Chapitre 8- pardon et amoureux
Le repas est prêt et ma mère m'appelle.
Je ne veux pas trop répondre. Je n'ai pas faim. Je n'ai pas envie de la voir. Je veux partir d'ici et l'oublier.
Mais on frappe à la porte de ma chambre. Je ne réponds toujours pas, concentré sur le mur de ma chambre recouvert de graffiti fait de ma main.
- Je peux entrer ? déclare alors une voix féminine dans le couloir.
Je n'avais jamais entendu sa voix et étonnamment, elle m'apaise. Elle me fait aussi ressentir une sorte de chaleur dans mon corps que je n'avais jamais éprouvé auparavant.
Mais je ne réponds toujours pas. La poignée s'actionne quand même. Je sens une légère angoisse me serrer la gorge et un frisson me court dans le dos.
"Putain ! Il faut que ça s'arrête. Je déteste ne pas être maître de moi et voilà que ma volonté me lâche ! Reprends toi Jacob ! Reprends toi"
Mais je n'ai pas le temps de terminer mon sermon pour moi-même que sa tête angélique apparaît dans l'encadrement de la porte.
- Salut ! me dit-elle simplement en souriant ce qui me donne un deuxième frisson.
A mon manque de réaction, son sourire disparait et laisse la place à une mine triste et fatiguée.
- Tes parents disent que tu es dans un de tes mauvais jours mais je n'y crois pas, commence-t-elle.
Je l'écoute et l'effet de sa voix est comme une drogue. A chaque mots, je me sens de plus en plus apaisé. Mais je ne réponds toujours pas. Je sens que je ne suis pas encore assez calme.
- Je pense surtout que c'est à cause de moi. J'ai bien vu dans ton regard que tu ne voulais pas de moi sur ton territoire, ta maison, continua-t-elle.
Ces paroles me laissèrent surpris. Alors elle croyait que je ne l'aimais pas ? De la bouche d'Oliver, ce serait plutôt le contraire ! Mais je la laisse continuer même si j'ai très envie de l'arrêter et de lui dire que ce n'est pas ce que je pense d'elle.
- Sache que je ne t'en veux pas. C'est plutôt normal après tout. Mais je n'ai pas vraiment le choix. Sache aussi que...
Elle semble hésiter et j'attends la suite avec une sorte d'impatience. Mais elle secoue la tête et reprends autre chose.
- Je ne veux pas que mon séjour ici soit quelque chose de désagréable pour toi et je m'excuse pour tout le désagrément que je peux te faire et pourrais te faire mais là, ta mère t'attend pour manger. Alors descend.
Elle avait dit ces mots d'un ton froid, totalement différend de ce qu'elle avait dit avant. Cela me surpris une nouvelle fois. Qu'avais-je fait ? Etais-ce mon manque de réaction ?
Alors qu'elle allait partir, je saute au bas de ma chaise de bureau sur laquelle j'étais assis, et je lui attrape le poignet.
- Att... mes mots se coincent dans ma gorge. Je ne veux plus la lâcher.
Mes yeux sont rivés sur ma main. Sa peau est si douce. On dirait du satin. Mais alors que cette information remonte à mon cerveau, elle se libère et me fixe. Elle attend.
Je pense à de nouveau respirer et je me concentre sur la tapisserie derrière elle. Je retrouve alors mes cordes vocales.
- Je ne voulais pas te blesser tout à l'heure si c'est le moment auquel tu fais référence. J'étais simplement de mauvaise humeur à cause de rampes loupées au skate. Je suis désolé que tu en ai tiré cette conclusion totalement fausse.
Elle hausse un sourcil surprise que je démente ses dires.
- Oui, je sais, ça paraît digne d'un gamin, continuais-je. Mais normalement, je ne les ratent presque jamais et ça m'a vraiment énervé. Je te demande pardon.
Ma dernière phrase avait été prononcée pratiquement sur le même ton que la supplication. Je savais donc m'abaisser à ça ? J'étais un peu surpris de moi-même là ! Surtout devant elle ! Elle va me croire tellement faible !
Soudain, le plus beau des sourires vient illuminer le visage d'Abigaelle et je souris à sa suite comme un pauvre crétin ! Je suis vraiment un abruti !
Je sais alors, aux papillonnements qui me vrillent le ventre, que je suis belle et bien ce que dit Oliver : amoureux.
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