Chapitre 42
PDV Anny
Nous venions de rentrer au domicile de ma mère. Ce que je ne comprenais pas, c'était la présence d'Henry. Que faisait il là ? Pourquoi voulait il nous aider ? Mon père et lui ne s'appréciaient pourtant pas. Le faisait-il pour moi ? Ou avait-il quelque chose à avoir dans ce kidnapping ? Quoi qu'il en soit, il n'était pas là par hasard. Zoé, lui et moi attendions au salon pendant que ma mère et Asù interrogeaient l'homme de main à présent borgne.
Plus tard, ma mère vint vers nous :
- Zoé, tu peux aller te coucher dans l'une des chambres si tu veux. Anny, Henry, allez dans la bibliothèque me chercher deux ou trois livres.
- Tu veux en faire quoi ?
- Anny, s'il te plaît.
- Lesquels ? (Demande Henry)
- N'importe lesquels feront l'affaire. Dans le rayon suspense.
Henry et moi nous lançions un regard interrogateur puis nous levions en direction de la bibliothèque de la demeure. C'était très bizarre mais je préférais ne pas poser de question. La bibliothèque n'était pas très grande. Le rayon suspense se trouvait dans les rangées du fond. Une fois là-bas, nous entendîmes un bruit sourd.
- C'était quoi ? (Demande Henry)
- Je n'en sais rien.
- Reste ici, je vais voir.
Le temps d'un aller retour rapide :
- Nous sommes enfermés.
- Quoi !!!
- Le bruit. C'était la porte qui se fermait et se verrouillait.
Je me dirigeai à pas de course vers la porte fermée. J'empoignai le bras pensant qu'elle allait s'ouvrir.
- Maman ! Au secours ! Nous sommes enfermés. MAMAN !
- Anny, calme toi.
- ASÙ ! MAMAN !
- ANNY !
- Appelle ma mère au lieu de hurler mon nom.
- J'aimerais bien mais mon téléphone est resté dans le salon.
- C'est pas vrai !
Plus tard
Cela faisait trente minutes que nous étions là. Je passai ces trente minutes à observer par la fenêtre de la bibliothèque. Puis j'observai Henry un moment. Il n'avait pas l'air inquiet. Il était juste assis. Il ne disait rien. Lorsqu'il eut marre de rester assis, il se leva et vint observer la nature à côté de moi. Il était une heure du matin. Malgré les événements de la soirée, ni lui, ni moi n'avions sommeil. Nous étions là à observer la pleine lune. Il rompit alors le silence :
- Tu veux vraiment qu'on ne se dise rien ?
- Que dire dans un moment pareil ?
- Des tas de choses.
- Je t'écoute alors.
- Qu'est-ce que tu ressens actuellement ?
- J'ai peur pour mon père.
- Tu ne lui en veux plus ?
- Non. Ma mère avait raison. C'est mon père après tout.
- Et moi ?
- Tu n'es que toi. Juste Henry.
- Anny, regarde moi.
Je lui obéis. Je tournai mon regard vers lui. Il me regardait aussi. Je revis la scène de la cascade, lorsqu'il me fixait pendant que Zoé me retirait la balle. Mais je fus rapidement rappelée à la réalité.
- Ce n'est plus un mélange de sentiments que je vois lorsque je te fixe. C'est juste de l'amour.
Il me fixait toujours. Mon rythme cardiaque devanait de plus en plus rapide. Ma respiration aussi. Il le sentit. Je savais qu'il le sentirait. Mais je dis une chose pour pouvoir briser cet atmosphère :
- Par contre, moi je vois toujours cet homme perdu.
Il détourna le regard et alla se rasseoir. J'aurais dû me taire. Non. J'avais raison de l'avoir dit. J'allai m'asseoir sur la table en face de lui.
- Tu voulais qu'on parle. Alors parlons. Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi éviter ce sujet ?
- Pourquoi tu demandes ?
- Parce que je veux t'aider.
Sans que je ne m'en rende compte, il se leva et vint coller ses lèvres contre les miennes avant de mettre son front contre le mien. Cela me gênait légèrement. J'étais perdue. Je l'aimais toujours mais il était hors de question que je me remette avec lui. Pas après ce qu'il m'avait fait.
