Chapitre 31

- Bon sang de bonsoir ! Qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux ? (Demande Souf)

- Je les ai teint.

- En blanc ! (S'étonne Maora). Tu aurais pu choisir autre chose. Du rouge, de l'orange ou du noir pour faire plus simple.

- C'est quand même osé. (Ajoute Rosie)

Je venais de rentrer du salon de coiffure. Une fois à la maison, je fis un appel vidéo de groupe avec la bande. Marcus n'était pas connecté. Il était en rééducation à cette heure. Maman et papa étaient à leurs travaux respectifs, Francis, au ciné avec des potes et Rita, à un club de lecture chez une amie. J'étais donc toute seule à garder le petit Antonio. Mais avant de partir, j'ai eu droit à toute sorte de commentaires.

« -Du blanc ! (Rita)

- On dirait une vraiment une sorcière maintenant. (Francis en se moquant)

- Laisse ta sœur tranquille. Moi je trouve que ça te va. (Maman)

- Je suis d'accord avec elle même si ça fait trop voyant. (Termine papa)

- Chic le tatouage. (Ajoute Francis) »

Je n'avais pas fait cas de mon tatouage. Plutôt de mes tatouages. Deux grosses roses sans leur tige à l'épaule droite et une longue rose avec sa tige à l'avant-bras gauche.

- Je vous remercie pour vos avis. (Leur dis-je)

- Te vexe pas (dit Maora). La couleur te va bien malgré tout.

- Pour être originale, tu es vraiment originale. (Dit Hans)

- La nouvelle Anny me plaît bien. (Ajoute Souf)

- Vous pensez que madame Chaffir va apprécier ?

- Elle en sera époustouflée. (Réponds Rosie)

- D'accord. Je dois retourner surveiller Antonio. À plus.

Le reste de la journée se déroula dans la normalité avec les moqueries de Francis et en moi-même, une grande inquiétude concernant Henry.

                   ********************************
Huit heures. Heure d'ouverture du Rolskate club et du camp d'entraînement. Marcus m'attendait déjà dans les vestiaires.

- Mais qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ?

Je m'y attendais à celle-là.

- Je me suis transformée.

- C'est chic.

- Merci.

- Et je kiffe les tatouages.

- Merci.

Ces tatouages étaient bien visibles avec le débardeur rose que j'avais porté.

- Bon, on a perdu assez de temps. Prête ?

- Oui.

- Accoudoirs ?

- J'ai.

- Genouillères ?

- J'ai.

- Un entraîneur super dynamique malgré sa chaise roulante.

- J'ai. (Toute souriante)

- On peut y aller.

Du coup, Marcus et moi nous rendîmes sur la piste d'entraînement. Nous étions les seuls pour le moment.

- Allez, dix tours de piste pour s'échauffer.

- Bien monsieur.

Et dix tours plus tard, je revins vers Marcus qui était mon point de départ. Il tenait un chronomètre en main. Depuis quand l'avait il ?

- Tu as fait environ quinze secondes par tour. C'est déjà pas mal. Tu vois, il n'y a pas que le côté artistique, il y a aussi le côté vitesse. Tu me referas dix autres tours

- Maintenant ?

- Maintenant.

- D'accord.

Et j'y retournai. Après avoir fini :

- Il y a une petite amélioration de trois secondes. Dix autres tours.

- Encore ?

- Oui Anny, encore.

- C'est pas pour gâcher l'ambiance mais la piste est super grande.

- Tout comme la distance de la course.

- D'accord. (En soupirant)

- Aujourd'hui, tu fais des pauses. Demain, on fera non stop.

- Tu auras ma mort sur ta conscience Tay. (En reculant)

Mais pas mégarde, je cognai quelqu'un. C'était Zender qui manqua de justesse la chute. Il n'avait pas encore mis ses rollers.

- Tu peux pas faire attention ?

- Pardon. Je ne t'avais pas vu.

Il admirait mon nouveau look.

- Dis moi, tu as une sœur jumelle ?

- Et il se croit supérieur à moi. (En croisant les bras)

- Tu sais, tu auras beau changer, tu ne m'égaleras jamais.

- Ne jamais dire jamais.

- On ne papote pas avec ses adversaires. (Hurla Marcus)

Il m'avait rappelée pourquoi j'étais là. Je retournai donc à mes dix tours supplémentaires. Après avoir fini, je m'assis à côté de Marcus, essoufflée.

- Tu as ralenti.

- Je sais.

- Tiens. Toujours penser...

- À bien s'hydrater. Je le sais très bien coach.

- Je crois que tu t'es assez échauffée comme ça. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Tu vois ces petits plots alignés ?

- Oui.

- Tu dois passer entre les espaces sans les heurter.

- Comme le faisait Monique ?

- Euh non. Ne le fais pas sur une jambe. On travaillera ton équilibre après.

- D'accord. Ça va être simple. On le faisait quand nous étions plus jeunes.

Je bus deux à trois gorgées d'eau puis commençai mon exercice. Au départ, j'en heurtai deux. Après, je maîtrisais mieux mes mouvements. Je passais tranquillement sans en toucher aucun. Marcus m'apprit deux trois figures à faire toujours entre les plots. Les autres participants vinrent nous rejoindre quelques heures après. Je fis même équipe avec une autre participante pour certaines figures sous les regards de cet arrogant de Zender.

Il était seize heures lorsque nous quittâmes le Rolskate club lui et moi. J'avais déjà retiré mes rollers, mes accoudoirs et mes genouillères. Je marchais en direction de chez Marcus. Je le raccompagnais souvent à cause de son état.

