Chapitre 5 : Proposition

Pendant tout le trajet, ni moi ni Liam n’avons osé parler. Alors j’ai appuyé mon front contre la vitre et j’ai fermé les yeux, écoutant seulement le ronflement de la Dodge. J’entends Liam soupirer mais je n’y prête pas vraiment attention. Je n’ai pas envie d’avoir une conversation avec lui qui nous mènera simplement à une dispute. Bien que mon meilleur ami m’ai prévenu que je devais rester éloigné de Harry, je ne pouvais m’empêcher de lui en vouloir puisque le grand bouclé m’avait annoncé que Liam raffolait des ragots. Je me demande quelque fois si je le connais bien en fin de compte. Certes, j’ai passé énormément de temps avec lui et nos quatre ans de « vie commune » me font toujours autant sourire. Mais peut-être qu’il me cache encore certaines choses et que je n’ai jamais vraiment fait l’effort d’en savoir un peu plus.

Je sens mon portable vibrer à plusieurs reprises dans ma poche et je fronce les sourcils. Lorsque je compose le code pin, mon portable est déjà ouvert sur ma discussion avec Anonyme. Mais cette fois-ci, ce n’est pas des mots mais une image qu’il vient de m’envoyer. J’arque un sourcil et j’hésite un moment à l’ouvrir. J’ai peur de le découvrir et toutes mes émotions se ressentent puisque je commence à trembloter. Je ressers ma fine veste autour de moi. Il recommence à neiger et je me contente d’admirer les flocons en imaginant le visage de Anonyme. Je l’imagine jeune. Environ la vingtaine, tout comme moi, avec de grands yeux chocolats, un sourire éclatant et un nez droit et fin. Peut-être des cheveux courts et une mèche relevée à l’aide de gel. Je mords ma lèvre et mon bas ventre se tortille délicieusement lorsqu’une photo de ce bel étalon apparaît devant moi. Oh oui, je suis persuadé qu’il est comme ça…

Et soudain, je ne peux plus résister. Je saisis mon portable que j’avais laissé poser sur mes genoux et je le déverrouille une seconde fois. Je télécharge la pièce jointe et j’attends patiemment en regardant devant moi. Les essuies glaces font un bruit assourdissant pour tenter de chasser la neige. Je commence à avoir une migraine et cette foutue bagnole n’arrange rien. Bien que je sois plongé dans une liste d’insultes silencieuses envers cette machine de la mort, je reprends mes esprits et je fixe mon portable. Il affiche une photo de mauvaise qualité et après quelques secondes de contemplations, je découvre un torse peu bronzé mais qui présente un tatouage épatant. Un papillon se tient sur l’écran. Il est entièrement fait de noir et il épouse parfaitement ce torse musclé. Un frisson parcourt mon échine et je commence à taper sur le clavier tactile.

« A Anonyme : Joli tatouage. »

C’est la seule chose que je peux lui dire. Je ne vais quand même pas lui dire que je suis en train de baver et que je durcis rien qu’à l’idée d’imaginer mes doigts caresser ces abdos parfaitement dessinés. Je le refuse, je ne suis pas comme ça. Liam jette un coup d’œil à mon téléphone et je cache rapidement l’écran comme si de rien n’était.

-Tu me caches quelque chose Lou. Je le sais. Je te connais par cœur maintenant. Et n’essaie même pas de me mentir !

-Tu peux me laisser tranquille s’il te plaît. J’ai pas envie de parler de ça.

-Oh que si on va en parler Louis.

Il a la voix et l’expression d’une mère s’adressant à son gosse et ça a toujours le don de m’énerver au plus au point. Alors je pose mes poings sur mes cuisses et je jette un coup d’œil à Jimmy dans le rétroviseur. Il est endormi et ça va me permettre de mettre certaines choses au clair avec mon meilleur ami.

-Ecoute Liam, je t’ai dis que c’était qu’une attirance physique avec Harry. On a juste parlé une seconde aux toilettes, rien de plus. Il a juste l’air d’un gamin chercheur de merde.

