27. la déception apporte la rancœur
Effectivement, ils n'étaient plus très loin. Vingt minutes de route supplémentaire et les voilà qui étaient arrivés à cet endroit que Jimin avait maintenant l'impression de si bien connaître. Le parking était désert. Pas une seule voiture en vue alors qu'il était encore le petit matin. C'était l'espoir qui gonfla Jimin alors qu'ils prirent tout de même les précautions de garer la voiture à l'abri des regards.
Ils s'avancèrent à couverts, et bien que Jimin dû rappeler à son compagnon quelle usine était celle qu'ils avaient repérés, leur progression fut rapide, sans gêne, jusqu'à la porte principale.
"Je vais faire le tour.", murmura Jimin avant que l'autre n'acquiesce.
Mais il avait beau passer sa tête par l'ouverture des fenêtres, il ne voyait pas âme qui vive. Aucun corps debout, aucun mouvement esquissé. Tout comme le parking l'avait laissé présagé, l'usine était vide. Alors Jimin courut à nouveau jusqu'à Jin.
"On peut y aller, j'ai rien vu.
— Parfait! Porte principale, c'est bon?
— Une entrée digne de Princes.", confirma Jimin avant de se redresser complètement et tendre sa main à l'ex-militaire pour l'aider à se relever.
La large porte grinça sous la pression de leurs mains. Et eux, qui s'apprêtaient à entrer fiers et le torse bombé, ne purent s'empêcher de se plier, leurs avant-bras pressés contre leurs nez. L'odeur était nauséabonde, comme une bouillie fermentée, enfermée dans cet espace pourtant large.
"C'est quoi cette merde..?!", pesta Jin alors que Jimin avait sa petite idée et grimpa sur la mezzanine où leur combat inégal avec les quelques Purgateurs avait eu lieu.
Les corps étaient là, tel qu'ils avaient été laissés, ou presque. La décomposition les avait attaqué avec violence malgré les températures hivernales. Sûrement le soleil frappant à travers les vitres n'y avait pas été totalement innocent.
"... Ils n'ont même pas enterré leurs morts et sont partis... Pourquoi..?
— Perso je ne vais pas trop me poser la question de pourquoi. On devrait juste être satisfaits qu'ils l'aient fait, on va pouvoir récupérer un générateur, c'est tout ce qui compte."
Certes. Pourtant Jimin doutait que ce soit " tout ce qui comptait". Le départ précipité l'inquiétait. Il n'arrivait pas à y voir autre chose qu'un excès de zèle dans le projet de vengeance. Jungkook et les deux autres allaient-ils bien..?
"... On devrait aller au point de contrôle pour voir s'ils ne sont pas dans de mauvais draps...", murmura Jimin, incertain de vouloir que Jin l'entende.
Pourtant le militaire bascula sa tête de gauche à droite.
"Ils ont fait leur choix quand ils sont partis. On devrait les laisser suivre leur propre voie jusqu'au bout.
— Ils sont peut-être en danger, Jin !!!
— Ils savaient ce qui les attendait ! Nous, en revanche, si on y va, on sait pas dans quoi on s'embarque ! Alors c'est non! En plus seul ou avec moi, ça n'empêchera rien si ce n'est précipiter notre mort à nous, si eux sont vraiment en danger. Alors oublis. S'il leur est arrivé quelque chose, il est déjà trop tard... Prenons un générateur et rentrons.
Après un instant d'hésitation, Jimin acquiesça. Mais, même si leurs efforts colossaux pour soulever la bête lui faisait se vider la tête, une partie de lui s'énervait de sa décision d'écouter Jin. Comme si les mouvements de son menton, du bas en haut, avaient été faits sans son consentement.
Leurs bras tremblaient sous l'effort, leurs doigts dérapaient, saignaient, s'écorchaient, les forçant à prendre des pauses tous les vingt centimètres. S'ils en avaient déjà bavé à quatre, et mieux équipés, cette fois-ci était une catastrophe.
"Stop. On y arrivera pas, on est même pas encore engagés dans les escaliers qu'on en eut plus, c'est déjà un miracle qu'on ait réussi à le soulever...
— Justement, on a réussi à le soulever et on a tout notre temps, alors...
— Ça ne vaut pas le coup. Pas juste pour phaser sur comment s'en sortent les autres pays, ou pour regarder avec nostalgie une vidéo sur Youtube.
— Et télécharger des musiques..?
— ... Ca, un peu plus déjà. Mais même. Tu te rends bien compte... On y arrivera pas. Tu as voulu qu'on test, c'est ce qu'on a fait.
