• IV • Mensonges à moi même
• Se réveiller fatigué, un mal de crâne démentiel, l'étroitesse du caleçon et le monde qui tourne pendant plusieurs minutes lorsque mes pieds se posent au sol. Le combo parfait pour démarrer une mauvaise journée.
Depuis une semaine, les jours s'enchaînent et se ressemblent tous. J'émerge de ma chambre avec la tête dans le cul vers midi, n'ayant pas réussi à sortir mon cadavre du lit plus tôt. Je vis au ralenti toute la journée et mon estomac n'acceptant que très peu de nourriture, je le contente avec des trucs peu nourrissant mais qui me donnent envie. Le genre de mix qui ferait lever les yeux au ciel à tout autre être humain. Quoi, c'est super bon le fromage dans la crème au chocolat.
En fin d'après midi, après avoir zoné entre le canapé et mon lit, je finis par m'endormir avant l'heure du dîner, épuisé sans avoir rien foutu de ma journée. Et forcément quand vient l'heure de me coucher, le sommeil s'est fait la malle jusqu'à revenir vers moi, penaud, aux alentours de quatre ou cinq heures du matin, troublé par des rêves peu respectables.
Ainsi donc, recommence la journée du début. Mort de fatigue et sans aucune énergie alors que le soleil se lève à peineet avec le bas ventre en ébullition. Un serpent qui se mort la queue. Et je ne sais absolument pas comment faire pour y remédier.
Je commence légèrement à désespérer de ne pas trouver de sortie à cet enfer. Que ce soit mon état physique qui se dégrade ou mon obsession maladive pour ce mec qui grandit, je peine garder la tête froide.
Et dire que je dois commencer dans la compagnie la plus prestigieuse de la ville dans à peine une semaine.. Je n'ai même pas eu la force de me chercher un appart ni même de m'entretenir physiquement. La grosse loque.
Aujourd'hui, ne faisant pas exception à mon rituel, mon cerveau va me faire devenir dingue et mon corps va finir par me faire craquer. Pour couronner le tout, mon estomac s'est réinventé peintre ce matin et a décidé que le blanc pour la cuvette des chiottes, c'était pas ouf. Le peu que j'avais avalé la veille disparaît dans les égouts et me laisse dans un état plus que pitoyable. Je déteste gerber.
Et bien sur pour rajouter un peu de piment à mon malheur, j'étais actuellement au téléphone avec ma mère qui, alertée par le bruit au travers du combiné, me tane maintenant avec son discours mi inquiet mi moralisateur.
- Tu veux pas aller voir un médecin ? Ça commence à faire long pour un simple rhume non ? Déjà que tu ressemblais à un zombie quand tu es passé cette semaine, mais si en plus tu te mets à vomir
- Ça va passer je t'ai dit !
- Katsuki, ça va bientôt faire deux semaines que tu es malade. Juste un rendez vous de contrôle et une petite prise de sang, ça va pas te tuer. Simplement pour vérifier que c'est bien un rhume et pas quelque chose de plus grave. Parce que tu commences vraiment à me faire peur. Tu as dû perdre 5 kg et je vois bien à tes cernes que tu dors très mal. S'il te plaît. Pour me rassurer et éviter de commencer tes premières répétitions dans cet état. Cela serait con de gâcher cette opportunité alors qu'elle vient à peine de débuter
A son ton insistant mais surtout pour qu'elle me lâche la grappe et pouvoir retourner m'enterrer sous ma couette, je cède.
- Ok c'est bon
- Parfait ! Et appelle tout de suite pour te prendre rendez vous le plus vite possible. Je te connais toi et ta procrastination quand ça concerne ta santé
- Ouai ça marche
- Merci fils
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Quelque jours plus tard, après avoir passé l'examen sanguin le matin même, je me retrouve devant le médecin qui lit les résultats d'une façon très appliquée. Même trop à mon goût, car cela fait bien dix minutes qu'il me fait poireauter.
- Peux tu me redonner tes symptômes ?
- Insomnies, vertiges, nausées et vomissements en gros, tous les jours
- Hum
- Ça dit quoi ?
- Rien de particulier, une anémie et une carence en vitamines due aux vomissements. Sûrement un virus, c'est la période. Par contre une ligne m'intrigue, sûrement une erreur de la part du labo, mais j'aimerai que tu refasses un examen sanguin pour vérifier cela. Et je vais te prescrire une échographie abdominale à faire si tes symptômes perdurent au delà du mois. Pour écarter une potentielle lésion au niveau de l'estomac ou des intestins qui pourrait expliquer ces symptômes
- Super ..
- En attendant, je vais te donner de quoi soulager ton ventre et t'aider à dormir
- Ouais merci
Sortant de là pas plus avancé qu'en y entrant, je désespère face au long trajet du retour dans les transports en commun pour atteindre mon lit.
