Chapitre 38

Nous étions toujours dans la pièce. C'était le bureau de Madame Chaffir.

- J'avais peur, tu sais ?

- Peur de quoi ?

- Que tu me détestes. Je t'ai abandonnée. Je n'ai pas été présente dans ta vie .

- Mais c'était pour me protéger.

- Ton père t'a racontée ?

- Oui. Et je comprends. C'est de la faute d'Isabelle.

- N'empêche que j'aurais dû être là pour toi. J'ai regretté chaque jour ce choix. Je voulais retourner te chercher mais j'ai eu un accident ce soir-là. Et c'est à l'hôpital que j'ai eu l'idée de te donner mes rollers en cadeau. Je savais qu'avec, je te retrouverais un jour. Je suis vraiment désolée que tu aies vécu sans notre amour, à Hugo et à moi.

- Ne t'en fais pas. Je ne t'en veux pas. Je te remercie pour les rollers. Ils m'ont beaucoup aidée lorsque je n'allais pas bien. Au fait, Zoé est ici.

- Zoé ! Ma Zoé !

- Oui.

- Alors vous vous êtes retrouvées. C'est une bonne nouvelle.

- Je vais la chercher.

PDV Mélissa

Elle sortit de la pièce puis Asù vint me rejoindre. C'était ma meilleure amie, la seule à qui j'avais raconté tout ce qui m'était arrivée.

- Alors ? (Me demande t-elle)

- Elle est magnifique Asù. Elle est devenue une grande et magnifique fille.

- Oui et ? Comment as t-elle réagi ?

- Elle était émue. Mais également perplexe. Elle ne savait pas trop comment réagir à vrai dire. C'était juste comme parler à un inconnu.

- Laisse lui du temps. Ou demande conseil à Hugo.

- Jamais !

- Ne sois pas rancunière Mélissa. Cette histoire s'est déroulée il y a longtemps. Va lui parler.

- Changeons de sujet s'il te plaît.

- Dit elle alors qu'elle meurt d'envie de courir l'embrasser.

- Asù !

- Tu te comportes comme une adolescente parfois.

Un toc toc nous coupa. C'était Annita et Zoé. Mes deux filles chéries. Je n'avais peut-être pas été là pour elles mais j'étais contente qu'elles soient ensemble.

- Je pense que vous avez besoin d'intimité là. J'y vais.

- Attends. Les filles, je vous présente Asù, ma meilleure amie. Elle a toujours été là pour moi.

- Voilà pourquoi je disais que j'étais ta tatie, Anny. Vous pouvez m'appeler tatie Yang.

- D'accord. (En chœur toutes les deux)

Une fois partie, je leur proposai de retourner chacune chez elle et de nous retrouver le lendemain. Elles acceptèrent avec joie.

PDV Anny

Il venait de sonner minuit. J'étais couchée dans le gazon du jardin. J'observais les étoiles. Une immense joie m'animait, mais aussi de grandes inquiétudes. Comment allais je vivre maintenant ? Devrais-je aller vivre avec mes parents biologiques ? J'oubliais. J'étais en colère contre mon père. Il le savait. Il le savait depuis le début et pourtant me poussait dans ses bras. Plus le temps passe et mieux je le connais. J'en venais même à penser qu'il ne m'aimait pas.

Quant à ma mère, je venais à peine de lui reparler après dix-huit ans d'absence. Nous étions timides toutes les deux. C'était comme parler à un inconnu. Une sensation bien étrange, je trouve. Je ne pouvais pas vivre avec elle. Du moins, pas maintenant. Une dernière question me turlupinait. Que se passerait il entre ma mère et mon père ? Toutes ces choses envahissaient mon esprit chaque minute.

Et Henry ? Henry. Cet homme que j'aimais tant et qui m'aimait également, n'a pas hésité à me poignarder dans le dos. Même si je laissais de côté mon viol parce qu'il n'était pas lui-même, il n'aurait pas dû saboter mes rollers. M'aimait il réellement ? Penser le contraire me rendait triste.

