Chapitre 24

- ALIX -

Trois jours d'expulsion, hein ?
Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire durant ce laps de temps... J'imagine que je vais travailler pour essayer de rattraper mes heures. Non parce que le patron est très gentil de me laisser me reposer mais quand même ; je ne vais pas continuer à être payée pour ne rien faire.

Je récupère donc mon sac de cours que j'avais posé près d'une poubelle et je me rends aux toilettes pour essayer de nettoyer le maximum de dégâts même si, soyons francs, je suis bonne pour jeter ma chemise à la poubelle. Après ça, j'envoie un texto à Lila pour lui expliquer la situation et je rentre chez moi - Oui, sécher c'est mal, mais bon, là j'ai des circonstances atténuantes. - pour prendre une douche bien chaude.

- GLENN -

Alors qu'elle s'éloigne, je digère un peu ce que je viens d'entendre. Non seulement je n'ai pas pensé à l'enfoncer - Note à moi-même, penser à vérifier ma température ; je couve sûrement quelque chose. - mais en plus, j'ai appris que cette saleté a perdu sa mère. Deux informations plutôt déconcertante, vous en conviendrez.
Comme le cours de maths va bientôt se terminer, je décide finalement de ne pas y retourner et d'envoyer un message à un de mes gentils toutous pour qu'il me ramène mon sac. Puis je m'allonge tranquillement sur un banc et je me repose pendant la dizaine de minutes restantes avant la prochaine sonnerie.

"Glenn" j'entends soudainement. J'enlève le bras qui couvre mes yeux et secoue la tête pour essayer de chasser la brume de sommeil qui y traîne. Puis je me redresse et je regarde mes clébards sautiller joyeusement vers moi.
"Tiens, me dit un mec en me tendant mon sac de cours.
- Merci Dan.
- Éthan, lance le dit garçon en riant.
- Ah ouais, pardon.
- Laisse tomber Glenn, dit une brune en écartant Éthan. On vient d'apprendre un truc super intéressant.
- Pas plus que ce que je viens d'apprendre, je marmonne.
- Quoi ?
- Non rien. Alors, dites-moi tout.
Ils s'assoient tous en cercle autour de moi et la fille se remet à parler :
- Figure toi, mon petit Glenn, que des p'tits boursiers mentionnaient tranquillement leur job à temps partiel et
- Alors que vous étiez couverts d'immondices ? je l'interromps ironiquement.
- Oui, ils ne sont vraiment pas très soucieux de leurs futurs supérieurs, grogne une rousse.
Quelques-uns de mes clébards acquièsent énergiquement alors que je ne peux m'empêcher de penser qu'ils n'ont pas l'air bien soucieux pour les boursiers non plus. Comment ça "c'est l'hôpital qui se fout de la charité" ?... Bon, d'accord, c'est vrai. Mais moi au moins je ne m'étonne pas que les gens ne soient pas soucieux de mon état.
- Et donc, je reprends, qu'y-a-t'il de si intéressant ?
- Alors, continue la fille, je disais donc que les boursiers parlaient de leur job à temps partiel et qu'on a appris un truc de la bouche de la punk. Figure toi que Garcia a un job de serveuse dans un petit restaurant près du port.
- Et ? je demande, un peu perdu.
- On s'est dit qu'on pourrait y faire un saut, lance joyeusement un grand black."
Je pouffe doucement et leur dis que c'est une excellente idée mais qu'il faudra juste s'assurer qu'elle est en service. Ou alors, il faudra revenir les autres jours de la semaine si elle n'est pas là.

Lorsque nous arrivons en petit groupe au bar d'Alix le soir, mes "amis" partent s'asseoir pendant que je reste debout quelques secondes afin d'observer les lieux.
Le papier peint rouge n'est pas la couleur que je me serais attendu à trouver dans ce genre d'endroit de même que les nombreuses photos en noir et blanc accrochées aux murs. D'ailleurs, je ne vois aucune trace de maquettes de bateaux ou d'une quelconque bouteille jetée à la mer. Pour un peu, je suis presque déçu que le propriétaire des lieux ne se soit pas cantonné à un cliché... C'est vrai quoi, son établissement est près du port après tout...
Les tables sont séparées par de grandes planches en bois et on voit facilement qu'elles ont été organisées en pensant avant tout aux clients ; elles sont tantôt de quatre à six places, voir de huit à douze pour certaines dans le fond, et sont recouvertes de vernis et de sets de table avec des couverts.
Tandis que je vais rejoindre mes "acolytes", je remarque que sur la droite de la salle se trouve une grande porte qui doit donner accès au côté bar.
Soudain, une personne surgit de derrière la dite porte.
Mes yeux croisent les siens. Verts contre gris. Alix.

