Chapitre 6 : Confession

Pour tout vous dire, la seule chose que j’ai faite aujourd’hui était de rester à la maison, avachi dans le canapé à stresser et à me ronger les ongles jusqu’à ce que je saigne. Mona, la sœur de Liam, a décidé de rester avec moi et de regarder des émissions débiles. Liam n’a pas arrêté de soupirer et il a passé un coup de fil à un ami. Il m’a demandé si je voulais passer la soirée avec eux et j’ai, bien entendu, dû annoncé à Liam que j’avais un rencard. Il n’a rien dit mais je sais qu’il sait avec qui je vais sortir ce soir. Mais je le remercie aujourd’hui puisque je n’ai pas eu l’occasion de supporter toutes ses questions et ses avertissements. Il a quitté la maison il y a peu de temps et je me retrouve dans ce canapé miteux avec sa sœur et, évidemment, son père, qui bouquine encore et toujours.

Je vois bien que Mona n’arrête pas d’essayer de communiquer avec son père mais les liens paraissent rompus et je remarque, pour une fois depuis mon arrivée, que la famille Payne n’est pas aussi unie que je le pensais. Après tout, aucune famille n’est parfaitement unie et la mienne en est l’exemple parfait. Avec une mère décédée et un père qui couche par ci par là, je crois que je détiens la palme d’or de la famille la plus détruite qui soit. Sans compter que je n’ai plus aucuns contacts avec mes oncles et mes tantes depuis la mort de tante Evelyn. A vrai dire, elle était sûrement la seule personne que je considérais vraiment comme une famille. Quand mes parents se disputaient et voulaient être au calme pour se hurler dessus, ils me larguaient chez ma tantine et je passais mes soirées à me goinfrer de pop corn en regardant des dessins animés bidon et en riant avec Evelyn.  Quand à mon frère, je ne l’ai pas revu depuis plus de deux ans puisqu’il parcourt le monde avec sa copine Italienne aux longs cheveux bouclés. Il ne prend pas vraiment de mes nouvelles mais il m’envoie des petits cadeaux que je considère comme des horreurs mais après tout, c’est l’intention qui compte.

Je lâche un long soupir à cette pensée et Mona m’interroge du regard. Je n’y prête pas attention et je consulte mes messages. J’en ai un de Anonyme et, à ma plus grande surprise, un de mon père. Je décide de prendre le plus important et j’affiche celui de mon géniteur.

« De Mr.Tomlinson : Puisque tu as foutu le camps dans un trou paumé, je tenais à te rappeler que tu dois venir chez moi quand tu rentreras. Je n’ai même pas pu fêter Noel avec mon fils. »

Je lâche un petit rire intérieur. Ironique, évidemment. Le fait est que mon père ne m’a jamais proposé de passer Noel avec lui puisqu’il ne me parle jamais sauf quand il a besoin d’un peu de fric pour sa petite entreprise de Telecom qui est en train de toucher le fond. Je ne prends même pas la peine d’y répondre et je regarde celui d’Anonyme. Depuis hier, il me bombarde d’indices à ajouter sur ma liste. Le problème c’est que je ne tiens même plus cette liste dans mon portable parce que je me fiche un peu de ça à présent. Il se passe trop de chose perturbante dans ma vie pour que j’ai le temps de m’emmerder avec un gamin virtuel. Bon, je ne peux pas tellement qualifier Harry de perturbant parce qu’il est simplement… Je m’interromps dans mes pensées lorsque je tente un coup d’œil à l’heure. Il n’est pas loin de vingt heures et je ne ressemble strictement à rien puisque je n’ai pas bougé de la journée.

Je me lève, paniqué et je cours jusque dans la chambre sous le regard étonné des Payne. Je ferme la porte derrière moi et je mets un véritable bordel dans la chambre pour me trouver des vêtements digne d’un rendez vous avec un dieu pareil. Je trouve enfin un tee-shirt des Rolling Stones noir associé à des écritures blanches et je saisis un slim noir ainsi qu’un veston, lui aussi noir, que j’avais réservé pour les repas de Noel. Je m’habille rapidement et j’enfile mes éternelles Vans noir. Je me regarde sous toutes les coutures dans le miroir et j’admets que je suis parfait. A la fois chic et décontracté. Le problème maintenant c’est mes cheveux et cette coiffure négligée. Je prends le premier peigne que j’ai sous la main et je tente de dompter cette crinière. Je remets ma frange en place d’un geste rapide de la main et je me jauge du regard une seconde fois. Cette fois-ci, tout est parfait. Mes cheveux ne sont pas trop long, il tombe juste dans mon cou et ma barbe ne date même pas de trois jours. Mes yeux sont d’un bleu sauvage ce soir et j’imagine déjà le regard fauve d’Harry.

