Le cas Alexander Rich (1987-1429) (première partie)

                                                                                                                                            À la mémoire d'H. P. L.


Depuis que mon ami Alexander Rich n'est plus, je m'interroge et j'ai peur. Sa mort, il y a trois jours, éveille en moi un affreux sentiment d'horreur et d'injustice, et je ne peux me consoler qu'en songeant que la disgrâce de sa condamnation ne l'a pas réellement atteint. Car c'est l'autre qui l'a méritée, cet autre dont j'ignore presque tout et dont je n'ai pas lieu de regretter la fin. Cependant, sur la tombe que je visite, c'est le nom d'Alexander Rich qui figure, et cette inscription me paraît cruelle. C'est pourquoi j'en ai posé une autre, insuffisante encore, mais qui rétablit du moins une partie de la vérité.

C'est surtout le matin qu'une angoisse irrépressible m'étreint et me couvre de sueurs. Chaque fois que j'ouvre les yeux, l'aube est à peine là, la nuit enveloppe les contours de ma fenêtre, et je ne puis m'empêcher d'essayer de me remémorer le rêve que j'ai peut-être fait et que je viens de quitter. Alors, quand je me souviens – des bribes d'images colorées, confuses d'émotions, souvent virevoltent encore en mon esprit –, je me demande si ce rêve tout jeune et palpitant signifie un passage, si je ne suis pas déjà en train de m'éloigner de ce monde, et si, dès le lendemain, il ne restera pas de ma personne qu'une enveloppe habitée par un autre.

Alexander Rich était une vieille connaissance, l'un de mes plus vieux amis. Nous avions partagé plusieurs classes ensemble, et je garde de lui à cette époque le souvenir d'un enfant simple et agréable. Ses résultats scolaires dépassaient peu la moyenne, et ses tentatives personnelles étaient rarement couronnées de succès, mais cela ne tenait d'aucune malédiction particulière : Alexander manquait seulement de méthode pour obtenir ce qu'il voulait. C'était un de ces enfants pratiques qui préfèrent changer de projets plutôt que de s'épuiser à les réaliser. Ce trait de caractère, si commun dans l'existence, ne mérite nulle insistance de ma part et n'a aucune importance dans l'ordre des phénomènes qui lui sont arrivés. Je ne mentionne cela que pour invoquer par la mémoire son image affectueuse à présent qu'il est mort. Je tiens également à être le plus précis possible dans le rapport de son identité, au cas où quelqu'un y trouverait quelque indice susceptible d'éclairer le mystère de son altération et de ce que j'ose encore appeler son « départ » ou sa « disparition ».

D'une fidélité étonnante, Alexander n'avait jamais cessé d'entretenir contact avec moi. Même lorsque mes occupations me rendaient négligent et en dépit de l'éloignement, il avait su me joindre chaque fois que nos rapports se distendaient. Je crois qu'il entrait aussi, dans la persistance de cet attachement, quelque sentiment de solitude qui l'incitait à se rabattre, en ses moments d'ennui, sur les connaissances qu'il savait les plus propres à partager avec lui quelque conversation joviale et enrichissante. N'est-ce pas toujours ainsi ? Bien rares sont ceux dans notre vie qui ne nous évoquent pas l'idée d'un jugement froid et de manières affectées. A contrario, rares aussi sont ceux qui ne provoquent pas en nous, en dépit de leurs préventions favorables, l'impression d'une inanité plutôt embarrassante. J'étais pour lui, je crois, de ceux qu'on retrouve toujours avec plaisir et intérêt.

Après avoir raté son droit, Alexander, par diverses voies de traverse, devint conseiller financier dans une banque assez connue d'Angleterre. Comme entre-temps j'avais été nommé professeur de littérature dans un établissement proche de Londres, nous avions bien des occasions de nous retrouver. Sans doute ne les saisissions-nous pas toutes – nos professions réclamaient du temps, et une paresse naturelle nous dissuadait de nous rencontrer autant que nous l'aurions pu. Je le regrette à présent, mais je sais que ce remords est vain et mensonger : à l'heure actuelle, je songe à sa disparition, et je voudrais n'avoir pas négligé mon ami dans ses derniers jours. Cependant, je me souviens du temps où j'étais si épuisé de travail que l'idée même de planifier une visite me semblait une épreuve. Pour autant que je sache, Alexander, à cette même période, n'était pas plus disposé à me rencontrer. Il avait lui aussi, d'autres sujets de préoccupation, à commencer par les préparatifs de son mariage.

