Chapitre 6
Vingt-deux heures. Le médecin m'avait laissée rentrer. Je me trouvais à présent devant papa et maman au salon. Ils avaient l'air déçus.
- Tu t'es battue avec ta camarade pour des ragots ! (Dit maman en colère)
- Non. Je me suis défendue. Mais au fur et à mesure que je la frappais, j'évacuais toute ma colère.
- Non mais tu t'entends ? (Dit papa en haussant la voix)
- Que lui as-tu fait pour qu'elle s'en prenne à toi ?
- Je... Je me suis amusée à lui rappeler une partie difficile de son histoire.
- Alors que tu n'aimes pas qu'on te fasse la même chose. (Ajoute papa)
- Elle s'est amusée à le faire je vous signale. Elle m'a provoquée. Elle m'a humiliée devant nos camarades. Elle a insinué que je flirtais avec le proviseur.
Les deux se regardèrent un moment avant que papa ne me demande :
- Et c'est le cas ?
Je m'attendais à cette question. Mais je ne pouvais pas leur faire confiance. Du moins pas pour cette affaire. Je réfléchissais à ce que j'allais dire. Et finalement je dis :
- Non.
Ils étaient soulagés. Ils savaient que je ne leur mentais pas.
- Alors pourquoi passes tu tant de temps avec lui ? (Demande maman)
- Véronica nous a appelé il y a deux jours.
- Pour nous dire que tu sortais avec le proviseur et probablement avec le directeur.
- Et elle nous a envoyé des photos et des vidéos.
- Comment expliques tu cela ?
- Je ne peux pas l'expliquer. Tout ce que je peux vous dire c'est que c'est archi faux. Et je vous demande par pitié de me faire confiance.
- Chérie, comment veux-tu qu'on te fasse confiance si toi tu n'as pas confiance en nous ? (Demande maman)
- Bien sûr que si...
- Faux. (Dit papa en me stoppant). Tu ne nous parles jamais de ta vie, de tes problèmes de cœur. Tu restes introvertie malgré nos efforts. Et le pire de tout, tu fugues.
- Sommes-nous de si mauvais parents ?
- Non. Je vous l'ai déjà dit, le problème c'est moi. Si vous étiez si mauvais, Francis et Rita ne vous aimeraient pas.
Papa regarda l'horloge du salon. Vingt-deux heures trente.
- Nous continuerons cette conversation plus tard. Va te coucher.
Je me levai et m'en allai. J'entendais papa et maman qui discutaient encore. Maman semblait désespérée et papa en colère. Mais je les comprenais. Avoir une fille comme moi n'était pas facile. Et qui plus est, une fille adoptive. J'ai même peur qu'ils me chassent un jour de leur maison.
***************
Le lendemain, au lycée. Papa, maman et moi attendions le directeur qui n'était pas encore là, dans la salle d'attente. Véronica et l'agent de la dernière fois étaient là eux aussi. Soudain, j'eus une envie pressante. Je me levai alors pour aller au toilette. En route, quelqu'un m'attrapa par le bras et me mis dans le placard à balai. C'était Henry. Mais comme ce placard était vraiment petit, nos corps se touchaient et nos visages étaient à quelques mètres l'un de l'autre. Mon cœur battait à mille à l'heure. Mais je me calmai rapidement.
- Qu'est-ce que...
Il me fit "chut" d'un geste. Alors je me tus. Quelques secondes après, il me dit :
- C'est bon, ils sont partis.
- Qui ?
- Ceux qui étaient là. Ce que je veux te dire ne concerne que nous.
Et merde ! Mon rythme cardiaque accélérait encore.
- Et... Et ça ne pouvait pas attendre, je ne sais pas moi, la fin des cours par exemple ?
- Non. C'est urgent. Ça concerne Véro.
- Ah ! Elle ! (en détournant le regard)
- Attends, à quoi tu pensais ? Que j'allais te déclarer ma flamme et te donner un doux baiser avant de partir ?
- Pas du tout.
- Je sens ton cœur battre Anny. Je sais que...
- Dépêche toi de me dire ce que tu as à me dire.
- Très bien. Tant que Véro n'aura pas surmonté son traumatisme, elle s'en prendra à toi.
- Et ? Je n'ai pas peur d'elle.
- Tu ne comprends pas. C'est plus grave que ça.
