Chapitre 41
PDV Mélissa
- Dit moi chérie, lorsque ton père a su tout ce qui t'étais arrivé, qu'as t-il fait ?
Je sentais que ma question l'étonnait. Mais elle me répondit quand même :
- Il s'en est voulu de n'avoir pas été là. Et il a commencé à jouer son rôle de père en étant protecteur avec moi.
« Il n'a rien fait ! Très étonnant. Bien évidemment, s'il avait fait ce, à quoi je pense, il ne lui aurait pas dit. »
- Est-ce que par hasard, il aurait effectué un voyage récemment ?
- Oui.
- Où ça ?
- À Bogota.
« Nous avons une vielle maison à Bogota. C'est une propriété privée. Il y aurait des cadavres et des otages à l'intérieur que personne ne saurait. Surtout au sous-sol... »
« Hugo, ce n'est pas vrai ! Ne me dis pas que... »
- Maman.
- Oui ?
- Pourquoi ces questions ? Il se passe quelque chose ?
- Non ! Bien sûr que non. Ne t'inquiètes pas. Tu devrais plutôt te reposer avant la soirée de ce soir.
- D'accord.
Elle se leva, posa sa tasse sur la table, puis alla en direction des chambres. Mais je la retins un moment.
- Anny, attends. Demande à Henry de venir immédiatement. Nous irons à la soirée ensemble.
- Quoi !? Mais...
- Ne discute pas s'il te plaît. Fais le.
- D'accord. J'espère que...
Elle se tut une seconde, pris une bouffée d'air puis continua :
- Je sens que tu n'es pas comme papa. Mais j'en doute parfois. Alors, si tu as quelque chose de mauvais derrière la tête concernant Henry, laisse tomber.
- Je ne ferai rien pour te contrarier ma chérie. J'aimerais juste discuter avec lui.
Trente à quarante minutes s'écoulèrent. J'attendais toujours Henry. Dix minutes plus tard, il était là. Je demandai à mes gardes de le faire entrer. Il était à présent dans le salon avec moi. Il scrutait les lieux du regard, comme s'il n'avait jamais vu de grandes maisons de sa vie. Est-ce la décoration carrelée en mosaïque blanc noir du salon qui attirait son attention ? Ou est-ce ma présence qui le dérangeait ? En tout cas, il semblait perdu. Mais côté vestimentaire, je n'avais rien à redire. Il était déjà vêtu de son costume puisqu'Anny lui avait précisé que nous irions à la soirée ensemble. Costume rouge au vin, bien repassé, un parfum qui me rappelait vaguement mon enfance et des chaussures bien cirées.
- Bonsoir Henry.
- Bonsoir madame Synas.
Madame Synas. Ce nom me faisait comme un tic à chaque fois que je l'entendais.
- Assieds toi s'il te plaît. Un verre d'eau ? Du jus ?
- Non merci. Je préfère ne rien prendre.
- À ce que je vois, tu es un garçon intelligent, bien éduqué quoi qu'ayant quand même une dose d'insolence dans le regard.
Il était gêné. Il ne savait pas quoi dire. Son absence de réaction me fit rire quelques secondes.
- Détends toi. Je ne mords pas.
- Vous aussi allez me menacer comme le père d'Anny ?
- Tu es plutôt direct. C'est normal. Et non. Je ne vais pas te menacer. Je déteste les menaces. Nous avons beaucoup de choses à nous dire.
- Si vous le dîtes.
- Pour commencer, je veux ta version des faits. Je veux que tu me racontes l'implication d'Hugo dans cette histoire. Et ne t'inquiètes pas, Anny m'a tout racontée. Tu peux parler sans ambages.
Il semblait perdu. Il ne savait pas si Anny m'avait réellement tout racontée ou si je mentais. C'était en effet une méthode utilisée pour soutirer des informations. Après avoir réfléchi, il se décida à parler :
- Je ne sais pas comment, mais il a appris que j'ai...que j'ai violé Anny. Ensuite, il m'a fait comprendre qu'il ne voulait pas que je sois avec elle. Quelques temps après, au moment où Isabelle a commencé à attaquer, il avait demandé à me parler uniquement pour aider mon oncle. Mais ce n'était qu'un jeu. Il mourait d'envie de le dire à votre fille.