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Après avoir repris en force suite à des nuits plus correctes, merci les médocs, je me lève ce matin pas si mal en point. Si on oublie la trique habituelle qui passera avec une douche froide.
Je maudis mes hormones d'avoir loupé le top départ de la puberté, je m'en serai bien passé. Mais au moins je comprends mieux ce qui pouvait passer dans la caboche de mes deux idiots de potes lors de leurs conversations "entre mecs".
D'ailleurs, en parlant d'eux, je les rejoins pour le "goûter", en compagnie de la majorité de notre promo, pour un dernier aprèm détente. La plupart, comme moi, commençent leur premier contrat début du mois qui arrive, ayant été repérés lors des représentations à la fac ou pistonnés par les profs.
Je suis accueilli par un petit tourbillon verdâtre qui me saute dans les bras. Quelque peu déboussolé par cette apparition surprenante, mon cerveau doit prendre quelques instants avant de traiter l'information.
- Deku ?
- Coucou Katchan !
- Si j'avais su que tu serais là aussi, je serais resté chez moi. Voir ta tronche en cette journée ne m'aide pas vraiment
- Ho fait pas ton rabat joie. Je sais que tu es heureux de me voir. Tes yeux ne mentent jamais
- Ça y'est, tu me soûle déjà
- C'est que tout va bien alors
Son rire cristallin fait naître un sourire sur le coins de mes lèvres.
- Depuis quand as tu appris à sourire ?
Vexé, je lui fou une tape sur le dessus du crâne avant de lui répondre, mécontent.
- Prend pas trop la confiance non plus, sale nerd !
Et le voilà déjà réparti aussi rapidement qu'il est arrivé. Sirotant son milshake en tournoyant d'un pas légé et gracieux. Du lui dans toute sa splendeur, fourbe et clairvoyant.
La voix de Kirishima me sort de mon état mi amusé mi colérique.
- C'est cool si vous renouez tous les deux avant de démarrer une nouvelle vie
- Va donc raconter tes salades ailleurs
Je l'entends s'esclaffer dans mon dos alors que je m'enfuis chercher une boisson pour cacher ma gêne. Manque plus que ça pour combler le bordel de ma vie actuelle. Parfait..
Suite à cette après-midi pas si désagréable, chose que je ne dirais jamais à voix haute, je prends la direction du campus tranquillement avec la sensation d'avoir rangé derrière moi ce passage foireux pour entamer enfin mon nouveau départ.
Mais ça, c'était avant que la vie n'en remette une couche en me faisant tomber face à celui qui me hante toute les nuits. Non mais sans déc, il pouvait pas passer sur un autre passage piéton ! Vite, changeons de direction il ne m'a pas vu. Ou peut être que si..
- Katsuki ? Attends !
Et même si mon cerveau m'incite à m'enfuir en courant, mon corps se stoppe et je me vois me retourner. Je suis faible.
- Ha, bonjour coach
- Tu peux cesser de m'appeller ainsi tu le sais. Je ne suis plus ton prof, on est égaux maintenant. Comment vas-tu ? Mieux que la dernière fois ?
- Ouais c'est bon, c'était juste un rhume
- Bon tant mieux alors. C'est ce mois ci que tu commences dans ta compagnie non ?
- Lundi
- C'est super ça. Pressé ?
- Carrément oui
- Je suis heureux pour toi, que tout se déroule comme tu le voulais. Tu as un grand avenir devant toi, je n'en ai jamais douté
- Ouais mais vous n'y êtes pas non plus pour rien
- Tout le mérite te revient, moi je n'ai fais que t'aiguiller
- Si vous le dites
- Profite bien de cette nouvelle expérience qui t'es offerte, elle t'apportera beaucoup pour la suite
- Promis. Merci coach.. heu..pardon..
- Appelle moi donc par mon prénom, c'est très bien et arrête de me vouvoyer au passage
- D'accord ... Shouta..
Je me sens tout bizarre de le retrouver comme avant. Et en prononçant son prénom, un quelque-chose vient fourmiller dans mon bas ventre en souvenir de mes chaudes mâtinées en solitaire. Le rouge me monte aux joues à cette pensée.
- Avec plaisir Katsuki
Et cette façon dont il vient de prononcer le mien. Sa voix rauque et profonde habituelle contrastant avec la douceur de ses mots, son air blasé comme à l'accoutumée agrémenté là d'un sourire charmeur, sa posture droite et imposante de tous les jours enveloppée d'une aura bienveillante. Ce lui que je connais si bien saupoudré d'un homme nouveau. Le tout finissant de me faire vaciller.
Merde. Et moi qui pensais l'avoir oublié. Tu parles, que de mensonges à moi même. Il me fait toujours le même effet celui là •
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