Chapitre 24 : Viré

Je me glisse à l’extérieur de l’appartement, habillé d’un simple débardeur noir ainsi qu’un short qui m’arrive aux genoux et accompagné de mes fidèles Vans noires. Il fait une chaleur impossible à supporter à l’intérieur d’un bâtiment et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de faire un petit tour en ville. Je ne suis pas sorti depuis plusieurs jours et j’ai passé mes journées enfermé dans ma chambre à écouter de la musique devant mon gigantesque ventilateur 'sauveur de vie'. La ville n’est pas vraiment reposante avec le brouhaha des klaxons et des moteurs qui rugissent mais j’aime m’installer dans le parc qui jouxte la rue de mon domicile pour m’y reposer en silence.

Après cinq bonnes minutes, je pose mon fessier sur un des bancs et je fixe mes mains, comme si elles étaient devenues les plus importantes à cet instant précis, avant d’entamer une réflexion. Je me pose des milliards de questions et j’ai l’impression que la superficie de mon cerveau est trop peu importante pour les supporter. Résultat, un mal de crâne me prend rapidement et je relève le regard vers le ciel bleu et dégagé afin de le faire partir au plus vite.

Je n’ai pas revu Harry depuis notre « réconciliation ». Je ne sais même pas si je lui ai complètement pardonné ou si je garde une part de méfiance à son égard. C’est bien trop dur de réfléchir à cela et surtout quand il est dans les parages alors je profite de ces instants où il n'est pas à côté de moi pour penser posément. Il ne m’a pas rappelé. La dernière chose que j’ai de lui, c’est ce message dont je ne connais pas la raison. J’aimerais vraiment pouvoir me glisser dans sa tête pour comprendre ce qu’il a voulu dire et pourquoi il a voulu le dire mais je me résous à de simples hypothèses idiotes.

Je parcours du regard les têtes d’enfants qui s’activent à courir auprès du petit parc de jeu et un léger sourire se dessine sur mes lèvres avant que je ne sursaute à cause de mon portable qui vibre dans ma poche. Je l’empoigne et mes yeux s’élargissent quand je découvre le nom de mon interlocuteur : Monsieur Klaine. L’appareil continue de sonner entre mes mains et je regarde autour de moi, le cœur battant. Je finis par décrocher et je porte mon portable contre mon oreille.

-Monsieur Tomlinson ? Demande-t-il à l’autre bout du fil.

Ah, il ne m’appelle plus par mon prénom ?

-Oui, c’est bien moi, répond-je d’une petite voix. Il y a un problème… ?

Bien sûr qu’il y a un problème Louis… Ca fait plusieurs jours que tu ne vas plus au travail. Il ricane nerveusement et un frisson d’horreur parcoure mon échine. Je déglutis difficilement la boule coincée dans ma gorge et j’essaie de prendre une respiration normale. Je sais ce qui m’attend mais j’ai peur de l’entendre.

-Est-ce que vous pourriez passer à mon bureau le plus rapidement possible, s’il vous plaît. Il me semble que nous avons un problème à régler.

Sa voix est dure, presque comme une lame d’acier qui n’attendra pas une seconde pour me trancher la gorge une fois que j’aurai passé le pas de sa porte.

-Euh… Ou-Oui, évidemment. J’arrive rapidement.

Il raccroche et j’inspire profondément pour me redonner une once de courage. Je suis sûrement déjà viré… Merde !

Je prends mon visage entre mes mains puis je les passes contre mes yeux. Je racle ma gorge pour me donner un peu de contenance puis je me relève du banc, les jambes tremblantes. Je reprends calmement mon chemin, beaucoup moins sûr de moi. J’hésite à retourner chez moi pour m’habiller de façon plus correcte mais je finis par abandonner l’idée et je me dirige lentement en direction de l’entreprise Klaine, au centre de la capitale.

Je triture le bas de mon débardeur en mordillant nerveusement ma lèvre inférieure. J’ai l’impression que je pars pour la guerre et que dans moins de quinze minutes, je serai atomisé par une énorme bombe nucléaire du nom de Klaine. Je passe à côté des petits commerces et j’ai le sentiment que les regards des passants me transpercent de part et d’autre. Je me sens presque à découvert et je suis persuadé que tout le monde est déjà au courant d’où je vais et pourquoi j’y vais. Je me sens observé et cela me pousse à regarder autour de moi.

