Chapitre 31

Jamais je n'aurais cru que mourir aurait pu être si éprouvant. Tout du moins, je n'avais pas imaginé pouvoir être si faible une semaine durant. Je passai mes journées à l'infirmerie, sans recevoir la moindre visite. J'occupai mon temps à regarder par les grandes fenêtres, à dormir et à manger. Je regrettai presque mes journées au bord du lac tant l'ennui m'exaspérait.

Ce jour-ci, la neige avait cessé de tomber à la fenêtre et le soleil disparaissait derrière les pins de la forêt interdite. Je lâchai un long soupire et me frottai le visage de mes mains, agacée par la migraine qui m'attaquait chaque soir. Pomfresh me l'avait prédit : une longue ascension m'attendait jusqu'à retrouver pleinement la santé.

Le silence qui comblait la pièce bourdonnait à mes oreilles. J'en avais plus qu'assez de ce calme incessant, de ce vide qui m'oppressait sur les oreillers. J'avais beau faire de mon mieux pour guérir, mes jambes refusaient toujours de me maintenir debout et un malaise me prenait à chacun de mes mouvements trop brusques. Ce n'était pourtant là qu'une noyade ! Etais-je donc aussi faible que ça ?!

Je lâchai un grognement et serrai la couette au creux de ma paume. Je voulais tant me lever, marcher, courir ! Pourquoi avions-nous donc joué à ce stupide jeu ?! Remus devait d'ailleurs être rongé par la culpabilité, car pas une seule fois cette semaine il ne vint s'assurer de mon rétablissement. Dumbledore et McGonagall ordonnèrent aux autres de me laisser tranquille, ainsi personne ne vint divertir mes tristes et longues journées ennuyeuses.

J'entendis soudain la porte claquer : je me redressai brusquement, et des tâches noires masquèrent un instant ma vue. Prise de vertiges, je pris le temps de calmer les battements fous de mon coeur avant de rouvrir les yeux. Hébétée, je vis là Dumbledore, accompagné de son habituel sourire chaleureux et d'une chaise à grandes roues qu'il poussait devant lui grâce à deux manches sur le dossier. J'arquai un sourcil et le directeur eut un regard amusé devant mon expression :

-C'est une chaise roulante, Zelda, m'expliqua-t-il. Les moldus s'en servent pour transporter leur malades.

-Pourquoi n'utilisez-vous pas la magie pour me déplacer ? répliquai-je, perplexe.

-Elle va te plaire, tu vas voir.

Il plaça la chaise en parallèle à mon lit et, en un coup de baguette, je m'envolai dans les airs pour être délicatement déposée sur le siège. Dénuée de ma couette, un frisson me prit et le froid s'engouffra sous mon pyjama ample. Pomfresh apporta une couverture, qu'elle plia à l'aide de sa baguette et qu'elle déposa sur mes jambes. Elle me donna ensuite un pull de laine ainsi qu'un bonnet.

-Le bonnet n'est pas utile, lui dis-je en le jetant sur le lit.

Néanmoins, Dumbledore sembla persuadé du contraire car il le prit et me l'enfonça sur le crâne :

-C'est Noël, Zelda. Il faut être dans le thème.

Je levai les yeux au ciel : une phrase telle que celle-ci ne m'étonnait guère de la part du vieux directeur. Je relevai le chapeau qui tombait sur mes yeux et laissai Dumbledore se placer derrière moi pour pousser la chaise ; Pomfresh nous tint la porte et nous laissa quitter l'infirmerie dans un sourire.

-Et amusez vous, Miss Goeth ! m'ordonna-t-elle en me serrant l'épaule.

Elle disparut dans l'encadrement des battants et me retrouvai seule avec Dumbledore. A vrai dire, le vieil homme disait vrai : cette invention des moldus me plaisait. Il était agréable d'être ainsi transporté. J'avais tout le loisir d'observer les alentours sans être déviée de ma trajectoire par manque de concentration. De plus, je pouvais ainsi me déplacer sans tomber dans les pommes.

-Merci, professeur, murmurai-je en levant les yeux dans sa direction.

Il eut un faible sourire. Décontenancée, je crus un instant voir au fond de ses yeux une certaine mélancolie, une tristesse chargée de regrets. Je reportai mon regard sur les dalles grises qui défilaient à mes pieds, telle une mer mouvante dans laquelle je nageai sans le moindre effort.

Pourquoi Dumbledore semblait-il être si tourmenté ? Ses démons semblaient constamment présents, enfouis au plus profond de son être. Ils le rongeaient de l'intérieur, et il les laissait faire. Même Severus ne paraissait pas aussi atteint de douleur... Mais nos discussions me revinrent à l'esprit et je fus prise d'un doute. Il ne méritait pas mes paroles. Il ne méritait pas les insultes des Maraudeurs. Il ne méritait pas d'être seul, sans amis.

Je lâchai un soupire : à vrai dire, il me manquait terriblement.

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