Au même moment, j’entends qu’on sonne à la porte et j’ajoute une touche de parfum pour homme avant de courir dans l’entrée. Mona se tient à la porte et je la vois dire quelques mots à l’oreille de mon chieur de prince. Tiens, j’ignorais qu’ils étaient en bons termes. Lorsque je m’approche d’eux, Mona se détache rapidement et me fais un large sourire.

-Tu es parfait Louis ! Amusez vous bien ! Et surtout protégez vous hein !

Nous rions de bon cœur à sa dernière phrase alors qu’elle rejoint le salon avec Jimmy dans les bras. Je sens le regard d’Harry sur mon visage puis sur mon corps et un frisson me parcourt. Il sait l’effet qu’il me fait et ça me tue. Il sait comment me rendre faible pourtant nous n’avons presque jamais parlé - sauf pour nous engueuler. Et, pour dire vraie, j’ai l’impression d’aller à un rendez vous avec un parfait inconnu dont les rumeurs ne disent que du mal. Mais c’est plus fort que moi. Après tout, c’est comme ça que se construit une relation. Il faut découvrir les gens et pour cela, il faut prendre des risques. Risquer d’être déçu. Et je sais que je risque d’être déçu à la fin avec tout ce que m’a raconté Liam mais il y a quelque chose qui m’attire chez lui. Son physique ? Ses boucles chocolatées ? Ses yeux verts ? Ce sourire en coin ? Cette façon de me regarder ? Qui sait !

-Tu es très beau Louis, m’interromps le bouclé.

Je tente un regard vers lui et il n’est pas trop mal… Bon d’accord, il est parfaitement bandant. Il a son sourire en coin et je fonds déjà mais j’essaie de me ressaisir. La soirée n’a même pas commencé Louis ! Il est habillé d’un tee-shirt à motif léopard ainsi qu’un jean noir troué aux genoux et un grand manteau. Il a des bottines noir cirés et il est tout simplement magnifique. J’essaie difficilement de ne pas le regarder trop longtemps mais c’est plus fort que moi.

-Tu es aussi… très beau Harry.

Je lui fais un petit sourire et il me fait signe de le suivre d’un coup de tête. Il me conduit jusqu’à sa voiture qui n’est autre qu’une mini Cooper rouge. Je souris devant la petite bagnole et je m’assois côté passager. Il démarre et il est très silencieux. Ca m’en dit long sur la suite de notre rendez-vous et je regrette, presque immédiatement, d’avoir accepté notre petit ‘marché’. Il sort une cigarette de son paquet en observant la route et il m’en tend une. Je lui fais non de la tête et il lâche un petit rire avant de l’allumer entre ses lèvres. Il ne quitte pas du regard le bitume.

-Ca ne fais pas de mal une petite clope tu sais. Tu devrais essayer, ça détend, annonce-t-il.

Il me lance un clin d’œil et je vois directement à quoi il fait référence. Je hausse les épaules et je regarde par la fenêtre. L’odeur de la clope envahit l’habitacle et j’entrouvre ma fenêtre. Il me tend une nouvelle fois sa cigarette tout en me jetant des coups d’œil.

-Essaie je te dis.

Après tout, ça ne pourrais pas me faire de mal. Je prends maladroitement la longue tige entre mes doigts et je tire dessus sauf que je tousse et je peine à reprendre mon souffle. Harry éclate de rire sur le siège d’à côté et j’ai du mal à lui rendre la clope. Je suis pris d’une nouvelle crise de toux et Harry tapote distraitement mon dos.

-C’est normal, c’est la première fois.

Je ne réponds pas et je déglutis. Il termine sa cigarette et jette le mégot. Il a compris que je ne parlerai plus mais il insiste quand même.

-Alors qu’est ce que tu penses de Kingsley ? Tu viens d’où déjà ?

-Londres, répond-je, la tête appuyée contre la paume de ma main.

-Ca doit faire un sacré changement.

Un rire éraillé s’échappe de ses lèvres et des tas de frissons capturent chaque parcelle de ma peau. Je m’empêche tout de même de sourire à ce petit commentaire.

-Et tu connais Liam depuis longtemps ?

Je le vois arquer un sourcil du coin de l’œil et je mords mes lèvres. Je vais sûrement passer pour un jaloux mais j’ai l’impression qu’Harry passe tout son temps à parler de Liam.

-Environ quatre ans. On s’est rencontré à l’université et il cherchait un colocataire. J’ai accepté sa proposition et je me suis retrouvé en plein Londres avec un complet inconnu.

Je sens que parler de Liam me délie la langue étrangement…

Une question me brûle toujours les lèvres et c’est exactement la même que la sienne. Je voudrais en connaître tellement plus sur Harry mais je sais que si je commence à poser une question, je ne pourrais pas m’arrêter. Je cède finalement.

-Et toi alors ? Tu le connais depuis quand ?