- Mais, il ne l'a pas fait. Il voulait quelque chose qui te ferait très mal alors il a fait en sorte qu'Anny et toi soyez ensemble pour que la séparation soit plus douloureuse.
- Comment... ?
- Je te l'ai dit. Anny m'a racontée. Nous avons passé plus de deux heures à en parler. Et je connais parfaitement mon mari.
« Si je peux toujours l'appeler ainsi. »
- Henry, je ne t'ai pas fait venir pour te juger, pour te blâmer ou pour te menacer. Je t'ai fait venir parce que j'ai besoin de ton aide.
- Mon aide !
- Nous irons à Bogota Anny, Zoé, Asù et moi. J'aimerais que tu viennes avec nous.
- Pourquoi ?
- La raison importe peu.
- Anny n'acceptera jamais que je vienne.
- Je m'en chargerai personnellement.
- C'est d'accord alors.
PDV Anny
Dix neuf heures trente deux minutes. La soirée démarrait à vingt heures mais j'étais déjà prête. Zoé m'avait choisie une robe avec des manches qui cachaient le bandage qu'elle m'avait fait. Elle était courte et assez flexible parce que je comptais faire du roller ce soir. Asù m'avait aidée à me maquiller. Mon rouge à lèvres était visible à des kilomètres, tellement elle m'en avait mis. Puis je mis mes talons et voilà.
- Tu es magnifique ma petite chérie.
- Merci tatie.
- Je t'en prie. Je vais devoir te laisser pour me préparer aussi. À tout à l'heure.
- D'accord.
Une fois partie, je décidai de descendre dans le salon. Mais une chose me retenait.
« Henry. »
Je l'avais entendu sonner tout à l'heure. Est-ce que j'étais prête à le revoir ? Un message de Zoé me coupa. Je décidai de lui répondre en marchant en direction de l'escalier
« Vous avez pu discuter ? »
« Oui. Mais tu sais, ce n'était pas la peine que tu rentres.»
« Si si. Allez, montre moi à quoi tu ressembles. »
Je voulus me faire un selfie mais je ne fis pas attention à où je mettais les pieds. Je fis un faux pas sur la première marche de l'escalier. Mais par miracle, je fus rattrapée par Henry qui montait justement. Il me rattrapa par les épaules puis m'aida à me redresser. Mon cœur battait à vive allure.
- Tu es vraiment magnifique.
- Toi, tu es moins moche que d'habitude.
- Merci. Enfin, je crois.
Je ramassai mon téléphone qui n'avait malheureusement pas pu éviter la chute. L'écran était bien amoché.
- Au fait, tu allais où ? (Lui dis-je en le dépassant)
- J'entendais des pas. Alors je suis monté.
- C'est très indiscret. Mais venant de toi, plus rien ne m'étonne.
- Anny...
- Où est ma mère ?
- Ici. Waouh ! Quelle transformation !
- Merci. Toi aussi, tu es magnifique.
- Trêve de bavardages (nous interrompts Asù). En voiture !
************************************
Nous fûmes accueillis par la musique forte. Le chauffeur nous déposa juste devant la salle des fêtes du Rolskate club. Des agents de sécurité s'étaient positionnés à l'entrée afin de contrôler les entrées et sorties. Marcus et la bande nous attendaient déjà. La famille Donnovan, Maëlle, Alex, Zoé, tout le monde était là. Mon père était là aussi.
- Anny ! (S'étonne Rosie)
- Tu es méconnaissable. (Ajoute Marcus)
- Vous n'êtes pas mal non plus.
- En robe comme en jean, tu restes la même apprentie sorcière.
- En costume comme en jean, tu es toujours aussi moche.
Nous nous mîmes à rire et à se taquiner entre nous. Par contre, Henry se sentait mal à l'aise. Alors je proposai d'entrer. L'intérieur était grand. Il y avait déjà plusieurs personnes sur la piste de danse.
