Chapitre 30

PDV Henry

Je cherchai Séra pendant un long moment avant de la retrouver. Elle déchargeait sa colère sur des mannequins. Des mannequins qui devenaient un à un des passoires. Je m'approchai doucement en gardant à l'esprit ce que Mathéo m'avait dit :

« Elle est comme ça. Elle s'emporte vite mais au fond, elle est très gentille. Elle veut juste que tout se passe bien. Va la rejoindre et excuse toi avant qu'elle ne garde rancune.»

Je gardais aussi à l'esprit qu'un seul mot de travers pouvait me coûter la vie, au regard de comment elle tirait sur ces pauvres mannequins, avec une mitrailleuse en plus.

- Séra.

- Quoi ?

- S'il te plaît, pose ton arme. Je voudrais te parler dans le calme.

Elle l'accrocha comme un sac à main avant de croiser les bras.

- Je t'écoute.

- Je m'excuse pour tout à l'heure. Je ne pensais pas que les choses iraient aussi loin.

- Vous les hommes ne changerez jamais. Toujours à croire que nous sommes juste bonnes à faire la cuisine et à satisfaire au lit, à penser que nous ne pouvons pas donner d'ordres parce que c'est vous qui portez le pantalon. Certains de mes collègues disaient la même chose. Ils m'humiliaient et me disaient que je n'avais pas ma place parmi les forces de l'armée. Et ce, malgré que je suive le même entraînement et à la même rigueur qu'eux. En disant que je ne suis pas au dessus des autres, tu confirmes leurs dires.

Elle reprit la mitrailleuse et transforma un autre mannequin en passoire. D'autres mannequins étaient pendus et alignés. Il fallait que je calme Séra afin qu'elle les épargne. Elle s'attaquait au suivant quand je la retins :

- Écoute Séra, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je ne suis pas du genre à m'excuser autant. J'essaierai juste à l'avenir d'être moins embêtant.

- Tu n'as pas démenti.

- Mieux vaut qu'on n'aborde plus le sujet.

- Tu as raison.

Et elle continua à s'attaquer aux mannequins. Je n'aimerais pas être à leur place. Vida nous rejoint peu de temps après, conduit par Math. Une fois vers nous, il regarda Séra, les mannequins et à nouveau Séra.

- Dit moi Math, tu nous l'as encore énervée ? (Entame t-il) Je t'avais pourtant dit que vos disputes de couple avaient des répercussions sur son travail. Et toi Séra, combien de fois t'ai je dit de flinguer ton abruti de mec au lieu de pauvres mannequins qui ne t'ont rien fait ?

- Toutes mes excuses patron. Mais si je le fais, vous perdrez un de vos plus grands hommes.

- Je perdrai ou nous perdrons ?

- Nous perdrons.

- Comme c'est mignon ! King, ça roule ?

- Bof.

- Avec tout ce qui s'est passé, tu n'as même pas encore commencé à travailler. Ça tombe bien. Nous avons trois nouvelles. On oublie les épreuves, tu commences ce soir. Tu pourras les prendre toutes les trois en même temps si tu veux.

- D'accord.

- Autre chose, je veux que tu enlèves de ta mémoire ce que tu as vu quand je n'ai pas eu ma dose de sommeil. Je ne veux aucun commentaire.

- Je n'en ferai pas.

- Bien. On y va.

Mathéo et lui s'en allèrent. Séra s'était enfin arrêtée. Elle regardait Vida et Mathéo s'en aller. Une fois hors de notre champ de vision, elle sourit.

- Le moment tant attendu est enfin arrivé.

- De quoi tu parles ?

- Le gentil Henry Kingston oserait il violer des filles ? Ou essayera t-il d'y échapper ?

- J'essaierai d'y échapper. Dans le pire des cas, je prendrai une pilule. Au passage, remercie ta chère mère pour cette idée brillante.

- Je le ferai. Tu as appelé Jennyfer ?

- Oui. Je l'ai fait devant Mathéo. Il a confirmé qu'elle avait compris le message.

- Si tu l'avais fait calmement devant moi, nous ne nous serions pas battus.

- Je le sais.