- Tu ne m'en veux plus ? (Poursuit-il)
- Je dois te sauver de toi-même.
- Tu veux savoir ce qui se passe ?
- Oui.
- Il se passe qu'Isabelle a Amélia
- Attends, quoi !?
- Elle l'a capturée et l'a gardée en garantie.
Je pensai automatiquement à mon père. Je compris enfin ce qui s'était passé. Elle n'aurait pas pu l'avoir sans l'ingéniosité de quelqu'un qui connaissait les lieux et qui était invité. De plus, il s'est senti mal à l'aise durant toute la soirée. Il aurait pu rentrer mais non. Il attendait CE moment.
- Non mais j'y crois pas ! (En descendant de la table, irritée). Tu l'as aidée à avoir mon père ! (en haussant la voix)
- Je n'avais pas le choix.
- Tu as recommencé Henry.
- Je croyais que tu voulais m'aider.
- Comment veux-tu que je t'aide si tu détruis ma famille ?
- Je suis désolé.
- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?
- Justement. Je ne sais pas. Comme tu le dis, je suis perdu. Ton père, Isabelle, Vida. Ils m'ont tous utilisé. Et j'en ai marre. Le problème, c'est qu'ils ont chacun un moyen de pression sur moi et si je ne fais pas ce qu'ils attendent, je risque de perdre ceux que j'aime.
- En faisant ce qu'ils attendent de toi, tu perds déjà ceux que tu aimes.
- Je sais. Je t'ai déjà perdu toi.
Je me tus quelques secondes, histoire de me calmer.
- J'ai envie de te donner une bonne claque pour lui avoir livré mon père. Mais d'abord nous devons réfléchir. C'est ce que tu aurais dû faire d'ailleurs, réfléchir.
- Tu crois que je ne l'ai pas fait ?
- Tu es déjà libre de Vida. Mon père ne te fera plus rien puisqu'il est entre les mains d'Isabelle. D'ailleurs je t'en remercie.
- Anny...
- Il ne reste qu'Isabelle. Pourquoi n'as-tu pas demandé de l'aide à ton oncle ?
- Je ne voulais pas le mêler à cela.
- Mais enfin, c'est un agent du FBI et tu es son neveu.
- Anny, non.
- Une vraie tête de mule toi ! Alors demandons à ma mère. Elle la connaît beaucoup mieux que nous deux.
- Très bien. Nous lui demanderons une fois sortis d'ici.
- Bien.
Je m'approchai de lui et me remis à le fixer. Nos corps se touchaient presque. Mon ton était plus calme puisqu'il venait d'accepter mon aide :
- Tu vois ? Tu avais juste besoin d'aide. Maintenant tu sembles serein.
- Merci.
- Mais de rien.
- Si tu veux m'embrasser, vas-y.
Je ne pus m'empêcher de sourire en détournant mon regard et en lâchant un «pfff !»
- Tu te rappelle au lycée ? (Dit-il souriant)
- Dans le placard à balais. Tu prenais toujours un air supérieur pensant que les filles tomberaient toutes sous ton charme.
- Tu les aurais vu se disputer pour moi que tu saurais.
- N'importe quoi. Ce sont des futilités.
Et j'avais raison. Mais je me demandais si je me serais intéressée à ce genre de choses si j'avais vécu une vie normale. Serais-je la Anny que je suis aujourd'hui ou serais-je entrain de me comporter comme une snobe, à me demander pourquoi je ne suis pas la plus populaire du lycée ou encore à rapporter des ragots à longueur de journée ?
- Tu es jalouse Anny.
- Dit celui qui l'était de Marcus.
- Qu'est-ce qui le prouve ?
- Marcon.
- Ce surnom lui allait plutôt bien. Tu sais quoi ? (En m'enlaçant). Je suis bien content que tu ne sois pas comme elles.
- Comment je suis moi ?
- Courageuse, battante, forte, aimable, attirante. Tu es juste Anny.
Après ces mots, je m'éloignai de lui. Il m'attrapa par la main puis me dit :
- Pardonne moi, s'il te plaît.