Miss Lisa I*** est un personnage important de ce récit. Sa présence singulière dans la vie de mon ami explique probablement ce qu'il advint du véritable Alexander Rich, selon ce que j'en ai appris dans la chronique sur laquelle j'ai finalement – et miraculeusement – réussi à mettre la main.

Lisa était ce qu'Alexander pouvait rêver de mieux et, pour être tout à fait exact, elle dépassait sans doute, en matière d'adéquation, ses espoirs les plus fous. Non pas qu'elle fût extrêmement belle – charmante était pourtant un mot qui lui seyait à la perfection – mais sa personnalité n'aurait pu mieux s'accorder avec les qualités et les défauts de mon ami. Elle avait, entres autres choses, une façon d'affiner ses jugements, de corriger ses travers, de structurer sans à-coups le désordre de son existence, qui semblait tenir du miracle. Après des années d'histoires étonnamment brouillonnes et compliquées, Alexander avait trouvé en Lisa une femme saine et propre à l'améliorer. Cette remarque me fera passer pour condescendant à l'égard de mon ami ; qu'importe : j'admirais la façon qu'elle avait de le compléter, façon qui est l'apanage des amours les plus admirables. D'ailleurs, je sais qu'il s'apercevait lui-même de l'effet inespéré qu'elle avait sur lui, car il m'arrivait de surprendre, dans son regard posé sur elle, comme un sentiment de surprise mêlé à sa fierté et à son bonheur : en ces moments, je le jure, il paraissait ne pas réaliser toute l'incroyable chance qu'une femme telle que Lisa pût réellement lui appartenir.

Leur mariage s'annonçait heureux, si rien n'était appelé à changer.


                                                                                                 ***


C'est par elle que tout commença, au matin du 16 septembre 20**. Son appel inopiné me tira du long sommeil que me promettait exceptionnellement un jour de congé. Pourquoi m'appela-t-elle, moi, en premier ? Je l'ignore. Sans doute avait-elle déjà mesuré, en son instinct pénétrant de compagne, que personne ne connaissait ni ne se souciait d'Alexander autant que moi. Pour autant que je sache, Lisa ne chercha pas même à contacter la famille de son conjoint. Comme je l'ai dit, je ne le fréquentais guère à l'époque, et cependant elle sut juger que mon rapport valait davantage en solidité que toutes les fréquentations quotidiennes d'Alexander. Je ne la remercierai jamais assez pour cela. Il y a du don dans la pénétration de certaines femmes.

Pourtant, il se mêlait aussi probablement à cette confiance quelque chose d'autre, et cette chose consistait vraisemblablement en la crainte qu'on ne pût la croire. Lisa connaissait mon goût pour les faits curieux et anormaux, elle avait déjà éprouvé à la fois mon ouverture d'esprit et la rigueur de ma pensée. C'est pourquoi, à l'heure où elle appela, elle avait certainement désiré obtenir un avis sérieux sur lequel elle pourrait raisonnablement se fonder. Et aussi, dans le cas où je ne la soutiendrais pas, elle avait sans doute déjà calculé que mon opposition ne pèserait guère sur elle, dans la mesure où nous nous fréquentions peu et où je n'aurais pas souvent l'occasion de lui rappeler son erreur.

Mais qu'importe au fond. Le téléphone sonna, et j'y répondis aussi bien que me le permit le fait d'être dérangé au milieu d'un rêve.

« Henry ! »

Je reconnus l'alarme contenue dans cette voix, et ce, une bonne seconde avant d'en deviner l'identité.

« Lisa ? »

C'était la première fois qu'elle m'appelait, probablement la seule où nous nous parlâmes par téléphone.