- Bon, je vais prendre une douche. Rejoins moi à l'endroit que je t'ai montré dans vingt minutes.

Vingt minutes plus tard

- Je t'ai demandé de venir pour te dire quelque chose. Quelque chose de pas facile à digérer.

- Je t'écoute.

Elle et Mathéo se regardèrent. Ce fut Mathéo qui prit la parole :

- J'ai discuté avec Vida tout à l'heure, avant qu'il ne t'annonce ce que tu devras faire ce soir.

- Et ?

- Il a dit qu'il ne te croyait pas. Il sait que tu es là pour trouver son point faible mais il te laisse faire pour voir jusqu'où tu iras. De plus, tu l'as laissé agoniser au moment de l'explosion au lieu de l'aider. Il s'est calmé, sachant très bien qu'il te l'aurait fait payer.

- Je n'ai pas été assez convaincant.

- C'est ça. (Dit séra)

- Il m'a aussi confié que si tu réussissais à le faire ce soir, il te relâcherait parce que “l'amusement avait assez duré.”

- Et si je ne le faisais pas ?

- Il te tuerait parce que tu ne lui servirais plus à rien.

- De toute façon, c'est non négociable. Tu le feras.

- Jamais !

- Tu préfères mourir ? (Demande Mathéo)

Je me mis à réfléchir laissant un grand silence dans la pièce.

- Tu auras beau chercher, c'est le seul moyen dont tu disposes. J'en suis désolée Henry.

- Si tu veux, je peux te chercher une pilule qui...

- Silence ! J'ai besoin de prendre l'air.

Et me revoilà devant la fontaine de tout à l'heure, à réfléchir. J'avais l'impression que ma tête allait exploser à force de chercher. Alors je me résignai.

        ********************************

- Elles sont à toi. (Dit Vida avant de s'en aller en verrouillant derrière)

Il venait de sonner minuit. L'une des filles était assise par terre et pleurait. Les deux autres étaient assises sur le lit, tête baissée. Un lourd silence s'installa dans la pièce. Aucune d'elles n'osait me regarder. Elles pensaient certainement que j'étais comme eux. D'ailleurs, ma présence ici le confirme. Je suis devenu comme eux. Je décidai d'avaler la pilule que m'avait donné Mathéo, puis d'attendre quelques minutes, le temps qu'elle fasse effet...

Le lendemain, vers huit heures, je me promenais dans la cour lorsque j'entendis des gémissements et des hurlements. Je m'approchai du bruit et je vis Vida. Il tenait en main une tablette. Mathéo était, comme à son habitude, là pour pousser la chaise roulante vers n'importe quel endroit. Vida regardait une vidéo en souriant. Je reconnus les voix. C'était celle des filles. Il avait tout filmé, le connard !

- Chapeau mon grand ! Tu étais déchaîné. Comment tu te sens ?

- À ton avis.

- Tu veux regarder ?

- Non merci.

- Sois pas vache ! Regarde. (En tournant l'écran vers moi)

Tout me revenait en tête : ma manière de me déhancher sur chacune, leurs cris, leurs supplications, moi maltraitant leurs corps, obligeant deux à me faire une fellation  pendant que je doigtais la troisième, bref, tout. C'était horrible. J'y repensais quand soudain, je vis passer deux hommes de Vida qui transportaient un cadavre couvert de sang. C'était l'une des filles que j'avais eues dans la nuit. J'étais abattu. Pourquoi ? Pourquoi l'avait-il éliminée ? J'étais sur le point de me jeter sur Vida quand je sentis une piqûre au niveau de mon épaule. Ma vision devint flou puis je m'écroulai au sol.

PDV Anny

- Bienvenue ma belle ! Comment vas-tu ?

- Très bien merci.

Je me trouvais avec Marcus et madame Chaffir. Cette dernière nous conduisait vers le terrain d'entraînement du Rolskate club. En effet, je m'étais inscrite hier pour le concours. Il y avait un terrain réservé uniquement aux participants désirant s'entrainer. Marcus, bien qu'en étant en chaise roulante, décida de m'y accompagner.

- Nous y sommes.

