoire. Il s'était probablement endormi de fatigue dans les bras du plus âgé, car il avait été allongé et couvert d'un drap.
Il ne reconnut pas l'endroit d'où ils avaient observé la frontière durant le premier quart de la nuit, probablement Jin et Namjoon avaient-ils décidé de reculer après tout ça, histoire de ne pas être les prochains à être ciblés par les spots lumineux des soldats. Il referma les yeux, simulant son sommeil alors que les voix des deux autres murmuraient plus loin.
"On fait quoi du coup..? Ils ont pas l'air ouverts à la discussion. On tente de passer en force ?
— Il reste quelque chose à tenter... essayer de leur parler sans qu'ils puissent nous voir.
— Genre gueuler en restant cachés ? Ils comprendront d'où viennent nos voix, Jin. C'est peine perdue.
— Sauf si nos voix ne viennent pas d'un seul et unique endroit...
— On se sépare ?
— Yep.
— Et si ça échoue ?
— Alors on aura un choix, est-ce qu'on tente le diable ou pas..."
Cette conversation n'avait rien de spéciale, juste un plan. Alors Jimin se redressa, étirant ses membres.
"Il faudrait faire quoi exactement pour faire que nos voix viennent d'endroit différents ? Il y a un texte à apprendre ? J'avais toujours rêvé de faire du théâtre."
La nuit tomba à nouveau sur la frontière. Les trois étaient postés à 30 mètres les uns des autres, le ventre à peu près rempli grâce à une conserve de maïs. Leurs postes avaient été choisis avec soin par le militaire pour leur permettre de reculer en restant à couverts : c'était là la seule sécurité qu'ils pouvaient s'accorder. Ça, et le fait qu'ils restaient de toute façon légèrement en retrait dans la forêt, ce qui signifiait devoir crier plus fort... et potentiellement attirer les zombies. Si le plan échouait ils devraient partir sur le champ à l'intérieur des terres du sud. Le cœur de Jimin palpitait d'excitation et d'angoisse dans sa poitrine. Ils attendaient patiemment le signal de Jin, les premiers mots, pour prendre le relais. Ils avaient passé la journée à s'entraîner pour créer un enchaînement fluide, risible, certes, mais au moins efficace. Des soldats arrivèrent enfin à proximité et les premiers mots résonnèrent.
"NOUS AVONS UN SCIENTIFIQUE ET UN ÉCHANTILLON DU TRAITEMENT INITIAL.PERMETTEZ-NOUS DE L'ÉTUDIER DANS VOS INFRASTRUCTURES, S'IL VOUS PLAÎT!!.", enchaînèrent mot à mot leurs trois voix, quitte à probablement avoir l'air ridicules.
Un silence. Les soldats se regardèrent, aussi perdus que perplexes. Puis les puissantes lumières s'activèrent, les cherchant sans bruit. Pourquoi ne disaient-ils rien ? Pourquoi ne répondaient-ils pas ? Quelques dizaines de secondes, puis un soldat s'approcha.
" MONTREZ-VOUS!
— EST-CE QUE VOUS ACCEPTEZ UN DIALOGUE ?
— ... OUI ! MONTREZ-VOUS !"
Jimin hésita. Dans le noir il ne pouvait pas voir la réaction de ses deux compagnons. Puis il aperçut la silhouette de Jin bouger, s'avancer.
Il allait faire de même quand un jet d'étincelles brilla instantanément.
Un cri perça l'air : celui de Jin. Alors Jimin bondit en dehors de sa cachette, courant avec cette grâce qui lui était propre vers son aîné. Mais aussi silencieuse sa course fut-elle, des éclats s'abattaient sur le sol dans son sillage.
Son esprit n'était que chaos, mais il refusait de rebrousser chemin à l'abri de la forêt bordant la frontière. Il était focalisé sur Jin, jusqu'à ce qu'il le voit ramper sur le sol, le visage grimaçant. Il passa ses bras sous ses épaules et le tira de toutes ses forces en arrière alors que les étincelles mortelles s'approchaient à nouveau d'eux. Une douleur dans l'épaule. Pourtant Jimin n'arrêta pas, repoussant leurs corps jusqu'à ce que le paysage sombre à nouveau dans la noirceur et le silence de la nuit. Haletant, le plus jeune n'osait prononcer un mot.
