Chapitre 32
- ALIX -
Le plus étonnant avec les mots de Glenn c'est qu'ils semblent se réaliser à peu près. En effet, personne ne vient me faire de commentaires durant le reste de la journée et je peux même travailler tranquillement au CDI sans qu'un des crétins qui me suivent un peu partout d'habitude ne me jette des boulettes de papier.
Pourtant, tout mon être reste sur ses gardes. Impossible de me détendre ; instinctivement, mon corps est prêt à se défendre. Alors je rase les murs et je tente de me faire oublier.
Mon courage semble s'être fait la malle et je n'ai pas vraiment envie d'aller à sa recherche pour le moment.
Je ne peux me considérer en sécurité que lorsque je rentre dans ma chambre et me jette sur mon lit.
Cela fait une semaine maintenant que rien ne s'est produit. Rien. Pas le moindre petit incident. Je commence à peine à ne plus retenir mon souffle à chaque croisement. J'arrive à avaler un verre d'eau et une tartine le matin sans les vomir après.
Lila mange de nouveau avec moi et est toujours à mes côtés. Je sens que je peux me reposer un peu plus sur elle et supporter les regards malveillants qui se posent sur moi. Je suis un peu plus forte, je commence à être un peu plus confiante. Glenn ne m'a plus embêté et se contente de respecter une sorte de statut quo tous les midis, en salle d'art plastique. Il ne fait aucun commentaire sur la présence de ma meilleure amie et ne m'a adressé, à son propos, qu'une seule remarque.
"Je me disais bien que tu tenais vachement longtemps pour quelqu'un de seul, avait-il dit tout haut, jeudi dernier."
Et puis, il s'était détourné et, étonnamment, n'avait rien ajouté. Je le voyais bien lâcher un truc du genre "Je suis bon prince, donc je ne vais pas tenir compte du fait que je me suis fait arnaquer." ou tout autre commentaire visant à se vanter pourtant.
Lila et moi avions gardé le silence et nous nous étions contentées de reprendre notre repas tranquillement.
Le vendredi arrive assez vite et je suis soulagée de pouvoir rentrer de nouveau en salle d'art plastique et de m'installer à mon chevalet. Aujourd'hui, nous allons avoir un nouveau thème d'étude et je suis impatiente de voir ce que nous a préparé notre chère professeur. Cette dernière attend que tout le monde s'installe et l'écoute puis annonce d'une voix claire :
"Bien comme vous le savez, aujourd'hui nous avons un nouveau sujet d'étude. J'ai choisi de vous faire travailler sur le portrait. Que ce soit De Vinci, Arcimboldo, Vermeer, Van Gogh ou Picasso, tous ont réalisé un portrait et cela en utilisant des techniques très différentes. Voici ce que je vous propose : vous devrez, à leur manière, réaliser un portrait. Ou, devrais-je dire, plusieurs portraits. Je souhaite que vous me rendiez, après les vacances, un autoportrait et un portrait. Utilisez le matériel que vous souhaitez et sélectionnez deux styles parmi ceux des peintres que je viens de vous citer pour les appliquer à vos créations. La note que vous obtiendrez comptera pour un quart de votre note finale de ce trimestre. Il va sans dire que je souhaite également un commentaire d'une page qui m'explique pourquoi vous avez choisi tel ou tel style et qu'il devra être joint des photos ou des esquisses de vous que vous avez utilisé pour votre autoportrait. En outre, vous devrez également y ajouter les croquis que vous aurez réalisé à partir du visage de l'un de vos camarades. En effet, vous allez passer les prochaines séances à esquisser le portrait du camarade que vous aurez choisi au préalable. Et c'est à partir de toutes les esquisses que vous aurez faites que vous construirez votre travail et uniquement à partir d'elles. Si je peux vous conseiller une chose, c'est de réaliser un croquis global puis plusieurs de petits détails qui n'apparaissent qu'avec les mouvements de votre camarade. Par ailleurs, il est judicieux de choisir une personne avec qui vous avez des affinités ; vous observez son visage souvent et vous en avez l'habitude, ce sera donc plus simple à dessiner. Mais surtout n'oubliez pas une chose : un portrait rend toujours compte des émotions que vous éprouvez pour la personne que vous dessinez. Gardez-vous donc de la représenter de façon trop brute ou trop belle. Ce n'est pas le but de l'exercice. Cela dit, je suis très curieuse de voir ce que ce travail va révéler de vous. Mettez-vous par deux et que ça saute."
Je mets quelques secondes à prendre conscience de ce qu'elle me demande. Dessiner un de ces connards ou un de ceux qui font semblant de ne rien voir... Ce qui revient au même en fait. J'ai beau savoir qu'ils n'ont pas le choix, qu'ils doivent faire profil bas, au plus profond de moi, je les hais tout autant.