- Que s'est-il passé au juste ? D'où lui vient ce traumatisme ?
- Je ne te le dirai pas. Quand le directeur viendra, présente tes excuses à l'agent et à Véro qu'on en finisse.
- Si elle le fait d'abord envers moi.
- Ne soit pas têtue et fais le.
- Sinon quoi ?
Il soupira.
- Très bien. Fais ce que tu voudras. Mais je t'aurai prévenu.
- Pourquoi tu t'inquiètes pour moi ?
- Je ne m'inquiète pas pour toi. Mais pour elle. Ça se voit que tu n'en a rien à faire de ce qu'elle peut ressentir.
- Parce qu'elle a une idée de ce que moi je peux ressentir ?
- Toi même tu n'en as pas idée.
- Pardon !!!
- Au revoir.
Il s'en alla et moi je filai au toilette. Après avoir fini, je réfléchissais en me lavant les mains :
«Quand le directeur viendra, présente tes excuses à l'agent et à Véro qu'on en finisse.»
- Si je demande conseil à Zoé, elle me dira sûrement la même chose.
Plus tard, dans le bureau du directeur.
- Bien le bonjour à tous. Vous savez déjà pourquoi vous êtes là. Alors nous irons droit au but. Le problème entre Véronica et Annita persiste depuis l'année dernière. Voyez-vous, nous pensions que ce n'était rien d'autre que des taquineries, des routines entre amies. Enfin, jusqu'à hier. Nous devons absolument stopper cela.
- Nous sommes d'accord monsieur le directeur. (Dit papa)
- Mais je ne veux rien régler moi. (Commence Véronica). Cette pimbêche m'a provoquée et je veux lui faire payer. Je veux...
- Ça suffit ! (Intervient l'agent). Tu n'as pas besoin d'en arriver là.
- À mon avis nous devrions connaître la cause de cette bagarre. (Ajoute maman)
- Très bien. Mes chères, nous vous écoutons. (Dit le directeur)
Je pris un grand souffle et je commencai à parler :
- Elle m'a...
« Quand le directeur viendra, présente tes excuses à l'agent et à Véro qu'on en finisse.»
- On s'est provoqué et ça a dérapé. Peu importe ce qu'on s'est dit, je m'en excuse. Véronica, monsieur l'agent, je vous présente toutes mes excuses.
Tout le monde était perplexe. Même Véronica. Cette dernière prit la parole.
- Très bien. J'accepte tes excuses.
- Voyez-vous, (reprit le directeur) je n'espère pas que vous soyez amies mais j'espère qu'il n'y aura plus de disputes. Vous pouvez disposer.
En sortant, Véronica me souffla à l'oreille «je n'en ai pas fini avec toi.»
Plus tard, pendant la pause de midi, je surveillais le couloir. Quand ce fut enfin désert, je surveillai le passage d'Henry. Une fois venu, je l'attrapai et l'entraînai de force dans le placard à balai.
- Eh bien. Il semble que tu aimes te retrouver seule avec moi. Dis moi Anny, qu'est-ce que ça te fait de te retrouver comme ça, nos corps en contact, nos visages aussi proches, mon regard dans le tien ?
Et il rapprocha ses lèvres des miennes jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un mini espace entre celles-ci. Heureusement que j'avais appris à dominer mes sentiments. Je réussis, bien que difficilement, à articuler :
- Je ne ressens rien.
Il recula en souriant.
- Tu trouves ça marrant de jouer comme ça avec moi ? (Lui dis-je en colère)
- Tu trouves ça marrant de me mentir ? Je sais que...
- Bref, je ne t'ai pas fait venir pour ça. Mais pour te parler de ta Véro.
- Je t'écoute.
- J'ai fait ce que tu m'as dit de faire mais ça n'a pas marché.
- C'est-à-dire ?
- Elle m'a dit qu'elle n'en avait pas fini avec moi.
- Laisse moi gérer la suite. Je peux y aller ou tu as envie de...
- Tu peux m'em...partir.
Quelle cruche ! Il me sourit avant de s'en aller. Cet idiot prenait un malin plaisir à jouer avec mes sentiments. Où est Zoé quand j'ai le plus besoin d'elle ? Mais j'y pense, je ne l'avais pas vue de toute la matinée. Je décidai de lui envoyer un message.
«Zoé où es-tu ?»
