Chapitre 35

Hors d'haleine, je terminai ma course folle au pied des grandes portes de chêne, les mains appuyées sur les genoux pour reprendre mon souffle.

Que voulait donc Dumbledore ? Pourquoi vouloir être si pressé ? Intriguée, le cœur battant, je me redressai et frappai d'un geste sec et rapide. Nul besoin de m'attarder davantage sur le palier.

Une voix m'indiqua d'entrer et je tournai la poignée. Les odeurs familières du bureau envahir mes narines tandis que je laissai les sombres battants se refemer. Je revis la collection de vieux objets du directeur, ses innombrables livres poussiéreux et les tableux endormis qui surplombaient les bibliothèques.

Par la fenêtre, le soleil grandissait déjà au dessus du lac et du terrain de Quidditch, qui paraissaient si sereins vus d'ici.

-Tout paraît tellement plus calme lorsque l'on prend du recul, n'est-ce pas ? déclara une voix, et je me tournai vers le directeur.

-Ça dépend des choses.

Il me toisa par dessus ses lunettes en demi-lune, amusé :

-Peut-être bien...

-Pourquoi m'avoir fait venir si tôt ? l'interrogeai-je, presque pressée de terminer cette discussion, pour une raison inexplicable.

Il contourna la chaise pour venir s'accouder au bureau, comme il l'avait fait lors de notre précédante rencontre :

-J'ai parcouru les registres de familles en Australie, et aucune ne semblait présenter des aptitudes telles que les tiennes.

Je croisai les bras, les yeux plissés :

-Alors vous pensez que je ne suis pas née en Australie ?

Il opina du chef :

-Exact. C'est pourquoi je pense qu'il serait inutile de nous rendre en Australie pour interroger Mr Goeth...

Je refermai la bouche. Même si cette idée m'avait autrefois déplue, elle m'était totalement sortie de la tête :

-Nous aurions dû y aller à Noël, pourquoi...

-J'y suis bel et bien allé, me coupa le directeur. Seulement...

Si mon pouls s'accéléra, mon expression demeura quant à elle des plus neutres. Je n'appréciai pas vraiment le fait qu'il s'y était rendu seul, sans même daigner me prévenir...

-... Seulement j'ai appris que Georg Goeth était mort il y a de ça quelques mois.

Cette fois-ci, mon cœur manqua un battement. Mort... ? Mes mains se crispèrent, et mon corps entier se raidit sous le choc. Je crus bien défailler, et pourtant aucune tristesse ne m'accabla. Incapable de ressentir la moindre culpabilité, comme à mon habitude. Pourquoi la mort de mon père adoptif ne m'affectait que si peu ?!

Je relevai les yeux vers Dumbledore, qui m'accorda un regard compatissant :

-Je sais pourquoi vous vous êtes disputés.

Je fus prise d'un mouvement de recul. Comment avait-il pu l'apprendre, si Georg avait emporté le secret dans sa tombe ?!

-Georg avait une amante, commença Dumbledore, et mon cœur s'ébranla à ses paroles. Seulement tu n'étais pas au courant. Lorsque tu les as surpris, tu as crus à une mère, avant d'apprendre que celle-ci était déjà mariée. Une dispute a éclaté à cause de cet espoir vain avec Mr Goeth. Sauf que la discussion a prit une autre tournure et il a avoué qu'il connaissait l'identité de la personne qui t'avait déposé sur son palier. Tu as voulu savoir qui était-ce, il a refusé de te le dévoiler, et tu t'es emportée. Ta magie s'est déferlée contre lui, non pas comme celle d'un obscurus, mais Mr Goeth a été gravement blessé. Emputé de ses deux poignets, le visage brûlé et défiguré sur une moitié.

Mais la cupabilité se faisait toujours attendre. Les seules émotions de peur et d'inquiétude se bousculaient dans mon esprit, ainsi qu'une seule et unique question : Dumbledore avait-il la réponse à mes questions ?

-Je t'ai fait venir pour te dire que j'ai réussi à lever toutes les accusations contre toi. Le ministère Australien de la Magie t'accusait de cette attaque et j'ai levé toutes les charges.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top