Je déteste le fait que ce soit si simple pour eux. Ils n'ont qu'à détourner les yeux. C'est simple, si simple. Pourtant je considérais certains d'eux comme mes amis avant...
Mes poings se serrent, mes ongles s'enfoncent dans la chair de mes paumes.
Je ne veux pas me trouver face à l'un d'eux. Je ne veux pas les dessiner. Seule ma haine ressortirait de mon travail.
Je dois trouver une alternative.
Cette pensée a à peine le temps de traverser mon esprit que déjà, quelqu'un vient vers moi. Mes yeux croisent les siens, blasés, tandis qu'il s'assoie face à moi, son carnet à croquis dans les mains. Son visage affiche un air déterminé contrastant fortement avec la lassitude exprimée dans ses yeux hazels. Il ne me laissera pas le temps d'objecter. Glenn Marchal me fait face.
- GLENN -
Dès le départ, j'ai remarqué que l'exercice ne l'enchantait pas. Toute son attitude et son maintien ne faisait que renforcer mon inpression. Alors je me suis levé, j'ai marché jusqu'à elle et me suis assis face à son chevalet en ne lui laissant aucune possibilité de fuite.
"Qu'est-ce que tu fais abruti ? lance-t-elle rapidement.
- Je forme une paire avec toi.
- Je te demande pardon ?
- Quoi ? Ma beauté te déconcentre au point de ne pas comprendre ce que je dis ?
- Foutu connard imbu de lui-même, marmonne-t-elle.
Un petit sourire orne mes lèvres tandis qu'elle reprend :
- Non mais vraiment Glenn. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Je n'ai pas envie d'être ta partenaire et tu n'as sûrement pas envie que je sois la tienne.
- Ah non là tu te gourre. Tu es la seule de ce cours à savoir vraiment dessiner alors hors de question que je me mette avec quelqu'un qui risquerait de gâcher mon magnifique visage, je rétorque en levant le menton et en souriant un peu plus.
- Et qui te dit que moi je ne vais pas l'appauvrir ton visage ? me signale-t-elle avec un sourire carnassier, visiblement séduite par l'idée.
- Parce que tu es beaucoup trop respectueuse de ton travail.
- Ouais pas faux. Cela dit je refuse toujours de faire une toile représentant ta tête.
- Il ne reste personne d'autre que moi Princesse donc tu n'as pas vraiment le choix.
Elle tourne la tête dans tous les sens pour constater que je dis la vérité avant de me regarder de nouveau et de tiquer :
- Princesse ?
- Ouaip. Parce que tu as besoin d'aide comme une princesse Disney.
- Toutes les princesses n'ont pas besoin d'aide.
- Ah oui ? Avant que tu ne dises quoique ce soit je tiens à te rappeler que Mulan n'est pas une princesse.
- Oui je sais, répond-elle agacée. C'est mon héroïne préférée alors je suis au courant. Mais elle n'est pas toute seule. Prends Raiponce par exemple, elle peut parfaitement se débrouiller sans prince.
- Oui mais elle a dû attendre l'arrivée d'un homme pour sortir de sa tour.
- Faux. Ç'aurait pu être n'importe qui. Tout ce dont elle avait besoin était une impulsion. Elle est sortie par elle-même alors que Flynn voulait la laisser là. En plus elle lui a éclaté la tronche à coup de poêle et l'a sauvé plusieurs fois. Autre exemple. Pocahontas a sauvé le cul de John Smith face à sa famille et l'a remis à sa place en une chanson. Elle est forte, libre et indépendante.
- C'est pas une princesse, j'objecte en grommelant.
- C'est la fille du chef donc c'est tout comme. En plus elle laisse partir son "prince" à la fin ce qui montre sa force.
- Oui mais dans le 2-
- Le 2 n'existe pas à mes yeux. L'image que je veux garder de cette femme s'arrête au 1.
- Ah je vous jure, dis-je en soupirant. Je ne peux pas lutter contre Pocahontas malgré le manque de fidélité historique de son film.
- Non tu ne peux pas, répond-elle en riant doucement. D'ailleurs, tu n'es pas un Prince charmant. Pas plus que je suis une princesse.
- Il est vrai que je ne porte pas de collant et que je n'ai pas de cheval mais qu'importe.
- Tu ne fais que jouer les princes mais sincèrement ce n'est pas crédible, ajoute-t-elle plus sombrement."
Nous sommes soudainement interrompu par Fanny qui s'est approchée et nous a demandé si nous avions choisi nos style.
" Je suis étonnée de vous voir ensemble, a-t-elle ajouté, visiblement en proie aux doutes.
- Je n'ai pas vraiment eu le choix. Cet enfoiré s'est assis là et plus personne n'était libre.
- Je comprends. Ne t'en fais pas, à la moindre remarque désobligeante, je divise sa note par deux.
- C'est pas vraiment juste ça Mademoiselle, je proteste.
- Tout comme harceler les gens, non ? réplique la prof tout bas.
