Chapitre 13

PDV Hugo

Depuis que je l'ai retrouvé, je n'ai eu qu'une seule idée en tête : savoir ce qui l'a tant affecté. Parce qu'Annita n'était pas une ado comme les autres. Elle avait peur et elle était triste. Je le sentais. J'étais certain que demander lui rappelerait de mauvais souvenirs. Je décidai alors d'enquêter.

Un mois plus tôt

J'étais au téléphone avec Julien, un ami de longue date. Il était à présent agent de la CIA. En voilà un qui a percé.

- J'écoute.

- C'est Hugo.

- Hugo ! Hugo Synas ! Ça faisait un bail dit donc !

- J'ai besoin de ton aide. Peut-on se voir ?

- Oui. Bien sûr.

- Je serai à l'agence dans vingt minutes.

- Très bien.

Plus tard

- Alors ? En quoi puis-je t'aider ?

Je sortis de l'une des poches de mon portefeuille, une photo d'Annita.

- Tiens. (en lui remettant)

- Qui est-ce ?

- Cette photo a été prise pour un album de classe il y a un an. Dit moi ce que tu constates.

- Elle peine à sourire.

- Exactement. Elle peine à sourire. Comme si elle n'avait aucune raison de le faire. Il s'est sûrement passé quelque chose dans sa vie. Tu dois m'aider à trouver quoi.

- Pourquoi ? Elle t'intéresse ? T'es devenu pédophile ou quoi ?

- C'est ma fille.

- Oh !

- Alors ?

- J'accepte de t'aider. Je te dois bien ça.

- Je te remercie.

- As-tu un indice ?

- Oui. Mélissa l'avait confiée à Tasha Laurence, une des ses plus fidèles amies.

- Dans ce cas, allons lui rendre une petite visite.

Après un coup de fil rapide, Robert, l'expert en technologie, le geek de la CIA, nous communica la nouvelle adresse de Tasha à partir du dernier endroit où avait été enregistrée sa carte bancaire. Elle habitait à présent dans la cité Zénith, une cité contenant des maisons à étages, toutes semblables. J'insistai pour y aller seul.

- Hugo !

Elle fut très surprise de ma visite. Je comprends pourquoi.

- Entre.

- Non merci. Je vais être très court.

- Je t'écoute.

- Annita.

- Tu... Tu l'as retrouvée ? Elle va bien ?

- Au contraire. Elle va très mal. C'est pourquoi je viens te voir. Que s'est-il passé quand tu t'occupais d'elle ?

- Il ne s'est rien passé. Lorsque Mélissa a disparu, je me suis occupée d'elle jusqu'à ses deux ans.

- Et après ?

- J'avais perdu mon emploi. J'étais seule et faible financièrement. Alors ton père m'a conseillé une assistante sociale qui pourrait lui donner un meilleur foyer.

- Mon père !

- Oui.

- As-tu encore le numéro de cette assistante ?

- Navrée mais non. Tu vas devoir demander à ton père.

- Merci.

Elle me sourit avant de rentrer. Maintenant je vais devoir aller voir mon père à la maison de retraite, ce qui ne me faisait pas plaisir puisqu'il est de nature grincheuse. Mais pas le choix !

Arrivé à la maison de retraite, je demandai à le voir. La secrétaire m'indiqua sa chambre puis j'y allai. Une fois entré, je le vis. Il était sur un fauteuil à bascule, sa canne à côté. En m'apercevant, il dit :

- Ah ! Il se rappelle qu'il a un père.

- Comment vas-tu ?

- Comment oses tu ? Ça fait un an que t'es pas venu et tu oses me demander comment je vais ! Tu m'as abandonné dans cette maison de retraite où les infirmières ne sont même pas jolies. Et Mélissa, où est-elle ? Elle n'est jamais réapparue n'est-ce pas ? Je m'occuperai de vous si Hugo vous délaisse, qu'elle disait. Un tas de mensonges !

Il prit un air éploré avant de continuer :

- Je n'ai plus beaucoup de temps et je me rends compte que j'ai un fils ingrat. Après toutes ces années où je me suis occupé de toi. J'aurais dû demander à ta mère d'avorter. Comme ça je saurai que j'ai pas de fils. Du gaspillage de spermatozoïde. Pfff !

- C'est bon tu as fini ?

- Oui. Maintenant que me veux-tu ? Parle avant que je ne te donne un coup de canne sur la tête.

- Il me faut le nom de l'assistante sociale que tu avais recommandé à Tasha.

- Qui ???

- Tasha Laurence.

- Celle à qui tu as refilé ta gosse ?

- Oui.

- Une certaine Benita quelque chose. Pourquoi ?

- Je l'ai retrouvé.

Il se calma quelques secondes avant de continuer :

- Je la plains d'avoir un père comme toi. Rappelle toi toujours ce conseil : te salir les mains n'effacera pas ce qu'elle a vécu.

- Merci.

- Je te connais fils. Ne fais pas de bêtises. Ce n'est plus de ton âge.

- J'en suis conscient.

Il détourna le regard vers la fenêtre avant d'ajouter :

- Mélissa me manque. Au moins elle t'aurait donné plusieurs paires de gifles pour que tu retrouves la raison.

- Elle me manque aussi. Au revoir papa.

- Joyeuses fêtes fils.