Puis je me mis à penser à ma vie toute entière. On dit que le karma existe. Mais qu'ai-je fait de mal pour mériter une vie pareille ? Il fallait que je me rende compte que ma vie n'était qu'un enfer et que les hommes n'étaient des monstres déguisés. J'avais également pensé au suicide, il y a longtemps. Zoé m'avait remise les idées en place ce jour-là. Elle dit qu'un jour, je serai tellement heureuse que je rirai de tout ce qui m'était arrivée. J'ai retrouvé ma mère. Mais il manquait encore quelque chose à ma vie. Bref, je décidai de rester dehors encore un moment avant d'aller dormir.

************************************

Antonio me réveilla avec ses pleurs habituels. Il était dans les bras de Francis.

- Il est trop tôt. Sortez tous les deux. (Dis-je en mettant l'oreiller sur ma tête pour étouffer le bruit)

Francis vint me retirer l'oreiller en disant :

- Il est dix heures douze. Ce n'est pas ce que j'appelle tôt.

- Dix heures !

- Tu as dormi à quelle heure ?

- Je ne sais plus. Donne moi ça. (En arrachant l'oreiller)

- Debout ! J'ai besoin de toi pour le calmer.

- Avec ta tête de crapaud, normal qu'il pleure. Tu lui fais peur.

- Sorcière !

- Crapaud ! Où sont les autres ?

- Rita avait quarante de fièvre ce matin. Ils l'ont conduite à l'hôpital.

- Je vois. Donne moi le petit.

Il me remit Antonio qui continuait de pleurer. Je le berçai un moment.

- Il doit avoir faim.

- Comment tu sais ça toi ?

- Tu n'y connais vraiment rien aux bébés toi. Un an qu'il vit avec toi et tu ne connais pas ses besoins !

- Je t'apporte la bouillie.

Plus tard

- Il s'est enfin calmé.

- Je t'avais bien dit qu'il avait faim. Quand tu seras marié, je dirai deux mots à ta femme.

- Sorcière !

- Crapaud !

- Sorcière !

- Crapaud !

- Toc toc !

- Salut Zoé. (Lui et moi)

- Toujours entrain de vous disputer vous deux.

- C'est quelque chose qui ne changera jamais. Sauf s'il fait une chirurgie esthétique pour changer sa tête de crapaud.

- Et si elle se fait soigner.

Zoé se mit à rire.

- Je ne sais pas si je m'habituerai à ton absence. (Dit-il soudain en changeant d'humeur)

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? (Demandai je intriguée)

- Tu as retrouvé ton père et ta mère. Je suppose que tu prévois déjà vivre avec eux.

Zoé et moi nous lançons un regard rapide.

- Ne parlons pas de ce sujet maintenant Francis. (Dit Zoé)

- Elle a raison. Ne gâche pas l'ambiance.

- D'accord.

- Anny, l'heure.

- Ah oui. Francis, tu vas devoir garder Antonio tout seul.

- Quoi !?

- Prends le.

- Mais...

- Pas de mais qui tienne. Maintenant dehors, je dois m'apprêter.

- Où allez-vous ?

- Voir notre mère.

- Je t'attends en bas.

- D'accord.

Plus tard, j'étais fin prête pour y aller. J'optai pour une robe bleue ovale avec ceinture noire et des baskets noires. Mes cheveux étaient peignés et laissés comme ça. Zoé opta pour une chemise blanche piquée dans un jean et des baskets blanches.

- Je suis prête. (Leur dis-je une fois descendue au salon)

- Je n'arrive pas à croire que vous allez me laisser tout seul avec Antonio.

- Tu peux toujours demander de l'aide à Frida.

- Ouh là ! Ai-je raté un épisode ? (Demande Zoé)

- Tu en as raté plusieurs.

- N'importe quoi. Frida n'est qu'une amie.

- Oui oui. Je te crois.

- Vous n'êtes pas censées aller quelque part ? Allez, dehors.

Nous quittâmes la maison en riant et en nous moquant de Francis et de son "amie". Quelques mètres après la maison, nous aperçûmes des voitures de police devant une maison du coin.

- Qu'est-ce qui se passe ? (Demande Zoé)

- Mieux vaut ne pas se le demander.

Puis, je reconnus l'une des voitures garées.

- Zoé, c'est la plaque d'immatriculation de la voiture de Monsieur Mallory.

- Une enquête criminelle donc. Le quartier devient dangereux.

À peine quelques pas faits et une balle traversa la fenêtre de la maison en question pour atterrir sur...moi.

- Anny !

(À suivre...)

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