12. le chemin de fer

Le petit groupe marchait sans dire un mot le long des rails, Blue en tête comme à son habitude. Sa queue battait joyeusement l'air, et les sacs commençaient à se faire lourds sur le dos des garçons. Ils avaient marché toute la matinée depuis le lever du soleil. Leurs respirations créaient des nuages de fumée devant leurs bouches et, de temps à autre, on pouvait entendre Taehyung gémir tant le froid était présent. Le ciel s'était rapidement voilé, et tous priaient pour ne pas subir la pluie.

Puis Blue s'arrêta, fixant quelque chose près du chemin de fer, puis s'approcha au petit trot, commençant à renifler.

"Qu'est-ce que c'est ?", demanda Namjoon.

Et sans pouvoir encore lui répondre, Jin devança les autres et s'approcha de la chienne. Il s'agenouilla et ses sourcils se froncèrent aussitôt.

"Un nouveau corps.
— Comment ça, nouveau ? Comment ça, corps ?", s'inquiéta Namjoon en s'avançant à son tour.

Devant eux, une jeune femme qui commençait à peine à être rongée par les vers, une expression terrifiée gravée sur son visage pour l'éternité.

"Peut-être qu'elle s'était transformée en zombie et quelqu'un l'a tuée..?, tenta Taehyung, incertain.
"Ça m'étonnerait...", commença Namjoon en enfilant des gants en plastique.
"Pourquoi?
— Parce qu'on ne tue pas des rôdeurs en les égorgeant, aux dernières nouvelles.", fit le médecin en pointant une trace saillante au niveau de sa gorge.

Il commença à la manipuler avec précaution, regardant attentivement son crâne, puis son corps de manière de plus circonspecte.

"Aucune marque au niveau de la tête. Aucune trace de morsure. Elle a été tuée en tant qu'humaine, par un autre humain. Et c'est assez frais... Il y a peut-être quatre ou cinq jours...
— ... Donc potentiellement, il y a un autre groupe dans le coin... Qui n'hésite pas à tuer... Pourquoi?
— Aucune idée... Mais il va falloir être sur nos gardes. Rencontrer d'autres survivants peut-être aussi dangereux que bénéfique... et personnellement je me méfierai de ceux qui ont assez de malveillance pour tuer de la sorte."

Il n'y avait pas de débat sur ce point. L'aventure du village des hérétiques les avaient rendus bien plus méfiants qu'ils ne devraient l'être, et ce n'était certainement pas Jimin qui allait vouloir organiser une nouvelle rencontre avec des humains.

Le problème est que plus ils avançaient plus ils découvraient des corps, à différents stades de décomposition. Et parmi eux seulement deux zombies.

"On devrait quitter les rails... Ça ne me dit rien qui vaille.
— Oui, mais si on les quitte, alors on perd notre route toute tracée. On est quatre, ça ira.", tenta Namjoon.
"... J'aime vraiment pas ça...
— Okay, et que diriez-vous de s'en éloigner, au moins quelques temps?", proposa Jin. "Et demain, Namjoon reste en sécurité au camp avec moi, et toi et Taehyung vous rôder dans le coin sans aller directement sur les rails, et vous regarder si vous voyez du mouvement."

Une fois la tente installée, Jimin laissa son arc et prit la naginata. Il s'éloigna d'une vingtaine de mètres et commença à le faire tourbillonner autour de lui dans des mouvements souples et précis.

"Tu es bien plus doué avec ton fichu bâton qu'avec un arc, au final."

Le brun s'interrompit et regarda avec douceur dans la direction de la voix. Jin était là, le regardant presque rêveur, le chien à ses pieds.

"C'est un chouette cadeau que tu m'as fais... que ce soit le bâton ou cette maudite lame...
— Assemblés ensemble avec amour.", plaisanta Jin avant de s'approcher et poser ses mains sur les hanches du plus jeune.

" Avec amour, hein?", ricana Jimin en plantant ses yeux dans ceux de l'aîné.

Et timidement, les lèvres de Jin se posèrent brièvement sur les siennes avant de déposer un baiser dans son cou.