- Merci. (Marcus et moi)

- Je vous attend dans dix minutes. (Dit elle avant de s'en aller)

C'était grand. Il y avait déjà quelques participants qui avaient commencé leur entraînement. Il y avait de petits plots alignés d'un côté, des cercles tracés d'un autre et une rampe au fond.

- L'endroit change par année (entame Marcus). C'est pour ça que je ne pouvais pas t'y conduire moi-même.

- Je comprends. On commence l'entraînement ?

- Pas encore.

Mon regard s'arrêta sur une fille qui s'amusait à passer entre les espaces des petits plots. Elle faisait des aller et retour chaque fois avec une figure différente et sans en toucher aucun. Elle y allait même en restant sur une jambe. Elle maîtrisait ce qu'elle faisait et de plus, elle savait garder l'équilibre.

- Elle s'appelle Monique.

- Quoi ?

- Celle que tu n'arrêtes pas de regarder. C'est Monique. Ne t'inquiètes surtout pas. Tu as les capacités pour faire tout ce qu'elle vient de faire.

- Oui mais niveau équilibre...

- On va travailler ça.

Monique vint à notre rencontre. Elle enleva son casque pour pouvoir nous parler. Elle avait les cheveux roux et attachés. Elle avait aussi un de ces physiques qui prouvent qu'elle faisait attention à sa ligne. Ses rollers étaient verts et brillaient, on aurait dit une émeraude avec des paillettes.

- Bonjour. (Nous dit elle)

- Bonjour.

- Salut Mo.

- Ouh là ! Que t'est-il arrivé ?

- Un accident.

- Qui va t'empêcher de participer cette année. Ça fait un de moins. (En souriant)

- C'est méchant de dire ça.
(Réplique Marcus)

- Et toi, tu es ?

- Annita.

- C'est elle qui va me remplacer.

- Bonne chance alors.

- Merci. Toi aussi.

Elle me fit un large sourire avant de remettre son casque et de s'en aller.

- C'est une fille qui cache bien son jeu. Elle a l'air gentille mais n'hésite pas à écraser ses adversaires.

- Tu me fais peur là.

- Yo Tay !

- Salut poto ! Ça roule ?

- À ce que je vois, c'est toi qui roule, littéralement. Que s'est-il passé ?

- Un accident.

- Bon, ça fera toujours un de moins. J'ai plus de chances de rencontrer Messy cette année.

- Si Mo te laisse la place bien sûr.

- Je saurai gérer. Sinon, qui est cette jeune fille à tes côtés ?

- Je te présente Annita. Elle est nouvelle. Anny, voici Zender.

- Enchantée. (En lui tendant ma main)

- Désolé, je ne sers pas la main à ceux qui me sont inférieurs.

« Il a dit quoi là !!! »

- Faut que j'y aille. À plus. (Dit il avant de s'en aller sur ses rollers noirs)

- Fais pas attention. Il a toujours été comme ça.

- Je ne sers pas la main à ceux qui me sont inférieurs ! Je vais lui faire avaler ses rollers à celui-là. On verra bien qui est inférieur.

- Anny, il n'en vaut pas la peine. Viens, Madame chaffir nous attend dans son bureau.

Plus tard, à la maison

- Elle m'a dit que je devais changer. (Dis-je en faisant des vas et viens à roller)

- Comment ça changer ?

- D'après elle, je suis trop pâle et mon visage ne reflète que la souffrance. Elle m'a dit que soit je consulte un psy pour confirmer que je suis apte à participer, soit je soigne mon apparence. Tu te rends compte ?

- Elle est comme ça Anny. C'est pour être sûre.

- Être sûre de quoi ? Ai-je l'air d'une folle ou de quelqu'un qui a des addictions ?

- Non mais peut-être qu'elle voit en toi les séquelles de ton passé.

- De quel côté es-tu Marcus ?

- Je ne prends pas parti. Je veux juste que tu te calmes et que tu prennes en compte ses conseils.

Je fis un long soupir.

- C'est d'accord. Je vais soigner mon apparence. Je vais devenir une personne encore plus sûre d'elle. À partir de maintenant, je suis une nouvelle Anny.

(À suivre...)

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