Hmmm. Touché.
- Il n'empêche que vous n'avez toujours pas répondu, les mômes, reprend-elle.
- Je compte faire le portrait dans le style de Vermeer et l'auto dans le style de Van Gogh, lance presque immédiatement Alix.
La prof hoche la tête, visiblement satisfaite, mais la met en garde en lui rappelant que Van Gogh est l'un des inclassables de son temps et qu'elle devra se méfier, sa touche étant assez dure à reproduire. Puis elle se tourne vers moi et je lui dis simplement :
- Pour le portrait, Picasso. Pour l'auto, Arcimboldo.
- N'oublie pas d'utiliser un melon pour représenter ta tête alors. Ce sera assez proche de la réalité comme ça, murmure Alix.
Je lui fais un doigt d'honneur sous les yeux visiblement perplexes de notre professeur.
- Pourquoi avoir choisi ces deux artistes ? me demande cette dernière.
- J'aime les visages géométriques de Picasso et sa façon d'exprimer les sentiments. Et les oeuvres d'Arcimboldo m'ont toujours amusé alors autant profiter de l'exercice.
- Méfie toi, ce sont deux artistes compliqués. En outre j'ai peur que tu manques de temps. Peut-être devras-tu réaliser tes deux travaux une feuille A4... Quels matériaux utiliseras-tu ?
- Des pastels pour le portrait et des crayons pour l'autre.
- Et toi Alix ?
- De la peinture dans les deux cas."
Elle hoche la tête, satisfaite, et repart.
Je saisis mon crayon et commence à croquer la forme du visage d'Alix quand je sens son regard rivé sur moi.
" Quoi ? je lui demande sans me détourner de ma tâche.
- Rien. Je ne m'attendais pas à ce que tu choisisses ces artistes.
- Et pourquoi pas ?
- Toi qui es toujours dans le culte de ta beauté et dans la superficialité... Je suis étonnée que tu aies choisi les deux artistes qui en tiennent le moins compte.
- Comme quoi il faut se méfier des apparences.
- C'est sûr... Qui pourrait croire après tout que le fils Marchal a des tendances sadiques qui le poussent à persécuter les autres ?"
Je ne trouve rien à répondre à ça et continue tranquillement mon croquis. J'observe Alix en détail, laisse mon regard couler de son front à son menton, s'arrêter sur ses yeux, ses lèvres, son nez retroussé, noter les petites imperfections sur son visage (de la discrète cicatrice derrière son oreille gauche qui descend jusqu'au bas de sa joue à celle dans son sourcil droit en passant par une de varicelle sur sa tempe droite ou à d'autres qu'elle a sûrement hérité d'anciens boutons d'acné). Je dessine doucement tous ces petits détails en les éparpillant un peu partout sur les feuilles de mon carnet puis j'observe ses yeux se plisser, son expression changer lorsqu'elle se concentre un peu plus, la façon dont sa langue sort légèrement de sa bouche alors qu'elle est plongée dans son monde. Ses mains s'agitent au-dessus de sa feuille tandis qu'elle lève de temps en temps ses yeux sur moi et qu'elle m'observe si intensément que j'ai l'impression d'être sous un microscope. Pourtant ce n'est pas moi qu'elle regarde. Je ne suis plus qu'un visage.
Sans vraiment m'en rendre compte, j'ai arrêté mes croquis. Je me suis contenté de la regarder dessiner. Je me demande ce qu'elle voit, quels détails elle représente... Je prête attention aux petites choses que je n'avais jamais remarqué. De la façon dont ses cheveux coulent autour de son visage à la manière dont elle place son crayon dans sa bouche quand elle estompe quelque chose.
Puis je réalise que mon attention s'est détournée de son but initial et je reprends mes croquis non sans avoir représenté quelque part la petite tâche de crayon qu'elle s'est faite en remettant sa mèche en place.
Et lorsque la cloche sonne, je l'entends à peine tant je suis happé par mon dessin. Je ne réagis que lorsque ma partenaire range ses affaires et se met en mouvement. Fanny donne une dernière information (apparemment la semaine prochaine on devra demander à notre camarade de garder une expression ou d'en faire plusieurs pour trouver celle qu'on va représenter) et la classe sort pendant que je rassemble mes affaires. Alors que je m'apprête à ranger mon carnet, je ne peux que sursauter à la place ; la professeur est là et observe mes dessins. Ses sourcils se fronçant sous la concentration, elle semble les décortiquer avant de se tourner vers moi, l'air incrédule.
"Quoi ? je demande. Ils sont si mauvais que ça ?
- Au contraire Glenn. Au contraire. Ils sont très réalistes. C'est à se demander si tu n'as pas pris une photo d'Alix. Chaque petit détail est minutieux et s'ils formaient tous un visage, je suis certaine qu'il n'y aurait pas énormément de différences entre lui et l'original. Tu as su voir beaucoup de choses. Et tout ça laisse à penser que ce n'est pas la première fois que tu la dessines. Les formes sont trop précises pour ça.