- Je ne sens presque plus mes jambes. C'était très intense pour un premier jour d'entraînement.

- Ce n'est que le début.

- Sauvage !

- On ne critique pas son coach.

Mon téléphone vibrait à travers mon sac de sport. C'était un appel. Je le sortis puis décrochai :

- Bonjour Amélia... Excuse moi, je m'entraînais... Quoi !... J'arrive.

- Un souci ? (Demande Marcus intrigué)

- Non. Un miracle.

- Vas-y.

- Non, je te raccompagne d'abord.

- Tu vois ces grosses roues ? Elles me permettent d'avancer. Alors vas-y. Je peux me débrouiller.

- D'accord. Fais moi signe dès que tu es chez toi.

- Ne t'en fais pas.

Je ne sentais peut-être plus mes jambes, mais après ce que je venais d'apprendre, je n'avais plus qu'une chose en tête. Aller le plus rapidement possible à l'hôpital Smilt.

Plus tard

Salle d'attente de l'hôpital. Voilà Charles qui faillit s'étouffer en me voyant. Amélia et ses parents étaient là aussi. Mais ils ne me dirent rien à propos de mon apparence puisque le plus important était l'état d'Henry. L'ambiance avait l'air tendue. Comme si nous étions au beau milieu d'un champ de mine et qu'un seul faux pas de ma part ferait tout exploser. Ce faux pas, je ne voulais pas le commettre alors je me dirigeai vers Charles qui était seul dans un coin de la pièce.

- Bonsoir. (En chuchotant)

- Bonsoir Anny.

- Comment va t-il ?

- Aucune idée.

- Amélia m'a juste dit qu'il était ici mais je n'ai eu aucun détail.

- Adriana l'a retrouvé inconscient devant sa maison. Elle l'a amené directement ici. Le pire c'est qu'il s'était réveillé mais ne voulait voir personne. Il hurlait. Ils ont dû lui donner des calmants pour qu'il se rendorme.

C'était très étonnant. Pourquoi hurlait-il ? Pourquoi ne voulait-il voir personne ? Que s'est-il passé là-bas pour qu'il en arrive là ? Je ne savais plus quoi dire. Je regardais la mère d'Henry qui pleurait en silence dans les bras d'Amélia. Le père d'Henry, lui, faisait des vas et viens dans le couloir qui menait à la salle d'attente. Il y avait même un garçon que je ne connaissais pas qui essayait de le calmer. En gros, l'inquiétude se sentait chez chaque membre de sa famille. Et cette inquiétude se manifestait par un lourd silence. Lourd silence que je n'arrivais pas à supporter. Mais je décidai quand même de rester jusqu'à son réveil. Heureusement que je m'étais douchée et changée avant d'apparaître devant eux.

Trois heures venaient de s'écouler mais cela semblait être une éternité. Une infirmière vint nous informer qu'Henry venait de se réveiller et qu'il ne voulait voir qu'Amélia et elle seule.

PDV Henry

Ma vision était peut-être floue, mais mes souvenirs, très nettes. Je regardais dans le vide en serrant les poings. J'avais envie de mourir. Amélia vint enfin à mon chevet. Elle m'observa pendant un moment sachant très bien la cause de mon état.

- La première fois que tu as eu ce regard, c'était juste après ton premier viol (en s'asseyant). Tu étais aussi désemparé que maintenant.

Elle prit ma main dans la sienne avant de poursuivre :

- Sache que personne ne te jugera. Aucun de nous ne le fera. Je te le promets.

Ses mots me touchèrent. Il n'y avait qu'Amélia, Alma et mon oncle qui étaient au courant pour la première fois. Je n'avais rien dit à mes parents et je ne compte pas le leur dire pour cette fois non plus.

- J'y repense encore et encore. Je n'arrête pas d'y repenser. J'ai envie de mourir Amélia.

- Non. Ne dis pas ça. Écoute, dehors, il y a ceux qui tiennent à toi. Notre père, notre mère, notre oncle, Jorgio et même Anny.

- Anny est ici !?

- Oui. Tu seras étonné de la voir, crois moi.

- Je ne veux pas la voir. Dit lui de rentrer chez elle.

- Mais pourquoi ?

- S'il te plaît.

- Comme tu veux. Il y a quelque chose d'autre que tu veux que je fasse ?

- Oui. J'aimerais bien parler à Alma.

- Je vais essayer.

- Je ne veux voir personne à part elle pour le moment.

- D'accord.

Elle retira délicatement sa main, puis se leva.

- Amélia.

- Oui ?

- Je te remercie.

Elle me fit un sourire avant de s'en aller. Mais je savais très bien que derrière ce sourire, se cachait une grande douleur.

PDV Anny

- Je regrette mais il ne veut toujours voir personne. (Dit Amélia)

- Pourquoi donc ? Il te l'a dit ? (Demande Charles)

- C'est... difficile à expliquer.

- Mais je suis sa mère. J'ai besoin de voir s'il va bien. Amé, je t'en supplie, j'aimerais le voir.

- Il risque de se remettre à hurler. Mieux vaut attendre demain (répond t-elle). Papa, ramène la se reposer. Je vous rejoindrai plus tard.

Elle vint ensuite vers moi.

- Rentre Anny. Laissons le se reposer.

- Tu sais ce qui lui arrive ? (Lui demandai je)

- Nous en parlerons plus tard. Rentre maintenant.

- D'accord.

Je n'insistai pas plus. Quelque chose de grave a dû se produire. Quelque chose dont seule Amélia était au courant. Je m'en allai de l'hôpital, triste et en colère de ne pas savoir ce qui se passe avec Henry.

(À suivre...)

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