Il ignora ce liquide chaud qui coulait depuis son épaule et passa ses mains sur le corps de son compagnon, se préparant mentalement à sentir son sang sous ses doigts. Il n'attendait que ça, l'effleurant en quête de ses blessures, le souffle court.
"Jimin-ah..."
La voix de Jin, si faible, si douloureuse. Jimin se pencha sur lui, cachant son visage dans son cou.
"Ne parles pas...
— Il faut qu'on recule... pour me soigner.... Il faut qu'on s'en aille...
— T-tu peux marcher..?
— ... Avec ton épaule... peut-être..."
Son épaule. Jimin grimaça intérieurement et posa sa main inconsciemment sur sa propre blessure. Son regard erra dans la forêt à la recherche de Namjoon, mais le médecin était introuvable. Tout était immobile, pour le moment du moins, car ils savaient que leurs cris devaient avoir été entendus de certaines créatures qu'ils préféraient éviter, surtout dans ces circonstances.
Il soupira : Jin avait raison, ils devaient absolument s'éloigner. Il prit le bras de son aîné et le posa sur son épaule valide, faisant de son mieux pour le hisser et marcher. Les mètres lui paraissaient infranchissables peu à peu que ses propres forces s'amenuisaient. Mais il devait tout ignorer et continuer de poser ses pieds à terre, un à un, lentement... Un bruit. Le sifflement d'un souffle putride à quelques mètres d'eux.
"C'est vraiment pas le moment, s'il te plait... pars... pars..." pria-t-il intérieurement alors que la silhouette se déplaçait au loin dans des bruits grotesques.
Mais était-ce parce qu'il ne croyait pas à Dieu que sa prière ne fut pas entendue ? Car la créature resta figée dans l'obscurité, attentive à leur piste lorsque Jin poussa un bref gémissement plaintif. Jimin se raidit, car instantanément, ce que l'on appelait maintenant "mort-vivant" s'approchait d'eux sans plus aucun doute.
Il relâcha Jin qui tomba dans un gémissement plaintif, et chercha intuitivement son couteau à sa ceinture, mais il n'était pas là. Ils avaient laissé leurs armes derrière eux si jamais les gardes de la frontières acceptaient leur plan et les fouillaient. Quelle idée de merde.
Le zombie accélérait, et Jimin s'avança, décidé à en découdre avec la seule chose qu'il lui restait : ses poings.
Il se mit à courir, se donnant de l'élan, et écrasa son poing de toutes ses forces dans la mâchoire qui se désarticula, la laissant pendouillant, tout comme sa langue qui tirait davantage dans les bruns et vert que du rose des êtres bien portants. Dégueulasse.
Mais il ne laissa pas le temps à cette sensation d'accaparer plus longtemps son esprit. Il fallait qu'il l'achève. Confiant qu'il ne pouvait maintenant plus le mordre, il le chargea, le plaquant au sol sous le poids de son corps. Ses doigts se fermèrent, formant à nouveau un poing impitoyable qui s'abattit encore et encore contre la boîte crânienne qui pliait sous l'effet de la putréfaction. Des parties de la cervelle, en étrange bon état, dégoulinaient des quelques fissures que Jimin tentaient de faire céder sauvagement.
En dessous de lui, le zombie continuait de se débattre, les bras agités dans tous les sens comme des fouets rigides.
Un coup de plus. Deux coups. Trois. Cinq.
Jimin n'arrêtait pas malgré son épaule qui lui donnait la sensation de se briser de l'intérieur, mais subitement, une douleur plus aiguë lança sa cuisse. Il ne prit pas la peine d'y jeter un coup d'œil, continuant de réduire en bouillie sanguinaire la cervelle de la créature, jusqu'à ce que finalement elle cesse de bouger.
Il sentait son corps trembler sous l'adrénaline lorsqu'il rejoint Jin, les vêtements et le visage teinté d'un sang brun presque noir, un sang qui avait cessé de s'oxygéner il y a de ça quelques semaines déjà.
"Jimin ! Jin !", cria timidement une voix au loin.
"Ici ..!", répondit en retour la voix cassée de Jin.
