J'avais été tellement surprise que je n'arrive pas à me concentrer sur mon assiette et n'avale donc que par petite bouchées, totalement minuscules.

Je repense au choc électrique qui m'avait parcouru le corps quand il m'avait attrapé le poignet pour ne pas que je m'en aille. Il est vrai que j'avais été un peu furieuse contre moi-même. J'avais failli lacher la plus grosse bêtise de ma vie.

"Sache aussi que" Heureusement que je m'étais arrêtée là. J'allais lui dire que je me sentais bien près de lui, que je ne voulais pas qu'il parte et me déteste, que je voulais qu'il reste près de moi pour toujours. Mais je ne pense pas qu'il fallait le dire. C'est quelque chose que je dois garder pour moi et il ne ressent probablement pas la même chose. Cela aurait été terriblement gênant de le dire.

J'étais un peu en colère contre son manque de réaction pendant que je parlais. On aurait dit que je conversais avec un mur de béton, à un coeur de pierre. Et en fait, j'étais persuadée qu'il me détestait. Vraiment.

Alors, quand il m'a dit que ce n'était pas moi la fautive de sa mauvaise humeur, j'avais ressentie une si grande joie que je n'ai pu m'empêcher de sourire.

- Abi ! m'appelle alors une voix qui me ramène à l'instant présent.

C'était Mickaël qui avait parlé et maintenant Laura et Jacob me regardent d'un air de curiosité.

- Oui ? répondis-je un peu surprise de tous ces visages tournés vers moi.

- Tu m'as écouté ? me demande mon garde du corps.

- Euh non, répondis-je franchement en baissant mes yeux sur mon assiette à peine entamée alors que les autres étaient vides.

- Bon, je disais que je t'avais inscrite dans le club d'équitation à côté de la maison et je t'ai pris un abonnement à la patinoire du village. J'ai aussi loué un champs de l'autre côté de la maison pour Blizzard et Maroon. Elles seront soignée par un palefrenier que j'ai recruté tout à l'heure.

Je hoche la tête, contente de pouvoir reprendre les activités sportives que j'avais arrêtées depuis deux ans maintenant à cause des journalistes. Et oui, je sais ma jument s'appelle Maroon en lien avec le groupe de chanteur, mon préférée !

- Merci Micka ! lui dis-je avec un sourire.

Il sourit à son tour.

- Il y a aussi le nouvel établissement où tu vas être, continue-t-il J'ai réussi à te mettre dans la même classe que Jacob. Tu ne seras pas trop dépaysée. Troisièmement, Laura a insisté, mais tu vas devoir faire les boutiques avec elle. Elle insinue que tu n'as pas assez de vêtements et ils ne sont pas à la mode d'ici. Enfin bon.. je ne m'en occupe pas.

Je souris à nouveau amusée par sa réaction. En effet, le shopping est une affaire de fille !

Mais je guette aussi la réaction de Jacob quand il mentionne le lycée. Il n'a pas réagit mais je perçois quand même un léger sursaut dans sa main tenant sa fourchette.

Je préfère ne pas m'y attarder. Mais il me tarde de m'allonger dans mon lit et de m'endormir. Je suis totalement exténuée. Je finis en vitesse mon assiette et le reste du repas qui suit notamment le fromage puis le dessert.

Après avoir desservi la table, Laura propose un film et j'accepte. Cela me permettra de finir mes réflexions sans qu'on me parle. Mais malheureusement, on me demande mon choix de film. Je réponds automatiquement le Labyrinthe qui est l'un de mes films préférés avec un de mes acteurs préférés : Thomas Brodie Sangster !

J'aperçois alors la mine surprise de Jacob.

- Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandais-je alors en me rapprochant de lui et en baissant la voix pour que lui seul m'entende.

- C'est juste que je n'ai pas l'habitude à ce que les filles aiment Labyrinthe, répond-t-il.

Je hausse un sourcil. Me prend-t-il pour une froussarde ? Franchement, ce film ne me fait pas peur ! Alors, oui, il y a quelques moments de suspens mais ça va !

Laura met le film mais ne regarde pas avec nous. Elle nous sort l'excuse du repassage et je ne peux m'empêcher de sourire en pensant à la remarque de Jacob. Laura aurait-elle peur ?

Le film commence. Mais je décroche rapidement. Je repense toujours à l'électricité qui m'a parcouru. Je n'arrive pas à me défaire de cette sensation alors que j'essaie de mettre ça sur le compte de mon imagination. Cependant, c'est beaucoup trop fort. Je ne peux plus le nier. J'ai l'impression de vivre dans un de ces films romantiques où le personnage principal essaie de se convaincre qu'il n'est pas amoureux de l'autre personne alors que si. Je sais pertinemment ce qu'il m'arrive mais ça me fait peur. Je le connais à peine ! Je ne veux pas l'être et encore moins le montrer.

Soudain, je sens quelque chose contre mon bras. Quelque chose de chaud. Je regarde et vois qu'en fait Jacob est juste à côté de moi. Il a juste changé de position et maintenant nos deux bras se touchent. Cette sensation se propage dans tous mon corps. Je lève alors les yeux vers son visage.

Il me regarde mais quand je croise son regard, il ne se détourne pas comme la première fois. J'ai du mal à avaler ma salive. Pour moi, plus rien n'existe autour de moi. Il ne reste que nous deux.

Je m'aperçois alors que nous sommes très proche. Beaucoup trop proche. Mes pensées s'embrouillent et je n'arrive pas à éclaircir mes idées. C'est comme si un brouillard les recouvraient mais ce brouillard n'est pas non plus désagréable. Au contraire, il me plaît.

Mais, les effets sonores du film nous ramènes à la réalité et nos yeux se quittent pour se reconcentrer sur la télévision. Je m'aperçois alors que je m'étais arrêtée de respirer.

Je reprends donc mon souffle et je regarde le film jusqu'à la fin.

Puis, je me lève.

- Je vais me coucher maintenant, déclarais-je en baillant. Je suis crevé ! Bonne nuit tout le monde.

- Bonne nuit, me répond Micka en enlevant le DVD.

- Moi aussi papa, dit Jacob.

Il s'avance vers mon garde du corps et ce dernier plante un baiser dans les cheveux de son fils. Je m'étonne qu'un adolescent de sa trempe se laisse faire mais après tout, pourquoi pas ? Trop de stéréotypes peut-être !

Je me rends compte alors que je suis littéralement en train de l'attendre. Il me rejoint et nous montons ensemble à l'étage.

Je m'arrête devant ma chambre.

Alors que je m'apprête à y rentrer, il me retiens.

- Attends, je voulais savoir si avant que tu ailles faire du shopping, tu voudrais que je te fasse visiter les environs.

Je hoche la tête en signe d'accord. Il sourit alors ce qui n'est pas sans me faire un petit effet.

- Merci, me dit-il.

Puis il s'éloigne mais revient immédiatement.

- Euh.. bonne nuit ! me dit-il alors.
- Bonne nuit répondis-je.

J'ouvre ma porte et me glisse à l'intérieur. Puis, je ferme doucement. Il reste devant jusqu'à ce qu'elle soit complètement fermé puis, j'entends ses pas s'éloigner et une porte s'ouvrir puis se fermer.

Je ferme les yeux et m'adosse à la porte. Je repense à tous ses moments ensemble et mon coeur se gonfle dans ma poitrine. Je sais maintenant que je ne peux pas nier ce qui est évident : Je suis amoureuse ! D'un garçon que je connais à peine certes, mais j'en suis amoureuse.