- Bon, nous vous laissons entre jeunes. (dit Asù)
- Amusez vous bien. (Ajoute ma mère)
Je ne voyais plus Henry. Mais mon père était dans mon champ de vision. Je repensai à ce que me disait ma mère. Je ne voulais non plus être fâchée plus longtemps contre lui. Je décidai alors d'aller lui parler à l'extérieur où la musique se faisait moins entendre.
- Deux semaines entières sans me parler. J'étais meurtri. (Entame t-il)
- N'exagère pas.
- J'ai même failli me suicider à un moment.
- Papa !
- D'accord j'arrête. Tu m'as manqué.
- Maman m'a dit que je ne devais pas t'en vouloir autant. J'aimerais quand même comprendre pourquoi est-ce que tu m'as fait souffrir de la sorte.
- Il fallait que tu saches quel genre de personne est Henry.
- Tu le savais et tu m'as poussée à développer mes sentiments envers lui.
- Pour que tu saches quel genre de menteur il est.
- Mais arrête de te justifier ! Tu aurais pu simplement me le dire depuis le début. Mais tu ne l'as pas fait.
- Je suis désolé.
- Ce n'est pas grave.
- Est-ce que tu lui as pardonné ?
- C'est grâce à cet accident que j'ai gagné donc oui.
- Tu l'aimes toujours ?
- Arrêtons de parler de lui s'il te plaît.
- Très bien. De toute façon, si c'était le cas, je le respecterais.
- Sérieusement ?
- Oui. Je suis trop vieux pour les manigances. Je crois que je vais raccrocher avec.
- C'est bien de l'entendre.
- Tu ne me crois pas, n'est-ce pas ?
- Pas une seule seconde !
Il sourit puis me prit dans ses bras. Nous nous étions réconciliés. Il se proposa de me raccompagner à l'intérieur mais je lui dis de passer devant. Soudain, une voiture noire teintée passa devant nous. Elle nous dépassa lentement.
- Bizarre ! (Dis-je)
- Entrons à l'intérieur.
Je m'étais réconciliée avec mon père. Il était temps de continuer la fête. Le DJ n'arrêtait pas de passer des musiques donnant l'envie de se déhancher. Une heure plus tard, madame Chaffir prit place sur le podium, micro en main :
- Bonsoir à tous. J'espère que vous vous portez merveilleusement bien. Sans plus tarder, accueillons comme il se doit la fondatrice du Rolskate club, la numéro un du classement, la championne en titre pendant des années, la légende même du roller, Messy.
Des applaudissements se firent entendre pendant un long moment pendant que ma mère prit place à côté de madame Chaffir. Elle était magnifique. Elle portait une robe rouge sans manches, longue avec une fente jusqu'au niveau du genou gauche. Elle avait attaché ses cheveux et s'était mis un magnifique rouge à lèvres assorti à sa robe. Les quelques paillettes pouvaient se faire voir avec l'éclairage braqué sur elle.
- Bonsoir Londgray.
Un des invités lança à nouveau les applaudissements et les cris de joie.
- Nous sommes tous ici présents pour fêter le dixième anniversaire du Rolskate club et en profiter pour honorer la gagnante de cette année. Avant de la faire venir sur scène, j'aimerais prononcer quelques mots. Lorsque j'étais petite, j'adorais la vitesse. Je me dépéchais toujours pour tout faire, me doucher, m'habiller, me brosser, grimper aux arbres, tout. Et puis un jour, j'ai vu quelques uns de mes camarades faire du skateboard. Ça m'a plu. Je voulais m'en acheter mais il n'y avait que des rollers en stock ce jour là. Alors je les ai pris.
Elle nous lança un regard fier, à Zoé et à moi avant de continuer :
- Aujourd'hui, ce qui nous unit est cette même passion que j'ai toujours eue pour la vitesse et pour la beauté, que ce soit roller ou skate. Ce qui fait vivre le Rolskate club, ce n'est pas moi, ce n'est pas Chaffir, ce n'est pas toute la paperasse administrative. C'est vous. Vous êtes les piliers de ce club. Alors souhaitons un joyeux anniversaire à cette chaleureuse famille que nous formons : le ROLSKATE CLUB.
