Chapitre 4 : Présentations
« De anonyme : Ma mère m’a déjà surpris en train de me masturber devant un porno. »
J’ouvre de grands yeux en lisant le message, plaquant ma main sur ma bouche. Voilà un jour que je communique avec un complet étranger et il commence déjà à m’exposer toute sa vie privée comme si je le connaissais depuis une dizaine d’année. A vrai dire, j’ai appris beaucoup de lui en moins de 24h. Il est apparemment châtain, il a plusieurs tatouages et apparemment, il a une grande sœur. Je ne lui ai rien révélé à mon propos. Enfin juste quelques futilités. Je ne suis pas du genre à raconter ma vie à un inconnu, MOI. Malgré toutes mes hypothèses, je n’en ai toujours pas trouvée une valide sur Anonyme. Quelque chose en moi veut absolument le découvrir, le rencontrer ; une autre partie de moi est réservée, elle ne veut pas mettre un visage sur Anonyme, elle ne veut pas être déçue. Et au final, plus j’y pense et plus je me dis que j’apprécie cette situation. Je dois dire que je suis surpris de recevoir des tas de messages de lui mais je ne veux pas le découvrir. J’ai essayé de l’appeler une seule fois hier et j’ai été redirigé sur son répondeur. Il m’a par la suite engueulé dans de longs pavés ennuyeux et je me suis senti coupable.
Liam passe à côté de moi, sur le canapé et observe mon écran mais je m’empresse de le verrouiller. Je l’entends rire avant qu’il ne pose son derrière à mes côtés.
-Tu parles à qui ? Me questionne-t-il en gardant un sourire moqueur scotché sur les lèvres.
-C’est juste… Une cousine éloignée qui est en voyage à Londres et qui a… pensé à me contacter ! Je m’empresse de crier.
Son père arque un sourcil puis retourne à sa lecture.
-Ah, elle s’appelle comment ?
Je sens de la sueur froide sur mon front et je mâchouille nerveusement ma lèvre inférieure. Je regarde autour de moi, comme toute les fois où je m’apprête à dire un mensonge mais Liam ne le remarque pas.
-Leah.
Il acquiesce. Apparemment, il vient de gober ce bobard. Il me regarde un instant puis allume la télé pour regarder une émission avec des femmes siliconées. Je reprends mon calme et je prends bien soin de cacher l’écran de mon téléphone lorsque je le déverrouille. Je scrute le dernier message pendant plusieurs minutes et je me perds dans de profondes réflexions. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de parler à un inconnu. Non pas parce que ma mère m’a souvent répété de ne jamais faire confiance à qui que ce soit mais simplement parce que j’ai peur qu’il apprenne trop de chose sur moi. Je sais qu’en ce moment, c’est le contraire qui s’effectue avec ses messages qui me donnent toujours un peu plus d’indices sur la personne qui se cache derrière Anonyme. Mais j’ai peur d’être en train de faire quelque chose de mal.
En temps normal, je ne cache rien à Liam mais là si et je me sens très mal à l’aise à l’idée qu’il puisse un jour découvrir mes messages. Je tente un regard autour de moi. La maison est tranquille. Julia est partit rejoindre une amie et Jimmy joue dans sa chambre. Je redirige toute mon attention vers l’appareil tactile que je tiens entre mes petites mains et je secoue la tête avant de lâcher un long soupir qui a l’effet d’attirer le regard de mon meilleur ami.
-Tout va bien Louis ? On pourrait sortir un peu si tu veux ? Je sais que tu ne supportes pas ce trou paumé mais on pourrait aller en ville.
« A anonyme : Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de communiquer comme ça avec quelqu’un dont j’ignore même le prénom. Il vaudrait mieux que tu arrêtes de m’envoyer des messages. En plus, je sors de chez moi donc je ne prendrais pas le temps de te répondre. »
Je ne sais même pas pourquoi je prends le temps d’ajouter cette dernière phrase mais je range mon téléphone sans trop y prêter attention. Liam s’est relevé et est à présent en train de s’amuser avec Jimmy.
-Oui, on pourrait aller en ville. Et amener Jimmy avec nous.
Je le vois hocher la tête avant qu’il n’enfile sa veste en cuir et qu’il rejoigne l’entrée. Il s’affaire à habiller le petit garçon alors que j’enfile ma veste en jean. Lorsque tout le monde est prêt, nous sortons de la maison pour rejoindre l’air glacial de Kingsley. Nos pieds s’enfoncent dans la neige lorsque nous atteignons la vieille Dodge puisque personne n’a pris le temps de déblayer l’allée. Je m’engouffre sur le siège passager, Liam à mes côtés. Il met le contact et je remarque que ce pauvre tas de ferraille et en train de tomber en ruines quand je l’entends cracher.
-Ne vous inquiétez pas, cette voiture est un vrai bolide ! Pas vrai Abby ?