- J'ai peut-être juste du talent, vous ne croyez pas ?
- Non ça n'est pas ça. Tout tes croquis respirent la douceur, la douleur mais en même temps, ils forment un ensemble très réaliste qu'on ne pourrait obtenir qu'en faisant une observation minutieuse du visage sur lequel il est basé. C'est très impressionnant. Vraiment. Tu es sur la bonne voie, continue comme ça.
- Ça ne vous dérange pas de faire des compliments à un élève qui vous fait du chantage ?
- Disons que ça me fait chier mais que je reste avant tout un professeur. C'est normal de conseiller ou d'approuver un élève quand bien même on ne peut pas le saquer."
Sur cette dernière phrase, elle se détourne de moi et me laisse partir, ce que je fais, sans ajouter un mot.
- ALIX -
Ça me fait mal de l'admettre mais ce bâtard vindicatif a vraiment un beau visage. Au sens strict du terme. Il présente certaines caractéristiques de la beauté telle qu'on la désignait dans la Grèce Antique. C'est vraiment intéressant de le représenter.
Et ça m'écorche bien la gueule de le dire. Merde, pourquoi faut-il qu'il soit mon partenaire ? Rien que l'idée de le représenter sur une toile me débecte.
Je retrouve Lila après être sortie du lycée et nous nous mettons en route vers l'arrêt de bus. J'en profite donc pour lui expliquer la nouvelle idée de notre chère professeure tandis qu'elle s'indigne face à ma situation. L'idée que je sois la partenaire de Marchal l'enchante visiblement autant que moi. Cependant, elle ne peut s'empêcher de rire lorsque je lui raconte notre discussion sur les princesses. En effet, nous avons déjà eu ce débat plusieurs fois. Elle me soutenait souvent que les Disney offraient une image trop stéréotypée de la femme et je lui rabattais le caquet à chaque fois avec l'argument Pocahontas et Mulan. Mais ce qui m'étonnait le plus et m'étonnera toujours, c'est que la miss a beau s'insurger encore maintenant, elle adore Cendrillon qui est pourtant l'une des héroïnes Disney les plus stéréotypées.
"Alors déjà, Cendrillon est la princesse Disney la plus légitime ! me disait-elle quand on en parlait. Elle a souffert la majorité de sa vie avant d'atteindre le bonheur : son enfance est un échec, sa famille est un échec et sa vie sociale aussi - non parce que des souris, des oiseaux, un chien et un cheval, ce ne sont pas des "amis". En plus, même quand elle connaît le bonheur, elle le perd ; sa "récré", si on peut dire ça comme ça, est à durée limitée. Et ce moment bref de bonheur, elle l'accepte et ne se plaint pas de le perdre pour retourner à sa petite vie chiante et épouvantable.
Par ailleurs, elle n'est pas égoïste comme la moitié des autres princesse Disney et elle n'est pas crétine comme certaines - Blanche-Neige pour ne citer qu'elle, a par exemple été assez conne pour bouffer le fruit d'une inconnue. En outre c'est une des seules princesse Disney à laquelle les personnes peuvent s'identifier parce qu'elle a tout connu : la mort, la violence, l'exploitation (voire l'esclavage) et j'en passe....
Donc si tu touches à Cendrillon c'est moi que tu touches parce que je suis une Cendrillon, ok ?! Alors fais gaffe à tes fesses jeune pucelle." (*)
Et je ne pouvais m'empêcher d'en rire parce que bien que ça ne contredisait pas ce que je lui disais, on voyait tout l'amour qu'elle éprouvait pour cette héroïne.
Lorsque j'arrive au travail ce soir-là, tout est plutôt calme. Aucune personne susceptible de me faire chier n'est en vue. Pas l'ombre d'un de ces crétins de gosses de riches.
Je souffle, soulagée, et je travaille en chantonnant le reste de la soirée. Tout se passe merveilleusement bien et je me détends progressivement. J'avais presque oublié à quel point ce genre de scènes du quotidien était banal et c'était vraiment rassurant de pouvoir en revivre une. Et c'est avec cette espèce d'allégresse que je me couche le soir, soulagée par la normalité.
Le lendemain matin, je me débarrasse rapidement de mes devoirs et j'entame l'autoportrait que je dois rendre. Je réalise quelques esquisses de certains détails de mon visage avant de m'entraîner à adopter la touche de Van Gogh. Le mouvement qu'il met dans ses oeuvres est vraiment particulier et le reproduire nécessite beaucoup d'attention. Alors j'observe pendant de longues minutes certains de ses tableaux dont mon préféré, La nuit étoilée. Un tableau fascinant si vous voulez mon avis. Je m'y attelle pendant plusieurs heures avant de m'occuper un peu de mon père et de continuer mes révisions.