"Demain, soit très prudent. Toi et Taehyung, restés bien ensemble.
— S'il y a un mec qui s'amuse à tuer dans le coin, il n'aura aucune chance. Cette arme assemblée avec amour, elle lui coupera un bras au moindre faux mouvement.
— C'est pour ça que j'ai concédé à ce que tu y ailles. Namjoon doit rester notre priorité, mais si c'était au prix de t'exposer à un danger trop grand, j'aurai jamais proposé ça. Je te fais confiance. Alors reviens moi entier.
— Inquiète-toi plutôt pour Taehyung...
— Pourquoi m'inquiéter pour lui? Tu le protégeras, n'est-ce pas ?
— ... Évidemment."

Alors le militaire sourit, passa ses bras sous les fesses du plus jeune et le leva contre lui. Il sourit face au réflexe immédiat de Jimin, de l'entourer de ses jambes et pencher son visage sur lui.

"Ils pourraient nous voir...", murmura le brun, laissant leurs nez se toucher.
" Ca alors, ça serait franchement pas de bol...", fit Jin avant de rompre l'écart de leurs lèvres.

Lorsque le lendemain matin le soleil avait à peine commencer à monter dans le ciel blanc, les deux plus jeunes s'étaient mis en route. Ils marchaient à une bonne centaine de mètres de la voie ferrée, sur les conseils de Jin. Mais ils ne voyaient rien, ne trouvaient rien, et alors que le soleil continuait sa course dans le ciel, Jimin se crispait et grinçait des dents.

"Ils sont mignons mais c'est juste impossible de se faire une meilleure idée en restant si loin ! Viens, on se rapproche.
— Mais Jin a dit q-
— On s'en fou, Tae! Notre mission c'est d'évaluer le danger. Tu crois qu'on y arrive, là? Tu comptes leur dire quoi, au camp, si on revient sans rien savoir de plus ?
— C'est pas grave de rentrer bredouille, la sécurité d'abord !
— On risque rien, on a de quoi se défendre, aller viens !
— Non!"

Cette fois ils s'immobilisèrent et le brun se retourna vers son nouveau compagnon, un regard cinglant qu'il planta sur lui.

"Alors rentre.
— Seul?!
— C'est ça, ou tu m'accompagnes sur les rails.
— ... J'sais pas si t'es au courant mais c'est grâce à moi que t'es encore envie maintenant. T'as pas le droit de me demander de mettre la mienne en danger.
— Ecoute... Le danger est mesuré. On est armés, on a même la meilleure arme possible.
— Et si eux ont des armes à feu?!
— T'as déjà vu une arme à feu égorger ses victimes ? Aller, fais pas ta mauviette.
— Je suis vraiment désolé... Mais non. Et puisque ça à l'air impossible de te convaincre, jette toi seul dans la gueule du loup. Je préfère aller affronter des potentiels rôdeurs. Bye.
— C'est ça!"

Jimin grogna et commença à avancer, seul, Blue le suivant de près. Après une vingtaine de mètres, l'amertume de la culpabilité et du regret s'aventura sur sa langue et il grimaça avant de se retourner. Taehyung n'était plus là. Il resta un moment à scruter en sa direction sans rien apercevoir, puis soupira. Il serra son poing et recommença à avancer vers le chemin de fer, bien décidé à prouver à l'autre qu'il avait raison, et bien décidé à pouvoir leur dire si oui ou non le cul de ce pauvre médecin serait en danger sur ce chemin.

Il avança des heures durant et l'astre brillant indiquait qu'il était maintenant en début d'après-midi. Tout était calme, presque trop calme. Les champs à l'abandon d'un côté, une haie sauvage de l'autre, et devant lui, ce chemin de ferraille qui semblait continuer tout droit jusqu'à l'horizon. Il n'y avait même pas une once de vent, seulement des bouts de coton dans cette peinture bleue qu'était le ciel.

Il s'arrêta un instant et inspira un grand coup, emplissant ses poumons de l'air frais de l'hiver. Les seules fois où il avait été seul en extérieur étaient lorsqu'ils étaient encore dans la forêt. La plaine, ce champ de vision si vaste, si plat, si dégagé, lui donnait l'impression d'être enfin libre. Il avait envie de rester ici pour toujours, à contempler ce paysage si calme, à profiter des quelques rayons du soleil sur sa peau.

Et il resta effectivement, mais son désir d'éternité ne se résuma qu'à quelques minutes durant lesquelles il profita avant de reprendre sa marche. Une nouvelle heure s'écoula sans difficulté, jusqu'à ce que la chienne ne le devance, s'élançant vers une bâtisse abandonnée, très probablement un ancien point de contrôle ferroviaire.

