Chapitre 7
J'étais dans une pièce où il n'y avait qu'une table et deux chaises face à face. J'étais sur la première et l'homme en costume gris, sur la seconde en face de moi. Le tout éclairé par une petite lampe.
- Je suis le commandant en charge de l'affaire. Vous faîtes partie des témoins de la scène. Je veux que vous me racontiez ce que vous avez vu après m'avoir dit qui vous êtes pour la victime.
Mon regard était vide et en même temps rempli de larmes.
- Je suis Annita Donnovan. Je suis dans la même classe qu'Henry, en dernière année de lycée. Tout s'est passé si vite. Ils étaient deux sur leur routière. Ils étaient en noir avec des casques.
- Vous rappelez vous d'un autre détail ? Par exemple, la plaque de la routière ?
- Non.
- Henry avait-il des ennemis ou des problèmes avec quelqu'un ?
- Pas que je sache. Nous ne sommes pas très proches.
- Quelle est la nature de votre relation avec Henry ?
- Purement amicale.
- Avait-il des comportements louches ou bizarres ? Comme s'il avait peur ?
- Non.
- Très bien. Voici ma carte. Dès qu'un détail vous revient appelez moi.
- Pour plus d'informations, contactez Véronica Sanchez. C'est sa...sa petite amie.
- Merci de votre collaboration mademoiselle Annita.
Je continuais de couler des larmes. Henry, je le détestais et je l'aimais à la fois. C'était mon premier amour. Et actuellement il agonisait sur un lit d'hôpital. Était-il mort ? Était-il tiré d'affaire ? Je n'en savais rien pour l'instant. Les cours du soir avaient été annulés suite à l'incident devant le lycée.
*****************
Dix-sept heures. Je me trouvais avec Zoé et Francis dans la chambre de Zoé.
- Tu as menti à la police !!! (S'étonne Zoé)
- Je n'ai pas menti. Je n'ai juste pas mentionné le torchon. J'ai dû rapidement le mettre dans mon sac pour qu'on ne me voit pas avec.
- C'est peut-être important comme détail. (Ajoute Francis)
- Tout ça c'est juste pour atteindre mon père. Ils ont tiré sur Henry pour me faire peur et atteindre mon père.
- Anny, calme toi s'il te plaît. (Me dit Zoé)
- Je crois qu'on sait déjà qui se cache derrière tout ça. Non ? (Demande Francis)
- Oui. C'est ta tante Isa (en regardant Zoé). Je dois savoir comment va Henry.
- Laisse le temps aux médecins de faire leur travail. Demain tu prendras de ses nouvelles. (Dit Zoé)
La soirée se déroula dans le calme. Je rentrai avec Francis puis restai dans ma chambre. Papa et maman ne me dirent rien. Allongée sur mon lit, je repensais à lui, à comment nous étions dans le placard à balai.
«Eh bien. Il semble que tu aimes te retrouver seule avec moi. Dis moi Anny, qu'est-ce que ça te fait de te retrouver comme ça, nos corps en contact, nos visages aussi proches, mon regard dans le tien ?»
Je repensais à comment il rapprochait ses lèvres des miennes, puis finalement aux balles qu'il a reçues. Ce soir-là, je m'endormis en ayant un mélange de peur et de tristesse.
*************
Le lendemain, j'étais dans la salle à manger. Je ne disais rien à personne et personne ne me disait rien. Pourquoi ? Parce qu'ils savaient que je ne voudrais pas en parler. Nous étions samedi et je ne savais pas quoi faire de mon weekend. Ce que je savais, c'était qu'il fallait absolument que je parle à mon père biologique. Après le petit-déjeuner, je m'habillai style décontracté : un jean bleu nuit, une chemise jaune et des baskets montantes marrons, j'attachai mes cheveux en queue de cheval, puis je me dirigeai vers la porte. En l'ouvrant, je vis le commandant qui m'avait interrogée.
- Bonjour.
- Bonjour Annita. Pouvons-nous discuter ?
- Oui. Allons dans le jardin.
Plus tard.
- Voulez-vous quelque chose à boire ?
- Non merci.
- D'accord. Qu'est-ce qui vous amène ?
- Vous vous êtes bien gardée de nous dire qu'un des motards vous a balancé quelque chose.
- Comment ?
- Il y a eu plusieurs témoins et plus d'un ont dit qu'un des motards vous a lancé un objet.
Je me demandais s'il fallait lui dire la vérité ou non. Et finalement, je décidai d'avouer :
- Un torchon.
- Un torchon ?
- Oui avec écrit dessus : Hugo va payer
- Hugo ?
