Chapitre 38
L'air comprimé et chaud de la serre créait de désagréables alvéoles sous mes aisselles, laissant la sueur ruisseler sur ma nuque et le long de mes tempes.
Severus tomba au sol, hors d'haleine, tandis que je m'appuyai sur mes genoux pour reprendre mon souffle.
-J'avais pas besoin de ton aide, lâcha-t-il entre deux souffles hachés.
J'arquai un sourcil, offusquée, mais préférai plutôt ignorer sa fierté :
-Je suis désolée, Severus. J'aurais dû te le dire il y a des mois... J'étais exténuée, ce matin là, et je savais pas ce que je disais. J'ai dis de la merde, d'ailleurs.
Il releva les yeux dans ma direction :
-C'est pas vraiment une excuse.
J'haussai les épaules :
-Pas faux.
Je le laissai se relever, puis il frotta sa robe pour en chasser la poussière. Il ramassa ses affaires et, ensemble, nous quittâmes la serre. Nous nous faufilâmes jusqu'à l'intérieur du château, où les couloirs vides nous accueillirent de leur silence étroit. Nous n'essayâmes même pas de nous faire discrets ; simplement nos pas résonnaient à travers les carrefours, tels une funeste mélodie.
-Et si on leur faisait un sale coup, proposai-je, vicieuse.
-Quel genre ?
-Genre... de l'huile dans les escaliers vers leurs dortoirs ?
Il plissa les yeux, pensif :
-Pourquoi pas changer le mot de passe de la Grosse Dame ?
Je clignai des yeux :
-Leur entrée de salle commune est là ?!
Il hocha la tête :
-Oui. Je me demande si Pettigrow garde pas le mot de passe dans sa poche...
-Mais comment tu sais tout ça ? le coupai-je en m'arrêtant net.
Lui qui était à Serpentard, il ne pouvait en savoir autant sur les Gryffondors.
Il lâcha un soupire, tout en me tournant le dos :
-Autrefois Lily et moi étions amis, murmura-t-il. Elle l'était aussi avec les Maraudeurs, et elle me parlait sans cesse d'eux. Elle était déjà amoureuse de James, à cette époque... puis, il est arrivé quelque chose en cinquième année, quand le groupe m'a... enfin ce qu'ils ont voulu faire tout à l'heure avant que tu m'aides. Lily leur a dit de me laisser tranquille, qu'elle savait que James n'était pas "si méchant que ça", que même si j'étais moche et bizarre c'était pas une raison... ça m'a mis dans une colère noire et je l'ai insultée de sang-de-bourbe. Du coup elle les a laissés faire, le truc est arrivé. Le soir, je l'ai supplié de m'ouvrir la porte de la Grosse Dame. J'ai même dormi dans le couloir. Elle a fini par sortir pour me dire de ne plus jamais lui adresser la parole.
Les émotions se bousculaient dans ma tête. Tout était si cruel. Severus ne méritait pas ça. Et soudain, je vis une larme glisser sur sa joue. Elle perla jusqu'à son menton, avant de s'écraser au sol, pour faire tâche sur les dalles grises et froides du couloir.
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