Finalement lundi arrive et je me retrouve une fois de plus face à Marchal. Chacun notre tour, nous nous demandons des expressions particulières et je gagne l'obligation de lui montrer un visage triste, joyeux, en colère et de prendre plusieurs poses simples et dépourvues de réelle sensualité contrairement à celles que j'imaginais. Quant à moi, je lui demande d'afficher un air mélancolique (et mon dieu que ce fut compliqué de l'avoir... J'ai dû lui suggérer plusieurs idées pour finalement avoir le visage que je voulais), un très sérieux, un légèrement heureux tout en lui expliquant les poses que je souhaitais. Tout comme lui, je n'eus pas le temps de tout terminer mais les idées étaient là et il ne me resterait plus qu'à les développer un peu plus vendredi. Autrement, pendant toute la séance, il n'a pas dit un mot et pour cela, je lui serais presque reconnaissante. Je n'ai aucune envie de lui parler. Étant donné que je dois observer son visage pendant de longs moments, je n'ai pas envie d'avoir à l'écouter.
À la fin de la journée, personne n'est encore venu m'emmerder et je commence à ne plus frissonner à chaque fois que je frôle quelqu'un. Et même si je suis toujours sur mes gardes, je traverse les couloirs l'esprit un peu plus tranquille. Bien que je croise toujours certains regards hostiles, aucun de leur propriétaire ne m'agresse. Peut-être qu'ils ont compris et qu'ils vont vraiment arrêter ?
Et comme toujours, je ne pouvais plus me tromper.
- GLENN -
Mercredi, j'eus la désagréable sensation que je loupais quelque chose. Les regards des abrutis de primates se prétendant mes amis se faisaient sournois et conspirateurs et j'étais convaincu qu'ils tramaient un truc. J'avais entendu au détour d'une conversation quelque chose ressemblant à "... confirmé que c'était important pour...". Il y avait quelque chose qui s'organisait. Et comme j'aurais préféré me tromper.
- ALIX -
Lorsque je sors du cours de sport et que je me rhabille, j'ai la désagréable surprise de ne pas retrouver mon collier. Ce simple petit bijou. Un petit médaillon pendant au bout d'une chaîne dorée. Paniquée, je tâte mon casier dans tous ses coins et recoins. Je ne peux pas l'avoir perdu. Tout mais pas ça. Pas ça. Seigneur où est-il ? Mes mains tremblent presque convulsivement pendant que l'angoisse me tord le ventre. Je ne peux pas perdre ce collier. Pas ce souvenir là en particulier. Alors je me mets à fouiller un peu partout. Le sol, la poubelle, les toilettes, les douches, le gymnase, tout y passe. Les larmes aux yeux, je suis obligée de sortir des vestiaires après m'être changée pour que le professeur puisse les fermer. Celui-ci ignore mon trouble et se contente de fermer les portes en sifflotant. Trop perturbée, je ne pense pas à lui dire que mon collier a disparu et je rejoins la classe d'anglais.
Lorsque j'arrive, Lila remarque immédiatement mon teint anormalement pâle et me demande des explications. Rapidement, je lui fais part de ma situation alors que ma lèvre se met à trembler. Elle me prend dans ses bras tout en ignorant le regard de dégoût de certains et me serre très fort ; elle sait la valeur qu'à ce collier à mes yeux.
Troublée, je n'arrive pas à suivre un mot du cours et laisse mon esprit flotter et divaguer. Mes poings se serrent toujours un peu plus et à la fin du cours, je constate que j'ai enfoncé mes ongles jusqu'au sang dans ma paume. J'expire un souffle tremblotant puis je quitte la salle rapidement dès que la cloche sonne.
- GLENN -
Je l'ai vu pendant le cours. Je savais qu'il se tramait quelque chose. Elle était blanche comme un linge, son visage était défait et sa jambe tressautait. Je ne sais pas ce qu'il se passait mais j'avais compris que ça l'impliquait.
- ALIX -
J'ai passé deux longues heures à chercher mon collier en compagnie de Lila mais nous n'avons rien trouvé. Il fallait se rendre à l'évidence : il était perdu. Ou on me l'avait volé. Dans tous les cas je ne le retrouverai pas.
J'éclatai en sanglots lorsque je le compris et Lila me ramena chez moi. Elle resta avec moi jusqu'au retour de mon père qui entra dans sa chambre sans vraiment me voir. Elle voulut dormir à la maison mais j'estimai qu'elle en avait déjà assez fait pour ce soir et j'appelai Jude pour qu'elle vienne la chercher. Lorsqu'elle fut partie, je m'effondrai sur le lit et n'en bougeai pas jusqu'au matin.
- GLENN -
Rien ne s'était produit avant vendredi. Le calme avant la tempête. Alix semblait dans un autre monde, totalement inaccessible. Et alors que devrait régner un climat d'allégresse dans la classe dû aux vacances arrivant le soir même, il n'y traînait qu'une tension lourde et étouffante.
