-Allez, du nerf ! nous encouragea Brûlopot tout en affichant un air contrarié devant nos vains espoirs d'approcher les niffleurs avec nos pièces d'or.

En effet, ceux-ci ne semblaient pas très appâtés par nos airs abattus ; Severus et moi n'étions pas vraiment motivés pour ce cours.

-Normalement, les sixièmes années n'ont pas de cours de Créatures Magiques, ronchonna-t-il en jetant la pièce aux pattes du petit animal.

Ce dernier lui lança un regard noir avant de détourner ses petits yeux sombres vers d'autres groupes, envieux.

-Pourquoi on a, alors ? rechignai-je en m'allongeant dans l'herbe, exaspérée.

Severus tomba étendu à mes côtés :

-Brûlopot prendrait sa retraite dans quatre ou cinq ans. Dumbledore a jugé bon de nous accorder ces dernières années de Créatures Magiques avec lui pour lui faire plaisir...

Je plissai les yeux, une grimace au visage :

-J'aurais mieux aimé que non.

Severus lâcha un rire :

-Sans blague.

-Dumbledore est trop sentimental, soupirai-je, mes conversations avec le vieux directeur me revenant en mémoire.

Mais, à ma plus grande surprise, je n'obtins aucune réponse. Je ne prêtai pas attention au désaccord de Severus et me redressai plutôt pour virer mon regard sur le groupe de Sirius et Lily, qui s'esclaffaient un peu plus loin avec quelques niffleurs.

Ils semblaient si heureux, si détachés de la réalité : riant, souriant, la vie semblait tant leur sourire. Il me semblait dur à croire que la veille seulement, Sirius et moi échangions un baiser au détour d'un couloir sombre. Nous appartenions à deux mondes différents, que seule une folie pourrait relier. Et je ne tenterai certainement pas le diable en m'engageant dans cette aventure. Du moins, pas si les efforts n'étaient produits que d'un côté...

Il releva ses yeux gris, et une fraction de seconde, nos regards se croisèrent. Mon expression avait beau être vide d'émotions, les sentiments se bousculaient en mon fort intérieur : rage, douleur, quelques emballements de cœurs et une jalousie certaine. Sa brune était toujours près de lui, comme à rôder autour de sa proie.

Je jetai un regard noir au jeune homme avant de lui tourner le dos et de lancer à mon tour ma pièce au niffleur. Dégoûté de ma grimace de haine, celui-ci se détourna de nous pour rejoindre le groupe de Kelly. 

A la place, ce fut Severus qui se redressa pour m'accorder un regard exaspéré :

-Va falloir t'y habituer. Toi et moi, on est voués à vivre dans un monde parallèle au leur.

Je lâchai un grognement tout en arrachant les touffes d'herbes à mes pieds. 

Je détestai Severus. 

Je le détestai parce que je savais qu'il avait raison.