Nous nous regardions encore un moment. Au moment où ses lèvres s'approchèrent des miennes, nous entendîmes un "hum hum". C'était ma mère.
- Maman ! Depuis quand tu... ?
- Je viens d'arriver et je vois que parler vous a fait du bien. Je suis contente que vous vous soyez réconciliés.
- Tu nous as enfermés exprès ! (Dis je ayant compris)
- Oui.
- Papa et toi avez de drôles de manière de régler les choses. Mais cela nous a servi. Sans moi, il se serait noyé dans ses propres tourments.
- N'importe quoi. Votre fille exagère.
- Bien. Il faut dormir maintenant. Il se fait tard. Henry, tu peux rester dormir dans la chambre d'ami.
- Merci.
- Et interdiction de se faufiler chez Anny pendant la nuit.
- Maman !
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Ce fut la sonnerie de la maison qui me réveilla. Je fus plongée dans le sommeil encore quelques minutes avant que ma mère ne vienne me réveiller complètement. Il était sept heures du matin. Comme je n'avais pas de vêtements dans cette maison, je me douchai, remis ma robe de soirée et je rejoins les autres pour le petit déjeuner. Zoé était là. C'était sans doute elle qui avait sonné.
- Bonjour. (Dis-je)
- Bien dormi ? (Me demande Asù qui servait)
- Oui.
- Je sens que quelque chose a changé. (Dit Zoé)
- J'ai réalisé un exploit en les enfermant.
- J'aurais dû y penser plus tôt.
- Moi, j'y ai pensé depuis longtemps. (Dit Asù qui venait de s'installer)
Ma mère et Asù se lancèrent du coup un regard comme si elles discutaient par télépathie. Moi, je compris qu'elle parlait d'enfermer ma mère et mon père.
- C'est appétissant. (Dit Zoé en admirant la nourriture)
Asù et ma mère vivaient seules. Certains voisins pensaient même qu'elles étaient homesexuelles d'après Asù. Ce fut cette dernière qui nous servit. Il y avait des croissants et du jus d'oranges fraîchement pressées. Enfin, l'absence d'Henry attira mon attention.
- Où est Henry ?
- Parti faire ses valises. (Réponds ma mère)
- Ses valises !
- Nous partons pour Bogota. Et quand je dis nous, je parle d'Henry, Zoé, Asù, toi et moi. Nous allons récupérer ton père.
- Comment sais-tu qu'il est là-bas ? (Demande Zoé)
- Je vous raconterai en chemin. Anny, Madame Chaffir t'attends pour les formalités de la bourse. Quelle université as-tu choisi ?
- Au départ je voulais faire l'UNM. Mais j'ai beaucoup réfléchi. Je veux défendre les opprimés.
- Une école de droit donc (dit Asù). C'est très noble. Et toi Zoé ?
- Je pensais faire de la littérature. Mais je suis beaucoup plus douée pour la médecine. Et puis je peux me cultiver tout en sauvant des vies.
- Tu vas suivre les pas de Paul. (Commente ma mère). Je ne le connais pas personnellement mais je suis sûre qu'il aurait été ravi de l'apprendre.
- À quelle heure prenons nous départ ? (Demande Zoé)
- À quatorze heures. (Réponds ma mère)
- Il va falloir vous dépêcher de faire vos valises. (Ajoute Asù)
- D'accord. (Zoé et moi)
Après le petit-déjeuner, je me dépéchai d'aller à la maison pour faire mes valises. Mes parents adoptifs étaient tristes que je m'en aille. Mais je leur rassurai que je reviendrai. Antonio marcha à quatre pattes à ce moment. Il vint vers moi et m'attrapa le pied avec ses petites mains toutes mignonnes. À ce moment là, je me suis dit « J'ai envie de l'emporter avec moi ». Mais ma mère ne l'aurait pas accepté. À quatorze heures piles, nous étions tous à l'aéroport prêts à embarquer. Le voyage dura deux jours.
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- Bogota est l'immense capitale de la Colombie. Elle est située à haute altitude. La Candelaria, son centre aux rues pavées, arbore des sites de l'époque coloniale, comme la salle de spectacle néoclassique du Teatro Colón et l'église de San Francisco, datant du XVIIe siècle. Des musées prisés s'y trouvent également, tels que le musée Botero, exposant l'art de Fernando Botero, et le musée de l'Or, présentant des pièces d'or pré-colombiennes...