Liam tapote fièrement le volant de l’engin avant de rejoindre le bitume gelé. Il roule prudemment et je secoue la tête en l’entendant vanter les mérites de sa caisse. Apparemment, il n’est pas foutu de parler d’autre chose et ça en devient presque épuisant. Je consulte plusieurs fois mes messages mais Anonyme ne m’a pas répondu. C’est une bonne chose, il a compris le message. Je commence à me ronger les ongles au bout d’un certain temps, inquiet de ne jamais découvrir qui est Anonyme. J’ai le besoin de savoir qui est celui qui est coincé dans son enfance, qui a sa vie dessinée sur le corps et qui se masturbait dans sa chambre à ses quinze ans.
Je commence à écrire mais je me stoppe lorsque la voiture se gare. Je regarde par la fenêtre : Nous sommes enfin dans la civilisation. Plusieurs maisons entourent ce petit parking et quelques magasins sont rangés dans la ville qui s’étend devant nous. Liam coupe le contact et je sors de l’engin en toussotant : Nous sommes tout près d’une vieille station essence et l’odeur est insupportable. Jimmy referme sa porte et tous les trois, nous pénétrons dans un petit café. La tapisserie sur les murs rappelle les années 60 avec les ronds noirs et orangés tandis que le mobilier semble avoir vingt ans. Un homme, pas plus gros que mon petit doigt se tient derrière le comptoir et, à en juger par son visage crispé, il passe une sale journée. En même temps, le café est vide, quatre clients se courent après et je ne peux m’empêcher de ressentir un peu de compassion pour ce grand brun. Il nous dévisage derrière ses lunettes rondes lorsque nous nous asseyons sur les canapés miteux.
-On n’aurait pas pu trouver mieux, murmuré-je.
Le type du bar s’approche de nous et pose ses poings sur la table. Il s’adresse à Liam et ce dernier semble un peu amusé de la carrure de l’homme.
-Qu’est ce vous prenez ? Marmonne-t-il.
Chacun énonce sa commande et lorsque le type a le dos tourné, nous échangeons des regards en essayant d’éviter de pouffer de rire. La clochette tinte et nous nous tournons vers l’origine du bruit. A la porte se tient un grand bouclé qui regarde autour de lui de ses grands yeux verts. Je le reconnais immédiatement. Harry Styles. Il est habillé d’un slim noir moulant et d’une chemise noir entrouverte. Il est la perfection incarnée et je déglutis pour dessécher ma gorge. Liam le jauge du regard pendant quelques minutes interminable puis il me fait face et il hausse un sourcil.
-Qu’est ce qu’il fout là ? Me demande-t-il.
-Va lui demander.
Il lui jette un nouveau regard et je ne peux pas m’empêcher de faire de même. Soudain, je croise ses reliquaires verts qui me détaillent. Il recommence. Il me met à nu une fois de plus. Il explore mon visage et ses yeux balayent enfin mon torse comme si il m’imaginait devant lui, à poil. Son regard m’envoie de nombreuses décharges électriques mais je tente de ne pas y prêter attention. C’est impossible. Mon ventre se tord et je sens une ribambelle de papillons débarquer et danser la salsa. Je m’agrippe au rebord de la table pour tenter de les calmer mais ils n’arrêtent pas de gesticuler et je sens que je deviens dur dans mon pantalon. Mes joues prennent une teinte rosée et un sourire s’étire sur ses lèvres. Est-ce qu’il veut me tuer en me regardant de cette manière ? Apparemment, il sait qu’il me fait de l’effet. Il s’approche de nous, passe devant notre table sans un regard de plus et s’installe au fond de la pièce.
-Qu’est ce qu’il vient de se passer là ?
Je suis sorti de ma contemplation par la voix rauque et furieuse de mon meilleur ami. Je n’ose pas répondre parce que je ne sais pas non plus ce qu’il vient de se passer. Les papillons ont cessé de tourbillonner dans mon ventre mais je sens toujours quelque chose de dur entre mes jambes. Je presse discrètement mon membre par-dessus mon pantalon pour tenter de calmer l’érection omniprésente. Je m’excuse finalement auprès de Liam et je cours jusqu’aux toilettes pour m’y enfermer et terminer le travail. La porte s’ouvre et je prie pour que ce soit mon meilleur ami mais en entendant un petit rire, je deviens honteux. Je l’entends pisser alors que je suis en train de me masturber dans le toilette d’à côté. Ma bouche est collée contre ma main de manière à ce qu’il n’entende rien de ce que je suis en train de faire.
-J’ai l’air de faire beaucoup d’effet.
Mes joues deviennent pivoines et je ne fais plus un geste. J’essaie de passer pour mort et je remonte mes jambes contre mon torse pour qu’il ne voit pas mes pieds si jamais il lui prenait l’idée de se pencher. Je tente de calmer mon souffle mais j’échoue médiocrement.
-Tu n’as toujours pas récupéré ton gâteau à la boulangerie, je t’attendais.