Quelques minutes plus tard, elle me répond :
«Dans notre salle de classe avec Lucas. J'ai eu vent de tes excuses envers Véronica. Je suis fière toi. On se voit plus tard.»
Ensuite je reçus une invitation de mon géniteur dans un parc non loin du lycée. Après quelques minutes de marche, je le rejoins. Je m'assis à côté de lui en face de la fontaine de la place, située au centre du parc.
- Bonjour ma puce.
- Bonjour papa. Avant toute chose j'aurais besoin d'un service.
- Je t'écoute.
- J'ai besoin que tu découvres ce qui est arrivé à Véronica.
- Non.
- Pourquoi ?
- Je ne t'aiderai pas à te moquer d'elle.
- Ce n'est pas mon intention. J'ai juste besoin de comprendre. Peut-être que je pourrais l'aider à surmonter ça.
- Anny.
- S'il te plaît papa. Je t'en supplie aide moi.
Il réfléchit quelques minutes avant de me répondre :
- Je le ferai à une seule condition.
- Laquelle ?
- Tu ne te serviras jamais de cette information contre elle.
- Je te le promets.
- Alors j'accepte.
- Je te remercie.
Soudain, il y eut un coup de feu, l'homme qui se trouvait juste à côté de moi venait de se faire tirer dessus. Plus précisément, il venait de recevoir une balle dans la tête. Aussitôt, mon père, moi et tout ceux qui étaient là commencions à courir afin de quitter les lieux. Personne n'a pu voir le tireur. Je me demandais si ce n'était pas pour nous faire peur mon père et moi. Comme j'avais encore des cours à quatorze heures, il me retourna au lycée. Il était treize heures douze minutes. Nous étions à moto. Avant que je ne m'en aille, il essaya de me rassurer :
- Anny n'aie pas peur.
Mon cœur battait à mille à l'heure. J'avais peur, très peur.
- Il était juste à côté de moi. Juste à côté. Il a reçu une balle dans la tête. Ça aurait pu être toi ou moi.
- N'y pense plus pour l'instant. Je vais essayer de comprendre ce qui vient de se passer. Toi, retourne en classe et attends sagement l'heure du cours.
- D'accord.
Il s'en alla. Je le regardai s'éloigner. J'avais vraiment peur. Bien sûr, j'avais passé quelques années dans la rue et j'avais déjà vu des cadavres. Mais jamais je n'avais vu quelqu'un se faire tuer sous mes yeux. Certains m'avaient vu descendre de la moto du proviseur mais je n'y prêtais pas attention. Je repassais les images dans ma tête quand soudain, je vis une main sur mon épaule. Je me retournai en donnant un coup de poing à mon interpeleur sans même essayer de savoir qui c'était. Et c'était Henry. Je lui avais donné un grand coup sur le nez. Un petite goutte de sang sortit de l'une de ses narines et il l'essuya avant de me fixer d'un regard dont je ne comprenais pas le sens. Je calmai mes nerfs avant de lui dire :
- Excuse moi.
- Où as-tu appris à cogner si fort ?
- Dans la rue.
- Véro qui me laisse une marque avec un cutter et toi qui me donne un énorme coup sur le nez. Vous avez une drôle de manière d'exprimer votre amour.
- Imbécile ! Finalement tu le mérites ce coup.
- Je te remercie. Maintenant dit moi ce qui s'est passé.
Mince ! Il venait de me rappeler ce que je voulais justement oublier. Je le regardais et je revoyais le visage de l'autre homme qui se faisait abattre.
- Eh oh ! Tu es sur la lune ou quoi ?
- Non. Euh. Excuse moi.
- Je t'ai vu avec le proviseur. D'où venez-vous ? Et surtout, d'où vient le sang sur ta chemise ?
À chaque question, il me rappelait la scène. Le parc, l'homme, la balle, le sang. Je me calmai, difficilement.
- De nulle part. Fiche moi la paix. (En m'en allant)
Tout à coup, des motards passèrent et tirèrent sur Henry. Il reçut deux balles : une à la cuisse droite, une autre au niveau du ventre. Je le vis tomber au sol pendant que son sang se faisait de plus en plus grand sur ses vêtements et sur le sol. En partant, un des motards me lança un torchon blanc sur lequel était écrit en rouge : Hugo va payer.
(À suivre)
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