Chapitre 13

La semaine tomba, sans qu'il n'eut le moindre changement apparent. Qu'il était ennuyeux d'encaisser cette routine lassante sans ne pouvoir rien y changer !

Ainsi vint le week-end, où les choses se corsèrent davantage. L'idée de rester assise au bord du lac à le fixer m'était des plus agaçantes, ainsi pris-je la décision de pimenter ma vie à Poudlard. Après tout, c'était Dumbledore qui m'avait fait venir et je lui vouai une certaine haine au fait qu'il pense que j'étais une jeune fille bien sage avide d'apprendre. C'était bien là tout l'inverse.

Je quittai donc les dortoirs ce matin là, bien après les autres, comme à mon habitude. Je devais trouver une idée. Je grimpai les marches de pierres l'esprit préoccupé, les mains dans les poches. Je finis par atteindre l'habituel couloir sombre, puis m'en aller jusqu'à la grande salle, où je m'assis pour dévorer mon petit déjeuner. Les élèves assis autour s'éloignèrent en vitesse, le regard empli d'un jugement hautain. Je les ignorai cependant ; j'étais bien habituée à ces messes-basses inutiles.

Je piquai mes œufs lorsque des pas se stoppèrent dans mon dos. Je lâchai un soupire d'agacement : ne pouvais-je donc pas manger tranquillement ?

-Eh, la nouvelle, railla une voix comme capricieuse.

Je me tournai sans me presser, curieuse pourtant de voir que je ne la connaissais pas. Il y avait là six filles, postées devant moi, la mine méprisante. Elles avaient l'air de m'en vouloir pour le simple fait de ma présence.

-Moi, c'est Kelly, se présenta leur meneuse en balançant ses cheveux bruns soyeux vers l'arrière d'un coup d'épaule. Et là, Hashley, Merra, Diane, T...

-Je m'en fous, la coupai-je, tout aussi méfiante et agressive qu'exaspérée. Pourquoi vous venez ?

Elle me toisa un instant, choquée. Avais-je osé la couper ? Oui.

-Comment tu fais pour tes cheveux ? me questionna Kelly, un sourcil arqué et un sourire moqueur.

Voyant que je ne me donnais pas la peine de répondre, elle enchaîna :

-Tu utilises un shampoing spécial dégueulasse, exprès pour les monstres dans ton genre ?

Ses amies écervelées pouffèrent de rire, railleuses, tandis que je les dévisageai d'un air ennuyé.

-On devrait peut-être rajouter une maison à Poudlard pour les gens aussi stupides que toi, ajouta une autre avec une grimace faussement désolée.

-On y mettrai aussi les monstres et les handicapés ! s'extasia Merra.

Mais même malgré moi, la rage me monta à la gorge et je me raidis tandis que mes poings se serraient. Elles voulaient jouer ? Elles avaient réussi à m'énerver. A raviver de vieux souvenirs désagréables enfoui en moi. Elles allaient payer de leur mauvaise langue...

Je me levai brutalement et attrapai Kelly par les cheveux ; celle-ci hurla tandis que je la retournai pour plonger son visage dans mon assiette. Ses amies pouffiasses hurlèrent à leur tour, mais je levai brutalement la main et elles s'immobilisèrent. Le poing serré pour contrôler la magie qui émanait à présent de moi, je jetai ma main à terre et elles s'écroulèrent toutes d'un même mouvement. La seconde d'après, je les balayai d'un geste sec et de l'eau se déversa sur elles, trempant leurs cheveux et leurs vêtements. Elles hurlèrent, certaines mêmes pleurèrent ; mais tandis que je leur jetai un regard haineux, presque satisfait, une force violente me percuta et je tombai au sol. Déséquilibrée, je peinai à me relever tandis que Kelly, le visage ruisselant de jaune d'œuf et de sauce se jetait sur moi pour m'asséner un coup sur le nez. Sonnée, le goût métallique du sang envahit ma bouche et je le sentis ruisseler sur mon visage.

Cependant, je ne me laisserai pas ainsi abattre ; je sautai sur mes pieds, quoique maladroitement, et bondis à mon tour sur la cheffe des pouffiasses. J'attrapai ses cheveux, les tirai de toutes mes forces, tandis qu'elle me griffait la peau de ses ongles pointus.

Je pesai de tout mon poids sur elle, et nous tombâmes brutalement au sol. Ma chute fut amortie par Kelly, qui gémit de douleur lorsque son dos percuta les dalles de la grande salle. Je pouvais presque sentir la haine couler dans mes veines. Les véritables monstres se tenaient là, devant moi !

Et alors qu'elle voulut se relever, j'abattis mon poing dans sa figure et elle tomba au sol, assommée. 

Hors d'haleine, encore tremblante de colère, je me redressai lentement dans un silence quasi total. Je relevai le menton et me figeai ; tout autour, les élèves s'étaient rassemblés pour observer la scène, choqués. Ils me dévisageaient, horrifiés : à présent c'était un véritable monstre qu'ils voyaient là.

Mais ces filles l'avaient mérité. Entièrement.

-Miss Goeth ! s'étrangla une voix, tout aussi sévère que choquée.

Je fis volte-face et vis McGonagall fendre la foule pour venir se poster à mes côtés, aider Kelly à se redresser.

-Allez dans mon bureau ! m'ordonna la professeur de Métamorphose sèchement. Tout de suite !

Je lâchai un soupire et m'en allai quitter la grande salle, la foule s'écartant sur mon passage. Il fallait que ce soit moi qui sois punie. Evidemment.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top