J'étais étonné. L'ayant compris il réplique :

- Je ne serai peut-être plus là alors me regarde pas comme ça.

- D'accord. Joyeuses fêtes à toi aussi.

Puis je m'en allai. Il m'avait manqué. L'étape suivante est de retrouver cette Benita quelque chose. Grâce à Julien et à Robert, nous avons eu l'adresse de Benita Jones. Cette fois-ci, Julien m'accompagna. Après nous avoir ouvert, Julien lui montra son insigne et dit que c'était pour une enquête. Elle était plutôt pas mal et encore jeune.

- Asseyez vous. (Nous dit elle). Quelque chose à boire ?

- Non merci. (Dit Julien). Il y a seize ans, si j'ai bonne mémoire, vous avez pris en charge une petite appelée Annita.

- Euh oui c'est exact.

- Dans quelle famille l'avez-vous placée ?

- Je ne m'en souviens plus très bien mais j'ai une copie de son dossier en ma possession.

- Excusez moi mais pourquoi avoir une copie chez vous ? (L'interrompit je)

- Pour pouvoir lever les injustices si elles ont lieu.

- Quel genre...

- Hugo !

- Euh oui. Allez le chercher.

Plus tard, elle nous remit le dossier au complet.

- Dîtes, elle... elle va bien n'est-ce pas ? (Nous demanda t-elle inquiète)

- Ne vous inquiétez pas. (Lui dis-je pour la rassurer)

                      *************
Chez moi, Julien et moi fouillions de fond en comble le dossier.

- J'en ai ciblé quatre. (Dis-je)

- Ciblé ? Ne me dit pas que c'est une question de vengeance.

- Non. Juste une question de compréhension

- Je t'ai à l'œil Hugo.

- Arrête de dire n'importe quoi et appelle Robert.

- Qui est-ce que tu recherches ?

- Il est dit ici que Benita elle même l'avait adoptée. Cinq ans plus tard elle rédige un rapport sur la soudaine agressivité de son mari qui est retombée sur ses enfants. Donc le premier à retrouver est Spéro Jones.

- Ensuite ?

- Un autre rapport suivie d'une plainte pour tentative de viol. L'affaire a été étouffée parce que devine quoi, monsieur Marynn était un homme politique.

- Tom Marynn !

- Lui même. Heureusement qu'il est à la retraite. Ce sera beaucoup plus facile de lui parler.

- Le suivant ?

- La suivante. Madame Livingstone, au lieu de trouver une fille, a trouvé une esclave. Anny y a passé quelques semaines avant que Benita ne vienne sur l'affaire.

- Et pour finir ?

- Terry Johnson. Quelle coïncidence ! C'est lui qui s'est évadé de prison il y a deux jours. Bref, le reste, une histoire de fugue. Pourquoi ? Aucune idée.

- Spéro Jones, Tom Marynn, Fionna Livingstone et Terry Johnson.

- Je commencerai par l'évadé.

- Des milliers de patrouilles de police sont à sa recherche.

- Mon cher, je suis beaucoup plus efficace que la police.

- Quel frimeur !

- Heureusement que dans le dossier, il y a d'anciennes photos d'Anny. Ce sera plus facile pour ceux qui auront des troubles de mémoire au moment opportun.

- Ce visage me dit quelque chose (en regardant une photo d'Anny quand elle avait quatorze ans).

- Ah bon ?

- Oui.

Il reçut un bip puis me fit signe qu'il doit y aller.

- Je te laisse le contact de Robert. Mais attention, il est très sensible. Il a pleuré devant une scène de viol.

- Un gars sensible dans la CIA !!! Il faudrait dire deux mots à votre supérieur.

- Sensible mais très compétent. Sur ce.

En voulant partir, il s'arrêta.

- Hugo !

- Oui ?

- Remontre moi la photo d'Annita.

- Laquelle ?

- Celle avec Terry.

- Tiens (en le lui remettant). Pourquoi ?

Il se tut une seconde. Il essayait de se remémorer quelque chose.

- Julien, tu m'intrigues.

Il composa rapidement le numéro de Robert et lui demanda de lui envoyer une vidéo d'une scène de viol. Plus précisément, celle qui s'est déroulée en juillet deux mille quinze dans la rue 372. Quelques minutes après, il la reçut et me la montra. Je comprenais à présent. J'aurais voulu que Julien n'ait pas une si bonne mémoire. Comme ça je n'aurais pas vu ma fille se faire violer sous mes yeux. Le visage du violeur me disait quelque chose. Julien rappela Robert à ma demande et me passa le téléphone.

- J'écoute.

- Tu vois, ce genre de logiciels qui permet d'évaluer comment une personne sera dans quelques années.

- Oui ?

- Essaye de faire ça sur le jeune homme de la vidéo que tu viens d'envoyer.

- La caméra qui a filmé était de côté. Nous n'avons pas le visage complet. Je ne pense pas que ça puisse marcher.

- Et si on applique le principe de symétrie ?

- Personne n'a un visage à cent pour cent symétrique monsieur Synas.

- S'il te plaît Robert, essaye.

- Très bien. Je vous envoie la photo du résultat. Quelle tranche d'âge ?

«Il avait l'air d'être un ado comme elle»

- Entre dix-huit et vingt ans.

Quelques minutes plus tard je reçus la photo. Il me fit comprendre que ce n'est qu'une probabilité que ce soit cette personne.

« Kingston ! »

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