Du bruit. Ils faisaient trop de bruit. Jimin se retournait si vivement, aux aguets, qu'il ressemblait à un junkie sous cocaïne, pourtant il n'en était rien, il avait juste peur.
"Oh mon dieu...", fit Namjoon d'une voix basse en arrivant à leur niveau, découvrant le visage de Jimin, peint du sang presque noir du rôdeur.
"Ne bouge surtout pas, laisse moi nettoyer ça... Il ne faut surtout pas que quoi que ce soit qui proviennent de lui n'entre en contact avec tes muqueuses ou ton sang...
— P-Pourquoi..?
— Mon hypothèse principale concernant la contamination est celle de la rencontre entre un fluide contaminé, celui du zombie, et un fluide sain...
— Ce n'est pas par les morsures..?", s'inquiéta Jin qui était maintenant aussi pâle que du muguet.
— Pas la morsure en elle-même : la rencontre entre leur salive et le sang de la victime. C'est pour ça qu'ils mordent... Et là... Son sang est trop proche des lèvres de Jimin. L'inverse pourrait être possible. Il... Il faut vraiment qu'on nettoie ça bien..."
Sauf que le matériel était encore à une centaine de mètres d'ici. Alors Namjoon fit ce qu'il y avait de plus rudimentaire, passant sa manche sur le visage de Jimin, le frottant encore et encore, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de marques apparentes près de ses orifices.
"On se dépêche de rentrer au camp, tu as interdiction de toucher son visage, de passer ta langue sur tes lèvres ou quoi que ce soit, tu m'as bien compris ?
— Oui mais... Jin..."
Le médecin lança alors un regard au plus âgé, allongé, visiblement en très mauvais état. Il jura une insulte que nul n'entendit avant de déchirer le bas de son pantalon, faisant un garrot au niveau de ses cuisses.
"Pour l'instant je ne peux pas mieux faire. On a pas le temps.
— Oui... Allons-y..."
Alors que Namjoon avançait en soutenant le militaire, il chouinait encore entre ses dents. C'était un fiasco. Un putain de fisaco. Ils n'auraient jamais dû s'approcher de la frontière.
Ils mirent 15 minutes à rejoindre l'emplacement où était encore éparpillé leurs quelques affaires. Il installa Jin, l'adossant à un tronc et alluma rapidement une lampe de poche, confiant que les soldats du Nord ne chercheraient pas à franchir les barbelés pour les suivre. Il observa scrupuleusement les blessures qui ornaient ses jambes et soupira.
"On dirait que leurs foutus étincelles sont quand même des armes à feu. Ils ont dû les étudier pour qu'elles ne fassent pas de bruit... Cela dit, maintenant que tu as le garrot, je préfère m'occuper de Jimin en premier, si tu es d'accord.
— Oui, fais-le...", murmura simplement Jin avant de fermer les yeux.
Alors le médecin ouvrit son sac et mit des gants en latex, puis sortit des cotons qu'il humidifia dans un liquide puant l'alcool si fort que Jimin retroussa son nez de dégoût. Pourtant il se laissa faire alors que les cotons s'enchainaient sur sa peau.
"J'ai la tête qui tourne...
— C'est à cause de la vapeur de l'alcool.... Du moins je l'espère."
Son visage semblait maintenant parfaitement propre et il lui semblait peu probable que les fluides puissent être entrés en contact. Pourtant les gouttes de sueur froide commençant à perler sur le front du plus jeune inquiétèrent le médecin. Est-ce qu'il avait manqué quelque chose ? Il passa avec précaution la lampe le long du corps de Jimin, mais il ne comprenait pas. Il n'y avait rien.
"Est-ce que tu t'es blessé quelque part durant ton face à face avec le zombie ?
— J'sais pas.... Mon épaule... à la frontière...
— Reste avec moi, Jimin !", ordonna-t-il maintenant en claquant sa joue avant d'inspecter ses épaules.
C'est là qu'il vit l'évidence qu'il avait ignorée à cause de la présence de trop de liquide sombre déjà sur lui : le sang de Jimin qui dévalait d'une petite plaie semblable à celles de Jin. Et immédiatement, le médecin paniqua.