Ce n'est que lorsque j'ai vu mes "amis" dans la cour à midi, attendant visiblement quelqu'un et l'un d'eux tenant un objet que je connaissais, que je compris que quelque chose allait se produire.
Ce petit objet pendant de l'une de leurs mains, je savais à qui il appartenait. Je l'avais déjà vu autour du cou de quelqu'un. Je l'avais déjà observé longuement. Même de loin, je savais que le médaillon doré était finement gravé d'arabesques douces et complexes. La question était de savoir ce que ces abrutis faisaient avec le collier d'Alix.
Lorsqu'elle est apparue, je n'ai pas vraiment réagi. J'étais légèrement à l'écart mais j'avais presque atteint mes "amis". L'un d'eux me fit un signe semblant me dire "Attends et regarde." tout en souriant. Presque statufié, je vis Alix remarquer son collier. Son visage changea brusquement passant de la rage à la peur. Puis tout se passa au ralenti.
- ALIX -
Je regarde la scène sans vraiment la voir. Mes pieds semblent vissés au sol. Je voudrais me précipiter mais quelque chose me paralyse.
Tout semble se dérouler au ralenti. Le silence se fait tandis que l'enfoiré qui tient mon collier s'approche au centre du cercle qui s'est formé. Puis il me lance un sourire cruel. Le temps se suspend alors que le collier tombe au sol.
Et le salaud l'écrase.
- GLENN -
En miettes. Il est en miette.
- ALIX -
Je ne peux que regarder les trois morceaux de collier, les délicats petits morceaux de verre qui l'entoure, la photo froissée.
Et c'est plus fort que moi. Je tombe à genoux pendant que les rires fusent. Des larmes engorgent mes yeux. Et alors que je les relève, mon regard croise le sien. Ce regard aux teintes hazels. Une larme déborde et roule sur ma joue puis je saute sur mes pieds et je cours loin de tout ça. Rien n'a plus d'importance. Je suis à bout. À bout. À bout.
Je ne sais plus où je vais. Mon regard est brouillé.
Mes pas m'ont mené jusqu'à l'arrière du lycée. Je m'y asseois doucement et les larmes continuent d'affluer sans s'arrêter pendant que je reprends mon souffle. J'ai mal. Je veux que ça s'arrête. Pourquoi me laisser espérer ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Cette litanie danse dans ma tête et je sais qu'ils ont réussi. Ça ne s'arrêtera jamais. Je suis vaincue.
Assez
- GLENN -
Son regard croise le mien avant sa fuite et me transperce. Une larme a tracé un sillon sur sa joue. Elle part.
J'ai gagné.
Oui j'ai gagné. Je le sais. Cette fille est détruite.
Et la part la plus rancunière et la plus sombre de moi exulte.
J'ai gagné.
Un sourire étire mes lèvres. Les autres s'écartent.
J'ai gagné.
Et cette pensée me traverse de part en part. Me traverse au point de transpercer cette part sombre.
J'ai ... Gagné.
J'ai perdu. Tout me revient en pleine face.
On dit qu'avant notre mort, notre vie défile sous nos yeux et c'est ce qui se produit à présent. Toutes mes altercations, tous mes dialogues, toutes mes pensées à propos d'elle me reviennent en pleine gueule.
J'ai perdu.
Je l'ai détruite. J'ai perdu.
Toute mon exultation s'est fait la malle. Il ne reste plus que l'insupportable culpabilité maintenant. Ça me troue le cœur, retourne le ventre, détruit mon esprit.
Pour la première fois de ma vie j'éprouve des remords. Pour la première fois j'ai mal pour quelqu'un d'autre.
Alors je cours. Il faut que je la retrouve.
J'ai besoin de la retrouver.
- ALIX -
J'erre sans vraiment de but pendant de longues heures. Je veux que ça s'arrête. Je n'en peux plus. Et pendant que je déambule, je repense à ma vie.
Les gens s'accordent à dire que je suis quelqu'un de fort.
En réalité, je suis juste une personne faible et pathétique.
Je suis un être totalement brisé qui, jour après jour, se contente de subir au lieu de vivre. Glenn Marchal n'avait pas besoin me détruire parce que je l'étais déjà.
Je fais juste semblant d'être courageuse et forte. Seulement, ce n'est qu'une façade.
Je ne suis que moi. Ni plus ni moins. Je ne suis pas courageuse, forte, jolie, rebelle ou quelque autre image que les gens ont de moi. Je ne suis qu'un assemblage de pièce qui font de moi un "être humain". Un être humain fatigué de lutter qui plus est. Ah, ça, on peut dire que Glenn à réussi son coup cette fois.
Je suis définitivement irréparable. Définitivement foutue. Et bordel, comment aurait-il pu en être autrement ? Parce que merde.