Un silence essoufflé au bout du fil. Je me redressai, inquiet, contre le mur du lit. Puis un sanglot.

« Il s'est passé quelque chose !...

— Quoi ? Que s'est-il passé ? »

Ces pleurs incontrôlés avaient quelque chose de bouleversant.

« Il faut que tu viennes. C'est Alexander... Viens vite, s'il te plaît ! Il faut que tu viennes avant qu'il parte ! »

Là, elle lâcha apparemment le téléphone, car je n'entendis plus qu'un « Alexander ! » poussé avec désespoir, puis, sans que la ligne fût coupée, je n'entendis plus rien.

Je m'habillai et me préparai à la hâte. De quoi pouvait-il s'agir ? Je l'ignorais au juste, mais je formai dans ma précipitation mille hypothèses : aucune ne me paraissait crédible. Parmi elles, je supposai un moment, sur le fondement de ce que Lisa avait parlé du « départ » d'Alexander, que celui-ci avait pu vouloir la quitter pour quelque motif encore inconnu. Mais ce motif devait être bien violent pour qu'Alexander prît instamment l'initiative de l'abandonner, et je ne voyais guère quel il pourrait être. À bien réfléchir, je ne crois pas qu'il eût même réagi avec autant de vigueur si, par exemple, il eût appris qu'elle l'avait trompé ; cette hypothèse pourtant, la plus logique qui m'était donnée de me figurer alors, eût du moins expliqué l'inquiétude de Lisa et ses pleurs.

C'est donc avec préoccupation et, je crois, une inégalable promptitude, que je me transportai à travers la banlieue de Londres jusqu'au domicile d'Alexander et Miss I***. On n'imagine pas l'état de trouble où j'étais plongé tout le temps que dura ce trajet : il y avait urgence, cela je l'avais compris, et l'appel au secours d'un être aussi capable que Lisa avait de quoi susciter les inquiétudes les plus vives.

En moins d'un quart d'heure, j'arrivai au bas de leur appartement. Sans autre indice de l'événement, je montai prestement à l'étage de leur habitation, sonnai à la porte.

Lisa ouvrit presque immédiatement.

La mine de la jeune femme était décomposée, et ses yeux humides indiquaient qu'elle avait beaucoup pleuré depuis son appel. Elle tremblait comme sous l'effet d'un choc violent, et sa fébrilité, comme sa pâleur, ne me laissaient pas croire qu'elle ne s'évanouirait pas si on ne lui ordonnait vite de s'asseoir. C'est pourquoi j'avançai sans qu'elle ne m'eût offert d'entrer, et, constatant qu'Alexander était parti, je la fis se reposer sur le canapé du séjour.

Je voulus attendre un instant qu'elle reprît ses esprits, mais la tension qui m'avait étreint si longtemps me fit demander plus rapidement que je ne l'avais escompté :

« Lisa, que se passe-t-il ? »

Elle parut peiner, puis échouer à trouver les mots, comme au seuil de quelque chose d'indicible ; puis elle s'effondra en pleurs, se cachant le visage. Je tâchai de la réconforter le temps que ses sanglots fussent passés. Ce faisant, je sentis résonner en moi l'irrépressible et déchirante palpitation de ses longs tremblements nerveux.

La crise, terrible, prit fin. L'affolement incrédule laissa place en elle à la consternation ; je ressentis cela, aussi, à la façon dont son buste se détendit lentement. Son souffle également trouva un moyen plus large de s'exprimer, et l'oppression de sa respiration diminua sensiblement.

Nous nous séparâmes et, à son regard, je sus qu'elle avait résolument décidé de parler, qu'elle en serait probablement capable jusqu'au bout de ce qu'elle voulait dire.

« Alexander,... commença-t-elle. Il est parti juste après mon appel... Je n'ai pas pu le retenir...

— Raconte-moi tout. »

Jamais je n'aurais pu m'attendre à la confession qu'elle me fit ce jour-là, jamais je n'aurais pu imaginer qu'une telle folie fût possible. Son histoire eût même pu paraître comique si elle n'avait été prononcée avec tant de gravité et d'angoisse. Si je la crus, ce n'est pas tant pour la vraisemblance de ce qu'elle dit, que parce que c'est Lisa qui me le rapporta.