"Je te déshabille.", le prévint-il sans même prendre le temps d'articuler, joignant immédiatement le geste à la parole jusqu'à faire frissonner la peau nue du torse de Jimin.
Il observa les nuances de pourpre des minutes durant, si tendu que même Jin avait ouvert un œil et les regardait avec inquiétude, se mordant la lèvre. Puis le verdict.
" ... Je crois que c'est bon... le sang du zombie n'est pas entré dans ta plaie...
— Et le reste de son sang..? C'est pas grave s'il a pu entrer en contact avec la partie qui était sur ses vêtements et que... ça ait... fait un pont... avec la plaie, hein?
— Non... Je ne pense pas que ça ait pu utiliser ce 'pont' comme tu l'appelles... Enfin j'espère...
— Tu espères beaucoup de choses pour un médecin...", fit cette fois Jin avec une pointe de menace dans la voix.
"On ignore encore trop de choses sur eux pour que je puisse affirmer quoi que ce soit avec certitude."
Lâchant l'affaire, Jin se contenta d'observer les mains du médecin nettoyer la plaie avec le plus grand des soins, soulagé de le voir accorder autant de soin au plus jeune. Il ne semblait pas avoir perdu beaucoup de sang, alors pourquoi ses yeux se voilaient-ils de ce déroutant voile gris? Quelque chose n'allait pas. Pourtant le travail de Namjoon était maintenant terminé et à l'écouter, tout semblait ok. Il l'observa forcer Jimin à boire de l'eau, autant qu'il en supportait, puis il l'entendit murmurer une excuse avant de passer une corde autour des poignets fins du plus jeune.
"Qu'est-ce que tu fais?!", s'exclama Jin.
"C'est... juste au cas où..."
Il n'eut pas besoin de finir sa phrase. Il avait compris.
Alors il ne trouva pas la force de protester lorsqu'un tissu s'inséra entre les dents de son compagnon, mais son cœur se fendit lorsqu'il le vit ainsi, et plus encore lorsque son esprit erra à imaginer le pire scénario possible. Puis Namjoon prit deux seringues. De l'une, il tira un peu de sang au plus jeune, qu'il mit précieusement dans un flacon avant de le ranger. Puis de l'autre, il inséra un produit dans son corps, et en quelques secondes à peine, Jimin dormait.
"Pourquoi..?", demanda simplement Jin.
" Parce que je veux lui éviter la douleur de devoir récupérer la balle dans son épaule et... il a besoin de repos... toi aussi. Si tu l'acceptes, je peux te faire la même chose. Ce n'est pas un mélange violent.
— Hors de question... Je veux pouvoir veiller... sur lui... Enfin, vous...
— Ne sois pas idiot. Qu'est-ce que tu pourrais faire de toute façon?
— Ce n'est pas une question de pouvoir, c'est une question de vouloir."
Namjoon haussa les épaules. Le militaire pouvait être entêté lorsqu'il le voulait. Le plus jeune aussi, d'ailleurs.
Il aseptisa sa pince et commença à écarter les chairs de Jimin jusqu'à obtenir la balle. Mais ce n'était pas du plomb : elle était transparente, réfléchissant la lumière de la petite lampe de poche.
"Du verre.
— Pourquoi..?
— Qui sait..? Pouvoir mieux discerner la couleur du sang de leur victime ? En tout cas on sait maintenant que ce n'était pas des étincelles, ce n'était que le reflet des spots sur la surface des balles de verre projetées."
Lorsqu'il eut terminé l'extraction, il nettoya une nouvelle fois, y mettant une compresse, puis s'occupa des jambes de Jin. Elles s'étaient enfoncées jusque dans ses muscles, mais hormis ça, rien de grave à déplorer.
Extraire une balle d'un individu endormi était une chose : en extraire une dizaine d'un homme éveillé qui n'avait le droit de crier sous aucun prétexte en était une autre, et la nuit avait déjà bien avancée lorsque l'opération prit fin, les laissant tous deux exténués. Le projet de se déplacer immédiatement était tombé à l'eau. Mais pour cette fois, le médecin se proposa pour monter la garde, laissant à Jin le luxe de fermer les yeux jusqu'au lever du soleil.
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