Il se fiche de moi ? Je fronce les sourcils et je remarque que mon excitation est complètement retombée. Je me relève, remonte mon pantalon et sors du toilette avant de foncer dans son torse dur et musclé. Il me prend par les épaules pour m’écarter et son regard se plonge dans le mien. Le bleu confrontant le vert.
-Tu ne méritais même pas que je t’achète quelque chose après m’avoir fais chier comme tu l’as fais !
Ses yeux se détendent et il me lâche pour me tendre sa main droite.
-Je suis Harry Styles. Mais tu as sûrement déjà dû entendre parler de moi. Le problème c’est que je n’ai jamais entendu un traître mot à propos de toi.
J’hésite à serrer sa main puis je me raisonne en me disant qu’il ne va pas me tuer ou me contaminer. Même si je pense que notre relation a commencé sur le mauvais pied, je le trouve quand même terriblement craquant. Je serre donc sa main sans grand enthousiasme.
-Louis Tomlinson, marmonné-je.
Il m’offre un sourire j-ai-une-dentition-parfaite-et-je-prend-un-malin-plaisir-à-l-exposer-à-Louis-Tomlinson-parce-qu-il-bande-comme-un-chien. Je n’y réponds pas et je détache ma dextre de la sienne. Son odeur parvient à mes narines et je remarque qu’il s’est rapproché de moi. L’envie d’enfouir mon visage dans son cou pour renifler la cigarette et l’odeur du pain frais me prend tout d’un coup mais je tente de résister. Je ne le connais pas du tout et ce serait vraiment trop déplacé. En plus de ça, je suis persuadé que ça lui plairait. Enfin ça, c’est ce que j’espère secrètement.
-On a peut-être mal commencé à la boulangerie. Il faut peut-être que je m’excuse. Donc Louis Tomlinson, je te présente mes plus plates excuses pour t’avoir emmerdé.
Il effectue une petite pirouette en avant pour caricaturer le prince charmant. Je ne doute pas qu’il en soit un d’ailleurs. Mais c’est le mauvais prince charmant, l’anti-héros, le bad boy. J’acquiesce doucement pour lui montrer que j’accepte ses excuses. Son sourire s’agrandit sur ses lèvres si bien que je deviens inquiet à l'idée que son visage se fende en deux. Mon regard s’aventure sur les manches retroussées de sa chemise et je remarque qu’il a différents tatouages le long du bras. Un bateau, une cage à oiseaux… Tous sont plus magnifique les uns que les autres. Harry me surprend en train de les observer et il remonte un peu plus sa manche.
-Tu aimes les tatouages ? Demande-t-il.
Je hoche la tête avant de prendre la parole :
-Oui, mon bras est tatoué.
-Tu veux une anecdote ? J’attends la bonne personne pour compléter mes tatouages.
-Comment ça ? J’arque un sourcil.
-Lorsque j’aurais trouvé la personne que j’aime, je veux que ses bras soient remplis de tatouages qui complètent les miens comme le bateau et la boussole, dit-il en posant son doigt sur un de ses dessins.
-Alors monsieur croit au grand amour ?
-Je sais ce qu’on te raconte sur moi. Du moins j’imagine. N’y prête pas vraiment attention Louis, c’est un conseil. Ce ne sont que des ragots et je suis persuadé que Liam en raffole.
Je fronce un peu mes sourcils mais je ne réponds rien. Il quitte la pièce après avoir effleuré mon épaule, me laissant une fois de plus avec son odeur omniprésente dans mon esprit. Je ferme les yeux et inspire profondément. Qui es-tu Harry Styles ? Mon esprit divague quelques secondes avant que je ne me souvienne que Liam et Jimmy m’attendent. Je les rejoints et Liam me foudroie du regard. S’il vous plait, je ne veux pas son interrogatoire maintenant, je suis encore trop bouleversé par mon mauvais prince charmant.
-Pourquoi Harry vient tout juste de quitter le café après être sorti des toilettes où tu te trouvais ? Et pourquoi tu as passé autant de temps là-bas dedans ?
Voilà, je suis persuadé que Dieu n’existe pas sinon il aurait fait signe à Liam de fermer sa gueule pour une fois. Au lieu de ça, je me retrouve face à son regard noir et je ne sais pas quoi répondre. Je hausse les épaules puis j’attrape mon café froid pour commencer à le siroter.
-Il va falloir qu’on s’explique Louis. Je croyais t’avoir prévenu. Tu es vraiment un type entêté tu le sais au moins ?
Je ne dis rien, je sais que ça ne ferait qu’aggraver mon cas et croyez moi, vu la boule de nerfs qu’est Liam, je préfère ne pas trop l’emmerder. Je sens mon portable vibrer dans ma poche et alors que je m’apprête à remercier mon sauveur, je me retrouve face à un nouveau message qui me laisse perplexe.
« De anonyme : Je veux que tu découvre qui je suis Louis. Je n’arrêterais pas tant que tu ne m’auras pas découvert. J’aime ce qui est en train de s’installer entre nous et je ne te laisserais pas filer. Je veux voir ta réaction quand tu me découvriras. »
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