Voici donc ce qu'elle m'expliqua.

Depuis des semaines, Alexander faisait toutes les nuits un rêve qui le poursuivait sans relâche, quelque effort qu'il fît pour distraire son esprit. Le déroulement de ce rêve, toujours identique, consistait en ceci : c'était la préparation, minutieuse et pleine de tension muette, d'une bataille, au cours de laquelle Alexander revêtait en silence ses armes des mains d'un sinistre écuyer. Tout, dans ce songe, paraissait tiré du Moyen-âge le plus caractérisé, à commencer par le décor, celui d'une salle aux murs de pierre sombres et rustiques, parsemée de meubles pratiques où l'acier de diverses épées se mêlait au métal des cottes de mailles, et où le peu d'ouvertures faisait une obscurité gothique et oppressante. Le sentiment de violence extrême et imminente n'allait pas pour peu dans l'émotion qu'éprouvait Alexander au sortir de ce cauchemar, car il se sentait, très concrètement, un devoir entraîné de tuer qui le laissait comme choqué de lui-même et le faisait s'inquiéter de la brutalité qui devait sourdre en lui. Dans ce cauchemar, disait-il, il n'était pas Alexander Rich mais Thierry De Gaumont, un chevalier français, et il était sûr de s'apprêter à combattre des anglais durant la Guerre de Cent ans.

Un rêve est un rêve. Il n'y a pas toujours lieu de se préoccuper de ce que notre cerveau, livré à ses abandonnements primitifs, conçoit pour nous. Cependant, nul autre que moi ne sait de quoi l'esprit d'Alexander était capable – ou n'était pas capable – et le récit circonstancié de ce rêve me laissa perplexe. La grande profusion de détails que Lisa m'en apporta témoignait non seulement de la récurrence obsessionnelle du rêve, mais aussi de la saisissante précision avec laquelle la scène fantasmée lui était apparue. Or, j'affirme qu'Alexander n'était doté d'aucune créativité, d'aucune imagination qui le rendît propre à de telles représentations. De cela, je puis jurer : les nombreuses qualités de mon ami étaient toutes étrangères à la faculté même d'inventer une histoire, ce que j'avais expérimenté à maintes occasions : il était même sans nul doute, de toutes mes connaissances, l'être le plus aimablement prosaïque auquel je me fusse jamais attaché !

Mais ce n'est pas tout ; c'est surtout la scrupuleuse exactitude de cette peinture qui me stupéfia presque jusqu'au scepticisme. Je n'étais pas alors très versé dans l'histoire médiévale, cependant mes lectures m'avaient donné une bonne idée des usages de l'époque, et je ne pus discerner aucune anomalie, aucun anachronisme, aucune invraisemblance dans le rapport que me fit Lisa du songe de mon ami. Tout semblait correspondre aux réalités passées ; or, Alexander ne lisait pas, ne regardait pas de film, ne s'intéressait pas à l'histoire : comment un individu aussi imaginativement déficient aurait-il pu deviner tout cela avec tant d'apparente justesse ? Le nom même de Gaumont ne m'était pas étranger : il devait exister dans un de mes livres ; quant à Thierry, il était presque inenvisageable qu'Alexander eût eu l'occasion de lire un tel prénom, et plus inenvisageable encore qu'il eût été en mesure de le correctement prononcer.

J'en étais à peu près là de ma circonspection. Le rêve, selon Lisa, s'achevait toujours à l'instant où le chevalier quittait la pièce du château et partait au combat. Sa netteté, des dires même d'Alexander, était toujours plus forte, et le réveil était chaque fois plus difficile et agité : les deux dernières fois, Lisa l'entendit même parler peu avant qu'il ouvrît les yeux, et elle affirmait que ces mots ressemblaient étonnamment à du français, impression qu'elle tirait du souvenir d'une de ses amies qui vivait en Corse.