— On peut y arriver, avec un peu de temps...
— Si tout est une question de temps, on en perdrait moins à aller voir comment les autres vont...
— Jimin. Soit ils vont bien, soit c'est trop tard. Dans tous les cas on ne peut rien y faire, on en a déjà discuté, alors... Arrête de te torturer avec ça...
— Est-ce trop demandé que de vouloir au moins savoir ..?
— ... Aide moi avec le générateur, me lâche pas, et je te promet qu'on ira voir... Ok ?
— ... Ok."
Mais charger le générateur, à ce stade, ne prenait pas juste quelques heures de plus. Les pauses obligatoires, les obligèrent à rester des jours sur place, s'écorchant la peau, poussant leurs muscles dans leurs retranchements, et Jimin ne pouvait s'empêcher de dire que tous ces efforts n'en valaient pas la peine.
Pourtant c'est bien trois jours plus tard que la voiture se tassa plus près de la route, délestée de sa banquette arrière mais accommodée du poids du générateur.
Leurs ventres gargouillaient alors que le moteur vrombissait, en direction du point de contrôle ferroviaire. Les snacks n'avaient pas tenu les trois jours, et ils s'étaient retenus d'aller chasser un animal et de devoir allumer un feu pour le cuir, de peur d'attirer l'attention.
Et environ une heure plus tard, le véhicule s'immobilisa à un kilomètre de la maison. Jin soupira avant de regarder son compagnon.
"On va juste voir. On est bien d'accord ?"
Silencieusement, le brun acquiesça, et avec soin, ils refermèrent les portes.
Ils s'enfoncèrent dans la forêt qui bordait le côté inverse à la voie ferrée et progressèrent sans un mot, aux aguets, attentifs et prêts à voir un Purgateur d'un moment à l'autre. Pourtant il n'y avait rien. Rien, à part le piaillement timide des oiseaux et l'odeur si particulière de l'humus, relevée par l'humidité ambiante.
Quinze minutes plus tard, le toit de la maison était visible entre les arbres, et la clôture à piques gargouillait de nouveaux zombies fraîchement embrochés.
"J'ai pas l'impression qu'ils soient pris d'assaut ou quoi que ce soit... On n'a croisé personne...
— Peut-être que c'est fini... Peut-être qu'ils ont besoin d'aide à l'intérieur...
— Ou que les Purgateurs sont eux-mêmes à l'intérieur, alors arrêtons ici.
— On est venu pour en avoir le cœur net, Jin. Moi, en tout cas, c'est pour ça que je suis ici."
Alors qu'il n'était plus qu'à une dizaine de mètres de la clôture, il entendait les voix paisibles de deux jeunes hommes, discutant probablement dans la cour.
Il ne lui fallut qu'une seconde pour reconnaître le timbre de la voix et Jungkook et l'odeur particulière des Winstons qu'il fumait. Son cœur se serra, et un sourire triste et soulagé se dessina sur ses lèvres. Ils allaient bien, et les Purgateurs ne semblaient plus être dans la région.
Il aurait pu aller les voir, leur demander de revenir à Uiseong car les Purgateurs ne semblaient plus être une menace. Il aurait pu confronter Jungkook et lui demander ce qu'il ressentait pour lui, quelle était la part de vérité dans le récit qu'on lui avait narré, et quelle part de ses sentiments était réelle.
Son cœur en mourrait d'envie, mais sa raison le paralysait : la meilleure à chose était de simplement l'oublier. Reprendre sa vie, le laisser ici, sans un mot, juste heureux qu'il soit sain et sauf.
Simplement donner toutes ses chances dans ce nouveau départ avec Jin.
"Allons-y.", murmura-t-il du bout des lèvres en se redressant, suivi de près par Jin.
Ce jour-là, ils étaient rentrés directement à Uiseong, bravant la noirceur de la nuit et ses dangers, encouragés par leurs estomacs suppliants. Ils avaient fêtés le succès de leur mission en ouvrant une bouteille de vin rouge bon marché et s'en étaient abreuvés d'une, puis de deux, trois... Jusqu'à ce que leurs oreilles ne soient rouge à leur tour, que leurs joues ne soient brûlantes et leurs esprits légers.
Ils avaient eu le droit à la fête de Blue et aux réprimandes des deux autres pour avoir été plus longs que prévu. Mais qu'importe, maintenant tous souriaient et tous discutaient avec ardeur. [...]