-Nos cinq ans. Je l’ai rencontré au bac à sable. Au début je le haïssais parce qu’il semblait tout avoir pour lui. Il était vraiment mignon comme gamin et d’après moi, il l’est toujours. Il avait des parents sympas et une sœur extravagante. On a passé plusieurs années à ne pas se parler puis un jour, il est venu vers moi. On a bavardé, parlé de trucs de mecs et c’est parti comme ça.

-Tu n’as pas la famille parfaite toi aussi ?

Je le vois se tendre et ses mains se resserrent sur le guidon. Je détourne le regard, m’attendant à ce qu’il ne me révèle rien.

-Disons que ma famille est… Compliquée. Mes parents ont divorcés à mes trois ans et j’ai voyagé entre la maison de ma mère et celle de mon père pendant longtemps. Jusqu’à mes dix-huit ans à vrai dire. Mon père avait plusieurs copines et je les rencontrais toutes. La seule chose que je remarquais chez elles, c’était qu’elles étaient botoxées de la tête aux pieds. Ma mère n’a jamais retrouvé un mari mais elle n’en a pas moins bien vécu.

Harry vient de s’ouvrir à moi comme ça, sans même en connaître plus sur moi. Il vient de me révéler un fardeau et je ne sais plus vraiment quoi dire. Je ne sais pas réconforter les gens en général. Je n’essaie pas de me confondre en excuses lorsque la voiture se gare devant le Jack’s et je sors. Il fait de même et m’accompagne à l’intérieur du restaurant. Il a reprit son sourire en coin et je me sens soudain mal à l’aise après tout ce qu’il vient de me confier.

Lorsqu’on pousse la porte, une serveuse habillée d’une robe noir élégante s’approche de nous pour nous accueillir dans l’habitacle. Le coin est chaleureux et le restaurant est presque rempli. La serveuse nous invite à une table en bois foncé et recouverte d’une nappe blanche. Je m’assois sur le siège et je regarde autour de moi. La décoration est tout ce qu’il y a de plus banale. Les murs sont marrons foncé et le sol est carrelé de blanc. Je vois Harry faire un signe à un homme derrière le comptoir et je ne peux pas m’empêcher de l’interroger.

-Un ami ?

-Le patron du restaurant.

Soudain, ses yeux verts se glissent dans les miens. Il essaie de lire en moi et je détourne le regard vers mon assiette vide. J’ai conscience que mes joues sont rouges et qu’il doit sûrement se moquer de moi intérieurement mais je suis incapable de soutenir son regard.

Il retire sa veste et la laisse pendre sur le dossier de sa chaise. Il croise ses bras, les poses sur la table et il détaille l’intégralité de mon visage, il me passe au peigne fin et je rougis toujours un peu plus.

-Alors cette bûche ?

J’entends bien que la question est posée avec humour mais je fais une petite moue pour lui faire croire que je suis vexé par sa petite pique.

-Je ne l’ai même pas goûtée, avoué-je.

-Tu as tord ! Nous faisons les meilleurs gâteaux.

-Tu es seul à travailler à la boulangerie ? Demandé-je alors qu’un serveur nous invite à choisir un vin.

Harry observe la carte et fait son choix. Je profite de ce petit moment pour le regarder. Sa peau est légèrement bronzée et je me demande d’où il tient ce hâle alors que la température Anglaise ne permet à personne de se dorer la pilule. Lorsqu’il se tourne vers moi, je racle ma gorge et baisse le regard en triturant mes couverts.

-Non, je travaille avec Dan, c’est un vieux type qui a fait ça toute sa vie. Je l’aide un peu parce qu’il n’est pas toujours là. Il est vraiment sympa et je crois qu’il m’apprécie, répond-il.

-Quelqu’un qui ne fait pas circuler de rumeurs sur toi, remarqué-je.

Pendant un instant, il ne parle pas, il se contente de m’observer en souriant en coin. Lorsqu’il termine sa contemplation, il s’appuie contre le dossier de sa chaise et il croise ses bras musclés sur son torse.

-Effectivement. Mais maintenant que tu as l’occasion d’en apprendre un peu plus sur moi, tu crois vraiment à toutes ces rumeurs ?

Je hausse les épaules en prenant un air faussement désintéressé.

 -Je ne sais pas Harry. Peut-être que tu es simplement différent avec moi ou peut-être que ces rumeurs font simplement parties du passé.

-Je penche pour la seconde hypothèse, annonce-t-il.

-Alors tu ne me diras pas si elles sont vraies ? Dans le cas où elles soient vraies et que tu ai vraiment mal tourné, je te félicite parce que tu as l’air d’avoir radicalement changé. Tu as l’air de quelqu’un de bien Harry.

Je le regarde dans les yeux lorsque je lui dis ça. Je veux qu’il lise ma sincérité. Il acquiesce d’un léger hochement de tête et il reprend un sourire énigmatique. Ce sourire qui me fait douter. Est-il vraiment si fauteur de troubles que l’on se plaît à le décrire ?

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