Et au fond de moi, je le pense. Surtout depuis notre dispute à la boulangerie même si une partie de mes pensées me rappelle sans cesse qu’il ne l’est pas. Il n’est pas immature au fond. Peut-être incompris mais pas vraiment immature. Bon peut-être quelques fois mais il a peut-être l’air de quelqu’un de bien. Je sais parfaitement que je me mens en disant qu’il n’y a que son physique qui m’attire mais je me sens obligé de présenter ça comme ça à Liam sinon je risque encore de passer un interrogatoire à la Liam Payne et ça ne risque pas vraiment de m’enchanter. Je sais aussi que Liam s’inquiète pour moi et c’est normal puisqu’il connait mieux Harry que moi mais j’ai le sentiment qu’Harry n’est pas si mauvais qu’on le raconte.

Toutes ces pensées m’insupportent et je masse mes tempes pour calmer le mal de crâne qui s’installe dans ma tête. Liam abandonne toute question et il fixe la route déneigée sans un mot. Le trajet est tout ce qu’il y a de plus silencieux. Bon, je ne vais pas répéter qu’il y a le foutu vrombissement du moteur mais évidemment, ce n’est jamais un silence complet.

Arrivé à la maison, tout le monde descend et Liam détache Jimmy à l’arrière avant de s’approcher de la bâtisse et de pénétrer dans la maison. Je retire ma veste en jean et mon meilleur ami s’occupe de son neveu. Des voix me parviennent dont une qui ne m’est pas inconnue. Je n’arrive cependant pas à mettre un prénom sur ce ton rauque. J’entre dans la cuisine et mon visage s’écrase contre un torse musclé. La personne se recule et je mets un instant avant de relever la tête. Il est là. Il a son regard émeraude plongé dans le mien et je remarque qu’il a enfilé un bonnet gris souris. Il est aussi beau que tout à l’heure et il me lance son fameux sourire en coin.

-Mais qu’est ce qu’il fout encore là ? Aboie Liam.

Je lui lance un regard noir et je me racle la gorge. Harry ne jette même pas un regard à Liam et je devine qu’ils se détestent vraiment. Le grand bouclé me montre une petite boîte sur la table et je reconnais immédiatement le paquet jaune orangée de la boulangerie.

-Je me suis dis qu’il fallait te le ramener. Puisqu’on en a parlé tout à l’heure.

Il me lance un clin d’œil et je manque de m’évanouir. Est-il humainement possible d’être aussi beau ou est-il la réincarnation d’un Dieu grec ? Je mets en suspens cette question pour reprendre mes esprits.

-Ah oui évidemment… Je vais… Je vais te payer attend…

Je me tourne et je vais prendre mon portefeuille dans la poche de ma veste. Liam me suis du regard et il passe une main sur son crâne rasé Je devine facilement qu’il est contrarié mais je tente de ne pas y prêter attention. Liam quitte finalement le hall d’entrée pour rejoindre sa chambre en claquant la porte. Je secoue la tête et reviens auprès du tatoué avant de chercher un billet. Il me stoppe et il jette un regard à Julia qui est retournée à son activité avant d’approcher ses lèvres de mon oreille. Je sens son souffle chaud contre mon lobe et mon corps entier en frissonne. Mon nez est presque plongé dans son cou avec notre proximité et je peux sentir cette odeur. Celle dont je ne me passe plus depuis notre rencontre. Cette cigarette et ce pain frais. J’inspire profondément et je me retiens d’enfouir mon visage dans son cou.

-Je t’offre ce gâteau et en échange, tu m’offres un rendez vous. Murmure-t-il.

Merde ! Crié-je mentalement. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Je deviens un peu désorienté et il recule son visage pour plonger son regard dans le mien. Il me bouffe littéralement des yeux et je suis là, avec mes cheveux en bordel et un sourire niais planté sur les lèvres. Mon souffle devient court et je me sens prendre feu. Je suis sur le bûcher et Harry me regarde brûler avec un fin sourire. Ma gorge devient sèche et je déglutis pour reprendre un peu de contenance.

-D-D’accord. A quelle heure ? Marmonné-je.

Je ne détache pas mon regard de ses orbes verts et je mordille ma lèvre presque à sang. Il le remarque et son pouce se glisse sur ma lèvre inférieure. Je sens ses doigts effleurer ma barbe et j’ai actuellement envie de prendre son doigt dans ma bouche mais je me retiens en me répétant que c’est mal et que Julia est encore là.