Jimin posa sa paume sur le mur, prenant appuis pour avancer sans risquer de mettre un pied de travers. Il n'avait plus avalé une goutte d'alcool depuis l'épidémie, tout comme ses compagnons, et les effets n'en étaient que plus présents. Il ne rêvait que d'une chose : s'allonger dans son lit, et espérer que ça ne tourne pas trop... Une clope aurait été la bienvenue, aussi, mais il savait par expérience que fumer maintenant ne lui rendrait pas service. Alors oui, juste s'allonger, c'était plutôt une bonne idée.
Il eut l'impression que son pied heurta quelque chose et vit une silhouette poilue s'écarter de deux pas, le regardant avec surprise et détresse.
"... P-Pardon, Blue... Reste pas dans mes pattes, nounouille...."
Il eut l'impression que la chienne venait de lui répondre lorsqu'elle sortit sa grande langue toute rose avant de le fixer. Encore un fantasme de son esprit saoul, probablement.
Et alors qu'il reprit son avancée laborieuse, il se sentit soudain poussé contre le mur sur lequel il s'appuyait. La dernière vision qu'il eut avant de fermer les yeux sous la pression de lèvres contre les siennes fut des mèches brunes.
Jin... Jungkook.... Une part de lui voulait se convaincre que c'était le plus jeune, l'autre part connaissait la réalité et ce qu'était la raison. Mais était-ce de la folie de céder et prétendre, juste cette fois ?
Il n'était pas en état de peser le pour et le contre. Ses cuisses s'écartèrent pour laisser à son partenaire la place de se caler contre lui, blotissant leurs bassins et ventres l'un contre l'autre et laissant leurs lèvres et langues se cajoler.
Son idée de se coucher s'envola derrière le brouillard de son esprit, car c'était Jungkook qu'il imaginait entre ses jambes, Jungkook qui le plaquait si fermement contre ce mur et l'embrassait avec tant de passion.
On le tirait dans la chambre, on le déshabillait, embrassait sa peau et chaque recoin de son corps qui avait pourtant du mal à saisir toute la subtilité de chaque geste.
Ce qu'il ressentait, c'était seulement Jungkook dans ses reins, venant, repartant, le faisant gémir. Il ne voulait pas qu'il accélère, il ne voulait que le ressentir au plus profond en lui. Peut-être pourrait-il alors remonter jusqu'à son cœur et réparer ses torts ?
Alors ils ondulaient comme deux amants le feraient, sans se presser pars la fin du monde, sans se soucier de quoi que ce soit. Jungkook se pencha alors sur lui et l'embrassa à nouveau, lui offrant sa langue, la collant à la sienne, léchant ses lèvres.
Puis son visage entier, avec une insistance étrange.
"Stop...", gémit-il.
Mais la sensation ne s'arrêta pas, bien au contraire.
Et lorsqu'il ouvrit ses yeux, Blue se tenait devant lui, lui léchant la frimousse comme un gamin lécherait une sucette avec avidité. Le soleil lui faisait plisser les yeux, et avec peine, il se redressa. Un vertige, une sensation brouillon dans son crâne, l'obligea à grimacer et porter sa main sur son visage.
Le toutou, visiblement satisfait de son éveil, sauta sur le lit, reprenant ses léchouilles, la queue battante de joie, l'agressant de tout son amour.
"Doucement..."
Il soupira. Alors tout ça n'était qu'un rêve ? Evidemment que ça en était un. L'inverse aurait été surprenant.
Mais alors qu'il dégagea les draps de ses jambes pour se lever, après une lutte acharnée contre la chienne en quête de câlins, il vit ses jambes nues, son intimité nue. La théorie du simple rêve venait de s'en aller aussi rapidement qu'elle était venue.
Jin? Il n'aurait la réponse qu'en demandant.
Alors il enfila ses vêtements, titubant encore, galérant à passer ses jambes dans les trous de son pantalon, puis marcha lentement jusque dans la pièce où Namjoon avait prit l'habitude de passer ses matinées, et où tout le monde s'y retrouvait, souvent sans sa propre compagnie, d'ailleurs.
" Salut...", marmonna-t-il nonchalamment avant de se rendre compte que seulement deux de ses compères étaient présents, et que Namjoon, loin d'être penché sur un microscope comme à son habitude, était au bord de la fenêtre, poches sous les yeux et mine grimaçante.
C'est Taehyung qui étira un sourire joueur qui lui allait si bien au teint, particulièrement sous ce rayon de soleil matinal qui traversait les vitres.
"Et bah... C'est le moment où jamais d'étudier les zombies aujourd'hui, si on veut des cobayes on aura pas à aller chercher bien loin, vu vos tronches...
— ... Et comment ça se fait que toi t'es l'air en forme vu ce qu'on a descendu hier soir..?