Il la siffla, encore et encore, sans qu'elle ne daigne ni ralentir ni se retourner, s'engouffrant dans le bâtiment gris. Jimin la poursuivit jusqu'à être devant une porte en bois qui donnait directement sur les rails. Il hésita devant l'aspect sinistre de la construction. Sa toiture, sur laquelle il manquait plusieurs ardoises verdies par le temps laissait à penser qu'elle était à l'abandon avant même l'épidémie. Alors pourquoi son putain de chien entrerait-il sans l'écouter à l'intérieur ? C'était l'appréhension qui faisait maintenant cogner son cœur plus fort dans sa poitrine.

Il attrapa la naginata accroché sur son dos, et entra à son tour. Il était hors de question de laisser Blue ici.

Son cœur se serrait un peu plus à chaque pas qu'il faisait, faisant craquer le vieux plancher en bois. L'intérieur était sombre, les volets avaient visiblement étés laissés fermés, mais une odeur particulière flottait dans l'air : parmi celle de l'humidité et du bois, voguait celle de viande et de fumée. Ce putain de chien ne l'avait pas écouté pour une histoire de viande ?

Jimin laissa cette misérable trahison dans un coin de sa tête alors qu'il fit un nouveau pas, finalement plus alarmé par la potentiel présence d'humains en ces lieux, et très franchement, il ne savait pas s'il préférait qu'ils se présentent maintenant, ou s'il devait les trancher par surprise pour libérer la voie. Un léger puit de lumière était visible en haut d'un vieil escalier en bois, donnant sur une porte entrouverte qui laissait passer un peu de clarté.

Il hésita à le gravir, inquiet du son que produirait chacune de ces marches. Puis il se résigna, si quelqu'un était là, de toute façon, il l'aurait déjà entendu s'avancer sur ce plancher miteux. Alors il inspira et continua, tapit dans l'angle mort de la porte. Chacun de ses pas était léger, à tâtons, et c'est presque avec surprise qu'il parvint derrière la porte sans l'avoir fait grincer. Il entendit alors une respiration qui n'avait rien à voir avec celle frénétique de la chienne.

Alors il se figea, et tendit l'oreille. Une longue inspiration. Plus rien. Puis une longue expiration, et l'odeur de fumée s'amplifia. Il se pencha dans le mince interstice et observa. Une fenêtre trônait fièrement en face de l'escalier, faiblement ouverte, et en dessous d'elle, un homme y était assis, adossé au mur, une cigarette dans une main, son autre posée sur son genou replié tandis que l'autre jambe était étendue contre le sol poussiéreux.

Des mèches noires retombaient devant son visage baissé d'où s'élevait la fumée. Une fois de plus, le garçon ne savait pas quoi faire.

L'homme avait l'air intimidant mais n'avait pas l'air beaucoup plus âgé que lui. La seule chose qui était sûre était qu'il devrait passer par lui pour retrouver sa chienne. Alors il inspira pour se donner du courage, et repoussa la porte d'un coup sec, les doigts crispés sur son arme.

L'homme ne sursauta même pas. Ils se regardèrent, la naginata pointée vers son buste. C'est après un moment de silence qu'il esquissa un sourire et redressa la tête, laissant enfin voir son visage.

"Tu viens chercher ton chien ? Il y a des manières plus polies de demander ce genre de choses, tu sais..."

Sa voix était douce. Tout comme ses yeux. Tout en lui laissait émaner une certaine tendresse, contrastant avec le sauvage de son sourire et l'éclat étrange de ces yeux pourtant si chaleureux.

"Je baisserais volontiers mon arme si j'avais pas croisé tant de corps sur ma route.", répondit alors le plus calmement possible Jimin dont le cœur continuait de bondir encore et encore dans son corps.

L'homme ne répondit rien, se contentant d'étirer un peu plus ce sourire qui ornait ses lèvres si délicates. Alors Jimin fronça les sourcils.

"Blue.", fit-il d'une voix forte et distincte, appelant la bête, avant d'entendre une voix ronchonner un peu plus loin.

"Oh non... Tu veux partir, petit toutou? Ton papa t'appelle ?
— C'est quoi ce cirque?", demanda Jimin à l'homme toujours immobile à une cinquantaine de centimètres de sa lame.
"Hoseok adore les chiens.", répondit-il en reportant à nouveau la cigarette à ses lèvres avec indifférence.