- Hugo Synas, le proviseur du lycée Marie Madeleine. Cet attentat va bien plus loin que ce que vous pensez. Tout ce qu'ils veulent c'est me faire perdre la tête afin d'atteindre Hugo Synas.
Et le même scénario refit surface. Une balle dans la tête du commandant, une balle venue de nulle part. À ce moment là j'en avais marre. Je me mis à hurler. Un facteur rentra et me donna une lettre avant de repartir sans rien me dire. Mais j'avais l'impression que ce n'était pas un facteur. La lettre disait : tous ceux qui seront au courant mouront. Je me remis à hurler :
- J'EN AI MARRE ! J'EN PEUX PLUS ! J'EN PEUX PLUS !!!
Papa et maman accoururent vers moi, affolés, sous les regards de Francis et de Rita.
- NE ME TOUCHEZ PAS !!!
Je me précipitai vers la rue. C'était parti pour une nouvelle fugue. Je ne voulais plus mettre personne en danger. À cause de moi, le commandant venait de mourir. À cause de moi, Henry agonisait à l'hôpital. Je marchais dans la ville sans savoir où j'allais. Je retirai ma chemise tachée de sang. Heureusement que j'avais un débardeur là dessous. Je mis ma chemise dans une poubelle puis regardai ma montre au poignet : dix heures vingt. Soudain mon téléphone sonna, c'était un numéro inconnu. Je décrochai avec peur.
- Allô !
- Annita Donnovan ?
- Oui c'est moi.
- Je suis la mère d'Henry. J'ai dû passer plusieurs coups de fil pour trouver votre numéro.
- Pourquoi ? Est-ce qu'Henry va bien ?
- Il souhaite vous parler.
- Je... Je n'ai rien à lui dire.
- Je me fiche de ça. Vienez ici. Nous sommes à l'hôpital Smilt. Je vous enverrai l'adresse.
Elle raccrocha. Quelques secondes plus tard, je reçus l'adresse de l'hôpital par SMS. Je marchai lentement en direction de l'hôpital, des parents d'Henry. Allais je pouvoir les regarder dans les yeux, sachant qu'il était là par ma faute ? Je n'en avais pas la moindre idée. Et Henry, que me voulait-il ? Avait-il compris ? Il est vrai que je n'arrivais pas à dissimuler ma peur. Il devait sûrement avoir compris.
*************
- Bonjour madame. Je suis Annita.
- Oui je vous ai reconnu.
- Comment va t-il ?
- Il va mieux. Le médecin a pu extraire les deux balles. Là il est sous observation.
- Est-il en éveil ?
- Oui.
- Puis-je ?
- Oui vas-y.
Son père n'y était pas. Elle m'indiqua le chemin de la chambre où il était et j'y allai. L'infirmière ne me donna que quelques minutes avec lui. Je me trouvais à présent dans sa chambre. Il était là, allongé. Il pouvait à peine parler. Il me regarda et détourna le regard vers le haut.
- Espèce d'idiot ! Pourquoi m'as-tu fait venir ? Pourquoi maintenant ? Tu ne dois pas parler mais te reposer. Tu n'es qu'un empoté.
- Merci.
- Pourquoi voulais tu me voir ?
- Tu sais ce qui s'est passé.
- Qu'est-ce qui... ?
- Tu étais effrayée. Ne me mens surtout pas. Je n'ai pas la tête à jouer.
- Je ne sais rien.
- Anny regarde moi dans les yeux.
- Je te regarde Henry et j'ai peur. Mais tu n'auras plus rien à craindre.
- Ils vont enquêter...
- Et mourir. Ils découvriront la vérité et ils mouront.
Il détourna à nouveau le regard.
- J'ai compris. Tu peux t'en aller.
- Bon rétablissement.
- Merci.
Je sortis de la pièce. Puis je repartis en direction de nulle part. Mon téléphone sonna. C'était mon père biologique.
- Papa.
- Ma puce, où es-tu ?
- À quelques mètres de l'hôpital Smilt.
- La police te recherche. Ils enquêtent sur l'assassinat du commandant.
- Je ne peux pas les aider. Ils m'ont fait parvenir une lettre sur laquelle ils disent qu'ils tueront tout ceux qui sauront la vérité. Et ils ont commencé par le commandant.
- Fuir n'est pas la solution.
- Tout ça c'est de ta faute. Je n'ai pas demandé à naître dans de telles conditions.
- Je comprends que tu sois frustrée mais ce n'est pas une raison pour t'acharner sur moi. Il faut qu'on se voit.
- Non. Je mets tout le monde en danger.