D'autres applaudissements suivirent.
- Sans plus tarder, accueillons la gagnante du concours de cette année catégorie roller. Annita Donnovan allias Anny Roller qui d'ailleurs est ma fille.
Je n'en revenais pas. Elle l'a dit. Elle venait de dire à tout ce monde que j'étais sa fille. Je montai sur le podium accompagnée par des applaudissements. La roue des prix fut amenée. Il y avait une voiture, une moto, un iphone, un voyage gratuit, des rollers tout neufs et une bourse d'étude.
- Un discours avant de tourner la roue ?
- Euh... Je n'ai pas grand chose à dire à part que je remercie infiniment mon cher ami Tay qui m'a beaucoup aidée. Je remercie également Monique pour m'avoir aidée à me relever après ma chute. Je fais un gros bisou à ma famille. Pour finir, je remercie ma chère mère sans qui je ne serais pas là aujourd'hui. Merci à tous.
Ils applaudirent encore. Madame Chaffir m'invita ensuite à lancer la roue. Quelques secondes passèrent avant que la roue ne s'arrête sur...
- Mademoiselle Annita gagne une bourse d'étude pour l'université de son choix. Félicitations.
« J'aurais bien voulu une voiture ou un voyage. Mais une bourse d'étude, c'est mieux que rien.»
Je descendis du podium par la suite pour laisser place au gagnant de la catégorie skate. Lui aussi devait tourner la roue. Je n'y avais pas assisté mais à ce qu'il paraît, il aurait mérité son titre de gagnant. En retournant où j'étais, je croisai Henry.
- Pourquoi tu regardes ta montre ? Tu es pressé de partir ?
- Non.
- J'ai l'impression que tu ne te sens pas à ton aise.
- C'est la culpabilité qui le ronge. (Intervient mon père)
Soudain, les lumières, la musique, tout s'éteint. La salle était toute noire. Je pouvais entendre les murmures des autres. Cinq minutes environ plus tard, tout s'était rallumé comme si de rien n'était. Mais une chose avait changé. Mon père n'était plus derrière moi. Je commençais à m'inquiéter car plus tôt, nous avions aperçu cette voiture noire teintée. Je commençai alors à courir dans tous les coins en hurlant «Papa !». Henry avait l'air de s'inquiéter aussi puisqu'il m'accompagna dans mes recherches. J'envoyai un message rapide à Zoé, Asù et à ma mère.
« Kaka dslaru »
Évidemment. L'écran avait reçu un grand choc. J'espère qu'elles comprendront. Henry et moi continuions les recherches pendant que la fête continuait. À un moment, je retirai mes talons parce qu'ils me ralentissaient. Nous nous rendîmes un peu plus tard dans la cuisine où nous vîmes deux hommes en noir qui transportaient mon père inconscient.
- Lachez le tout de suite !
Le premier homme confia mon père au second qui s'en alla.
- Vous feriez mieux de retourner tranquillement à la fête.
- Sinon quoi ?
- Vous le regretterez.
- Vous oseriez frapper une femme ?
- Pour de l'argent, je ferai tout.
- Très bien.
Je décidai d'avancer pas à pas vers lui.
- Anny, qu'est-ce que tu fais ?
- Henry, va rattraper l'autre.
- Anny.
- Vas-y.
Henry voulu passer mais l'homme lui barra la route. Je lui lançai une poêle à la tête ce qui permis à Henry de partir. Il ne semblait pas armé.
- Espèce de... (En essayant de m'attraper)
Je l'esquivai mais je trébuchai puis tombai au sol. Il en profita pour essayer de me tuer en me serrant le cou. Mais je pris un des couteaux qui heureusement était au sol et je le lui enfonçai dans l'un de ses yeux. Il hurla, ce qui me permit de me relever.
- Il y a pleins d'ustensiles dans cette cuisine. Ne me provoquez pas.
- Laisse chérie. Je prends le relai.
- D'accord.
Henry revint vers nous en nous annonçant la mauvaise nouvelle.
- Je n'ai pas pu l'arrêter. Il était armé. Je suis désolé Anny.
(À suivre...)
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