Quand enfin je me retrouve devant l’imposant bâtiment, mon cœur se met à battre à tout rompre comme si c’était mon dernier souffle avant de quitter ce monde. J’ai tellement l’impression d’affronter le boss final d’un jeu vidéo que j’ai presque envie de rire de moi-même. Je m’avance finalement après plusieurs exercices de respirations et je pousse la gigantesque porte battante avant d’être accueilli dans un immense hall aux couleurs noire et blanche. Je fais quelques pas en direction de la réception où se tient la femme que je suppose être ma remplaçante après le départ d’Elizabeth et ma promotion. C’est une blonde au regard chocolat et pétillant qui porte un décolleté à la limite du vulgaire. Je lui adresse un petit sourire qu’elle me rend presque aussi rapidement, dévoilant ainsi une rangée de dents blanches parfaitement alignées.

-Bienvenue dans le bureau de la société Klaine. Nous sommes une entreprise de marketing. Que puis-je faire pour vous, monsieur ? Vous avez un rendez-vous avec monsieur Klaine ?

Elle débite comme si elle avait appris son texte par cœur et qu’elle attendait simplement qu’un abruti se pointe pour le lui réciter. C’est exactement le genre de Klaine.

-Il m’a appelé pour que je le rejoigne dans son bureau. Je suis monsieur Tomlinson.

Son regard se transforme rapidement et j’essaie tant bien que mal de déceler ce qu’elle tente de me faire comprendre mais j’hésite encore entre de la peur ou du mépris. Elle paraît plus hautaine que précédemment et elle ne me fait plus de jolis sourires. Elle baisse rapidement le regard vers son écran d’ordinateur puis elle marmonne.

-Effectivement, il vous attend. J’imagine que vous connaissez l’étage et la porte à laquelle toquer.

Je la remercie rapidement et pénètre dans l’ascenseur au pas de course sous les regards intrigués de mes anciens « collègues ». J’appuie sur le bouton et une voix féminine m’annonce que nous nous dirigeons vers le dernier étage. J’hoche la tête pour moi-même puis je repense à la réceptionniste et à son changement d’humeur soudain. Evidemment, elle a réagis après avoir entendu mon nom ce qui suppose qu’on lui a parlé de moi. Je serre les dents pour tenter de me détendre mais mon cœur appuie sur l’accélérateur dès lors que les portes de l’ascenseur s’ouvrent à un étage. Une femme à peine plus âgée que moi entre et je la reconnais directement. C’est une de mes nombreuses « collègues » qui me regarde comme une pauvre merde.

-Alors, Tomlinson, vous êtes au courant que Klaine va vous tuer. Nous avons eu une réunion est tout le monde sait tout à votre propos. Surtout que vous avez oublié votre travail pendant plus d’une semaine, ajoute-t-elle en riant doucement.

J’ignore pourquoi elle m’adresse la parole alors que je ne lui ai parlé qu’une fois, auparavant, pour avoir une information sur les chiffres de l’entreprise. Je décide néanmoins de ne pas répondre à sa pique et lorsque les portes s’ouvrent, je m’empresse de sortir. L’ascenseur se referme et je reprends une respiration que j’avais retenue. Je me retrouve dans le long couloir qui mène au bureau de mon bourreau. Le mur à ma droite est d’un blanc presque médical et à ma gauche, une fenêtre qui parcoure l’étendue du corridor dévoile une vue imprenable sur Londres sous son soleil éclatant et son ciel bleu. Je m’attarde peu sur les détails et je marche rapidement avec une respiration hachée.

Lorsque je me retrouve face à cette porte, je pose ma main sur la poignée et l’envie soudaine de prendre mes jambes à mon cou me parcoure l’esprit mais je décide d’abandonner étant donné que oui, cette conversation arrivera tôt ou tard. Je pousse l’entrée et je retiens une respiration quand je le vois, assis dans son fauteuil en cuir qui coûte la peau du cul, un air mécontent sur le visage et un costume à quinze milles dollars qui épouse parfaitement son corps d'athlète. Ses cheveux sont toujours aussi bien coiffés et ses yeux azurs me regardent toujours de la même façon.

Je me racle la gorge, je m’avance puis sans attendre qu’il parle, je m’assois sur le siège en verre en face de lui. Il pose ses mains entremêlées sur le bureau et continue de me toiser avant de prendre la parole.

-Vous avez mis du temps. Vous êtes autant occupé que ça pour oublier qu’il faut travailler pour survivre ?

Je n’ose pas le regarder alors je fixe mes mains. J’ai le sentiment d’être un enfant qui se fait gronder par son père.

-Parlez, Louis. Qu’est ce qu’il s’est passé pour que vous ne veniez pas ? Je vous rappelle que votre carrière est en jeu. Certes, c’est une carrière de porteur de café mais j’aimerais autant vous dire que c’est tout ce que vous avez. Vous devriez déjà être en train de me supplier d’être employé.