Au fond de moi je l'ai cru. Je l'ai cru quand il a dit que c'était fini. Et ça fait d'autant plus mal parce que je me suis accrochée à ce stupide espoir.
L'espoir ? Ah ça on peut dire qu'il est drôlement cruel parfois.
Finalement j'arrive jusqu'à un pont. Je m'appuie à la rambarde et je regarde l'eau s'écouler doucement. Elle miroite joliment et je peux y apercevoir l'éclat argenté de petits poissons.
Assez
À ce moment-là, je ne pense plus à rien. Plus à Lila, plus à papa, plus à maman, plus à la peinture. Seule la douleur reste. Une douleur si vive qu'elle me parait insurmontable. Le vent souffle légèrement et je peux presque entendre quelqu'un murmurer : "Il existe une solution, regarde."
Et je fixe l'eau qui miroite et ondule. Et je sens le poids sur mes épaules s'alourdir. Et j'entends le vent murmurer l'écho qui devient une douce litanie. Une berceuse.
Assez.
Sans pouvoir lutter, je m'éloigne de la rambarde. Je marche quelque pas. Je me retourne. Je peux passer par dessus. Alors je m'élance. Je cours vers ce qui sera sans aucun doute ma délivrance.
Et je heurte la rambarde. Je ne la passe pas. Mon souffle se coupe tandis que je revois le visage de ma mère.
"Ma chérie, je l'entends dire encore clairement maintenant alors que ce souvenir remonte à l'enterrement de ma grand-mère maternelle qui avait voulu rejoindre mon grand-père partit bien des années plus tôt.
Les vivants ne sont pas faits pour envier les morts. Ils ne doivent pas être attirés par Elle. La vie est un cadeau ma puce. Peu importe combien elle est douloureuse ; il y a forcément un endroit où on peut être heureux. Oui, la mort fait partie de la vie mon trésor. Elle est inévitable. Pas la peine donc de se presser pour la rejoindre. On ne sait pas ce qu'il y a après ; y courir ne sert à rien. Et même si tout t'a été repris, tu dois vivre. Le bonheur, tu peux l'atteindre. Tu peux le vivre peu importe combien ce sera difficile. Voilà pourquoi il ne faut pas envier les morts mon ange. N'aie pas pitié d'eux. Ne fait que les garder au plus profond de ton cœur ma chérie. Ne les oublie pas mais ne les laisse pas t'entraver. Aucun d'eux ne veut te voir près de lui mon petit ange. La seule chose qu'ils exigent des vivants, c'est qu'ils vivent."
Et son visage me hante. Me hante jusqu'à ce que je me projette loin de cette rambarde.
Je ne peux pas faire ça. Non, je ne peux pas. Parce qu'elle m'en voudrait. Parce qu'elle me hurlerait dessus.
Alors je m'effondre et je hurle à la mort. Là, par terre, sur ce pont qui aurait pu voir la fin de ma vie, je craque.
Je pleure sans pouvoir m'arrêter alors que je pensais avoir épuisé mes larmes. Je pleure et ça fait mal. Ça fait tellement mal d'être en vie. "La douleur fait partie de la vie." Les mots de ma mère résonnent encore dans mes oreilles. Et j'ai mal, si mal maman.
Et je respire, je suffoque, je sanglote.
Je suis en vie.
Lorsqu'enfin mes larmes se tarissent, que ma gorge est enrouée à force de crier, que mes articulations me font mal à force d'avoir traîné par terre, je me relève. Je regarde autour de moi sans vraiment voir ce qui m'entoure. Je me redresse lentement et je prends une grande inspiration.
J'ai mal. Je vis.
J'expire et je goûte de nouveau la sensation de l'air emplissant mes poumons.
Je suis en vie.
Un début de sourire étire mes lèvres tandis que le vent caresse les joues. Je suis en vie.
Et peu importe combien c'est dur et douloureux. Je ne peux juste pas abandonner au final.
Alors, une fois de plus, je me relève. Je prends une grande inspiration et je me retourne.
- GLENN -
À force de courir partout et de demander aux passants, je l'ai retrouvé. Elle est là, sur ce pont. Tremblante de la tête aux pieds, je la vois tomber à genoux. Puis un cri guttural passe la barrière de ses lèvres et mon monde vole en éclat tandis que les larmes perlent sur ses joues.
Ma gorge se noue pendant que je réalise tout ce qu'elle a vécu et je suis désolé. Tellement, tellement désolé.
Je voudrais faire un pas vers elle mais je n'arrive pas à esquisser le moindre mouvement.
Mes entrailles se tordent et une larme roule sur ma joue alors que je ne peux qu'assister au spectacle du désespoir de cette jeune fille.
Et ça fait mal, tellement mal de savoir que c'est ma faute.
Alors c'est ça la culpabilité, hein ? Quel sentiment affreux.
