Chapitre 9
- ALIX -
Ma mère s'appelait Clara. Clara Thalbault, de son nom de jeune fille. C'était une personne très douce et aimante. Mais aussi très souriante, enjouée, courageuse et forte au quotidien.
Une fois, elle a réussi à écraser une araignée qui montait le long de la chaise sur laquelle j'étais assise alors qu'elle en avait une peur bleue. En temps normal, elle courrait se réfugier sur une chaise en appelant mon père. Cette fois-ci cependant, elle n'avait pas réfléchi. Elle avait attrapé un journal et avait écrabouillé cette "immonde et dangereuse créature" comme elle se plaisait à l'appeler.
Et elle en était très fière d'ailleurs ; elle avait réussi à protéger son "petit trésor" d'un monstre, après tout.
Elle est morte quand j'avais dix ans.
Oh, elle n'est pas morte à cause d'une maladie comme un cancer ou une attaque cardiaque. C'est bien plus simple que ça.
Il a suffit d'une voiture, d'un retard pour aller à l'école et de verglas pour que tout bascule.
J'étais avec elle à ce moment-là. C'est à cause de moi qu'elle a appuyé sur l'accélérateur. Quelque part, c'est aussi à cause de moi que la voiture a dérapé. C'est à cause de moi que la voiture a heurté l'arbre.
Alors pourquoi j'ai survécu et pas elle ?
J'ai eu beau poser la question au psy qu'on m'a fait voir, il n'a pas pu me répondre. Il n'a pu qu'essayer de me convaincre que je n'étais coupable de rien.
Il n'a pas totalement tord - je n'y étais pour rien s'il y avait du verglas - mais il n'a pas raison non plus. Après tout, c'est bien la gamine que j'étais qui lui a demandé d'accélérer.
Toujours est-il que mon père n'a pas réussi à surmonter sa mort. Il a fait un blocage psychologique. Et depuis, il me prends pour ma mère et pense que c'est moi, Alix, qui suis morte. C'est comme si je n'existais plus. Comme si c'était réellement moi qui étais décédée dans la voiture, ce jour là.
Il ne me voit que très rarement telle que je suis vraiment. Il se contente de projeter l'image de ma mère sur moi. Et ça devient pire quand il a bu.
Oh, il n'a jamais abusé de moi ; ce n'est pas "pire" dans ce sens là.
Non, il pleure pendant des heures et se lamente.
Soyons clairs, je n'ai rien contre le fait qu'il soit triste ; au contraire, je pense qu'il vaut mieux qu'il exprime ses sentiments plutôt qu'il les garde enfouis en lui. Seulement... Savez-vous combien il est difficile d'être adulte depuis vos dix ans et demi ? Combien il est dur de soutenir un père effondré psychologiquement alors que vous n'êtes même pas un adolescent ? Combien l'entendre hurler à la mort peut vous donner des envies de mourir ? Combien la culpabilité vous hante constamment, surtout quand vous croisez une photo ou le regard de votre paternel ?
Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne suis pas vous, je ne peux pas savoir.
Je sais juste que moi, c'est ce que j'ai ressenti.
Bref, vous comprenez ce que je veux dire si je vous dit que ma vie est suffisamment compliquée et qu'elle n'a pas besoin de problèmes supplémentaires comme me mettre les gosses de riches à dos...
Oui bon d'accord, trop tard.
- GLENN -
Elle va prendre cher ma petite Alix.
Mais bon. Pour bien la faire souffrir, il va falloir que je la joue fine.
Elle tiendra probablement bien plus longtemps si elle pense que c'est pour une bonne cause.
Et elle souffrira plus si elle est seule.
Peu à peu, un plan se met en place dans ma tête.
Cette fille, je la détruirai.
Ce qu'elle m'a fait... Inacceptable. Impardonnable. Et pourtant, je dois reconnaître qu'elle a du courage pour avoir fait ce qu'elle a fait. Même si c'est stupide.
Oui, en fait, elle doit juste être stupide pour s'être mis à dos tout le lycée.
- ALIX -
Lorsque j'arrive le lendemain matin, je me rends rapidement compte que tout le monde me regarde.
Pourtant, personne ne m'attaque, ne me lance d'insultes, ne me bouscule.
Ils se contentent de me regarder, en silence. Et je trouve ça carrément flippant.