- Anny s'il te plaît. Moi j'étais déjà au courant je te signale.
- C'est toi qui a tout créé.
- Par amour ma chérie. Par amour.
- On se voit où ?
- Je t'enverrai l'adresse.
Je reçus l'adresse et je décidai d'y aller en taxi. Une quarantaine de minutes plus tard, j'y étais. C'était un chantier abandonné. Il était déjà là. Je courus le serrer dans mes bras en pleurant.
- Je suis désolé chérie. Je suis vraiment désolé.
Après m'être séparée de lui et essuyé mes larmes je lui demandai :
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- On se cache. J'ai une planque dans le coin.
- Toi même tu m'as dit que fuir n'était pas la solution.
- Pour l'instant c'est tout ce que j'ai.
Je réfléchis une seconde à ce détail que j'avais oublié.
- Zoé ! Papa, Zoé également connaît la vérité.
Dans la maison de Zoé, chambre de Paul
Ce dernier était au téléphone avec Isabelle :
- Il y a eu un attentat devant le lycée de Zoé et deux assassinats, chacun à proximité d'Annita. À quoi tu joues ?
- Tu aurais préféré que le FBI se mêle de nos affaires ?
- Ce sera le cas vu qu'un commandant des forces de l'ordre a été tué.
- Vas-y, blâme moi. Déverse tout ce qu'il y a dans ton esprit malade. Mais quand tu auras fini, tu m'aideras pour la suite.
- Il y a des jours où j'ai envie de...
- Si je te garde encore en vie c'est pour t'occuper de Zoé. Ne me fais pas changer d'avis.
- Vieille mégère ! Fais ce que tu sais faire de mieux. Fait porter le chapeau à quelqu'un d'autre.
- Paul, tu es un génie. Maintenant je dois trouver qui sera l'heureux élu. Une proposition ?
- Non. Je n'ai personne à te proposer. Mais à l'avenir évite de tirer...
À ce moment, Zoé fit éruption dans la pièce.
- Père !
- Évite de tirer le livre qui est en bas sinon toute la pile tombera sur toi. D'accord ? Sur ce...
Et il raccrocha.
- Zoé, combien de fois t'ai-je dit de frapper avant d'entrer ?
- Excuse moi mais il y a quelqu'un qui voudrait te parler d'une urgence.
- Qui ?
- Il se nomme Oumar Dial.
- Ah oui. Dit lui que j'arrive.
- D'accord.
À peine sortie de la chambre de son père, son téléphone sonna : un numéro inconnu. Elle alla dans leur jardin afin de répondre.
- Allô !
- Zoé c'est Anny.
- Anny enfin. Rita et Francis m'ont raconté ce qui s'est passé. Où es-tu ?
- Peu importe. Tu es en danger.
- Comment ça ?
- Ce n'est pas pour rien que j'appelle d'une cabine. Je ne peux approcher personne. Et ceux à qui je révèle la vérité finissent tués.
- Tu l'as raconté au commandant ?
- Exactement et il est mort. Je ne veux exposer personne au danger. Et toi, fais attention à toi.
- Ne t'inquiètes pas pour moi Anny. Je suis peut-être au courant mais je fais semblant de ne pas l'être.
- Tant mieux. Je vais rester cachée jusqu'à ce que je ne sache quoi faire.
- Es-tu seule ?
- Non. Mon père est avec moi.
- D'accord. Prends soin de toi ma belle.
- Toi aussi.
- Et ne panique pas. D'après les dernières nouvelles, Henry s'en est sorti.
- Je suis contente pour lui. Je dois te laisser. Bye.
À peine raccroché, Zoé se mit à entendre des murmures. Elle s'approchait de plus en plus et constata que c'était une discussion entre son père et l'invité. Elle s'approcha un peu plus sans se faire remarquer. Elle se cacha dans le buisson derrière le bureau où ils étaient.
- Que fait-on ? (Demande l'invité)
- Monsieur Oumar, faîtes ce que vous voulez mais laissez moi en dehors de tout ça.
- Vous étiez notre fournisseur. Pourquoi avoir renoncé ? Nos affaires chutent.
- Tant pis.
- Isabelle m'envoie vous dire que soit vous reprenez votre poste, soit elle tue un de vos enfants. À vous le choix.
- Il n'y a plus de stock.
- Ça c'est votre problème. Réapprovisionnez vous. Les plus demandés sont le cœur, les reins et le foie.
- Je vais voir ce que je peux faire.
- Très bien monsieur O'Brian. C'est très bien. Autre chose.
- Quoi encore ?
- Surveillez Zoé ou elle finira elle aussi une balle dans la tête.
À suivre...
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