Ce rêve n'eût pu être rien. Il paraît qu'avec le soutien d'un bon psychologue, on peut guérir de toutes les fascinations et de tous les envoûtements où nous tient notre moi profond. Mais la conclusion de ce rêve se situait ce matin-même, et elle avait pris des proportions si terrifiantes que personne ne les aurait pu prévoir.

Alexander s'était éveillé à la sonnerie habituelle. Mais le sommeil de Lisa avait cessé depuis plusieurs minutes, et elle m'affirma que cet homme dans son lit n'était plus Alexander Rich : ses mouvements, sa respiration, ses mimiques presque insensibles, en somme tous les signes idiosyncratiques qu'elle avait appris à reconnaître, elle me jura qu'ils n'étaient plus les mêmes.

C'est pourquoi, lorsqu'il s'assit brusquement sur le lit, elle le regarda avec la vigilance instinctive d'une femelle en présence d'un mâle étranger.

Il ne la vit pas dans l'obscurité, à cause des volets fermés. Il demeura assis, le corps rigide, dur contre le matelas. Une méfiance virile tenait ses gestes précautionneux et discrets. Elle entendit un souffle qui lui parut trop rauque et trop ample.

Elle alluma la lumière, sachant au fond d'elle, et craignant que cet homme inconnu ne la brutalise d'autorité s'il venait à s'inquiéter tout à coup dans le noir.

Dans la lueur jaune, elle le vit de dos, et il tourna la tête.

C'était bien Alexander et ce n'était pas lui. C'était indéniablement son corps, sa peau, son visage et ses habits de nuit, mais son expression n'avait rien de comparable à ce qu'elle était la veille. Il avait, me dit Lisa, un air fermé, hautain et méprisant, et toute parcelle de douceur et d'entente avait disparu de ses yeux.

Il était clair que cet homme ne savait pas où il se trouvait, et qu'il tenait pour l'instant à ne pas le montrer.

Dans l'expectative, consciente du danger, elle resta sur le bord du lit sans bouger, le regard fixé sur lui et prête à s'enfuir.

« Alexander » risqua-t-elle.

Mais ce mot était dit davantage pour briser sa tension et obtenir de lui quelque réaction humaine plutôt que pour confirmer ce qu'elle avait déjà compris.

L'homme face à elle se contenta de froncer les sourcils, visiblement mécontent.

Il l'observa un moment avec dédain. Son regard était celui d'un maître qui considère une créature. Cet homme n'avait pas les manières d'aujourd'hui mais une façon rude, grossière, primitive et brutale. Lisa sentit que, s'il lui en venait l'envie, cet individu, sans aucun scrupule, pouvait tuer.

« Angloy ».

C'est ce qu'il dit, en français.

Il ajouta avec autorité d'autres mots dans la même langue, et c'est à cet instant qu'elle commença à pleurer, de frayeur et d'impuissance. Ses larmes aussitôt provoquèrent la colère de l'homme qui s'avança vers elle, la releva sans considération, et lui hurla au visage en lui écrasant les bras.

Par miracle, elle parvint à entendre ce qu'il demandait, et elle répondit :

« Londres ! Nous sommes à Londres ! » (« London ! It's London ! »)

— Londres » grogna-t-il.

Il la lâcha aussitôt, et elle s'effondra sur sa couche.

Au moment où Lisa me raconta cela, elle me fit voir les marques sur ses avant-bras : les hématomes, profonds et pourpres, indiquaient une poigne peu commune : ou bien Alexander était devenu fou, ou bien il détestait soudain cette femme pour l'avoir aussi cruellement maltraitée.

Puis il se déplaça dans la pièce à la recherche de vêtements. Comme s'il ignorait tout de son propre appartement, il fouilla jusqu'à ce qu'il eût trouvé de quoi s'habiller, cependant que Lisa, prostrée, choquée, craintive, continuait de gémir et d'implorer.

C'est environ à ce moment-là qu'elle m'avait appelé.

Et c'est à peine quelques minutes plus tard qu'Alexander était parti.

Mais, m'assura Lisa, ce n'était plus Alexander. De cela, elle était absolument sûre.

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