Chapitre 10- la forêt

Le soleil est au rendez-vous quand j'ouvre les yeux. Je m'étire lentement et me redresse en m'adossant à la tête de lit.

Je regarde par la fenêtre donnant sur le lac. Le ciel est bleu est sans nuage. Un temps parfait pour se balader. Soudain, je réalise que c'est avec Jacob que je visite les environs ce matin.

Mon coeur s'affole et je m'extirpe le plus rapidement possible de mes draps.

Je file dans la salle de bain pour me doucher puis, pour faire un brin de toilette afin d'être présentable au petit-déjeuner. Je sais, c'est complètement ridicule mais je le fais quand même.

Ensuite, je regarde dans l'armoire de ma chambre et essaye de trouver des habits sympas. Je repère mon haut sans manche beige et mon short en jean. Cela fera l'affaire. J'agrémente le tout avec une ceinture.

Puis, j'enfile mes boucles d'oreilles créoles dorés et mes tennis blanche "Adidas".

Un coup d'oeuil dans le miroir me rappelle qu'il faut aussi que je brosse mes cheveux.

Une fois prête, je descend dans la cuisine pour manger un morceau.

- Hello Abi, me dit Mickaël déjà attablé un bol de café devant lui et des tartines beurrées à côté.

- Salut, répondis-je.

J'espère qu'il ne remarque pas le léger tremblement dans ma voix. Je suis morte de peur à l'idée de voir son fils mais je n'ai pas envie qu'il le sache et encore moins le pourquoi de cette peur.

Je fais alors comme si j'habitais ici depuis toujours et je me prépare un bon chocolat chaud et des tartines avec de la confiture de groseille.

Tandis que je m'assois, j'entend des pas dans les escaliers. Mon ventre se noue à l'idée que ça puisse être lui mais ce n'est que Laura qui apparaît. Je peux à nouveau respirer mais cela ne dure pas. D'autres pas se font entendre et là, plus aucun doute vu qu'il ne reste que lui.

Je le vois apparaître sur le seuil de la cuisine. Mon coeur s'affole anormalement à sa vue. Nos yeux se croisent brièvement mais j'ai le temps d'admirer ses beaux yeux bruns chaud qui me consument entièrement. Mais ce n'est pas un feu brutal, il est plutôt doux et je me sens tellement bien alors qu'il y a quelques secondes, je manquais de m'enfuir à l'autre bout de la terre !

Mais, j'essaye de me concentrer sur ce que je fais. Je le regarde à peine et je finis mon repas en deux temps trois mouvements.

Puis, je remonte dans ma chambre pour me laver les dents et même me mettre un peu de mascara et un rouge à lèvre très léger alors que d'habitude, je n'en mets jamais. Je me regarde pour voir le résultat. Je redescend ensuite et remarque que Jacob m'attend devant la porte d'entrée. Il port un simple T-shirt noir avec un jean et des Vans noires. Je le rejoins et nous partons avec les sandwichs du déjeuner.

***

Nous traversons tous deux de nombreux chemins et sentiers, évoquant parfois nos vies respectives. Bien sûr, n'ayant pas envie qu'il sache ma véritable identité, je prends le nom de famille d'une fille que j'admirais dans mon ancien lycée et je m'invente une vie sans trop de mensonges sur ma vie réelle.

Lui, me raconte ses rêves, sa passion pour le skate et aussi pour les randonnées dans la campagne et dans la montagne, seul. Mais nos paroles restent brèves, gênées.

Au bout d'un moment, nous arrivons au coeur d'une forêt. La mousse recouvre son sol et ses arbres qui se dressent devant nous, majestueux, élégants et droits.

Il faut dire qu'une de mes passions, ce sont les beaux paysages qui s'offrent à moi. C'est dans ces moments où je me sens réellement à ma place et où je me sens bien. C'est mon élément, la partie de ma vie qui me manquait avec ma mère et que j'ai enfin retrouvé ici, en venant chez mon garde du corps.

Un silence admiratif s'impose alors entre nous. Je laisse mes oreilles écouter le moindre petit craquement des branches, les chants des oiseaux en cette belle journée et le bruit du calme qui nous entoure.

Je m'extasie petit à petit. Le soleil perce par touches de lumières, le feuillage des arbres et cela donne l'impression d'être dans un univers totalement différent du monde réelle. C'est un monde à part, où je me sens chez moi.

Après une longue contemplation, nous prenons un petit sentier parmi les buissons. Nous ne disons toujours rien et nous laissons la magie de ce lieu charmeur nous envahir peu à peu. Parfois, je n'ose même pas respirer de peur de briser l'enchantement.

Au bout d'un moment, le sentier devient trop étroit pour que nous marchons côte à côte et Jacob me fais alors passer devant lui.

Pendant cette marche silencieuse au milieu des chants de la nature, je sens parfois le tissu de son T-shirt me frôler le bras et des frissons me parcourent. Je pense alors à notre proximité et je me sens encore plus à l'aise tout en ayant mon bras tout électrifié. Je sais, c'est un peu contradictoire !

Au bout d'un moment, nous arrivons dans une petite clairière où le soleil inonde l'herbe verte de ses rayons chauds. Je m'allonge alors au sol et je laisse l'astre du jour chauffer ma peau pas encore bronzée. Jacob me rejoint et je tourne ma tête vers lui. Nos yeux se rencontrent comme s'ils s'aimantent automatiquement. Je sens le feu monter dans mon corps et le point le plus chaud est celui de mon coeur. Je brule au contact de ses iris. Je ne sais pas ce qu'il ressent et je meurs d'envie de savoir. Mais je n'ose pas lui demander de peur de me tromper et de passer pour une folle ou, encore pire, une totale crétine.

Soudain, nos ventres se mettent à gronder à l'unisson et le charme est rompu. Jacob se redresse brusquement comme s'il venait de se faire piquer et moi, je sens le vide froid que me laisse cette coupure.

Je regarde alors ma montre et voit à ma propre stupéfaction qu'il est déjà midi. Nous sortons vite les sandwichs du sac de Jacob et nous commençons à manger. Je voudrais qu'il soit encore neuf heures du matin pour avoir encore le temps de rester avec lui mais je dois retrouver Laura à une boutique du village.

Après avoir mangé ce repas, nous recommençons à marcher mais cette fois-ci, Jacob est en tête.

Quelques minutes plus tard, nous sortons de la forêt et devant nous s'étend un champs d'herbes hautes et de fleurs des champs.

Brusquement, Jacob me prend par le bras et commence à courir.

Malgré la surprise, je le suis sans hésiter et commence à courir à sa suite. Il me regarde alors un instant par dessus son épaule et je vois un magnifique sourire illuminer son visage. Je lui souris en retour. Je me sens alors heureuse et je commence à éclater de rire. L'adrénaline de la course nous fait courir plus vite et il commence lui aussi à rire. Je crois que c'est l'un des moments les plus heureux de ma vie !

Mais toute chose à une fin et nous arrivons au bout du champs. Devant nous, la grande route se dresse. Elle traverse la campagne environnant et rejoint la ville la plus proche.

Nous nous arrêtons essoufflés de notre course. Je me rends compte que Jacob tient toujours mon bras mais ça ne me gêne pas. Malheureusement, il me lâche et commence à marcher le long de cette route.

Je le suis.

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