- ALIX -

Je manque de peu de lâcher mon plateau. Qu'est-ce que Marchal fout là ?! Et avec ces potes en plus...
Bordel.
Je sais très bien pourquoi il est ici. Son sourire me le dit clairement. Il m'adresse même un petit coucou.
Cet enfoiré est venu m'emmerder.
Bon allez ma fille, prends sur toi et... Non en fait rien du tout.
Je l'avoue, je me contente de faire un repli stratégique vers la cuisine.
J'ai déjà vu leurs sales gueules ce matin et il est hors de question que je les revois ce soir.

J'interpelle donc Marcy qui m'en doit une depuis que j'ai assuré son service l'autre fois et je lui demande de s'occuper de leur table.
"T'es sûre de toi Alix ? demande-t-elle en léchant sa lèvre supérieure. Il est quand même sacrément mignon ce mec. Et ses potes sont pas mal non plus. Dommage que ces filles les encadrent sinon j'en aurais bien pris un pour mon dessert.
- Oui, je suis totalement sûre. Et si j'étais toi j'éviterais de m'en approcher. Ils sont plus cons qu'ils en ont l'air.
- Mouais..."
Elle attrape alors un plateau, sort de la cuisine et se dandine jusqu'à leur table. Par le hublot de la porte, je peux l'apercevoir battre des cils et demander leurs commandes en leur faisant un grand sourire.
La plupart des mecs se contentent de la fixer ou de répondre à son sourire pendant que les filles font la moue. Seulement, les seuls yeux que je voudrais ne plus croiser s'obstinent à ne pas me quitter.
Glenn m'observe en silence, comme si nous étions seuls au monde, avant de me lancer un grand sourire entendu. Comme si j'avais perdu parce que je refusais de l'affronter. Un sourire qui me dit "Sors de là, si tu l'oses.". Un sourire qui me donne envie de sortir en claquant la porte et de marcher droit vers lui pour le virer de mon lieu de travail.
Malheureusement, je ne peux pas ; ça causerait des ennuis incommensurables au patron.
Je souffle doucement et j'ignore la provocation de Glenn pour récupérer les prochaines commandes et m'élancer vers la salle de restauration. Je rase les murs jusqu'à la table que je dois servir et je le fais tranquillement avec un sourire pour les clients.
Au loin je peux apercevoir Marcy froncer les sourcils et Glenn sourire de façon carnassière pendant qu'il lui demande quelque chose - sa commande j'espère.

Je vais du côté bar et j'ai le temps de servir quelques personnes jusqu'à ce que Marcy débarque une moue franchement énervée scotchée sur le visage.
"Qu'est-ce qui t'arrives ? je lui demande.
- C'est ton connard de copain.
- Déjà, ce n'est pas mon copain. Et en plus, je t'avais prévenu que c'est un con.
- Ouais ben en attendant, Môsieur refuse catégoriquement que je le serve, réplique-t-elle hargneusement.
- Quoi ?
- Tu m'as très bien entendu. Il veut que ce soit toi qui le serve. Et il a ajouté qu'il ne partirait pas tant que ce ne sera pas fait.
Et merde. Le salopard.
- Et les autres ?
- Déjà servis pour les mecs. Les filles, par contre, se contentent de me fusiller du regard, ajoute-t-elle avec un grand sourire. Du coup tout ce p'tit monde t'attend. Alors en scène Alix."