-Demain soir. A vingt heures au Jack’s à CastleFord. C’est tout près d’ici, demande à Liam de t’y emmener.

-Tu veux que je demande à Liam de m’emmener ? Tu es fou. Il préférera crever que de m’emmener à un rendez vous. Surtout avec toi.

Il fronce les sourcils et après quelques secondes il approuve d’un hochement de tête. Dieu merci, il réfléchit un minimum.

-Je passerais te prendre.

Ca y est, je fais une attaque. Ce bel étalon compte venir me chercher ici, dans la maison des Payne, demain soir, pour me conduire dans un restaurant. J’ai un rencard avec ce grand bouclé et rien que d’y penser, j’en perds un peu plus mon souffle. Je me calme un peu puis je hoche la tête.

-C’est d’accord.

-C’est étrange quand même. Tout à l’heure tu te fichais de moi dans ces toilettes et là, tu es tout perdu. Peut-être que… je te fais encore de l’effet.

Il chuchote cette dernière phrase à mon oreille avant de presser mon entrejambe. Je retiens difficilement un gémissement mais je pense à Julia et je me détache de lui immédiatement. Heureusement, Julia était trop occupée à faire à manger et elle n’a donc rien vu. Mon souffle est haché et je prends un moment avant de vraiment me calmer.

-Alors à demain Louis.

Il embrasse ma joue et quitte la maison. Je ne pipe pas mot. Je reste sur place, comme collé au sol. Je n’entends rien autour de moi, je suis encore plongé dans la scène intense que je viens de vivre avec l’ennemi de Liam. Je ne peux pas prendre les avertissements de mon meilleur ami au sérieux. Je crois que j’aime la façon dont agit Harry et ça me rend complètement dingue. Mes humeurs change tout le temps à cause de lui. Je passe de grande gueule à congelé sur place. Mes profondes réflexions sont interrompues par la petite voix de Julia qui se trouve en face de moi, dans son tablier fleuri.

-Louis je crois que tu as un petit problème mon chéri…

Elle me fait un sourire qui se veut compatissant et je suis son regard. Ma main se porte à ma bouche et j’ouvre de grands yeux. Oui, je bande et oui, ça se voit énormément et oui, Julia essaie de ne pas se moquer de moi. Les joues rouges, je m’enfuis rapidement pour rejoindre la salle de bain. Je n’arrive toujours pas à croire que Harry ai réussis à me donner deux orgasmes avec seulement des regards et une rapide caresse. Je me fais silencieux et après avoir jouis, je reprends mon souffle, remontant mon pantalon et mon boxer en m’asseyant sur le rebord de la baignoire. Je sens mon portable vibrer et je secoue la tête avant de le saisir.

« De Anonyme : Je vis à Kingsley. Ajoute ça à ta liste. »

Je fixe mon portable pendant ce qui me semble être une éternité et je n’ose pas bouger. J’avais presque oublié l’existence de mon inconnu aujourd’hui. Mais il est toujours là et il me donne un nouvel indice qui, certes, ne m’aide pas vraiment. Je ne cesse de me demander où il a bien pu me voir et qui a bien pu lui parler de moi et lui donner mon numéro mais je ne trouve aucune réponse. Je suis fatigué de réfléchir. Je rejoins la chambre et Liam est là, sur le lit et il écoute de la musique. Il a retiré sa chemise à carreaux noir et rouge et il est à présent en débardeur pour montrer ses muscles. Je m’allonge contre son dos et j’enroule mes bras autour de son torse pour le serrer contre moi.

Lui et moi avons toujours eu ce genre de câlins, de caresses, de mots doux. Nos amis nous demandent à plusieurs reprises si nous sommes ensemble parce que, je dois l’avouer, nous agissons vraiment comme un couple. Mais j’imagine que c’est notre façon de prouver notre amour. Peut-être que je l’aime après tout. Je suis persuadé qu’il existe ce lien fort qui unis deux personnes et qui est bien plus puissant qu’un couple. Un lien qui est plus fort que l’amitié. Je pense que je suis amoureux de Liam sauf que je ne l’embrasserai jamais et que je ne coucherai jamais avec lui. Je le considère juste comme mon âme soeur.

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