Chapitre 36
J'oubliai les cours, les visages de tous ceux qui frôlaient mes épaules dans les couloirs du château. Seules les paroles de Dumbledore restaient ancrées en moi.
Je tombai assise sur l'herbe qui bordait le lac, et l'humidité fit gonfler mes cheveux.
Je n'en revenai toujours pas. J'avais violé les loi, attaqué mon propre père adoptif et pourtant le vieux directeur se donnait la peine de m'épargner dix ans de prison. En valais-je à ce point la peine ?
***
Au cours de la journée, seul le vent rythma mes mouvements. Je restai allongée au sol, à m'endormir, à hurler, à jeter de lourdes pierres au fond du lac.
Or, lorsque le soleil vint chasser les nuages, une marée d'élèves déferla sur les rives. Parmi eux, le groupe des Maraudeurs ; effrayée, je m'empressai de grimper à l'arbre pour ne pas être vue. Si mes mains s'écorchèrent sur l'écorce, cela ne m'empêcha pas de rester blottie au creux des branches.
Ils s'assirent à l'ombre du grand arbre dans lequel je me tenais, discutant paisiblement. Ils rirent de Rémus qui râlait de leur immaturité, s'exaspérèrent de l'idiotie de Peter et sourirent devant James qui disait à Lily qu'il l'aimait. J'avais quant à moi l'envie de leur jeter des branches ; comment pouvaient-ils être si serein alors que rien allait ?!
Mes yeux s'écarquillèrent lorsque je vis ce dernier paraître, traversant le parc pour se rendre à la volière. Les Maraudeurs relevèrent le nez, et j'écartais les feuilles qui me griffaient le visage. Ils se relevèrent, et James lança :
-Les gars, y a Sevrilus.
Peter se frotta les mains, adoptant plus que jamais l'image d'un rat :
-Ça fait trop longtemps qu'on l'a pas emmerdé, hein James ?
-T'as raison, Queue d'Rat, sourit le jeune homme à lunettes, vicieux. Sevrilus a besoin qu'on le remette à sa place...
Fulminante, je les observai s'avancer dans la direction de Severus. Profondément outrée, j'avais cru un instant que Sirius allait objecter. Mais il n'en avait rien fait, gardant son habituelle expression mystérieuse et lasse au visage.
-Bah alors Sevrilus, comment ça va depuis le temps ? lança-t-il en arrivant à quelques mètres de leur victime.
Severus se stoppa net :
-Foutez moi la paix et allez pioncer sous l'arbre. C'est tout ce que vous savez faire de toute façon.
-Pardon ? s'indigna James. T'as dit quoi Sevrilus ?
Il tira soudainement la baguette de sa poche, et l'instant d'après, Severus s'envolait dans les airs, comme soutenu par une cheville. Ses affaires s'écroulèrent au sol tandis que sa robe de sorcier se retournait. Seul un slip sale demeura, et la rage m'aveugla lorsque James sourit :
-Comme quoi, les sortilèges informulés sont utiles ! Alors, qui veut me voir déshabiller Sevrilus, pour la deuxième fois ?
Les autres lâchèrent un sourire, mais seule Lily garda une expression neutre.
Non... ils ne pouvaient pas... Severus et moi avions beau ne plus nous adresser la parole depuis des mois, il ne méritait pas ça...
James prépara son poignet, et à l'instant où il voulut le rabaisser, je bondis hors de l'arbre :
-STOP !
Le meneur du groupe stoppa son geste juste à temps, et tous firent volte face dans ma direction. Le visage de Sirius se décomposa à ma vue, tandis que je fonçai dans leur direction. Hébétés, ils me regardèrent percuter James de plein fouet, puis leur ami rouler au sol. Derrière moi, Severus s'écroulait à terre, mais je n'y prêtai aucune attention ; à la place, je levai sèchement la main droite et la robe de sorcier de James s'envola.
-Alors, ça te fait autant rire ? crachai-je, avant d'envoyer mon poing frapper son nez avec force.
Le sang gicla, et ses lunettes se brisèrent sous le coup.
-Ça vous fait tous autant rire, maintenant ?! hurlai-je. Vous avez pas honte, d'humilier ainsi quelqu'un, de détruire à jamais le peu de confiance qu'il a en lui ?! De détruire sa vie, ses années où il aurait pu profiter sans responsabilités, et à la place, on le frappe, on l'insulte, on le maltraite sans cesse qu'il ne peut rien y faire ?! Oh, et pire que tout ! Vous n'êtes qu'une bande de lâches, à l'harceler ainsi, en groupe, alors qu'il est seul et sans défense contre cinq sorciers !
Je fis une pause pour reprendre mon souffle, devant leur air comme perdu.
-Il peut être laid, ou répugnant, poursuivis-je d'une voix plus basse, sans qu'elle soit pour autant moins sèche. Mais aucun humain, ni même créature, ne mérite ce traitement. Et ne dites pas que c'est lui qui a commencé ; j'ai ma propre preuve. À peine suis-je arrivée ici que vous me traitiez déjà comme de la merde. En fait, c'est vous la merde. Vous dites que vous voulez être des héros, faire le bien, soutenir des valeurs justes. Jusqu'ici je n'ai vu que des monstres agir. Des sorciers arrogants sans cœur attaquer les plus faibles.
Je crachai au visage de James, et il lâcha une grimace. Tout autour, les élèves s'étaient tus. L'expression méprisante, je is volte face et attrapai Severus par le bras, agrippant ses affaires par la même occasion. Et dans un silence de plomb, nous disparûmes à l'intérieur de Poudlard.
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