Je ferme les yeux et je frotte mon visage contre la paume de ma main. J’avais vu juste. Je suis déjà viré.

-Ecoutez monsieur Klaine, ces derniers temps ont été compliqués…

Faux.

-Expliquez-vous.

Je rouvre mes yeux pour le fixer, me rendant rapidement compte que je n’ai aucune idée de ce que je pourrais inventer.

-Je vous promets que ça ne se reproduira pas ! M’exclamé-je soudainement, le regard suppliant.

-Je ne peux pas vous croire, Louis ! Vous êtes censé travailler comme tout le monde. Je ne peux pas faire du favoritisme et vous reprendre dans l’entreprise comme si de rien n’était alors que vous n’êtes pas venu à votre travail depuis une semaine.

J’ai quasiment les larmes aux yeux mais je garde le semblant de fierté qu’il me reste pour éviter de les laisser couler. J’ai énormément besoin de ce boulot. J’ai déjà eu du mal à trouver du travail après la sortie de mes études et je refuse de le perdre simplement pour avoir fait le tour de l’Angleterre en voiture avec mon petit copain pendant quelques jours. Enfin, petit copain…

-Vous tenez vraiment à retrouver votre boulot ? Me coupe-t-il dans mes profondes réflexions.

Je hoche rapidement la tête en joignant les mains comme pour le prier de me reprendre. Il se contente de laisser ses orbes bleus divaguer sur mon débardeur puis sur mes muscles avant de descendre toujours plus bas. Je le vois qui se mordille la lèvre avant de me regarder une nouvelle fois. Evidemment, Louis, il ne t’aurait pas repris sinon. Je sais ce que son regard sous entend et ça me tue de devoir faire ce genre de chose une nouvelle fois ; coucher avec mon patron. Je me suis détesté la première fois et en plus de ça, j’ai Harry à partir de maintenant.

-On peut s’arran-

-Non ! Le coupé-je. Vous n’êtes qu’un putain de pervers, bordel. Vous ne seriez pas capable de me regarder dans les yeux quand vous me parler ? Je n’ai pas qu’un cul et franchement, si vous désirez vous taper quelqu’un, allez aux putes. J'ai déjà couché avec vous une fois mais je vous promets que ça a été une énorme erreur. Maintenant je voudrais savoir si vous êtes vraiment capable de me reprendre avec une autre condition que celle-là.

Je le reluque en mordillant toujours aussi fort ma lèvre si bien que je sens un goût de fer dans ma bouche. Je comprends rapidement que lui, ce qu’il veut, c’est me baiser pour que je revienne dans l’entreprise. Je pousse un long soupir et je me relève avant de faire demi-tour pour rejoindre la sortie. J’ouvre la porte et avant de quitter la pièce, je lui parle pour la dernière fois sûrement.

-J’espère que vous savez que vous êtes un bel enfoiré.

Puis sans un regard supplémentaire, je quitte cet endroit au pas de course, dévalant pratiquement les escaliers de secours avec les larmes aux yeux. Quant enfin je me retrouve dans la chaleur d’été, je reprends un souffle plus régulier.

*     *     *

Je retourne à l’appartement en traînant des pieds dans les rues bourrée de monde. Je suis officiellement sans boulot. J’ai perdu mon salaire, bordel ! Je shoote dans une pierre en serrant les dents et je continue de marcher calmement.

Au bout de dix minutes absolument interminables, je me retrouve dans le hall frais du bâtiment. La voisine passe devant moi avec un petit sourire compatissant en voyant ma mine exécrable. Je m’approche des nombreuses boites au lettre et je sors un trousseau de clefs de ma poche pour ouvrir celle à mon nom et à celui de Liam. Je tombe sur de nombreuses pubs ; une pour une salle de gymnastique la plus proche qui promet des jambes sans un gramme de graisse pour aller à la plage ainsi qu’un tract pour une manifestation au cœur de Londres et qui date de jeudi dernier. Je pousse un soupir en feuilletant rapidement le magasine puis je regarde de nouveau le courrier. Une lettre y est glissé et mon adresse y est écrit dans une calligraphie magnifique. J’arque un sourcil et je m’empresse de l’ouvrir, la déchirant au passage. Je me retrouve devant un faire part de mariage orné d’une rose d’un rouge sang et d’une petite phrase (« nous nous marions ! »). Je l’ouvre avec lenteur et intrigue…

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La fin arrive très bientôt! Sinon vous en pensez quoi? Et de qui est le faire part selon vous? N'oubliez pas de voter et de commenter! ;)

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