Dès que je suis passée, je les entends chuchoter furieusement.
Ils sont dans le même cas que moi. Ils ne savent pas ce qui m'attend et pourquoi je n'ai pas encore morflé.
Malheureusement, je ne croise pas Lila pendant ma lente ascension dans le couloir. Elle n'était pas non plus à l'arrêt de bus ce matin. Ça m'inquiète.
Soudain, alors que je suis presque arrivée à ma salle de cours, je sens qu'on attrape mon bras et qu'on me tire en arrière.
Je me retrouve alors plaqué - une fois de plus - entre Glenn Marchal et un mur.
- GLENN -
Je baisse la tête et la regarde droit dans les yeux. Elle se contente de me jeter un coup d'œil furieux tout en affichant une mine intriguée.
"Alors ma petite Alix, tu ne pensais quand même pas m'échapper après le coup de l'assiette remplis de sauce tomate, pas vrai ?
- Est-ce que j'ai l'air conne au point de penser qu'une saloperie de gosse de riche comme toi ne me causera pas de représailles ?
- Oui.
Elle me regarde, blasée, en attendant que je continue.
- Quoi ? Tu m'as tendue la perche.
- Laisse tomber, Marchal. Qu'est-ce que tu me veux ?
- Juste te dire que tu vas t'en prendre plein la tronche, Garcia.
- Tout ça pour ça ? Je m'en doute bien. J'avais pas besoin que tu me le dises.
- Je sais mais je trouve ça drôle de te le rappeler. Surtout que tu dois sûrement angoisser à mort en attendant de voir à quelle sauce on va te manger.
- N'importe qui le serait, non ? Bon. Si c'est tout, écarte toi.
- Tu oses me donner des ordres ? Il faudrait peut-être que t'arrête de péter plus haut que ton cul, tu ne crois pas ? dis-je en me rapprochant de son visage et en lui lançant un regard mauvais.
Elle se met à rire.
-Alors c'est moi qui suis prétentieuse ? Laisse moi rire, Glenn. C'est l'hôpital qui se fout de la charité.
- Le truc Alix, c'est que moi, je peux me le permettre, ce qui n'est clairement pas ton cas.
Elle ne répond plus rien et semble attendre que je me pousse.
- Bon, tu me laisse passer ? S'il-te-plaît ? lance-t-elle d'un ton ironique.
- Non, j'ai pas fini. En fait, je voulais te proposer quelque chose.
Curieuse, elle lève les sourcils et se penche inconsciemment vers moi.
- Tu ne veux pas qu'on s'en prenne encore plus à Punkette à cause de ton malheureux petit geste, pas vrai ? Et bien je te propose un marché.
On laisse ce bonbon géant tranquille et en échange, tu arrêtes de lui parler pour ne pas l'impliquer davantage.
- Vous arrêterez vraiment de la harceler ? Vous ne lui ferait plus rien, que ce soit physique ou moral ?
- Non, plus rien.
- Et comment je peux être sûre que tu me racontes pas des cracs et que tu n'as pas fait la même proposition à Lila ?
- Tu ne peux pas. Tu ne peux que me faire confiance.
- Parce que tu crois vraiment que je vais te faire confiance Marchal ? dit-elle d'une voix dure.
- C'est pas comme si t'avais le choix Alix, je réponds d'une voix neutre. Alors, tu acceptes mon offre ou pas ?
Je vois qu'elle hésite et qu'elle ne me fait absolument pas confiance. En même temps, ce serait bizarre qu'elle accepte directement.
Enfin, après quelques minutes de silence pesant, elle répond :
- Ok. Même si je n'ai strictement aucune raison de te faire confiance, je suis sûre que si t'avais voulu me mentir, tu l'aurais fait. Tu m'aurais sûrement sorti un bobard pour m'obliger à accepter. Or, tu ne l'as pas fait. Donc c'est d'accord. J'accepte ton offre, Glenn Marchal."
Je lui tends la main et, bien que très réticente à cette idée, elle me la serre alors que la sonnerie retentit.
N.d.a : Je l'ai fais ! J'ai sortis un chapitre avant la fin de l'année. Wouhou ~
Bon, du coup, bonne année en avance les gens. J'espère qu'il vous arrivera pleins de bonnes choses.
À la prochaine,
Latte
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