Cache-Cache

Le lendemain matin, Annika se réveilla en sursaut car Cassandre la secouait.

-Debout microbe, on doit partir.

Il se retira de la chambre, laissant la petite seule, le regard plein de sommeil. Elle aurait pu dormir une journée de plus si cela n'avait tenu qu'à elle. C'est à ce moment qu'elle se rendit compte de la fatigue qu'elle avait accumulée depuis quelques temps. Assise sur son lit, Annika se mit à penser à tout ce qui lui était arrivé ces derniers jours. Jamais au grand jamais elle n'aurait imaginé pareilles péripéties. Pareils malheurs. Même du haut de ces dix ans, elle réalisait que ce qu'il lui était arrivé l'avait arrachée de sa vie qu'elle aimait tant. Elle resta ainsi, à ressasser les trois derniers jours de sa vie, pendant de longues minutes. Trois jours seulement... Elle avait l'impression que cela faisait une éternité que tout cela était arrivé.

-OH Annika !Bouge on doit partir !

Cassandre tambourinait sur la porte, sortant la jeune fille de ses pensées sombres. Elle se décida enfin à sortir de la chambre. Annika fut accueillie par Ida qui la serra très fort dans ses bras. Une attention qu'elle n'était pas habituée à recevoir. Ses parents ne la serraient jamais dans leurs bras volontairement, c'est toujours elle qui le leur demandait. Ida avait dû le remarquer car elle s'écarta en fronçant légèrement les sourcils. Elle n'y fit cependant pas attention et se dirigea vers la table. Elle tendit à Annika un petit ballotin. La petite déballa ce que l'on venait de lui offrir et découvrit un morceau de viande séchée.

-Tu le mangeras pendant le voyage.

Ida fit un sourire à la petite. Son mari était toujours assis sur sa chaise, devant le feu. Cassandre lui, était déjà dans l'embrasure de la porte. Un courant d'air refroidissait la pièce. Annika fourra le cadeau dans sa poche avant de sourire à la paysanne. Cette dernière amena la blondinette à la porte. 

Le silence régnait dans la pièce tandis que Cassandre et sa mère se regardaient. Une mère et son fils que la vie avait séparés. Ni l'un ni l'autre n'allaient s'adresser la parole aujourd'hui. Néanmoins, ils savaient l'un comme l'autre que ce silence serait un de leurs regrets les plus profonds, que sur leur lit de mort ils penseront "si j'avais parlé ce jour là... si je lui avais tendu la main ce jour là". Un seul mot pouvait tout effacer. Malheureusement, les seuls sons qui résonnaient entre les arbres furent les hurlements déchirants du vent qui lui même avait l'air de comprendre que tout ceci était un adieu. Les regards se lâchèrent, la porte claqua.

Le soleil venait à peine de se lever, et au vu de la saison, le duo pouvait compter sur au moins une dizaine d'heures de lumière. Soit une dizaine d'heures pour atteindre leur but. Mais quel but ? Annika ne savait toujours pas où ils allaient, ni même pourquoi Cassandre l'accompagnait. 

Ce n'est seulement qu'au milieu de la journée, lorsqu'ils s'arrêtèrent, qu'Annika décida de reposer les questions qui tournaient en boucle dans sa tête, celles auxquelles Cassandre n'avait pas voulu répondre. 

-Cassandre, où allons-nous ? 

-Nous cacher.

-Mais où ?

-Là où ils ne te trouveront pas.

Malgré le regard interrogateur de la petite fille, Cassandre n'en ajouta pas plus et restait concentré sur les bruits environnants. Il finit par se lever et regarda Annika dans les yeux, le doigt sur la bouche, lui faisant comprendre qu'il fallait se taire. Il se mit derrière un arbuste et sortit quelque chose de sa poche. Annika reconnut rapidement que c'était une fronde, ses cousins en avaient mais ils ne l'avaient jamais laissée les essayer. Il se positionna et posa une petite pierre sur le morceau de cuir. Il l'a fit légèrement tournoyer avant de relâcher la pression sur la cordelette, ce qui eut pour effet de lancer la pierre. Annika ne savait pas sur quoi il avait tiré. Elle se leva en même temps que lui et le suivit. La petite remarqua que le chasseur avait à présent à ses pieds, un lapin. Ce dernier était toujours vivant, on arrivait à discerner qu'il respirait encore, seulement, la petite bête semblait inconsciente. Cassandre n'attendit pas, il prit le lapin par les oreilles et lui tordit le cou. Annika était à deux doigts de vomir. Elle avait entendu les os se briser et maintenant, le lapin pendait mollement dans les mains de Cassandre. Il le fourra dans sa sacoche avant de regarder Annika.

-Tu seras bien contente ce soir de pouvoir le manger, lorsque tu auras faim et froid. Me fais pas croire que dans ton château de bourge tu mangeais pas de viande.

Il lui passa devant et retourna là où ils avaient déposé le peu d'affaires qu'ils transportaient. L'homme les ramassa avant d'émettre un grognement. Annika avait finit par comprendre que ce grognement avait beaucoup de significations : avance plus vite, avance moins vite, on repart, on s'arrête. Elle avait l'impression de côtoyer un ours bourru et revêche. 

Annika commençait à avoir mal au jambes, voilà des heures qu'ils marchaient. Il faut noter que lorsque Cassandre faisait un pas, Annika devait en faire au moins trois pour rester à la même allure voir quatre si la neige était profonde. Sur la fin, Annika était à la traîne, Cassandre l'avait distancée de quelques mètres. La petite fut surprise, quand elle atteignit son niveau, qu'il l'ait attendue. Elle regarda autour d'elle. L'homme faisait de même avant de parler.

-On est arrivé.

Annika balaya du regard la forêt qui les entourait. Elle n'apercevait aucune maison, cabane ou tout autre élément qui indiquait qu'ils étaient arrivés quelque part. Cassandre avança quelques peu, Annika en fit de même. Ils venaient d'arriver dans une clairière. La neige l'avait recouverte. Au milieu de ce grand espace se trouvait un arbre au tronc gigantesque, large et haut. Son feuillage était si épais que sur environ trois mètres autour de ce dernier, on pouvait apercevoir de la terre. Cassandre s'en approcha et creusa légèrement entre deux racines, poussant alors terre, feuilles et insectes. D'un coup, le trou s'agrandit, laissant place à une cavité qui semblait vraiment profonde. Après s'être tortillé comme un verre, Cassandre réussit à s'introduire complètement dans la crevasse et disparut entre les racines. La voix de l'homme résonna.

-Suis moi. Il y a une échelle pour descendre.

Malgré l'appréhension, Annika l'écouta, elle finit par agripper l'échelle dont parlait Cassandre, elle était en fer. La descente dura pendant quelques minutes. Il n'y avait maintenant plus aucune lumière, on pouvait seulement apercevoir l'ouverture par laquelle ils s'étaient introduit. Mais qu'était cet endroit ? La blondinette finit par arriver sur le sol, il était légèrement meuble. Soudain la flamme d'une bougie illumina l'endroit où ils étaient. Annika tourna sur elle même pour observer ce lieu étrange. Une salle qui devait être légèrement plus grande que la petite cabane d'Ida. Des sacs en lin et pleins d'autres caisses étaient disposés dans les quatre coins de la pièce. La voix de Cassandre retentit, et cette fois ce n'était pas un simple grognement :

-Bienvenue chez toi microbe.

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