Ceci va bouleverser sa vie...

L'onde qui perla au centre du lac s'égara jusqu'à la rive, où deux pieds nus frissonnaient sous les légères vagues d'écume. La jeune fille resserra son pull sur sa poitrine, emmitouflée jusqu'aux oreilles par le doux tissu de laine noire. Ses yeux noirs scrutèrent l'obscurité, méfiants, comme à la recherche d'un intrus qui viendrait dissoudre le calme du paysage.

Elle lâcha un long soupir, et un panache d'air compact se forma devant son nez truffé de tâches de son. Malgré les chaudes températures qui se faisaient habituellement en ce mois de février, cette nuit là était d'un froid inhabituel.

Alors que les yeux de la jeune fille se fermaient, qu'elle appuyait sur ses paupières pour tenter d'en tirer une larme, les poings serrés, un courant balaya le lac ; la pression de l'air redescendit brutalement et le givre tapissa les eaux troubles.

La jeune fille tituba vers l'arrière, prise de vertiges. La larme ne montait toujours pas. Une douleur fulgurante lui serra le cœur, et elle lâcha un hurlement dans le silence du paysage. L'écho serpenta jusqu'à la pinède d'en face, fit trembler les arbres qui lâchèrent leurs oiseaux apeurés.

En un instant, tout fut terminé. Tombée au sol, les fesses gelées, elle gardait ses yeux empreints d'une immense douleur posés sur le lac. Le givre s'était comme envolé. Plus aucune trace des ondes magiques qu'elle venait de libérer. Tout ceci pour une pauvre larme.

-Zelda, qu'est-ce tu fous ?! beugla une voix plus en arrière, rageuse.

La jeune fille se releva, l'expression vide d'émotions, et s'en alla vers le grand édifice qui trônait là. Une petite porte ouverte gardait une lumière jaunie dans l'obscurité ; alors qu'elle s'y dirigeait, la silhouette trapue du gardien de l'école se dessina sur le seuil.

-Putain, qu'est-ce tu fous encore dehors sans godasses ?! rugit-il tout en la laissant entrer. C'est encore toi qui fous de la neige partout alors qu'on est en été ?!

Il abordait une barbe rousse parsemée de cheveux blancs, tout comme ses cheveux plantés sur son crâne luisant sous la lampe à huile.

-Je regardais le lac, déclara Zelda d'une voix neutre en poursuivant son chemin dans le détroit des couloirs sombres.

Mais le gardien l'arrêta sèchement :

-Tu vas t'faire virer, et t'es même pas capable d'utiliser une baguette cracha-t-il, méprisant.

-En attendant, rétorqua-t-elle sèchement, je suis plus avisée que vous de produire la moindre petite étincelle de magie.

Terriblement offusqué, l'homme fut forcé de reculer d'un pas. Zelda poursuivit quant à elle son chemin vers les dortoirs, l'expression toujours aussi neutre que de coutume.

-Tu vas payer cher cette remarque, pauvre anomalie...

Elle l'ignora cette fois-ci pour prendre le couloir qui grimpait sèchement vers le haut par un escalier en colimaçon. Elle monta les marches de pierres drues deux à deux sans se soucier des grognements mécontents du gardien dans son dos.

Cela pourrait-il réellement être si différent si elle quittait cette école ?

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