Préface
Le lourd bruit sourd qui résonna contre les tables vint ricocher contre les murs de pierres, tels de grands hurlements rageurs.
Une vieille femme sauta sur ses pieds, ses lunettes à monture verte glissant le long de son petit nez rond.
-Vous n'avez pas la parole, Miss Goeth !
Zelda garda son expression neutre, immobile sur sa chaise de fortune au centre de celle salle qui servait au conseil d'Administration de l'école comme salle de réunion de conseil de discipline.
La jeune fille, en garde à vue depuis son insolence envers le gardien de l'école, n'avait vu passer que deux journées complètes avant d'être convoquée pour son quatrième conseil de discipline de l'année.
Se devant de garder la parole lors de ces réunions, Zelda avait aggravé son entâche au règlement en tentant sans succès de défendre sa cause ; néanmoins les professeurs de son école étaient si bornés qu'il était difficile de leur faire entendre raison, d'autant plus s'ils la considéraient comme la ruine de leur réputation.
-Reprenons depuis le début... temporisa le représentant Sorcier de la ville, les sourcils froncés et ses yeux perçants virés dans la direction de l'accusée. Zelda Goeth aura 16 ans demain, en cette rare occasion du 29 février. Orpheline, elle a toujours vécu dans cette école et ceci a, d'après la défense des précédents conseils de discipline de Miss Goeth, été son excuse pour ses nombreuses infractions au règlement. Je parle notamment de ses sorties nocturnes, de ses vulgarités et violences envers les autres élèves, de son insolence envers les responsables de cette école ou encore son agaçante habitude à perturber les rares cours qu'elle se donne la peine de suivre. Aujourd'hui Miss Goeth a été convoquée pour avoir quitté l'enceinte de l'établissement en pleine nuit et insulté le gardien qui se chargeait simplement de lui dire de rentrer.
Il se râcla la gorge et redressa le menton, surprit que la jeune fille l'ait laissé poursuivre son discours jusqu'à son terme.
-Vous avez oublié un détail, déclara-t-elle finalement, la voix légèrement méprisante.
L'homme arqua un sourcil et tassa le dossier au creux de ses mains, quelque peu agacé. Zelda perçut son regard outré ; comment pouvait-elle le corriger ainsi, à son âge en une telle situation ?! La jeune fille lâcha un semblant de sourire sarcastique. En effet, son aptitude à deviner pensées et émotions de chacun ne la trompait jamais.
-Quel détail, Miss Goeth ? articula-t-il en voyant qu'elle ne répondait pas.
-Si j'ai insulté votre gardien, commença-t-elle, c'est pour la simple et bonne raison que comme tout le monde dans ce maudit pays me traite "d'anomalie".
-N'est-ce pas ce que vous êtes ? insista le représentant en la toisant d'un oeil critique.
Zelda croisa les bras sur sa poitrine tout en poursuivant :
-Je ne suis pas une Cracmolle, puisque je peux faire de la magie ; je ne suis pas non plus un Obscurus, puisqu'il ne me semble pas souffrir de ne pouvoir libérer ma magie ou d'être incapable de la contrôler ; je ne suis pas une sorcière, car je ne peux pas utiliser de baguette magique, de balais ou de potions.
Ce fut au tour de la directrice de l'école de prendre la parole, agacée de la tournure que prenait la discussion :
-Miss Goeth n'en reste pas moins étrange, anormale, mais aussi dangereuse pour ses camarades, Monsieur le représentant. Regardez ses cheveux blancs ! Et c'est là sa couleur naturelle !
Zelda n'oscilla pas, ne porta pas même un regard vers ses cheveux couleur neige qui lui tombaient jusqu'aux épaules.
-Ensuite, poursuivit la directrice, ses yeux changent de couleur en fonction des saisons ! Cet hiver ils sont si noirs que l'on ne voit même plus ses pupilles !
La vieille femme tourna le regard dans sa direction, ses yeux bleus lançant des éclairs :
-Elle n'est même pas capable de rire ou de pleurer ! Elle n'a jamais versé une larme, Monsieur le représentant ! Et ce n'est pas tout ! Zelda peut deviner nos pensées et nos émotions. Oh non, elle n'est pas legilimens ; simplement elle les devine... c'est tout comme si elle avait étudié chacun des muscles de notre visage pour associer l'émotion qui le suit ! Et attendez, rien n'est fini ! Si elle est incapable d'utiliser une baguette, elle peut faire de la magie... attaquer et se défendre, chose qu'elle a déjà faite sur des élèves !
Zelda ne lâcha pas une grimace : pourquoi la directrice s'obstinait-elle à ne voir que ce qu'elle avait envie de voir ? Les élèves qu'elle mentionnaient ne cessaient de l'insulter, la jeune fille s'était simplement défendue.
Elle s'autorisa un soupire ; ils avaient peur, voilà tout. L'humain craint tout ce qu'il ne connaît pas, rattachant toute différence, quelle qu'elle soit, a cette peur. Voilà pourquoi tous s'acharnaient à repousser Zelda, la garder loin d'eux. Si cela ne la dérangeait pas car elle était de nature solitaire, le fait qu'ils passent leurs journées à l'insulter ne l'indifféraient pas tant.
Elle se secoua légèrement pour se sortir de ses pensées ; la discussion actuelle était plus importante.
-Bien... soupira son professeur de métamorphose, quelque peu ennuyé. Il serait temps de prendre une décision, non ?
Les différents membres du conseil échangèrent un regard, comme s'ils savaient tous à présent quel était l'avenir de leur accusée.
-Qui vote pour l'abandon total de toutes les charges retenues contre Miss Goeth ? demanda la directrice, plus calme mais tout aussi méprisante.
Un sourcil levé, Zelda ne vit aucune main se dresser en sa faveur ; cela ne l'étonna même pas.
-Qui vote pour expulser Miss Goeth hors de ce pays, dans lequel elle représente une réelle menace pour sa population ? déclara finalement la directrice tout en levant la main.
Le reste du conseil la suivit, le regard haineux, comme voilé d'une peur réelle.
Le marteau frappa la table, et Zelda sursauta ; le représentant se leva et lança solennellement :
-Zelda Goeth n'appartient officiellement plus à l'école d'Arès et sera expulsée du pays d'Australie.
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