- GLENN -

Je la vois ressortir du côté bar en inspirant un grand coup.
Puis, le regard déterminé, elle se dirige droit vers moi. Enfin vers nous.
"Qu'est-ce que vous voulez ?
- Ouh, quel ton froid. À vous glacer un ours polaire, lance une fille aussi pâle qu'un cachet d'aspirine.
- C'est comme ça que tu accueilles les clients ? demande une grande blonde.
- Habituellement non. Mais pour vous je fais une exception, répond Alix avec un grand sourire. Alors ? Qu'est-ce que vous voulez ?
- Tiens, c'est vrai ça... Qu'est-ce qu'on veut ? Hmmm. Moi ce sera..."
À partir de ce moment là, j'arrête d'écouter leur discussion et je me concentre sur Alix pendant que les filles s'amusent à changer d'avis comme de chemises et à la rendre folle. Elle a l'air excédée et au fur et à mesure qu'on la retient, une veine pulse de plus en plus fort sur son front. Son sourire se fait crispé et se fane carrément quand elle se tourne vers moi pour me demander d'un ton sec ce que je veux. Je lui réponds tranquillement en lui faisant un sourire plein de dents et elle repart en levant les yeux au ciel.
Elle ne revient qu'un quart d'heure plus tard avec un plateau surchargé. Et lorsqu'elle arrive et commence à poser nos plats sur la table, je l'interromps tout de suite en lui lançant :
"Qu'est-ce que c'est que ça Chaton ?
Elle hausse un sourcil avant de répondre :
- Vos commandes pourquoi ?
- Euh non, je ne crois pas non.
Elle souffle bruyamment et sort son carnet de sa poche arrière pour nous lire la liste de nos commandes avant de me fixer de nouveau et de lever un sourcil pour dire "Tu vois ?".
- Et donc parce que c'est marqué sur ton carnet, c'est que c'est notre commande ?
- Non mais vu qu'il y a marqué "Gros con" en face, ça ne peut qu'être ton plat, lâche Alix avant de pouvoir se contrôler.
Pendant un instant, je ne dis rien ; trop choqué par le fait qu'elle ait pu répondre. Puis je lui lance un regard mauvais et je crache :
- Et ben, c'est comme ça qu'on parle aux clients chez vous ? Je pense que je devrais faire une critique sur Internet pour dire ça aux potentiels clients. Il ne faudrait pas qu'ils tombent sur un restaurant si peu respectueux de sa clientèle."
Alix sert les poings et se mord la lèvre inférieure.  Juste au moment où elle avait l'air de s'excuser, un homme d'une soixantaine d'années lui tapote l'épaule et lui demande :
- Tout va bien Alix ?
- Oui monsieur, lui répond-elle en souriant gentimment. J'étais simplement en train de servir ces gens.
- Euh non, tout ne va pas bien non, l'interromps de nouveau le cachet d'aspirine.
Alix la foudroie du regard avant que le vieil homme lui demande :
- Que se passe-t-il mademoiselle ?
- Votre employée est irrespectueuse et vulgaire avec vos clients. En tant que patron, vous devriez faire attention aux gens que vous recrutez.
L'homme fronce les sourcils avant de continuer :
- Vous faites erreur mademoiselle, je ne suis pas le gérant. Je ne suis qu'un simple responsable du personnel. Maintenant pouvez-vous m'expliquer ce qu'il se passe avec notre employée ?
Pour un peu, on pourrait presque voir un changement d'aura chez l'homme. Il n'avait pas l'air de nous croire le moins du monde. Ou plutôt, il semblait avoir trop confiance en Alix pour douter d'elle.
Cependant, avant que j'ai pu l'en empêcher, la fille continue :
- Elle s'est plantée dans nos commandes.
- C'est vrai ? Alix, montre moi donc ton carnet.
Cette dernière lui tend doucement l'objet et le vieux le regarde quelques instants avant de répondre :
- Visiblement elle ne s'est pas trompée. Cependant, si vous désirez quelque chose nous pouvons vous le cuisiner."

Et c'est ainsi que l'aspirine se retrouve bêtement à commander un autre plat et à en payer deux. De mon côté, je fulmine. Je refuse d'admettre qu'elle ait pu gagner cette partie.
Alors, lorsqu'Alix arrive munie d'une assiette pleine de truc rouge - probablement de la soupe à la tomate - je lui fais un discret croche-pied et la regarde joyeusement se vautrer par terre. L'assiette vole et se retrouve sur son chemisier noir en moins de deux pendant que j'éclate de rire.

- ALIX -

Et merde. Pour la deuxième fois aujourd'hui, je me retrouve recouverte d'un truc dégueulasse. Connard de Marchal. Je lui lance un regard meurtrier pendant que ce con rigole toujours puis je retourne rapidement à la cuisine. Je croise alors le patron qui comprend en un seul coup d'œil que quelque chose ne va pas vu que je ne renverse jamais rien.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? me demande-t-il.
- Rien monsieur. Rien."
Il soupire, comprenant que je ne lui dirais rien de plus et me laisse finalement rentrer chez moi.