Et devant son calme apparent, Jimin remit la naginata dans son dos et siffla, insistant. Le chien arriva alors en trottinant, la queue battant joyeusement l'air, et derrière lui, un autre homme apparut, l'air déçu, presque boudeur. Jimin était confus, et très franchement il ne savait pas s'il devait encore être un minimum sur ses gardes ou pas.

"Tu voyages seul?", demanda alors celui devant la fenêtre qui finit par se relever et épousseter ses vêtements.
"Pourquoi?, demanda alors Jimin qui caressa la chienne.

" Parce qu'on est pas friands des visites, ici.", fit alors une troisième personne. Jimin sursauta, se retournant immédiatement vers sa provenance, à quelques mètres d'eux, à l'opposé de là où venait le dénommé Hoseok.

Un jeune homme, environ sa taille, ses cheveux déteints dans un vert menthe qui laissait maintenant apercevoir des racines châtaines. Il se tenait à l'entrebâillement d'une porte, les bras croisés sur sa poitrine, le fixant d'un air sévère.

"Et vous? Vous êtes que trois, ou je dois m'attendre à avoir un couteau planté dans le dos d'un moment à l'autre?"

Celui face à lui pouffa alors et s'assit sur le rebord de la fenêtre, dans son dos.

"Malheureusement, on est au complet.
— Malheureusement ..?
— Cherche pas"., lui répondit sèchement le plus petit, aux cheveux mentholés. "Par contre j'aimerai beaucoup que tu répondes à la question. T'es seul ou pas?"

Jimin hésita un instant. Se mettait-il en danger en avouant qu'il était seul pour aujourd'hui ? Ou, au contraire, préféraient-ils cette option? C'était celle que le petit teigneux avait l'air de préféré en tout cas.

"J'ai des compagnons de voyage, mais ils ne sont pas ici.
— Comment ça se fait?", demanda alors avec une pointe d'innocence le supposé Hoseok, s'avançant à nouveau pour offrir de grasses papouilles au toutou.
"Parce qu'on a un médecin qui est en fait une princesse, un militaire surprotecteur, un mec sympa mais froussard et des cadavres sur le chemin qu'on devait suivre. Alors ils attendent, plus haut qu'on vienne leur tendre la main.", lâcha cette fois Jimin avec dédain.

Un instant de silence en suspens. Puis le teigneux s'avança vers lui, son expression cette fois beaucoup plus douce, emprise de surprise.

"Vous avez un médecin..? Il est spécialisé en quoi..?
— Pourquoi tu demandes ça..? Vous avez un vilain rhume à faire soigner?", lâcha Jimin entre ses dents.
" Laisse, Yoongi. Je t'assure que ça ira.", soupira le garçon de la fenêtre en posant une main sur l'épaule de son compagnon avant de reprendre à l'attention de Jimin. "Et où est-ce que vous comptiez aller ?
— ... On sait pas trop, on espérait que la ligne nous mènerait à une ville assez grosse pour avoir assez de matosses pour que notre petit génie scientifique s'amuse à être enfin utile...
— Si tu longes la ligne tu as Uiseong... Si je me souviens bien, il y a une clinique là-bas.."., commença le brun devant lui, perplexe.
" Mais si tu veux du matériel en veux-tu en voilà, continus de longer et tu tombes sur Daegu!", lança Hoseok avec entrain.

Jimin réfléchit. Si l'on omettait Séoul, les plus grosses villes du pays étaient Incheon, Busan et Daegu. Nul doute qu'ils trouveraient leur bonheur là-bas. Nul doute qu'ils y trouveraient également leurs pires cauchemars sous forme de milliers voir millions de cadavres grouillant dans les rues. Uiseong semblait bien plus facile à gérer qu'une ville aussi grosse que Daegu. Et comme si le brun avait entendu ses pensées, sa voix résonna délicatement entre les murs.

"2.5 millions. C'était le nombre d'habitants de Daegu. C'est également le nombre de zombies que tu rencontreras là-bas.
— Tu viens de là-bas..?
— Lui, non. Moi, oui. Jungkook vient de Busan.", l'interrompit alors le garçon mentholé. Jungkook était donc le nom de cet homme. Un sourire se dessina sur les lèvres de Jimin à l'énonciation du nom de sa ville maternelle, à lui aussi.

"Et toi?", fit Hoseok dont les cheveux châtains tiraient maintenant sur les roux sous l'effet du soleil qui venait de se renforcer à travers les fenêtres.