Je ne peux que m'asseoir et regarder cette jeune fille. Peu à peu, au fur et à mesure que le soleil continue sa course, elle cesse de hurler, de pleurer, et lorsque qu'Alix se relève, je peux constater qu'elle est de nouveau déterminée rien qu'à sa posture. Et alors que je me relève, je remarque une chose qui me glace le sang.
Certains membres de mon groupe d'enfoirés de clébards viennent vers elle.
- ALIX -
Au début, je me contente de les ignorer en pensant qu'ils vont passer leur chemins sauf qu'ils ne le font pas. L'un d'eux m'aborde alors en me demandant :
"Contente de toi sale garce ? À cause de toi, nos potes sont partis en taule.
- Vos pote sont des putains de violeurs, je réplique amèrement. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse d'autre ?
- Je sais pas moi. Écarter les cuisses par exemple ? Je suis sûre que ça t'aurait plu.
Pendant un instant, je ne dis rien puis je me contente de répliquer, acide :
- Visiblement, qui se ressemble s'assemble. Si tu défends des putains de violeurs parce que ce sont tes amis, c'est ton problème - entre nous, tu devrais mieux les choisir. Mais je n'ai pas à rester silencieuse alors que tes potes ont voulu me sauter. Je n'ai pas à vivre dans la peur et dans le silence alors que ces enfoirés sont en tort. Je n'ai pas à éviter de leur souhaiter de s'en prendre plein le cul en prison. D'ailleurs tu sais quoi ? C'est une idée qui me satisfait pleinement. J'espère même qu'ils vont goûter au traitement qu'ils infligent."
Je suis hors de moi et je les fusille du regard. Venir me faire chier après tout ça... Putain j'ai la haine. Je voudrais leur arracher les yeux à tous avec une fourchette rouillée.
La colère coule dans mes veines et ma rage déferle dans chacun de mes muscles.
Je les hais. Je les hais tellement.
"Espèce de salope." j'entends alors. Puis je sens plus que je ne vois qu'on me pousse.
Je chute. Je flotte pendant un instant. Puis je heurte la surface de l'eau.
Mon souffle se coupe, l'air s'échappe de mes poumons en bulles et tout est assourdit tandis que je sombre dans l'eau froide.
- GLENN -
La scène se déroule au ralenti sous mes yeux. Je l'entends parler avec ces gens et la regarde s'énerver.
Puis je la vois chuter après que l'un d'eux la pousse.
Tout se passe vite. Beaucoup trop vite.
Les enfoirés semblent se rendre compte de ce qu'ils ont fait et partent en courant, un air paniqué scotché sur leurs visages. Et moi je contemple l'eau où elle a disparu un instant.
Puis je m'élance. Je m'élance le plus vite possible et une fois sur la berge, je saute dans l'eau après avoir jeté ma veste par terre. Rapidement j'arrive à l'endroit où elle est tombée et je la vois, là, flottant doucement. Alors je plonge et je la ramène sur la berge aussi vite que possible. Dieu bénisse les cours de sauvetage de première.
Je la hisse comme je peux sur le bitume et la rejoins.
Elle ne respire plus.
Mon cœur s'accélère. Ma respiration se bloque avant de repartir en un quart de seconde.
Je ne la laisserai pas mourir comme ça.
Je me penche alors vers elle et entame la procédure visant à la réanimer. Je m'excuse mentalement auprès d'elle et commence à lui faire du bouche à bouche en priant n'importe quel dieu pour qu'elle s'en sorte.
Jésus, Marie, Bouddha, Allah, n'importe qui ; sauvez-la. Ne la laissez pas partir. S'il-te-plaît, reviens. Reviens. Reviens.
Finalement, elle crache de l'eau et je respire enfin. Je la couvre doucement de ma veste et j'appelle mon majordome pour lui demander de venir nous chercher et de prévenir le médecin de la famille.
(*) Ce discours vient réellement d'une amie. Donc merci à toi ma petite Fanny pour avoir défendu ta princesse préférée. Je n'aurai jamais pu l'écrire seule.
N.d.a : Vous l'attendiez ? Il est là et il contient pas moins de 6000 mots. Tadaaa~
*Au passage, l'auteur n'est toujours pas morte.*
Donc. Pourquoi ce retard de 3 mois et demi ?
Mes petits amis, je vous annonce que je suis entrée en deuxième année de prépa et que j'ai un charmant concours au milieu d'avril. Donc... Continuer d'écrire va s'avérer relativement difficile. Je ne suis même pas en mesure de vous dire à quel rythme se fera la parution des chapitres. Toujours est-il qu'Another Breath ne sera pas mit en pause en attendant puisque je ne sais pas vraiment à quelle fréquence je vais écrire.
Voilà voilà. N'hésitez pas à me donner vos avis et merci pour tous vos votes et vos vues. ❤
À la prochaine,
Latte
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