Arrivée à la maison, je constate que mon père n'est pas encore rentré. En revanche, Lila m'attend sur le perron.
Dès qu'elle me voit, elle saute sur ses pieds et se précipite vers moi en hurlant :
"Cette fois ça suffit, ils vont trop loin. Si tu finis par être virée pendant trois jours à chaque fois, il vaut mieux que tu les balances maintenant au...
Mais elle se stoppe quand elle voit l'état de mes vêtements.
- Marchal ? demande-t-elle, prise d'une intuition.
- Marchal et ses potes, je confirme.
- Putain, ils ont trouvé l'endroit où tu bosses.
J'hoche la tête doucement même si ce n'était pas vraiment une question. Elle jure entre ses dents.
- Il va falloir que tu en parles au principal ou à ton père.
Je secoue la tête en un refus catégorique.
- Si, insiste-t-elle. Il faut que tu le fasses, ça risque de devenir trop grave si ça continue.
Je fais toujours non de la tête, sans pouvoir m'en empêcher.
- Pourquoi tu n'en parles pas à quelqu'un ?! crie Lila en paraissant de plus en plus inquiète à chacun de mes refus.

C'est vrai ça pourquoi ? Parce que Glenn peut détruire ma future carrière ? Celle de Lila ? Ou détruire tout simplement mon amie ? Ou bien parce qu-

Et là je me rends compte. Oui, je me rends compte que depuis le début, la raison est bien plus simple que ça. Tellement simple que je ne comprends pas comment j'ai pu me cacher ça à moi-même pendant autant de temps...

- Je crois que j'ai peur, je couine. J'ai peur qu'on ne me croit pas Lila. J'ai terriblement peur que ce soient eux qui gagnent et qui soient défendus. Va-t-on seulement accorder du crédit à mes propos quand tous les profs détournent leur regard sur ce que je vis ? Bordel, comment je peux avoir confiance dans ce foutu système qui est totalement incapable de me protéger ?!
Les larmes me montent aux yeux alors que je hurle hystériquement ces derniers mots.
Je déteste cette faiblesse.
- Cette faiblesse ?!
Je sursaute avant de regarder Lila droit dans les yeux. J'ai parlé tout haut, je crois...
- Dis-moi que tu ne penses pas sincèrement ce que tu viens de dire Alix !
Je baisse la tête et garde le silence alors que des larmes se mettent à dévaler mes joues.
"Et merde" j'entends soudain avant que Lila m'agrippe le menton et me force à la regarder.
- Écoute moi bien Alix. Tu n'es pas faible. Et je t'interdis de ne serait-ce que penser le contraire. Tu es même, pour tout te dire, la personne la plus forte que je connaisse. Personne à part toi n'aurait pu réagir comme ça. Personne n'aurait jamais osé répliquer. Tu es courageuse et pleurer ne fera jamais de toi quelqu'un de faible. Alors ma belle, pleure autant que tu veux."
Puis elle me prend dans ses bras et me tapote le dos pendant que je pleure toutes les larmes de mon corps.

N.d.a : Alors... L'auteur va vous raconter sa vie donc bien sûr, vous n'êtes pas obligés de rester. XD Par où commencer... Bon :
- Pourquoi je suis autant à la bourre dans la parution de ce chapitre ?
Il se trouve qu'on m'a rappelé une semaine avant la rentrée pour me dire que finalement j'étais prise en prépa littéraire. Donc j'ai finalement décidé d'y aller.
- Concrètement, qu'est-ce que ça implique ?
Rassurez-vous, je ne compte pas le moins du monde abandonner cette histoire. Seulement, j'ai beaucoup de travail. Mais genre, beaucoup beaucoup. Donc au final, je risque d'être plus longue pour poster mes chapitres *j'imagine que ça pourra aller jusqu'à un mois de retard*. Néanmoins, j'essaierai d'être le moins possible à la bourre. Malheureusement, je ne peux rien vous promettre.
Donc voilà, s'il-vous-plaît, ne me jetez pas de cailloux.
Enfin, je tenais à vous remercier de nouveau parce que là, vous m'avez fait dépasser 3000 likes et les 35000 vues et ça... C'est carrément pas croyable.
Je vous fais pleins d'énormes bisous et je vous dis à la prochaine,
Latte

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