Asù nous ventait les mérites de la ville pendant que ma mère nous conduisait à notre lieu de séjour.
- ... Et c'est ici que je me suis mariée
- Mariée ! (Dis-je étonnée)
- Oui bien sûr ! Ma famille habite ici. J'ai deux garçons. Je vous présenterai si vous voulez.
- Ce serait chouette. (Dit Zoé)
Asù profita de la balade pour nous montrer certains endroits de la ville. Henry, Zoé et moi étions attentifs à ce qu'elle disait. Enfin, de temps en temps Henry et moi nous jetions des regards rapides. Quant à Zoé, elle regardait des photos de Lucas de temps à autre. L'amour ! En parlant d'amour, je me demandais si ma mère et mon père s'aimaient toujours. C'est possible. Sinon nous ne serions pas ici pour le récupérer.
Durant le voyage, ma mère nous expliqua que mon père était un homme qui n'aimait pas qu'on touche à ses proches. Et lorsque quelqu'un s'avisait de le faire, il lui faisait payer. Mon grand-père et mon père vivaient dans une maison ici, loin du regard des autres. C'est là qu'on allait séjourner. Comment savait-elle que mon père se trouvait ici ? C'est très simple. C'était ici que mon père avait rencontré Isabelle et c'était dans cette même maison qu'il avait trompé ma mère. Cette dernière pensait que comme cette ville avait une valeur sentimentale aux yeux d'Isabelle, elle l'aurait peut-être caché ici. Ses soupçons furent confirmés par la disparition totale d'Isabelle des radars de Londgray et par l'avœu de l'homme à qui j'avais crevé un œil.
- Nous y sommes. (Annonça ma mère)
Ce n'était pas une maison. C'était un restaurant. Ma mère nous fit entrer et asseoir à une table. L'endroit était plutôt chic. Je scrutais l'endroit du regard jusqu'à ce que mes yeux ne se posent sur la télévision. Ils diffusaient un feuilleton en espagnol. La langue ne me dérangeait pas puisque je ne suivais pas. Ce qui attira mon attention, c'était la scène qui se montrait à ce moment là. Un couple qui était à deux doigts de faire l'amour. Sauf que le téléphone du jeune homme sonna, ce qui coupa le moment.
- Je connais. (Entame Asù). Cette femme, c'est Djamila et l'autre, Jorge. Là, il sort en courant pour aller à l'hôpital parce que son père vient de se faire agresser. La pauvre. Et dire que l'excitation se sentait déjà. C'est nul comme sensation.
- Tu as déjà vécu ça toi ? (Demande Zoé)
- Oh non ! J'ai une amie qui en a été victime. Henry, j'espère que tu ne le feras jamais.
- Ne vous inquiétez pas pour ça Asù. Je m'y connais.
- Ah bon ? (Interviens ma mère)
La discussion continua de plus belle sur ce sujet. Zoé aussi participa à la conversation. Elle n'était plus vierge. Je me souvins encore du jour où elle m'avait racontée sa première fois avec Lucas.
« Il était si tendre, si doux. C'était merveilleux Anny. Tout simplement merveilleux ! »
Ce jour-là, elle ne donna pas plus de détails parce qu'elle savait que j'allais repenser à mon viol.
Je me sentais mal à l'aise. Ce n'était pas comme si je pouvais en placer une. Je n'y connaissais rien à part ce que le professeur des SVT nous avait enseigné au lycée. Je devins pensive. La sonnerie de notification de nos téléphones me coupa. Chacun de nous avait reçu un message apparemment. Ma mère m'avait aidée à réparer mon téléphone avant notre départ. L'écran était à présent tout neuf. Il me permit de voir très clairement le message qu'apparemment les autres avaient également reçu. La table où nous étions devint tout de suite silencieuse. Henry se retenait de hurler ou de tout casser. Ce message était en fait une photo d'un numéro anonyme. La photo d'Amélia dépourvue de ses bras.
(À suivre...)
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