— J'ai peut-être été plus raisonnable que vous... Ou alors peut-être que j'ai un passé de débauche qui a habitué mon corps plus que vous..? Qui sait !
— Une vie de débauche ? Vu celle que j'avais et comment mon corps a oublié l'alcool en quelques mois, tu devais être un véritable alcoolique...", tenta Jimin avant que son propre rire ne résonne désagréablement dans son crâne. " Aoutch..."
" Assieds toi, je vais te chercher un remède miracle.
— Ça existe ça..?
— Bien sûr! De l'eau et un doliprane !"
Jimin regarda son compagnon s'éloigner et s'assit près du médecin en piteux état. Son regard erra avec inconfort sur le visage de son vis à vis, sur le paysage par delà la vitre, et les équipements de recherches dans la pièce.
" Hm... Jin n'est pas avec vous..? Il dort encore ?
— Il bricole en bas, de ce que j'ai compris... La radio militaire qu'il traîne depuis qu'il avait été à Séoul...Elle s'est cassée à force d'être transportée, alors il-
— C'est bon, j'ai compris. Arrête de parler, j'ai l'impression que t'es en souffrance à chaque mot.", se moqua-t-il gentiment avant de tendre la main à Taehyung qui venait de revenir avec ce qui - il espérait - allait le soulager.
Il s'était accordé trente minutes avec ses deux compagnons et un siège avant de descendre au rez-de-chaussée, une cigarette coincée entre ses lèvres en prévision de son envie montante.
Le soleil était plus tamisé dans cette partie du bâtiment. Les fenêtres étaient sales, si poussiéreuses et pleines de sang séchés, en plus des morceaux de bois qui avaient commencé à être mis de travers par les premiers survivants pour renforcer, que Jimin aurait mis au défis quiconque de réussir à jouer aux mimes avec un des joueurs de l'autre côté des vitres. Un concept intéressant qui mériterait d'être creusé.
Le sol n'était pas en meilleur état. Même s'ils avaient pris le temps de foutre dehors le nombre incalculable de cadavres, zombifiés ou non, lui aussi était plein de sang séché, de terre. Le mobilier complètement cassé était encore témoin du chaos qui avait jadis dû exister en ces lieux, et se répandant maintenant sur le sol. Un autre jeu serait peut-être de jouer à 1,2,3 soleil en devant seulement poser son pied sur le sol. Oui, c'était une bonne idée.
Alors qu'il allumait sa cigarette, profitant du calme et de l'ambiance apaisante offerte par les particules de poussières qui flottaient, illuminées par le soleil, un bruit sourd le fit sursauter. Il plissa les yeux et entre-aperçu un zombie qui se cognait la tête contre l'une des vitres. Cela faisait un bout de temps qu'il n'en avait plus vu dans Uiseong... pas "vivant" en tout cas.
Il fronça les sourcils et activa à nouveau son briquet avant d'inhaler la fumée de la première bouffée.
Un bruit métallique attira alors son attention dans l'aile droite. Il s'avança parmi les décombres, de son pas de chat habituel, puis s'immobilisa à l'angle d'une porte.
Jin était là, en débardeur blanc, quoi que plutôt marron, maintenant, penché sur un appareil que Jimin avait déjà vu, un tournevis dans une main, l'autre posée sur le coin d'une table vascillante sur lequel il avait posé la radio.
Le militaire semblait concentré, sourcils froncés, et des perles de sueur illuminaient sa peau. Il était vrai que le bâtiment avait cette faculté incroyable de se réchauffer très rapidement dès qu'un rayon de soleil avait le plaisir de s'aventurer sur les nombreuses fenêtres.
Jimin s'appuya contre le mur, l'observant sans bruit. Jin traficotait l'appareil, râlait parfois, mais jamais ne détournait les yeux.
Le plus jeune quant à lui, fixait peut-être un peu trop les muscles de ses bras qui se contractaient à chaque mouvement, aussi léger était-il. Il faut dire que vu l'hiver qu'ils s'étaient tapés, il ne l'avait jamais observé en manches courtes.
Les minutes passaient devant cette vision.
Sexy.
Puis Jin se redressa et risqua un regard en sa direction.
"Oh, j'ai fait un bruit qui a trahi ma présence..?", demanda Jimin en étirant un sourire séducteur, le genre de sourire qu'il n'avait pas tiré depuis sa rencontre avec Jungkook.
"Non. Je me disais simplement qu'il y avait une odeur désagréable.
— Ah...", fit-il alors en se dépêchant de finir sa cigarette avant de s'approcher.