"Bu- Séoul."

Et après un instant à s'étonner qu'il y ait encore des survivants provenant de l'épicentre, ils décidèrent de trainer Jimin en dehors de cet espace confiné, l'emmenant profiter du soleil, s'installant dans de vieilles chaises en ferraille ou assis sur le rebord des fenêtres du rez-de-chaussée, tranquillement installés dans une petite cours entièrement clôturée et doublée de pics sur lesquels s'étaient déjà empalés des dizaines et dizaines de zombies maintenant privés de leur têtes. L'odeur de décomposition était présente, bien que loin d'être insupportable, portée plus loin par une faible brise. Ils étaient de l'autre côté de la porte dérobée qui offrait directement sur la ligne de chemin de fer et le brun avait à nouveau sorti une cigarette de son paquet bientôt vide.

Et ils parlèrent : du début, de Séoul, comment Jimin avait réussi à s'en tirer.

Un sourire fier trônait sur les lèvres de Jimin lorsqu'il parlait de la façon dont Jin les avait sorties de Séoul une fois, puis y était retourné, seul. La façon dont il lui avait appris tout : comment se battre, chasser, survivre dans ce monde cruel. Un sourire qu'il n'arrivait pas à freiner à la pensée de son amant. Un sourire qui s'enleva pourtant instantanément lorsque son regard croisa celui de celui nommé Jungkook.

Quelque chose le troublait dans ce regard insistant, et probablement que quelque chose troublait également le brun pour qu'il le regarde ainsi, mais Jimin n'osa pas en dire un mot. Mais alors qu'ils parlaient, Jimin se leva d'un coup, les yeux fixant le ciel.

"Qu'est-ce qu'il y a?", s'étonna le mentholé.
"Il faut que je les retrouve avant la tombée de la nuit...
— Tu as mis plus d'une demi-journée à venir ici, si tu es partie au petit matin. Il est impossible que tu les retrouves avant le coucher du soleil.
— Alors je courrai."

Et devant la détermination qui éclairait son regard, personne n'osa le retenir, si ce n'est la main du plus petit qui saisit son bras.

"Ramène tes compagnons ici, si tu le veux. On connaît Daegu, on connaît Uiseong. S'il faut un coup de main, on pourra y réfléchir ensemble et vous l'apporter."

Jimin douta. Déjà parce que ce Yoongi n'avait pas été le plus sympathique durant cette rencontre, et parce que les vivants n'agissaient maintenant plus que par intérêt... Sauf Jin.

"Qu'est-ce que vous gagnez à nous aider..?
— On veut juste participer à un monde meilleur, s'il y a un espoir.", répondit simplement et naïvement le garçon qui relâcha son bras.

Jimin soutint son regard pour y déceler un mensonge. Mais que ce soit ça, où la vérité, ses yeux ne disaient rien. Alors, sans se lâcher du regard, Jimin appela la chienne qui se leva instantanément pour le rejoindre, et il s'en alla.

Il courut dans le jour, puis courut dans la nuit, ne prenant plus un instant pour profiter de ces immensités planes, même lorsqu'il s'autorisait à reprendre son souffle avant de reprendre sa course.

Et enfin, après des heures à activer ses jambes maintenant lourdes, il vit une lumière s'agiter au loin. Il ne devait plus être loin du camp, alors le nom de Jin traversa immédiatement son esprit, et il redoubla d'effort, fonçant vers la lumière qui éclairait le ciel en silence. Une dernière propulsion et il se laissa tomber dans une étreinte contre la silhouette qui avait agité vers lui la lumière. Ils tombèrent tous deux à la renverse, dans les hautes herbes des champs mal entretenus, et l'odeur de Jin emplit immédiatement ses narines.

"Putain, Jimin..! Si tu savais à quel point je me suis inquiété ! Tu as été un imbécile, tu devais rester avec Taehyung ! Tu devais rester loin du chemin de fer et le protéger..!
— Je suis désolé....
— J'ai cru qu'on ne te reverrait plus jamais, lorsque la nuit est tombée...", fit alors Jin, caressant les cheveux du plus jeune, le prenant fort contre lui. Le soulagement se laissait ressentir dans la force de son étreinte.
" Je suis vraiment désolé.", répéta à nouveau Jimin afin de se fondre sur ses lèvres et sous ses caresses.

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