Était-ce le fait que Jin soit presque distant, à ne pas lui accorder de l'attention, à ne pas le regarder, qui donnait excitant tant Jimin? Il n'en avait aucune idée, mais il le trouvait plus "hot" que jamais.
Il s'assit sur la table qui vacilla sous ses fesses. Peut-être que ça n'était pas l'idée du siècle, mais après tout, elle avait l'air de tenir. Pourtant loin de l'accueillir avec tendresse, Jin grogna.
"Tu fais bouger la table, lève toi...
— Ou peut-être que tu pourrais faire une pause dans ton-
— Certainement pas ! Lève-toi."
Jimin le regarda un instant, sans comprendre sa réaction. N'aurait-il pas dû être heureux de ce moment à deux ? N'était-ce pas ce qu'il cherchait depuis quelques temps déjà ?
Dubitatif, Jimin se leva néanmoins et s'approcha des vitres.
"Tu trouves pas ça bizarre qu'il y ait à nouveau des zombies?
— Ils ont dû suivre le bruit de la voiture quand on est revenu."
Il lui avait répondu, mais il ne l'avait pas regardé pour autant. Ce comportement commençait à froisser Jimin.
"Tu t'es levé du pied gauche, ce matin ou quoi?
— Au contraire. J'ai pris une bonne résolution."
Sur ces mots, le militaire se redressa et le regarda enfin. Mais ces yeux étaient loin d'être doux ou rassurants.
"Toi et moi, c'est fini."
Jimin fronça des sourcils. Et préféra réfléchir quelques secondes avant de répliquer.
"Pourquoi ce changement soudain d'avis, toi qui disait vouloir te battre pour qu'on-
— Parce que j'ai réalisé que ça servait à rien. A ce stade, c'était comme donner mon consentement à ce que tu te foutes constamment de ma gueule.
— Hein..? Je n'ai jamais-
— Tu ne te souviens pas d'hier soir..? Bien sûr que non, tu ne t'en souviens pas...
— Alors explique moi?
— J'ai voulu te raccompagner jusqu'à ta chambre, on avait passé une bonne soirée, je me disais qu'elle pouvait continuer un peu, en profitant de l'euphorie. Et tu n'avais pas l'air contre..."
Jimin se remémora quelques bribes flou de souvenirs de cette nuit, ou plutôt des maigres émotions qu'il avait pu ressentir, qui l'aidait à se rappeler de la progression de son songe.
"Et donc?
— Je t'ai ramené dans ton lit, on a commencé à rentrer dans le vif du sujet... Sauf qu'il a fallu que tu ruines tout. T'as prononcé le nom de l'autre, et sincèrement je ne me suis jamais senti aussi insulté.
— ... Excuse-moi, Jin. Mais j'étais bourré, tu peux pas-
— Justement, c'est quand on est bourré qu'on est plus à même de dire exactement ce qu'on pense, de faire exactement ce qu'on veut. Bref, tu as été honnête, et ça m'a permis d'ouvrir les yeux une bonne fois pour toute. Je ne me battais pas pour une cause perdue.
— .... Si c'est ce que tu ressens... D'accord...
— Laisse-moi me concentrer, maintenant."
Jimin acquiesça, doucement, déçu. Au moment de franchir l'endroit où se tenait une porte qui n'avait plus qu'un gond, il se retourna, le fixa avec tristesse, puis rassembla son courage.
"Est-ce que tu me déteste, maintenant ?
— J'en sais rien, Jimin. Te détester... C'est beaucoup... Mais je préfère te blâmer, toi, pour m'avoir fait perdre mon temps et m'attacher inutilement à toi, plutôt que de me remettre moi, et mes choix, en question. Alors... peut-être que je te déteste un peu.
— Je vois.", fit-il simplement avant de s'en aller.
Cette matinée-là, Jimin s'était contenté de remonter à l'étage, sans un mot, de prendre la naginata et sortir, histoire de faire le ménage des nouveaux arrivants dans les rues. Histoire de ne pas croiser Jin.
Il avait cru pouvoir aimer deux hommes mais ça n'avait été qu'un merdier depuis le début. Une vaste blague, une vaste histoire de déception. Et tout comme il détestait Jungkook maintenant, autant qu'il pouvait encore l'aimer, il comprenait les sentiments de Jin à son égard.
Oui, la déception apporte de la rancœur. Plus elle est grande, plus elle se rapproche de la haine, c'était du moins la conclusion à laquelle Jimin était parvenu. Jungkook y était-il aussi sujet ? Il aurait été curieux de le savoir.
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